Des corniches qui ondulent…
A Bayon, de nombreuses maisons présentent une corniche moulurée qui couronne la façade et dont la linéarité est interrompue par les arcs segmentaires des fenêtres de l’étage. On observe cette mise en œuvre singulière sur la rive droite dans un secteur limité, entre Bayon et Blaye. La comparaison des exemples permet de proposer une fourchette chronologique pour dater cette forme architecturale et ce bâti modeste.
Carnet du patrimoine
Publié le 27 mai 2015
# Gironde, Bayon, Blaye, Plassac, Villeneuve
# Opération d'inventaire : Communes riveraines de l'estuaire de la Gironde
# Architecture domestique, Maison
# 18e au 20e siècles
Déterminer l’année de construction des maisons des bourgs et des hameaux des bords d’estuaire s’avère bien souvent difficile. Cet habitat vernaculaire est rarement renseigné par les archives ; si le plan cadastral napoléonien, établi en 1820 à Bayon, constitue un document précieux pour évaluer l’implantation du bâti au début du 19e siècle, il ne renseigne pas précisément les constructions.
Le long de la route longeant l’estuaire à la Roque Plisseau et à la Roque Pigeon ou sur les hauteurs du plateau à Plisseau, quelques maisons sont percées à l’étage de baies dont les arcs segmentaires sont intégrés en continu à la corniche sommitale de la façade. La pierre de taille en encadrement est également utilisée pour raidir les maçonneries en moellon ; les appuis sont parfois moulurés, les allèges peuvent être traitées en ressaut. A proximité de l’église, l’ancien presbytère conserve encore ce type de baies et de corniche.
Non loin de Bayon, à Gauriac et à Villeneuve, d’autres exemples ont été repérés. A Blaye et à Plassac, quelques corniches sont même datées : à Blaye, la date inscrite dans un cartouche sur la clé centrale en ressaut est difficilement lisible, peut-être 1746. A Plassac, ce motif a été largement utilisé pour orner les façades, agrémenté parfois de chronogrammes - 1759 et 1770 – figurant dans des cartouches.
Si ce traitement de la corniche et des baies s’est diffusé dans le troisième quart du 18e siècle, il ne constitue pas le seul et unique modèle pour le décor des façades à cette époque. Il s’agirait d’un choix esthétique, peut-être la marque de fabrique de maçons locaux. La présence de carrières de pierre dans la falaise de Bayon et de Gauriac explique peut-être le soin apporté à la mise en œuvre des façades.
Il semble que Blaye constitue la limite septentrionale de diffusion de ce type de baies et de corniches. L’inventaire à venir à Bourg permettra d’établir si ce procédé architectural et décoratif a été également adopté au sud de Bayon.
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- Claire Steimer