Patrimoine militaire de l'Ile de Ré

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Par sa position stratégique au milieu des pertuis Breton et d'Antioche et par la morphologie de ses côtes propices à un débarquement, l'Ile de Ré a été, dès le Moyen Age, un important poste militaire avancé du littoral charentais dont témoigne son architecture et son paysage.

Les premières forteresses sont construites sur l'île par les familles de Mauléon et de Thouars aux 12e et 13e siècles. Ces édifices ont aujourd'hui entièrement disparu mais le paysage de l'Ile de Ré témoigne encore des nombreux conflits qui ont ravagé le territoire au cours des Guerres de Religion, entre le 16e et le 17e siècle. Suite à la victoire du duc de Guise sur l'armée protestante en 1621, le roi Louis XIII décide de fortifier l'île. La citadelle, le Fort La Prée et la redoute du Martray sont édifiés en 1625 par les ingénieurs Le Camus et d'Argencourt. Le roi nomme Toiras maréchal de France et gouverneur de l'île. Suite au siège de Saint-Martin par la flotte anglaise commandée par le duc de Buckingham en 1627, le roi décide de raser les fortifications de l'Ile de Ré. Le Fort La Prée échappe cependant à la destruction.

Sous le règne de Louis XIV, une nouvelle organisation défensive est mise en place afin de défendre le site de Rochefort, nouveau port de guerre construit en 1666. Le roi fait appel à l’ingénieur Vauban qui propose en 1674 de remanier le Fort La Prée, de construire les redoutes de Sablanceaux et des Portes (lieux possibles de débarquement) et de reconstruire la redoute du Martray (lieu de communication entre le sud et le nord de l'île).

En 1681, Vauban est nommé Commissaire général des fortifications du royaume. Il dirige les travaux de la nouvelle citadelle de Saint-Martin et de la fortification de la ville qui doit permettre aux habitants de l'île de s'y réfugier en cas d'attaque. La première pierre de la nouvelle citadelle est posée le 29 juin 1681.

Le système défensif mis en place par Vauban au 17e siècle est complété au 18e siècle par l'installation de plusieurs batteries de côte (9 batteries en 1701, 19 batteries en 1755). Toutes ces batteries sont désarmées entre le 20 juin et le 1er septembre 1814. Ces ouvrages de défense sont régulièrement entretenus au cours des siècles suivants et ne subissent pas de transformations majeures jusqu'à la création en 1841 de la Commission mixte de révision de l'armement qui définit les ouvrages à supprimer ou à améliorer.

Les progrès de l'artillerie sous le Second Empire conduisent à la construction de traverses-abris à Saint-Martin et au fort La Prée ; le réduit de la batterie de Sablanceaux et le magasin à poudre de la citadelle de Saint-Martin sont enterrés sous un massif terrassé en 1875.

A partir de 1873, la citadelle de Saint-Martin est transformée en lieu de transit pour les déportés au bagne de Nouvelle-Calédonie jusqu'en 1897, puis vers la Guyane de 1898 à 1938.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'armée allemande occupe l'Ile de Ré et établissent des ouvrages de défense (blockhaus, hérissons thèques, portes belges) rapprochée pour empêcher un possible débarquement des Alliés. Ils élèvent aussi des batteries d'artillerie de côte, parmi lesquelles le plus important est le site de Karola à Ars. A la Libération, 49 ouvrages bétonnés sont recensés sur les plages de l'île alors que le territoire n'a jamais été attaqué.

Périodes

Principale : 1ère moitié 17e siècle

Secondaire : 1ère moitié 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Auteurs Auteur : Vauban Sébastien Le Prestre de, marquis, ingénieur militaire (attribution par source)

L'inventaire du patrimoine militaire sur l'Ile de Ré a permis de recenser 40 ensembles (Vieux château de La Flotte, citadelle et fortifications de Saint-Martin-de-Ré, Batterie Karola à Ars-en-Ré), édifices (fort La Prée, Hôtel des Cadets-Gentilshommes, caserne Toiras, poudrière Saint-Louis, Hôpital de la Marine, 5 redoutes, arsenal) ou ouvrages militaires (12 corps de garde, 20 batteries, 2 portes fortifiées).

Des forteresses du Moyen Age sur l'Ile de Ré, les archives ne révèlent rien de leur composition et il n'en reste aujourd'hui aucun vestige. De tels édifices semblaient exister à La Flotte et à Saint-Martin.

Les deux plus anciennes constructions de défense sont le fort La Prée et la première citadelle de Saint-Martin, tous deux construits en 1625. Le fort était pourvu d'une double enceinte (détruite en 1680), d'un port au sud et de quatre bastions reliés par des courtines en demi-cercle. La citadelle se composait également de quatre bastions mais était dépourvue de port ; les courtines étaient protégées par des demi-lunes à l'exception de celle du nord qui était défendue par deux tenaillons. Chaque bastion était protégé par une lunette. Ces édifices abritaient des logements pour la garnison, une chapelle, des magasins aux vivres et des citernes afin de permettre aux soldats de subsister en cas de siège.

Les redoutes du Martray et des Portes, construites en 1674, sont établies sur le même modèle et diffèrent de celles du Grouin à Loix et de Sablanceaux qui sont identiques.

La citadelle reconstruite par Vauban en 1681 à l'emplacement de la première se compose de quatre bastions, trois demi-lunes et une contre-garde avec fausse-braie et un port. A l’intérieur, se retrouvent tous les bâtiments nécessaires à sa garnison : 4 casernes et 1 pavillon des officiers, 1 arsenal avec des citernes, 1 chapelle, 2 magasins à poudre, 1 prion, 1 magasin aux vivres, 1 fourneau à rougir les boulets.

La ville est fortifiée par 5 bastions, 5 demi-lunes, une contre-garde. Deux portes fortifiées protègent l'entrée de la ville. A l'intérieur de l'enceinte, 12 corps de garde, la caserne Toiras, la poudrière Saint-Louis, l'arsenal (Hôtel Clerjotte), un hôpital militaire et un ouvrage à cornes assurent la défense de la ville.

Les autres ouvrages de défense répartis sur l'île sont restreints à de simples postes avancés de la ville de Saint-Martin et sont réduits en effectif de garnison. Les batteries de Sablanceaux et du Grouin sont les seules à profiter d'une modernisation de leur silhouette en 1860 : elles sont alors pourvues chacune d'un corps de garde crénelé.

Parmi les ouvrages de défense établis par l'armée allemande au cours de la Seconde Guerre mondiale, la batterie Karola à Ars est le plus important. Il se constitue de deux blocs autonomes portant chacun une tourelle à deux pièces de 203 mm et d'un poste de commandement et de direction de tir avec tour d'observation portant un télémètre à grande puissance sous coupole cuirassée. Karola était armée de quatre pièces de 220 mm installées en cuve à ciel ouvert et comportait des abris à personnel et à munitions, des nids de mitrailleuses, de DCA (Défense Contre les Avions) et de défense rapprochée.

Les batteries que l'armée allemande fait élever sur les côtes sont constituées en majorité d'anciennes pièces de récupération mises sous casemates.

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