Un projet de lazaret sur l’île de Patiras
Pour se prémunir de toute contagion par voie maritime, un système de mise en quarantaine est établi en Gironde avec le projet de construction d’un lazaret dans l’estuaire de la Gironde. L’existence des lazarets remonte à la fin du Moyen Âge, conçus pour lutter contre la peste. Au 18e siècle, ce type d’établissement permet d’isoler les personnes ou les marchandises contaminées ou susceptibles de l’être.
Carnet du patrimoine
Publié le 10 avril 2017
# Gironde, Saint-Estèphe
# Opération d'inventaire : Communes riveraines de l'estuaire de la Gironde
# Lazaret
# 18e au 20e siècles
En application de l’instruction du 22 pluviôse an IV (11 février 1796) [1], le Département de la Gironde et l’administration Maritime mettent en place un "bureau maritime conservateur de la santé à Pauillac"[2]. Ce bureau se compose "d'un membre de l'administration municipale, de l'officier des classes de la marine du lieu, d'un officier de santé connu et d'un interprète en langue américaine." Puis, le ministère de la Marine autorise le 17 brumaire an IX (8 novembre 1800) l’établissement d’un lazaret provisoire. Se pose alors la question de son emplacement. Le rapport du 2 frimaire an IX (23 novembre 1800), rédigé par les ingénieurs maritimes, indique que l’île Patiras, "située au milieu de la rivière et à trois quart de lieues dans [l'est] de Pauillac"[3], présente tous les avantages pour une telle installation. L’autorisation en est donnée par arrêté préfectoral en date du 5 frimaire an IX (26 novembre 1800).
Selon l’arrêté préfectoral du 28 floréal an XI (18 mai 1803)[4], le lazaret sera construit à la pointe sud de l’île. Ce document donne de nombreux détails sur les édifices à bâtir. Le choix se porte sur une organisation de divers bâtiments à construire au centre de différents enclos. La mise à distance des uns des autres permet d’isoler le personnel en charge de la gestion, de la surveillance et des soins des voyageurs et des marchandises. Chaque enclos sera fermé par un mur et aura son entrée le plus proche possible du bord Ouest de l’île. Le premier enclos abritera un bâtiment contenant les logements du chef d’établissement, du chirurgien, du patron du bateau de service et son aide, d’un aubergiste, des gardiens et d’un concierge, et également les dépendances. La disposition intérieure des logements prévoit de séparer l’appartement du chef d’établissement des autres. Le deuxième enclos sera destiné à l’asile des passagers et des équipages qui ne sont soumis qu’à une quarantaine d’observation. Les cas plus graves ou faisant état de symptômes de contagions seront quant à eux installés dans le sixième enclos, à l’extrémité de l’île. Cet enclos décrit au 6e article de l’arrêté préfectoral devra être bien muré et le corps de bâtiment sera "divisé en cellules bien exposées à tous les vents". Les autres bâtiments du lazaret seront des hangars destinés au stockage et à la désinfection des marchandises.
Les ajournements réguliers ont mis un terme au projet, momentanément, car l’épidémie de fièvre jaune qui frappe l’Espagne en 1821, conduit le gouvernement à réagir en créant une commission d’enquête. Plusieurs lois en découlent : l’ordonnance du 27 septembre 1821 qui établit un cordon sanitaire pour filtrer le passage aux frontières terrestres de la Catalogne et met en place une surveillance accrue de la façade maritime méridionale du pays ; la loi du 3 mars 1822 relative à la police sanitaire complétée par l’ordonnance du 20 mars 1822 ; enfin, l’ordonnance du 7 août 1822.
Pour choisir les emplacements des lazarets à construire, une deuxième commission est créée, rattachée au ministre de l’Intérieur. Le rapport [5] qu’elle produit en 1822 fait état de la priorité d’installer un lazaret dans l’estuaire. Le territoire de Trompeloup à Pauillac est alors désigné et le lazaret élevé à la fin des années 1820, sur les plans de l'architecte du Département Alexandre Poitevin.
- Caroline Bordes, chargée de mission Inventaire, Département de la Gironde.
Notes
[1] 5 M 75, AD Gironde : Projet d'établissement de lazaret sur l'île de Patiras, 1796-1804. (La sous-série 5 M, relative à la santé publique et à l’hygiène contient notamment les archives de la police sanitaire maritime).
[2] Idem
[3] Id.
[4] 5 M 75, AD Gironde : Arrêté préfectoral relatif à la construction et à la distribution des divers édifices du lazaret d'observation, 28 floréal an 11.
[5] LAGET Pierre-Louis, Les lazarets et l’émergence de nouvelles maladies pestilentielles au XIXe et au début du XXe siècle, In Situ, 2002 [en ligne].
Pour en savoir plus : Michel Aka, Patiras, Une île de l’estuaire, Société archéologique et historique du Médoc, 2010.
Voir les dossiers d'inventaire
-
Lazaret de Trompeloup, dit lazaret Marie-Thérèse
DossierDossier d'oeuvre architecture
Pour se prémunir de toute contagion par voie maritime, un système de mise en quarantaine est établi en Gironde au début du 18e siècle : les bateaux sont interceptés et mis au mouillage à Patiras ...
Lazaret de Trompeloup, dit lazaret Marie-Thérèse
-
Titre : Lazaret de Trompeloup, dit lazaret Marie-Thérèse
-
Auteur de l'oeuvre : Poitevin Pierre Alexandre Thiac Joseph-Adolphe Labbé Pierre-Auguste Escarraguel Guillaume Maurin Albert
-
Période : 1er quart 19e siècle , 2e moitié 19e siècle
-
Localisation : Gironde , Saint-Estèphe , $result.adressePrincipale
-
Date d'enquête : 2013
-
Auteur du dossier : Steimer Claire
-
Copyright : (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel
-