Les chapelles sportives landaises
Le département des Landes, l’un des plus sportifs de France, est riche de ses écoles de sports, clubs ou comités départementaux dans diverses disciplines. Il reste aussi attaché à ses jeux traditionnels (course landaise, échasses) et à la pratique de sports collectifs comme le basket et le rugby. Il offre enfin de véritables curiosités avec ses chapelles sportives qui rendent hommage aux sports aussi bien qu’à ceux qui les pratiquent.
Carnet du patrimoine
Publié le 01 mai 2024
# Landes, Bascons, Labastide-d'Armagnac, Larrivivière-Saint-Savin
# Opération d'inventaire : Mobilier public des Landes
# Chapelle, Verrière, Monument commémoratif
# Epoque contemporaine
La chapelle Notre-Dame du Rugby / Larrivière-Saint-Savin
Construite au sommet d’une colline qui surplombe le cimetière de Larrivière-Saint-Savin, la chapelle a été reconstruite au 19e siècle à l’emplacement d’un ancien oratoire romain. Longtemps laissé à l’abandon, le site est réhabilité à l’initiative de l’abbé Michel Devert dans les années 1960. La chapelle devient alors un sanctuaire dédié au ballon ovale en hommage à trois rugbymen dacquois, Jean Othats, Émile Carrère et Raymond Albaladejo, tragiquement disparus dans un accident de voiture en 1964. L’intérieur de l’édifice et la toiture font l’objet d’une réfection en 1966. Elle est inaugurée par l’évêque de Dax en 1967. La chapelle accueille un pèlerinage chaque année le lundi de Pentecôte.
Sur les murs, des maillots de joueurs du monde entier, des trophées, quatre verrières mêlant références chrétiennes et rugbystiques, une statue de la Vierge du Rugby (réalisée en 1969 par Pierre Lisse, capitaine du Stade montois) autant d’éléments surprenants qui composent la singularité du lieu. Depuis 2010, un musée créé à proximité de la chapelle, permet de compléter et de conserver les collections.
Les verrières de Notre-Dame du Rugby
Trois verrières célébrant à la fois la Vierge et le Rugby éclairent la chapelle de Notre-Dame du Rugby : la Vierge à la mêlée, la Vierge à la touche et la Vierge soutenant le joueur blessé. Une quatrième évoque la proximité du lieu avec les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, la Vierge aux pèlerins.
La chapelle Notre-Dame de la Course landaise / Bascons au lieu-dit Bostens
Probablement édifiée au 15e siècle, elle se situe à un kilomètre au sud-ouest des arènes du quartier de Bostens. Rénovée par l'abbé Xavier Tapie, la chapelle est entièrement dédiée depuis les années 1970 à la course landaise, sport tauromachique, et à ses coursayres (sauteurs et écarteurs).
La chapelle, présente un plan de 18 mètres de long sur 6 mètres de large. Elle est dotée d'un porche à auvent non ajouré. Son clocher pignon en arcade triangulaire est surmonté d'une croix, avec deux petites cloches apparentes côte à côte en leurs baies jumlées et protégées par un auvent. Sa nef unique et son abside semi-circulaire témoignent d’une lointaine survivance romane.
Sa rénovation et son affectation à la course landaise sont initiées par Raoul Laporterie, maire de l’époque, et l’abbé Xavier Tapie, curé de la paroisse de Bascons et d'Artassenx de 1942 à 1976. Placée sous la protection de la Vierge, elle est inaugurée le 7 mai 1970 et prend le nom de Notre-Dame de la Course landaise. La chapelle accueille un pèlerinage chaque année le jeudi de l’Ascension marqué par un office religieux et un hommage posthume rendu à une personnalité de la course landaise.
À l’intérieur, différents éléments rappellent la particularité de la dévotion du lieu : l’autel soutenu par un frontal de vache en bois, ou encore un vitrail illustrant un écart. Des plaques commémoratives célébrant les grands noms de la course landaise ponctuent le chœur de la chapelle. Dans l’abside, on peut découvrir une statue de Notre-Dame de la Course landaise soutenant à la manière d’une Pietà, un écarteur blessé. Cette sculpture en bois polychrome a été réalisée en 1970 par un artiste espagnol, Martin Gallesteguy, d’après un dessin de François Meyney, dit Francel (qui n’est autre que le petit-fils de Cel le Gaucher, dessinateur et sculpteur landais bien connu du monde de la tauromachie).
Cette chapelle constitue l'un des éléments d'un site largement consacré à la tauromachie gasconne, à côté du musée de la course landaise inauguré en 1973 et fermé en 2020, du monument aux morts de la course landaise et du mémorial érigé en mémoire de Bernard Huguet, écarteur landais décédé dans les arènes de Montfort-en-Chalosse 1987.
La Mission Patrimoine a sélectionné le projet de restauration de la chapelle Notre-Dame de la Course landaise au titre du projet départemental pour les Landes en 2023.
La chapelle Notre-Dame des Cyclistes / Labastide d’Armagnac au lieu-dit Géou*
L'église de Géou, autrefois placée sous le vocable de Saint-Clair, fut bâtie, probablement à la fin du 11e siècle, sur le site d'une villa gallo-romaine du Bas-Empire (milieu du 4e siècle). Siège à partir de 1138 d'un petit prieuré dépendant de la Sauve-Majeure, l'édifice devint dans les années 1270 celui d'une paroisse indépendante. Pillée par les troupes protestantes en 1569, puis rétablie comme paroisse de 1572 à 1749, l'église a subi de nombreux remaniements. Délaissée pendant près d'un siècle, elle a été restaurée à partir de 1958, à l'initiative de l'abbé Joseph Massie, pour abriter ce sanctuaire national du cyclisme.
C’est la chapelle italienne « la Madonna del Ghisallo » lieu de pèlerinage des cyclistes italiens qui donne l’idée à l’abbé Joseph Massie de réhabiliter la chapelle de Géou en sanctuaire du cyclisme. L’abbé, curé de Créon-d’Armagnac et de Mauvezin-d’Armagnac est un passionné et fervent pratiquant de ce sport. Le 18 mai 1959, le Pape Jean XXIII ayant exaucé le vœu de l'abbé Massie, la vieille chapelle devient le Sanctuaire National du Cyclisme et du Cyclotourisme sous la protection de la Vierge et sous le vocable de Notre-Dame des Cyclistes. Un vitrail, œuvre de l’ancien champion de France, Henry Anglade, rend hommage à ce prêtre disparu en 1999. Une messe est célébrée pour les cyclistes chaque lundi de Pentecôte dans cette chapelle.
Le Tour de France est depuis passé cinq fois à Notre-Dame des Cyclistes : en 1984, 1989, 1995, 2000 et 2023. Un départ d’étape a été donné depuis Labastide-d’Armagnac en 1989.
* Voir les notices dédiées à l'église et à son mobilier sur la plateforme ouverte du patrimoine (POP).
Les verrières de Notre-Dame des Cyclistes
Deux ans avant sa mort, l’abbé Massie commande à son ami l’ancien coureur Henry Anglade (Thionville, 1933 – Lyon, 2022), champion de France sur route en 1959 et 1965, une série de verrières pour garnir les fenêtres de la vieille chapelle. Le prêtre ne verra installée que la première (1997), dédiée comme de juste à la Vierge Reine, debout sur le globe devant l’arc-en-ciel, protégeant de son ombre une longue route sinueuse, image parlante des joies et des fatigues du cyclisme. Après la disparition de l’abbé, Anglade poursuit son travail, sans doute sur un programme préétabli avec le défunt, dans la tradition séculaire du vitrail votif ou commémoratif. En 2002, trois verrières exaltent des légendes de la discipline au travers de photographies qui ont fait le tour du monde, censées illustrer les vertus d’entraide et de dépassement de soi attachées (en théorie) à la pratique sportive de haut niveau. Le Partage montre ainsi les campionissimi Fausto Coppi (1919-1960) et Gino Bartali (1914-2000) échangeant une bouteille d’eau au col du Télégraphe lors du Tour de France 1952 – image dont on connaît depuis peu le caractère prémédité, mais qui n’a rien perdu pour autant de sa charge iconique. Autres rivaux mythiques, Jacques Anquetil (1934-1987) et Raymond Poulidor (1936-2019) s’affrontent au coude à coude dans leur fameux « duel » de 1964 au puy de Dôme, compétition féroce ici quelque peu lissée sous le titre bénin de Chemin de la fraternité. En contraste, le vitrail d’en face évoque, en pleine action lors de son Tour victorieux de 1973, la belle figure solitaire de Luis Ocaña (1945-1994), Gersois d’adoption qui aima tant la chapelle de Géou qu’il s’y maria et que ses obsèques y furent célébrées après sa fin tragique à Mont-de-Marsan. En 2003, enfin, Henry Anglade parachève son œuvre avec une ultime verrière où il met en scène son amitié avec son commanditaire. On y voit le jeune abbé, soutane au vent et godillots aux pieds, tendre à un Anglade reconnaissant le même bidon d’eau qu’offrait Bartali à Coppi (ou l’inverse ?) – toujours l’eau salvatrice, figure traditionnelle de la Vierge, la Fontaine scellée des Litanies. La vision lointaine de Saint-Jacques de Compostelle surmonté de l’étoile du matin et la coquille jacquaire dans l’angle gauche suffisent pour clore le cycle (sans jeu de mots) sous le signe du sacré.
Et bientôt le basket ?
En Chalosse, une association a vu le jour avec pour objectif de : « Contribuer, en accord avec la municipalité, à la sauvegarde et à la restauration de la chapelle du Bourcot à Castel-Sarrazin. Dédier cette chapelle au basket-ball sous l'appellation Notre-Dame du Basket ». Le projet reste à ce jour en gestation. Rebond à suivre !