Château dit fort de Castillon, aujourd'hui château viticole Tour de Castillon

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Christoly-Médoc

Le site fortifié est supposé d'origine antique par l'abbé Baurein et l'archéologue Léo Drouyn, destiné à s'opposer aux invasions barbares ou normandes. Cependant, le lieu de Castillon en Médoc est d'abord cité en 1100, à l'occasion d'une donation des membres de la famille de Lesparre dans le claustro Sancti Christophori, puis lors d'une donation en 1219 des seigneurs de Lamarque, effectuée à Castillon dans la domus du feu chevalier Bertrand de Jau. La seigneurie et la famille de Castillon ne sont connues qu'à partir du 2e quart du 13e siècle, par une lettre du 3 mai 1242 d’Henri III, roi d’Angleterre, adressée à Pons de Castillon. Le castrum est, quant à lui, mentionné en 1274. Si le site défensif est formé au 13e siècle, Léo Drouyn a proposé de dater la tour établie sur la motte du 14e siècle. La forteresse est assiégée à plusieurs reprises durant la guerre de Cent Ans (dans les récits des affrontements, la confusion est souvent fréquente pour les auteurs avec le site de Castillon-sur-Dordogne, aujourd'hui Castillon-la-Bataille). Remise en état de défense au milieu du 16e siècle, elle est de nouveau assiégée durant les guerres de Religion, puis démantelée sur ordre du roi Louis XIII en 1615.

Les vestiges sont dessinés par le hollandais Van der Hem, dans les années 1640. L'ingénieur-cartographe Claude Masse, dans ses mémoires, donne une description des vestiges entre la fin du 17e et le début du 18e siècle : "deux portes, quelques pans de mur, trois maisons et la moitié de la tour donjon ; les fossés sont presque tous comblés aussi bien que le port de cette ville". Sa carte datée 1708 représente le port aménagé dans le chenal de Castillon au sud de la forteresse.

A la fin du 18e siècle, l’abbé Baurein indique que la construction de cette forteresse est très ancienne : "Une forteresse pour la défense du pays. [...] Ce pays avait été exposé pendant près d’un siècle aux incursions des Normands. Ces pirates entrant par la rivière, s’insinuaient dans l’intérieur des terres, où ils pillaient et ravageaient tout. Cette forteresse, située sur le bord de la rivière servait à empêcher leur descente".

A partir des années 1760, la vicomté de Castillon appartient à messire de Caupos. A cette période, la carte du cours de la Garonne de 1759 indique qu’il "ne reste à présent que quelques vestiges, deux ou trois mauvaises maisons et un morceau de la grande tour." Sur une vignette de cette carte, figurent trois constructions à l’intérieur de l'enceinte dotée de tours circulaires. Les accès étaient contrôlés à l'est et au sud-ouest, encadrés de tours. Sur le promontoire en bord d'estuaire, plusieurs constructions sont également indiquées. Au nord, dans les terres basses, une batterie installée probablement au début du 18e siècle, témoigne de l'importance stratégique du site pour la défense du territoire.

Les cartes de la seconde moitié du 18e siècle n'indiquent plus le port du chenal de Castillon, qui s'est comblé. A cette époque, le site passe entre les mains de Martial François de Verthamon d’Ambloy (1719-1787), président de la seconde chambre des requêtes du Parlement de Bordeaux, marié à Marie-Thérèse de Caupos. On distingue l'emplacement militaire correspondant au monticule rocheux des terrains privés, séparés par le fossé et le vallum.

Au tournant du 19e siècle, le site est maintenu comme lieu défensif. Henry Ribadieu précise que "sous la République et sous l’Empire, on voulut utiliser la force militaire de ce lieu : on y établit quelques pièces de canon et l’on y construisit des bastions en terre, où fut également placée de l’artillerie. Une petite garnison de vétérans se logea dans la tour pour surveiller l’entrée du fleuve, dans le cas où les croisières anglaises tenteraient d’y pénétrer. En 1814, la division de l’escadre britannique qui vint assiéger la citadelle de Blaye, échangea en passant quelques boulets avec les batteries de ce fort improvisé." Ce n’est qu’au milieu du 19e siècle que le rôle stratégique et militaire de Castillon est définitivement abandonné avec dans un premier temps, en 1857, l’affectation des immeubles comprenant le donjon, l’enceinte du donjon et le chemin qui y conduit, au service des Ponts et Chaussées. Puis le 7 janvier 1859, Pierre Terlé, propriétaire à Lalande commune de Civrac, fait l’acquisition de ces immeubles remis au domaine par le service militaire. Il fait bâtir, vers 1861, la maison actuelle, contre le bâtiment rural situé sur la parcelle n°264 du plan cadastral ancien. Les vestiges sont précisément décrits par Léo Drouyn dans sa Guyenne militaire publiée en 1865. En 1875, une dépendance agricole est construite comme l’indique la date figurant sur le linteau de la porte.

Le bâtiment indiqué comme masure sur le plan cadastral de 1831 (parcelle n°272) est converti en logement, chais et cuvier vers la fin du 20e siècle. A ce moment, le domaine prend le nom de Château Tour de Castillon.

Quelques vestiges du site fortifié sont conservés : monticule rocheux avec une tour en bord d’estuaire, quelques pans du mur d’enceinte et une seconde tour ruinée réutilisée en colombier.

Périodes

Principale : 12e siècle

Principale : 13e siècle, 14e siècle (incertitude)

Principale : milieu 16e siècle

Secondaire : limite 18e siècle 19e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Dates

1875, porte la date

Le site est localisé à l’est de la commune, en bordure de l’estuaire. Il est borné au sud par le chenal de Castillon (équipé d'une vanne) et au nord par une zone de marais.

Il se compose d'une motte sur un massif rocheux ayant accueilli l’ancienne fortification, dont il subsiste les vestiges d’une tour. Des traces des talus et fossés qui entouraient le monticule sont encore lisibles. Au sud-est sont conservés quelques pans du mur d’enceinte et une tour circulaire ruinée, ayant servi de colombier.

Les bâtiments du domaine viticole complètent cet ensemble fortifié. Le logis est une maison à étage, précédée d'une terrasse accessible par un escalier en pierre. La façade et la travée centrale sont encadrées par des pilastres, traités en bossage continu au niveau du rez-de-chaussée, et lisses à l'étage. L’élévation est rythmée par un bandeau médian, les appuis des fenêtres de l’étage formant un bandeau mouluré, une frise ornée et une corniche à modillons. L’ensemble de cette modénature se retrouve sur l'élévation latérale côté est. Les fenêtres de l’étage sont surmontées de corniches avec modillons sculptés.

A l’arrière de la maison et perpendiculairement se déploient des dépendances servant de remise et de garage, en lieu et place d'un ancien chai et d'anciennes écuries et étables. Leur faisant face, à l’est, sont bâtis un poulailler, une remise, une grange et un hangar à machines agricoles.

Au sud, de l’autre côté du chemin, se situent les bâtiments viticoles. Le cuvier est aménagé dans la partie nord du bâtiment dont la façade est percée par 3 baies de décharge. Il abrite une cuverie en ciment. Le chai à barriques est installé à l’arrière, sous un appentis.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse mécanique
Étages

rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

Typologie
  1. IC4
État de conservation
  1. vestiges
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : dent de scie


Précision sur la représentation :

Les corniches au-dessus des fenêtres sont soulignées de denticules et les modillons sont agrémentés de perles.

La frise constituée de dents de scie est ponctuée de triglyphes et de métopes.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Christoly-Médoc , rue du Fort de Castillon

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Castillon

Cadastre: 1831 E 249 à 274, 2012 E1 446 à 448

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