Maisons, fermes : l'habitat à Saint-Palais-sur-Mer

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Les 428 maisons et fermes ou anciennes fermes inventoriées à Saint-Palais-sur-Mer sont le reflet de l'évolution architecturale et urbaine de la commune. La date de construction a pu être déterminée avec précision pour 108 maisons inventoriées (soit une sur quatre) grâce à quelques dates inscrites (sept inscriptions de ce type ont été relevées) et surtout à l'aide des matrices (registres) du cadastre.

Remodelée à partir de la fin du 19e siècle, la commune présente très peu de bâtiments antérieurs à 1850. Les quartiers en bord de mer n'existant pas à cette époque, ce sont dans les hameaux de l'arrière-pays qu'on les trouve : quelques maisons et anciennes fermes semblent pouvoir remonter au 18e siècle ou au début du 19e à Courlay (rue du Houx et chemin du Temple), à la Palud, à Maine-Jollet et à Maine-Bertrand. On les reconnaît généralement à leurs petites dimensions : un simple rez-de-chaussée, surmonté d'un grenier, avec une ou deux travées d'ouvertures en façade. À Maine-Bertrand, deux maisons présentent un décor sculpté autour de leur porte, identique à celui du logis du moulin de Vessac où la date 1818 est inscrite au-dessus de la porte.

Le nombre de constructions nouvelles commence à augmenter dans les années 1850-1870 (35 maisons ou anciennes fermes ont été relevées pour cette période) : la viticulture saintongeaise est alors en plein essor, ce qui se traduit par la construction ou la reconstruction de plusieurs fermes dans les hameaux de l'arrière-pays. Presque toutes possèdent ou ont possédé des dépendances (grange, chai) en appentis à l'arrière du logis. Celui-ci est généralement sobrement orné d'un bandeau et d'une génoise, caractéristiques de l'architecture saintongeaise. C'est aussi durant cette période que sortent de terre les premières villas du Bureau, le long de la rue de l'Océan. Là se trouvent les villas les plus anciennes de la commune, comme "Nelly", le "Chalet du Docteur" (1872) et "le Phalène" (1878, remaniée après 1945).

La grande époque de construction des maisons qui ont été inventoriées au cours de l'enquête, commence dans les années 1880 pour s'achever dans les années 1930 : 357 maisons construites durant cette période ont été relevées, soit 80 % du total. Le rythme de construction augmente fortement pendant les années 1880- 1890 : 44 maisons édifiées à cette époque ont été inventoriées. On les trouve encore rue de l'Océan ou à proximité ("La Garenne", avenue de la Forêt, en 1883, "Les Rochers", rue du Bois du Roy, en 1886), mais aussi désormais sur le côté ouest de la conche de Nauzan : "Mirasol" et "Les Thélémites" en 1891, "Coup de Vent" en 1893... Entre 1895 et 1898, l'opération immobilière réalisée par le Bordelais Siméon-Eugène Paquet sur le côté est de la conche du Bureau, se traduit par la construction de la plupart des fastueuses villas qui bordent encore cette corniche : "Bellevue", "Beau Séjour", "Tanis" et "Hélios", "San Pedro"...

Le mouvement s'intensifie encore pendant les vingt-cinq premières années du 20e siècle, avec pas moins de 211 villas relevées pour cette période. Les quinze années qui précèdent la Première Guerre mondiale sont particulièrement productives. Les villas se multiplient le long de la corniche de Nauzan ("Grisélidis" en 1903, "Rêve" en 1904...), au Platin et au Concié avec l'opération immobilière réalisée par M. d'Auby ("Primavera" en 1905, "Clairière" et "Milloiseaux" en 1907), et surtout dans l'ancien Bois du Roi, grâce à l'impulsion, là encore, de M. Paquet ("Mireille" en 1905, "Maroussia" en 1907, "La Roche au Moine", "Les Goëlands" et "Bois Charmant" en 1908, etc). D'autres villas s'implantent le long de la nouvelle ligne de tramway, par exemple avenue de Pontaillac ("Paradenia" en 1912, "El Bambino" en 1913) ou avenue de la Grande Côte ("La Hutte" en 1912, "Sylvabelle" en 1913). Certaines préfèrent avoir un accès direct à la plage du Bureau comme "Libellule" (1910) ou "Miramar" (1914).

Le nombre de constructions nouvelles reste élevé pour les années 1920-1930, atteignant le chiffre de 91. L'urbanisation gagne alors l'intérieur du plateau de Trez-la-Chasse, le Bois du Clocher (rue de la Plage, rue des Ramiers...), ou encore l'espace situé en arrière de la plage du Bureau, près des jardins du Rat et le long de l'avenue de Courlay. La commune est relativement épargnée par les bombardements de 1945 - au contraire, par exemple, de sa voisine, Vaux-sur-Mer. Elle est ainsi peu concernée par la Reconstruction des années 1950-1960. Par ailleurs, et jusqu'à nos jours, son urbanisation est marquée par de très nombreuses constructions individuelles ou de série, sans réel intérêt patrimonial. Dès lors, seulement seize villas des années 1950-1960, témoignant de l'architecture de cette période, ont été retenues au cours de l'enquête.

En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 428 maisons et anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible. Parmi ces 428 éléments du patrimoine inventoriés, 239 ont fait l'objet d'un simple recensement et 86 ont été sélectionnés en raison de leur intérêt historique et/ou architectural. Tous ces éléments illustrent de l'histoire de la commune, en particulier son développement comme station balnéaire, véritable creuset d'architecture, dans la seconde moitié du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle. L'ensemble présente aussi plusieurs témoignages de son histoire rurale antérieure.

1- Des logements spacieux et confortables

Construits pour l'essentiel entre 1880 et 1930, les logements repérés au cours de l'étude, qu'il s'agisse de villas, de maisons rurales ou de logis de fermes, présentent généralement des dimensions suffisantes pour assurer un niveau de confort satisfaisant à leurs occupants, permanents ou estivants. Ainsi, plus de la moitié des maisons et logis de fermes comprennent un étage, proportion qui monte à 70 % pour les villas, surtout celles de la fin du 19e siècle et du début du 20e. Cet étage est parfois surmonté d'un grenier qui est souvent utiliser pour y loger, dans le cas des villas, le personnel de service. Rares sont toutefois les constructions à deux étages (villas "Bois Charmant", "La Roche au Moine" ou "Miramar").

La moitié des villas possèdent un soubassement, à demi-enterré, destiné à recevoir les pièces de service (cuisine, buanderie...). Le rez-de-chaussée, surélevé, est alors consacré aux pièces de réception (salon, salle à manger) et, comme l'étage, aux chambres. On observe toutefois une proposition assez élevée (près de 40 %) de logements en simple rez-de-chaussée, avec généralement un grenier : cela concerne les logis de fermes, mais aussi beaucoup de petites villas construites par la classe moyenne dans les années 1920-1930.

La quasi totalité des commanditaires des logements, en particulier des villas, ont choisi de les construire, séparés de leurs voisins, en retrait par rapport à la rue et entourés par un jardin. Celui-ci est souvent délimité par un muret et par un portail, éléments qui ont parfois été conservés mais qui sont le plus souvent les premières victimes des remaniements. Les maisons attenantes (accolées les unes aux autres) se situent au cœur des anciens hameaux de l'arrière-pays et dans le centre de la station balnéaire du Bureau. À Saint-Palais-sur-Mer, plus d'un tiers des habitations inventoriées présentent au moins trois travées (alignements verticaux) d'ouvertures en façade. Signe de la grandeur des bâtiments et de logements spacieux et confortables.

Toujours par souci de confort, les villas les plus prestigieuses bénéficient d'un belvédère ou "salon de la mer", positionné en avant de la villa, au bout du jardin, de manière à surplomber la plage. Ses occupants peuvent ainsi bénéficier d'une vue imprenable tout en étant protégés à la fois des regards et du soleil. A côté, percés dans le muret de clôture, une petite porte et un escalier donnent souvent accès à la plage. Sur le côté est de la conche du Bureau, la villa "Bellevue" par exemple, édifiée en 1895, disposait de deux belvédères (elle était à l'origine divisée en deux logements) construits en faux bois de ciment, remplacés vers 1930 par un abri en brique et en bois. En face, dans le "salon de la mer" de la villa "Nelly", le propriétaire, Henri Meignié, directeur d'usine à Saintes, avait fait établir vers 1900 un mobilier et un décor de papier peint de style Art nouveau, aujourd'hui disparus.

2- Du chalet au cottage

313 villas ont été inventoriées à Saint-Palais-sur-Mer, ce qui représente les trois quarts des maisons qui ont fait l'objet de l'étude. Elles présentent les différents types et modèles qui composent l'architecture de villégiature développée en France à partir du milieu du 19e siècle, soit principalement le chalet, le cottage et le castel.

Inspirée des habitations montagnardes, le chalet est la forme la plus ancienne. Elle a été adoptée pour les premières villas du Bureau (comme "Nelly", "La Garenne", "Farandole", "Les Chrysanthèmes"...) et, plus généralement, pour plus d'un tiers des villas construites dans la commune. La symétrie est le principe de construction de ces maisons. La façade est située sur le mur pignon, et les ouvertures y sont réparties de manière symétrique autour de la porte centrale. Pour les chalets les plus grands, elles sont disposées en travées (souvent trois), la travée centrale comprenant la porte. Cette répartition symétrique correspond généralement à une organisation également symétrique des pièces à l'intérieur, avec un couloir central desservant les pièces de chaque côté. Le bois est, avec le fer et, parfois, la brique, le matériau de décor de prédilection des façades des chalets. La façade de "Nelly" en est l'illustration la plus extrême, avec son lambris, ses aisseliers soutenant le débordement de toit, et ses balcons aux garde-corps chantournés.

Les chalets ne sont toutefois pas les plus nombreux à Saint-Palais-sur-Mer. La commune présente en effet une majorité de villas de type cottage, soit près de la moitié du total des demeures de villégiature. Ce modèle est directement inspiré des constructions anglo-saxonnes. Très prisé à partir des années 1890 (par exemple par M. Paquet pour son opération immobilière du Bureau), il prend le contre-pied du chalet en érigeant la dissymétrie en principe de base, et la profusion du décor en règle. Les villas de type cottage présentent en effet un plan en L ou en T qui engendre en façade la présence d'un avant-corps latéral traité en pignon. La part belle est faite à tout ce qui peut permettre de bénéficier d'un panorama sur l'extérieur : bow-windows, balcons et terrasses, lucarnes de toit...

Par exemple, la villa "Le Gui", établie en 1910 au milieu d'un parc, occupe une grande partie de la pointe ouest de la conche du Platin. Son décor réside dans le jeu de matériaux et de couleurs entre les parties en bois (aisseliers, volets, balcons) peintes en rouge, la pierre et l'enduit blonds, la brique rouge et l'ardoise sombre. On retrouve ces principes sur "Maroussia" (1907) qui offre, face à la mer, bow-windows, encorbellements, débordements de toit ornés à l'origine de lambrequins et d'épis de faîtage, pilastres et motifs végétaux sculptés. Pour la villa des "Mouettes" (1903) qui surplombe la plage du Bureau, la façade côté rue, avec son avant-corps latéral caractéristique du cottage, se différencie de la façade côté plage, avec sa symétrie de chalet.

3- Une architecture très inventive

Ces deux modèles principaux, le chalet et le cottage, ont fait l'objet de plusieurs variantes et déclinaisons dès la fin du 19e siècle et le début du 20e. La première réside dans le type castel. Assez peu présent à Saint-Palais, il découle de l'adjonction au cottage d'une tourelle d'angle, abritant généralement un escalier. Placée dans l'angle formé par l'avant-corps en façade, ou à la place même de cet avant-corps, la tour, ronde ou carrée, confère à l'ensemble l'aspect d'un petit château. Sur la corniche de Nauzan, la villa "Rêve", bâtie en 1904 pour le compte d'un médecin du Lot, est ainsi dotée d'une élégante tourelle ronde coiffée d'une flèche en ardoise, très effilée. Avenue de Courlay, la villa "Bijou" a été construite en 1907 pour - et sans doute par -l'entrepreneur Gémy Barrot. Le haut toit en ardoise de sa tour carrée est souligné par une frise en céramique, aux motifs géométriques. On trouve le même décor sur "Mireille" (1905), avenue de la Forêt. C'est aussi le goût des formes architecturales historiques qui a poussé en 1905 Louis-Jean d'Auby à transformer, de manière spectaculaire, son cottage à la conche du Concié, en l'enveloppant d'un décor néo-roman inédit où portails, arcades, clocher, chapiteaux et modillons s'inspirent directement des plus belles églises romanes de Saintonge.

Les architectes et entrepreneurs locaux ont par ailleurs adapté les modèles du chalet et du cottage en leur appliquant très tôt des formes et surtout des matériaux issus de l'architecture traditionnelle saintongeaise. D'abord timide, ce mouvement s'est caractérisé au début du 20e siècle par l'emploi de la tuile à la place de l'ardoise sur les toits, ou encore du parement de moellons sur le soubassement de la façade (par exemple sur "Les Jasmins", 1 rue Henry-Neaud). Le goût néo-régionaliste saintongeais s'est affirmé dans les années 1910 puis 1920-1930, au point de concerner au final une villa sur cinq à Saint-Palais. Les pentes de toits se sont abaissées, permettant à la tuile de remplacer définitivement l'ardoise, et le parement de moellons, de différentes formes et dimensions, a succédé à l'enduit, donnant à la villa l'aspect rustique recherché. Tout en reprenant la structure symétrique de la façade du chalet, la villa "Illusions", à Nauzan, édifiée vers 1930, présente ce type de décor, sous un toit à quatre pans ; de même que "Nemophila", impasse du Marché, avec au-dessus de la porte, un motif de moellons assemblés en forme de fleur.

Les tenants du néo-régionalisme architectural ont aussi trouvé leur inspiration dans d'autres régions de France. L'un des rares exemples d'architecture néo-normande de la région de Royan se trouve près de la conche du Concié : la villa "Terre-Nègre" a été édifiée en 1910 pour un riche Bordelais, et a depuis été intégrée à l'hôtel Primavera. L'architecture néo-régionaliste basque est bien plus présente, avec 18 villas s'y rapportant. Ce style architectural reprend les principales caractéristiques des chalets basques traditionnels : deux pans de toit dissymétriques, un décor en pans de bois sur la partie haute des murs, des piliers ou de simples pierres en encorbellement, une base des murs évasée. Parmi les villas qui illustrent ce goût architectural, "Honey Moon", à Nauzan, édifiée en 1934, a appartenu un temps à l'actrice Danièle Darrieux ; la même année sont apparues, rue de Cordouan, à Trez-la-Chasse, des triplées appelées "Ramuntcho", "Christianette" et "Jacquelinette".

L'inventivité des architectes s'est enfin illustrée, déjà avant 1914, mais surtout dans l'Entre-deux-guerres, lorsqu'il s'est agi de construire des villas plus petites, destinées à la classe moyenne, tout en prenant pour modèles les grandes villas construites jusqu'alors. Le modèle du chalet a ainsi été décliné en petites maisons en simple rez-de-chaussée, tout en conservant le principe d'une façade sur le mur pignon, structurée de manière symétrique, avec une porte encadrée par deux fenêtres : ainsi, par exemple, "Clairette", rue de l'Eglise, "Annie", avenue de Courlay, ou "L'Alba", avenue des Acacias. De même, nombre de petits cottages ont fleuri dans les rues de Saint-Palais, par exemple "Michette", rue du Clocher, "Huguette", rue Henry-Neaud, ou "Caravelle", rue de Cordouan : tout en se limitant à un simple rez-de-chaussée, ces villas ont gardé le principe de l'avant-corps latéral en façade, traité en pignon. Enfin, on dénombre quelques villas de type bungalow, de petites maisons basses, en simple rez-de-chaussée, avec deux ou trois ouvertures seulement en façade. Bien souvent, ces petites maisons, inspirées des grandes villas d'avant 1914, intègrent aussi le goût néo-régionaliste, qu'il soit saintongeais (par exemple "Roche Rouge", allée de la Caravelle) ou basque (par exemple "La Nacelle", rue de la Concorde).

4- Un foyer d'architectes et d'entrepreneurs

Le développement rapide de la station balnéaire a fait la fortune d'architectes et d'entrepreneurs originaires de Saint-Palais-sur-Mer ou venus s'y établir. 62 villas, soit plus d'un quart du total, ont un auteur identifié, le plus souvent par une signature gravée sur la façade. Parmi ces villas, près de la moitié (29) ont été réalisées par - ou sont attribuables à - l'architecte Édouard d'Espelosin qui a fait de Saint-Palais-sur-Mer son laboratoire à ciel ouvert. Originaire de Tours, il arrive en 1893 dans la nouvelle station balnéaire, où sa famille se fait construire la villa "Remember", à deux pas du Pont du Diable. Sculpteur de formation, il commence par une production néo-médiévale avec les villas jumelles "Le Calme" et "Les Pierrières", édifiées juste derrière "Remember" en 1902.

Rapidement, d'Espelosin se fait le chantre de l'architecture néo-régionaliste saintongeaise appliquée aux villas de type chalet et surtout de type cottage. Construite en 1907 rue de la Garenne, la villa "La Maisonnette" sonne comme un manifeste architectural ; ses plans ont été publiés dans la revue d'architecture Monographie de bâtiments modernes dès 1908. De type cottage, la villa présente un avant-corps latéral en façade, traité en pignon, mais qui ne forme qu'une légère saillie. Le toit est à faible pente, couvert de tuile. La façade est recouverte d'un parement de moellons, taillés en partie basse, simplement équarris en partie haute. C'est ce modèle que d'Espelosin va multiplier à Saint-Palais jusque vers 1925 : par exemple "Annette", avenue de Pontaillac, en 1913 ; "Les Martinets", la même année, et "Descartes", en 1914, avenue des Pierrières ; "Rarahu", en 1915, rue de la Ville d'Hiver, qui tire son nom d'un personnage de l'écrivain saintongeais Pierre Loti, etc. Avec "La Roche au Moine", en 1908, d'Espelosin excelle dans le maniement des matériaux rustiques, les débordements de toits aériens, et l'étagement des balcons qui aspire le regard vers le ciel.

À son modèle initial, d'Espelosin ajoute d'autres traits caractéristiques, véritables signatures de son œuvre : un cartouche en forme d'écusson, pour y inscrire le nom de la villa ; des pans de bois en partie haute de la façade, comme sur "Les Moineaux", avenue des Pierrières ; des briques vernissées incrustées dans les murs de la villa ou les piliers de son portail, et dont la couleur vient parfois répondre à celle des éléments en bois (balcon, débordement de toit, volets). Tel est le cas par exemple pour "Miramar", sur la plage du Bureau, et surtout pour les quatre villas "Rubis", "Émeraude", Opale" et "Saphir" : construites en 1915 pour quatre investisseurs actifs dans la production et le commerce du cognac, elles affichent leurs couleurs en lien avec leurs noms respectifs. La notoriété d’Édouard d'Espelosin lui vaut enfin d'être consulté pour la construction de la nouvelle église du Bureau, nommé architecte conseil de la municipalité de Saint-Palais en 1919, et engagé pour l'édification du monument aux morts en 1922.

Édouard d'Espelosin a beaucoup travaillé avec des entrepreneurs originaires de Saint-Palais-sur-Mer et qui, eux aussi, ont bâti leur succès sur le développement immobilier de la station. Ainsi, Alphonse dit Gémy Barrot (1864-1957), fils d'un maçon du hameau de Puyraveau, s'est fait un nom d'abord par des commandes publiques, comme le marché couvert de Saint-Palais, puis en signant plusieurs des villas conçues par d'Espelosin. Son nom apparaît à côté du sien par exemple sur "Les Yeuses", bâtie en 1908, rue du Bois du Roy, pour une institutrice versaillaise ; ou sur "Soleil Couchant", édifiée en 1912, rue de la Ville d'Hiver, pour le compte d'un investisseur d'Angoulême. Barrot a aussi œuvré à la nouvelle église du Bureau, et tenu une agence immobilière puis une épicerie, à l'entrée de la place de l'Océan.

Également entrepreneur de maçonnerie, Hippolyte Descamp (1876-1943) s'est établi à Saint-Palais vers 1915. Il s'est illustré aux côtés d'architectes comme d'Espelosin, avec lequel il a signé "Pybole", avenue du Platin, ou Louis Deleveau, architecte à Royan, pour "La Tosca" et "Lakmé", rue de la Conche et avenue de Pontaillac. Descamp a aussi développé ses propres réalisations, souvent inspirées de ses maîtres mais également inscrites dans le style néo-régionaliste basque. On lui doit ainsi "Maïtena", rue d'Aunis, en 1929 ; "Parisette", avenue de la Forêt ; et probablement aussi "Valencia", rue des Ramiers, et "Ossasuna", en 1935, avenue du Platin. Hippolyte Descamp repose désormais dans le cimetière du Bureau.

D'autres signatures apparaissent sur les murs des villas de Saint-Palais : celle de Gaston Guintard, lui aussi collaborateur d’Édouard d'Espelosin, par exemple pour "La Maisonnette", pour "Sylvabelle", en 1913, avenue de la Grande Côte, et pour le monument aux morts ; celle d'Albert Guillot, par exemple sur "Ma Tocade", en 1935, rue des Écoles ; ou encore celle des frères Soulard - par ailleurs spécialisés dans les monuments funéraires -, sur la villa "Jany-Jack", rue du Four.

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