2019 - Les patrimoines des lycées en Nouvelle-Aquitaine : enjeux de connaissance, de conservation et de valorisation
Le patrimoine est un « concept nomade » dont les contours ont toujours évolué dans le temps depuis le 19e siècle. Ce qui n’était pas patrimoine dans le passé l’est devenu grâce à la recherche et aux actions de valorisation et de protection marquant cet esprit de conquête et de désir permanent.
Journées d'études
Publiée le 08 mars 2020
# Région Nouvelle-Aquitaine
# Patrimoine des lycées de Nouvelle-Aquitaine
# Architecture scolaire, lycées
# 20e siècle
Les lycées, en particulier ceux du 20e siècle, appartiennent à cette catégorie d’édifices encore mal connus, mal identifiés, parfois mal compris, malgré des études récentes (Marc Le Cœur et Anne-Marie Châtelet, L’Architecture scolaire. Essai d’historiographie internationale, numéro spécial de la revue Histoire de l’éducation, mai 2004). La situation est toutefois en train d’évoluer. Depuis la décentralisation de l’Inventaire général du patrimoine culturel en 2004, les lycées sont devenus un sujet privilégié des programmations scientifiques d’une dizaine de services. Ces différentes études ont d’ores et déjà révélé la richesse des corpus régionaux – plus de 300 lycées en Nouvelle-Aquitaine par exemple pour environ 200 000 élèves – et la grande qualité architecturale des établissements.
L’objectif de ces journées d’études consistait à établir et à partager un état de la question des différents enjeux et problématiques liés à l’étude des lycées, tant sur le plan scientifique, en prenant en compte toute la chronologie et toutes les composantes d’un établissement (urbanisme, architecture, jardins, paysages, collections pédagogiques, œuvres d’art, 1% artistique), que sur la question de la protection, de la médiation et de la valorisation de ces édifices qui restent avant toute chose des lieux d’éducation. Tous les types d’établissement étant concernés : lycées d’enseignement général et technologique, lycées professionnels, lycées agricoles, lycées de la mer, lycées polyvalents.
Ces journées d’études furent également l’occasion de présenter le programme d’investissements de la Région Nouvelle-Aquitaine en faveur des lycées – de la gestion de la vétusté à la création de surfaces et au développement d’une nouvelle politique d’accueil et d’éducation dans la perspective du lycée du futur – et d’interroger les enjeux de la réhabilitation de ces établissements et de leur adaptation aux programmes éducatifs.
Accueil et ouverture par Béatrice DECOMBEROUSSE
Introduction d'Éric CRON
Le patrimoine est un “concept nomade”, dont les contours n’ont eu de cesse d’évoluer depuis le XIXe siècle. Ce qui n’était pas patrimoine dans le passé l’est devenu grâce à la recherche et aux actions de valorisation et de protection marquant ce désir et cet esprit de conquête permanents. Les lycées, en particulier ceux du XXe siècle, appartiennent à cette catégorie d’édifices encore mal connus, mal identifiés, souvent mal compris. La situation est toutefois en passe d’évoluer en Nouvelle-Aquitaine. La Région, à travers sa compétence scientifique de l’Inventaire général, a lancé une étude thématique exhaustive qui a d’ores et déjà révélé la grande qualité architecturale du corpus régional constitué de presque 300 lycées.
Communication de Bertrand CHARNEAU et Stéphanie CAZENOVE
L’opération d’inventaire des lycées conduite aujourd’hui par les Services Patrimoine et Inventaire vise un double objectif : d’une part contribuer à la connaissance du patrimoine immobilier appartenant à la Région et d’autre part à la sensibilisation du plus grand nombre à l’intérêt de ces établissements. Parallèlement, elle s’accompagne de la mise en place d’un Parcours d’Éducation Artistique et Culturelle (PEAC) « Histoire de bahuts » à destination des lycées. La Nouvelle-Aquitaine compte près de 300 lycées. Cette étude thématique, commencée en Aquitaine depuis 2016, est aujourd’hui étendue à l’ensemble de la région.
Communication de Claude LAROCHE
La scène architecturale du XIXe siècle est animée de profonds débats, qui voient doctrines et personnalités s’opposer fortement. Parmi ces dernières, la figure d’Eugène Viollet-le-Duc est bien entendu centrale. Le célèbre architecte n’aura de cesse qu’il n’ait réussi à imposer sa conception de l’architecture dans le paysage bâti de son époque. Ne parvenant pas à peser sur les grandes institutions (comme l’École des beaux-arts, l’Institut ou le Conseil général des bâtiments civils), il va contribuer à créer de nouvelles instances venant empiéter sur le pouvoir des précédentes, comme l’administration des édifices diocésains, comprenant nombre d’architectes acquis à sa cause...
Communication de Franck DELORME
On croit à tort que reconstituer la conception de l’architecture publique est tâche aisée grâce à l'abondance des archives administratives. Or elles-ci sont en matière d'architecture souvent décevantes, n’apportant que des éléments très factuels, permettant certes de retracer l’histoire institutionnelle des bâtiments mais pas celle de leur genèse en tant qu’œuvres d’architecture...
Communication de Delphine ISSENMANN
L’Université de Strasbourg et le lycée international des Pontonniers se caractérisent par un certain nombre de traits communs : installés dans des bâtiments construits durant la période impériale (1871-1918), ils abritent des collections pédagogiques représentées pour une bonne part par des typologies d’objets similaires, issus potentiellement des mêmes fournisseurs. Les deux établissements partagent en outre des préoccupations de préservation et de valorisation de leur patrimoine qui restent à défendre par rapport à leurs missions fondamentales d’enseignement. C’est sur la base de l’expérience de l’Université, et dans la perspective de mutualisation des connaissances et des compétences qu’une démarche de collaboration portant plus généralement sur le patrimoine pédagogique des lycées alsaciens a été engagée avec l’appui du service régional de l’inventaire. La communication a abordé l’évolution de ce partenariat, riche en potentiel mais fragilisé par les changements de contextes institutionnels.
Communication de Jérôme GUIGON
On ne sait pas toujours que les lycées possèdent des œuvres d’art, qui ont été commandées spécialement à des artistes pour parachever ou décorer ou encore dialoguer avec l’architecture scolaire. La plupart d’entre elles sont à l’abri dans les murs mêmes des édifices, et en quelque sorte réservées aux habitants des lycées ; mais quelques-unes sont visibles depuis l’espace public, quoique souvent inaperçues. Ces formes d’art dans la ville s’inscrivent dans la longue tradition des commandes publiques et illustrent le goût d’une époque. Afin de mieux les connaître, de mieux les protéger et les faire aimer, la région Bourgogne-Franche-Comté a décidé – dans son périmètre comtois d’alors – d’étudier conjointement ses lycées et les œuvres dites du 1% (2011-2014).
Communication de Catherine GUEGAN
L'opération d'inventaire des lycées en Rhône-Alpes a été lancée en 2009 avec la triple ambition de mieux connaître et faire connaître le patrimoine des établissements propriété de la Région, tant auprès du grand public que des agents de la collectivité en charge des lycées. Il s'agissait à la fois de valoriser un patrimoine méconnu, d'engager des actions de médiation auprès des élèves et des personnels afin de susciter une appropriation de ce patrimoine et d'en faire un outil de gestion pour la programmation de travaux dans les établissements. Protégé au titre des Monuments historiques (inscription pour l'ensemble des bâtiments, classement pour la chapelle), le lycée Ampère à Lyon a fait l'objet d'une opération d'inventaire entre 2012 et 2013 à la suite d'une saisine de l’architecte des bâtiments de France liée à une opération d'urgence suscitée par des travaux d'entretien et des projets d'aménagements ponctuels. L'étude d'inventaire, conjuguée à une demande forte des services de l'État, a rendu évidente la nécessité pour la Région d'élaborer un schéma directeur en vue d'une programmation pluriannuelle et raisonnée, dans le cadre d'un projet global de restructuration, intégrant la problématique d'adaptation des locaux en tenant compte de leur dimension patrimoniale.
Communication de Cécile FABRIS et Anne ROHFRITSCH
Témoignages de l'activité des services de l’administration centrale chargés de coordonner et de financer en partie la construction des établissements scolaires jusqu’aux lois de décentralisation (1983), les archives du ministère de l’Instruction publique, puis du ministère de l’Éducation nationale documentent l’organisation et l’évolution de cette politique publique. Abondantes – surtout pour la période 1960-1980 –, bien que trop peu exploitées, ces archives constituent un véritable patrimoine informationnel pour qui s’intéresse à l’histoire architecturale et à l’organisation spatiale des lieux de l’enseignement : dossiers sur la création des lycées, dossiers de travaux avec documents graphiques et photographiques, évolution de la réglementation, enquêtes et rapports d'inspection, etc. Afin de rendre compte du potentiel de ce patrimoine en construction, les services d’archives du ministère de l’Éducation nationale et des Archives nationales déploient, en étroite collaboration, des outils de médiation et de restitution de l’histoire des lycées dont il s’est agi ici de dresser un panorama.
Le Parcours d’Education Artistique et Culturel « Histoire de bahuts »
Le Parcours d’Education Artistique et Culturel « Histoire de bahuts »
Le projet de l’E.R.E.A. Théodore-Monod à Saintes
Les élèves de la section maçonnerie de l’E.R.E.A. de Saintes et leurs enseignants participent au projet « Histoires de bahut » en étudiant au travers de celui-ci, l’histoire des techniques de construction, de l’antiquité à nos jours. Participation aux journées de l’archéologie, Journées européennes du patrimoine, réalisation de maquettes et supports d’animation, entrevues avec les personnes ayant travaillé dans l’établissement, recherches dans les archives locales, réalisation de panneaux sur l’établissement, toutes ces activités préparent la mise en place des 50 ans de l’E.R.E.A. en 2020.
Communication de Patrick CORONAS
Le lycée Camille-Guérin à Poitiers dispose d'une riche et ancienne collection naturaliste. Dans le cadre du programme « Histoires de bahut », outre l'utilisation pédagogique de cette collection, un travail artistique a été engagé avec la production de sérigraphies après création d'êtres chimériques (artiste plasticien Mathieu Furgé) et un travail scientifique d'inventaire et de valorisation avec Géraldine Garcia de l'Université de Poitiers.
Communication de Nicolas COUTANT
Conservant près de 950 000 objets et documents du XVIe siècle à nos jours, le Musée national de l’éducation à Rouen (Munaé) est un musée d’histoire mais aussi de société, qui s’intéresse aux enjeux les plus contemporains de l’éducation. Les témoignages matériels des éléments contemporains ont donc toute leur place dans ses collections, mais leur intégration nécessite la mise en place d’une démarche partenariale avec les établissements scolaires, notamment les lycées, ainsi qu’avec les acteurs qui y interviennent, de manière continue ou ponctuelle. Faire patrimoine des enjeux liés aux questionnements éducatifs actuels nécessite donc de se placer à la jonction de la conservation, de la documentation et de la médiation.
Mise en lumière de la collection d’objets scientifiques du lycée Turgot à Limoges
Actuellement les vitrines présentes dans les couloirs du lycée et contenant les objets scientifiques liés à la Physique-Chimie sont ignorés par les élèves. Il serait donc intéressant d’imaginer une solution technique pour inciter les élèves à s’arrêter devant les vitrines afin d’obtenir des informations historiques et scientifique. Les appareils de Physique-Chimie seront éclairés par le public via une tablette ou un smartphone. Une description de l’objet sera disponible sous forme de texte, de fichier audio ou vidéo. Ce projet a reçu la médaille de bronze lors des Olympiades académiques de Sciences de l'ingénieur qui se sont déroulés en mai 2019.
Communication de François JOLLY
Avec 296 lycées publics, y compris maritimes, agricoles et les Établissement Régionaux d’Enseignement Adapté (EREA), 200 000 lycéens et un patrimoine de plus de 4 millions de m², la Région a pour mission de construire, aménager et entretenir le patrimoine pour créer les conditions d'études réussies avec une attention pour le bien-être des jeunes et des personnels de ces établissements. Avec le Programme Prévisionnel d’Investissements des lycées adopté en 2017 (pour la période 2017-2021) la Région s’engage afin d’améliorer la qualité des locaux, leurs dimensions, leur agencement, les équipements des ateliers, ainsi que des salles spécialisées et la qualité des locaux d’accompagnement comme les demi-pensions, les CDI ou résidences lycéennes.
Communication d'Alain BLETTERIE
La connaissance de son patrimoine immobilier est une démarche essentielle en préambule à toutes interventions sur le bâti : plan masse, surfaces, plans, organisation des fonctions, année de construction, modes constructifs, matériaux, photographies… Cette connaissance permet la compréhension de chaque lycée. Le recueil des informations et leurs organisations garantissent la pérennité de cette connaissance des sites. Ces éléments de compréhension permettent d’orienter la commande de la Région, Maître d’ouvrage, pour l’évolution et l’adaptation de chaque site aux besoins pédagogiques et réglementations actuels, dans une démarche de projet co-construit avec les utilisateurs dès l’amont, respectueuses de l’histoire des lieux.
TABLE RONDE. Les lycées : des lieux d’éducation à la croisée des enjeux patrimoniaux...
En présence de : Cécile DEVOS, chercheuse Inventaire général, ville de Pau, Agnès GADILHE, directrice adjointe de la Direction de la construction et de l’immobilier Région Nouvelle-Aquitaine, Jean-François LE VAN, Délégué académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle, Rectorat, Académie de Limoges, Thierry ROUL, proviseur du lycée de l’image et du son d’Angoulême (LISA), Michel LORENZ, architecte.