Présentation de la commune de Saint-Genest-d'Ambière

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UN VILLAGE AUX CONFINS DE LA TOURAINE, DE L’ANJOU ET DU POITOU

Le cadre naturel et humain

« On peut dire avec vérité que, dans tout l’arrondissement de Châtellerault, il n’existe point de commune aussi belle, aussi étendue que celle de Saint-Genest. »

Mémoire en faveur de la commune de Saint-Genest, chef-lieu de canton, 1802.

Le territoire de Saint-Genest-d’Ambière est situé à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Châtellerault. Le nom de la commune a pour origine l’association du vocable de saint Genest et du toponyme Ambière issu du mot gaulois ambe, signifiant la rivière. Les deux appellations sont définitivement accolées en 1958.

Avec ses paysages contrastés et vallonnés s’étalant jusqu’à l’Envigne, la commune, l’une des plus vastes de l’agglomération, s’étend sur près de dix kilomètres du nord au sud. La partie nord possède de grandes zones calcaires marquées par la pierre de tuffeau, principal matériau utilisé dans les constructions des écarts* et du bourg. Le sol sableux composant toute la moitié sud de Saint-Genest-d’Ambière est assez fin. Il a favorisé les cultures chanvrières et maraîchères, asperges en premier lieu, qui font encore la renommée du village.

Au nord-est, le point culminant est situé sur un plateau calcaire jalonné d’une succession de collines qui forment un relief ondulé. Elles constituent une transition paysagère, avec des cultures de céréales, des prairies et quelques vignes (la Motrue), vers les sols plus sablonneux des bords de l’Envigne. Le dénivelé jusqu’au point le plus bas est ponctué de plusieurs dépressions notamment celle laissée par le ruisseau du Beaupuy. Sur les trois kilomètres environ qui séparent le bourg de la rivière de l’Envigne, le paysage de plaine et de varenne est aujourd’hui largement boisé (bois de Boussevais, bois de la Miseau, bois de la Motte, Bois Lien, Bois des Lacs). Plusieurs affluents de l’Envigne irriguent le territoire : le Maupertuis, le Poingris (qui rejoint l’Envigne au sud de la Brunalière à Scorbé-Clairvaux) et l’Oure.

L’économie de la commune marquée par la culture du chanvre et des primeurs est à vocation essentiellement agricole. Sur les 3200 ha, 2132 ha de terres sont exploités principalement en céréaliculture. 823 ha sont plantés de forêts et 420 ha sont dédiés aux prairies.

La constitution d’un maillage religieux et féodal dans la vallée de l’Envigne : 8e - 14e siècles

Dès le Néolithique, la situation de Saint-Genest-d’Ambière sur la rive gauche de l’Envigne, avec ses coteaux orientés au sud et ses paysages vallonnés, est propice à des installations humaines.

Cependant, c’est seulement à partir du 8e siècle, au Haut Moyen Âge, qu’un habitat pérenne s’organise. Quatre sites non contigus sont répartis sur un linéaire de trois kilomètres. Ils sont mis au jour et étudiés lors des fouilles du chantier de la ligne ferroviaire à Grande Vitesse Bordeaux-Tours au début des années 2010. Situés sur un plateau vallonné entre la Baube et l’Écusseau, ces lieux attestent d’un habitat rural médiéval souterrain et de surface à vocation agricole. Des aires d’ensilage* et des espaces domestiques et de stockage sont associés à un système fossoyé fermé à fonction défensive. Cet habitat est probablement à relier à l’histoire des châteaux du Haut-Clairvaux*, dont la tour maîtresse, fortifiée au 12e siècle, n’est distante que de trois kilomètres, et de Puygarreau qui possède un vaste dispositif de fossés et de souterrains.

Parallèlement à la constitution de cet habitat rural, une trame féodale s’organise. Le château du Pouet, cité dès la fin du 10e siècle, constitue certainement l’un des avant-postes occidentaux de la vicomté de Châtellerault.

Deux mottes castrales sont édifiées un siècle plus tard. La première, aux Rideaux, dont le nom se réfère à un talus embroussaillé, se situe à l’ouest du bourg de Saint-Genest. Des prospections aériennes attestent sa présence, mais elle n’est pas documentée. Un petit hameau (la Boutinière, les Rideaux) s’est développé sur ce promontoire naturel. L’histoire de la seconde, à Gironde, est mieux connue. Bien visible à la lisière de la forêt éponyme, au sud du territoire, et proche de la rivière de l’Envigne, elle est le siège d’une châtellenie* relevant de la vicomté. Elle est située à proximité d’une ancienne voie romaine, la magna via Castri Arraudi qui relie Mirebeau à Châtellerault. L’un de ses premiers seigneurs est Rainaldus de Gerunda. Les terres proches de la motte sont achetées puis données par le vicomte Aimery (1077-1151) à Robert d’Arbrissel pour l’installation d’un prieuré. Les religieux bénédictins de l’abbaye de Montierneuf à Poitiers établissent quant à eux un prieuré à l’est de la motte des Rideaux. Ces deux communautés religieuses rurales reçoivent des terres en dotations (Parçay et Bourcanin pour le prieuré bénédictin) qu’elles défrichent et transforment en exploitations agricoles. Un habitat groupé s’implante progressivement dans leurs abords pour former deux bourgs distincts : Cloistre-en-Gironde (Lencloître) et Ambière. L’église prieurale, reconstruite au début du 15e siècle, devient par la suite l’église paroissiale, placée sous le vocable de saint Genest.

L’apparition de nouveaux domaines et le renforcement des pouvoirs en place : 15e - 18siècles

En l’espace de quatre siècles, le territoire se couvre de fiefs et de prieurés attirés par la présence de nombreux ruisseaux et par la fertilité de la terre. Au milieu du 14e siècle, sept moulins se répartissent sur le cours de l’Envigne, de la Fontpoise et du Beaupuy. Les deux plus importants, le moulin du Pré et celui de Lencloître, dépendent du prieuré fontevriste.

Bien que les dernières années de la guerre de Cent Ans soient encore marquées par des déprédations, de nouveaux domaines se constituent sur le territoire, portés par des notables et une petite noblesse rurale. L’implantation et la structuration de ces lieux perdurent jusqu’au début du 16e siècle environ, notamment dans le giron des propriétaires des seigneuries de Puygarreau et d’Abin.

Jean Barbin, avocat du roi au Parlement de Poitiers, propriétaire du fief de Puygarreau en 1433 obtient l’autorisation de faire fortifier sa très belle maison en façon d’une tour carrée puis, en 1443, le droit de gué et de garde. À ce domaine s’ajoute un vaste ensemble de terres et de manoirs déjà existants. Certains encore visibles, conservent quelques éléments architecturaux caractéristiques de cette période comme à la Chevalerie, à la Brochardière ou au Dognon alors sur le territoire de Saint-Genest. Au Pouet, l’imposante tour massive à mâchicoulis percée de quelques archères canonnières marque la dernière étape de la fortification de la propriété. La maison forte d’Abin, rattachée à la famille de Crouail, connaît quant à elle d’importantes modifications au début du 16e siècle avec la construction des deux tours contre le logis sud.

Si les deux siècles suivants apportent peu de changements dans la typologie des fermes, les transformations sont en revanche plus lisibles dans les châteaux. L’aspect défensif est peu à peu délaissé au profit d’un traitement des bâtiments entre cour et jardin.

Le château d’Abin, propriété de la famille Poussineau à partir du milieu du 17e siècle et au 18e siècle, est caractéristique de cette période. Un pont à trois arches enjambe les douves. Deux châtelets, dont l’un est aménagé en chapelle, encadrent le côté sud. Une allée conduit à l’entrée principale du logis en L. Un escalier intérieur de pierre à volée droite dessert des pièces en enfilade. Les façades ordonnancées présentent des travées régulières avec de grandes fenêtres rectangulaires et des lucarnes monumentales.

Les transformations structurelles s’inscrivent également dans l’architecture religieuse et dans la vitalité économique du territoire. La réforme du prieuré de Lencloître menée par Antoinette d’Orléans à partir de 1610 se traduit par de nombreuses constructions et reconstructions. La plus imposante concerne l’hôtellerie close par un portail en pierre calcaire en arc en anse de panier entouré de bossages alternant bossages vermiculés et bossages plats. Au sommet du fronton, une sculpture représente un lion qui tient entre ses pattes un écusson mutilé.

La place du champ de foire au nord du prieuré fontevriste marque également fortement le paysage par sa superficie. Elle montre l’importance prise par les marchés et les foires organisées par les religieuses. En 1612, celles-ci acceptent la tenue de quatre foires par an (à la Saint-Jean, à la Saint-Roch, à la Saint-Simon et à la Saint-Jude) moyennant une redevance de « deux deniers sur chaque mouton ou agneau vendus, cinq deniers sur chaque banc de boucher vendant chair sous les halles, trois deniers sur tous autres bestiaux qui se vendaient, un denier sur chaque denrée étalée, le tiers du droit des minages des blés exposés ». En 1782, la fréquence annuelle des foires passe de quatre à neuf puis à douze (le premier lundi du mois) à partir du premier quart du 19e siècle jusqu’à nos jours.

Les enjeux de la redéfinition des limites territoriales

À la veille de la Révolution, le territoire de Saint-Genest-d’Ambière présente un habitat dispersé hérité des seigneuries médiévales. Un habitat plus groupé se développe autour du prieuré fontevriste dont le bourg dépasse en taille celui de Saint-Genest, pourtant siège de la paroisse.

Cet état de fait sur la structure des deux bourgs n’est pas étranger aux redéfinitions des limites territoriales de la commune qui occupent les esprits des habitants à partir de 1790. À cette date, Saint-Genest devient chef-lieu d’un canton. Il comprend les communes de Boussageau, Cernay, Doussay, Orches, Ouzilly, et Savigny-sous-Faye.

Dans sa Description topographique du district de Châtellerault, parue en 1790, Jacques-Antoine Creuzé-Latouche détaille le quotidien des cultivateurs de la vallée de l’Envigne. Il les qualifie de « modèles d’industrie, de courage et d’activité, passant le jour à cultiver et les nuits à exporter leurs cultures légumières favorisées par l’utilisation du fumier de pigeon. » En 1801, la commune devient également le siège de la justice de paix. Le canton de Saint-Genest est alors cité comme le « plus fertile de l’arrondissement et peut être même du département dont il est le jardin. Le terrain est un sable gras, très propre à la végétation : on y cultive une grande quantité de légumes et de fruits qui y réussissent aussi bien que dans les marais des environs de Paris » (Description générale du département de la Vienne par le citoyen Cochon de Lapparent, 1801). Aux productions maraîchères s’ajoute celle du chanvre dont l’exploitation alternée avec celles des légumes apporte une remarquable fertilité aux terres.

Au début du 19e siècle, des tensions marquent les relations entre les habitants du bourg de Lencloître et ceux de Saint-Genest. Les premiers souhaitent prendre leur indépendance vis à vis des seconds. Au principal argument d’accessibilité du bourg avancé pour Lencloître s’oppose celui du « bon air » présent à Saint-Genest. Au-delà de ces arguments de façade, l’enjeu majeur réside probablement dans la volonté des élus d’accorder plus de poids politique et économique au bourg de Lencloître, bien doté en foires et marchés et mieux situé à la croisée des routes menant à Mirebeau, Châtellerault et Richelieu.

En 1822, la commune de Lencloître est ainsi officiellement formée à partir d’une section de celle de Saint-Genest et du territoire de la paroisse de Boussageau. L’église du prieuré est affectée au service paroissial. Le bourg de Lencloître réuni à Boussageau devient chef-lieu de canton au détriment de Saint-Genest. Distants de trois kilomètres, les deux bourgs suivent une évolution démographique différente puisque la population du bourg de Lencloître grossit deux fois plus vite que celle de Saint-Genest.

Les aménagements des 19e et 20e siècles

Bien que Saint-Genest-d’Ambière perde son statut de chef-lieu de canton, les aménagements se poursuivent pour faciliter les déplacements des habitants. En 1835, la route de Lencloître à Châtellerault par Sossais est réalisée. Dix ans plus tard, le chantier de la route départementale numéro 13 reliant Lencloître et Châtellerault (par Scorbé-Clairvaux), et dont les travaux auraient du débuter à la toute fin des années 1780, est enfin lancé. Il amorce une croissance démographique qui se traduit par une lente mais continue augmentation des constructions et par l’aménagement des espaces publics dans le bourg. Le cimetière est transféré des abords de l’église à son emplacement actuel. La famille Marchand fait bâtir le château de l’Ormeau au centre du bourg dans la perspective de la rue du Grand-Peuple. Les propriétaires les plus aisés édifient des maisons aux proportions plus importantes qui comportent toutes un étage et un comble éclairé par des lucarnes. Le décor sculpté y occupe une place prépondérante.

À la fin des années 1870, la commune approuve le tracé de la ligne ferroviaire de Loudun à Châtellerault et demande la construction d’une gare fonctionnant perpétuellement comme celle de Scorbé-Clairvaux pour les voyageurs et les marchandises. L’accent est mis sur le commerce des quatre saisons et des primeurs. En 1888, deux ans après l’ouverture de la ligne, un train des primeurs est spécialement affrété pour permettre une exportation des produits maraîchers vers Paris. Partant en début d’après-midi du lencloîtrais, asperges, oignons et échalotes arrivent à Paris dans la nuit et sont ensuite proposés sur le marché des Halles le lendemain matin.

Dans les hameaux, la structure bâtie se modifie peu. La forme des fermes héritée de l’Ancien Régime se compose d’une maison d’habitation avec sa façade exposée au sud, des dépendances accolées de part et d’autre du logis et formant une cour centrale, le plus souvent carrée. La façade est harmonieuse, et possède plusieurs travées. Dans les années 1930, des reconstructions interviennent parfois sur les maisons comme aux Chemiens ou aux Rimbaults.

Les entrées sont traitées différemment selon les époques. Dans la première moitié du 19e siècle, elle se fait par un large portail en pierre en arc en anse de panier*, typologie que l’on retrouve dans plusieurs communes de l’ouest châtelleraudais. Dans la seconde partie du 19e siècle et jusqu’au début des années 1930, l’entrée est plus ouverte avec un portail en fer encadré par deux piliers de section carrée ou ronde.

Dans le bourg et à partir des années 1960, les aménagements se concentrent sur l’éducation, le sport et les loisirs. L’architecte loudunais Jean-Pierre Barrault réalise la classe enfantine de l’école des Capucines (1973-1974), la salle des fêtes (1979), le restaurant scolaire et son préau (1988).

Deux cents ans après la scission d’une partie de son territoire, Saint-Genest d’Ambière conserve un patrimoine largement hérité du 19e siècle tout en s’ouvrant à un habitat pavillonnaire récent implanté en cœur de bourg (lotissement des Grands Clos). La commune est jumelée avec le village mosellan de Volmerange les Mines depuis 1958 : un monument est érigé dans l'enceinte du stade pour rappeler cette amitié.

Paysages et géologie

Paysages :

L'histoire géologique permet à la fois de comprendre la formation du paysage mais aussi d'identifier les matériaux naturels et les ressources hydrauliques constitutifs du développement de Saint-Genest-d’Ambière. Le territoire présente ainsi des paysages contrastés.

Au nord-est, le point culminant à 161 mètres est situé sur un plateau calcaire dont les franges constituent une transition paysagère progressive, avec des cultures de céréales, des prairies et quelques vignes, vers les sols plus sablonneux de la vallée. Le dénivelé jusqu'au point le plus bas, situé près de l’Envigne à 64 mètres est ponctué de plusieurs dépressions. Sur les trois kilomètres environ qui séparent le bourg de la rivière de l'Envigne, le paysage est aujourd'hui largement boisé (bois de Boussevais, bois de la Miseau, bois de la Motte, Bois Lien, Bois des Lacs) et irrigué par les ruisseaux de Maupertuis, du Poingris (qui rejoint l'Envigne au sud de la Brunalière à Scorbé-Clairvaux) et de l’Oure, petits affluents de l’Envigne.

La partie nord du territoire culmine à une moyenne de 130 mètres. Son sous-sol crayeux est propice au creusement de caves et de carrières qui ont servi à la construction des châteaux, manoirs et maisons. Le ruisseau du Beaupuy traverse la commune du nord-est au sud-ouest : il constitue une dépression dans le paysage. Le sol y est plus sableux. Le bourg de Saint-Genest est situé à une altitude moyenne de 115 mètres, sur un monticule naturel dans les pentes descendent doucement vers la vallée de l'Envigne.

L'économie de la commune est à vocation essentiellement agricole. Sur les 3200 ha, 2132 hectares de terres sont cultivés principalement en céréaliculture. 420 ha sont dédiés aux prairies et 823 ha en forêts (chiffres de 2020 macommune.biodiversite-nouvelle-aquitaine.fr)

Géologie :

Le sous-sol s'est formé au Crétacé (cénomanien et turonien) il y a environ 100 millions d'années. On retrouve ses formations autour du château du Pouet, des Caves de Puygarreau, de la Brochardière et jusqu’à la Chevalerie et les Houilliers. Les zones calcaires ont permis l'extraction de la pierre dont on retrouve l'utilisation dans la grande majorité des constructions du bourg et des écarts. Sa teinte varie du blanc au jaune en passant par le beige ou le gris. Le sol sableux présent dans toute la moitié sud de la commune est assez fin. Les grès et calcaire donnent des sables rouge au Bois Girard et à la Garenne de Vaiton. Ses sols ont favorisé les cultures chanvrière et maraîchères (asperges, choux, poireaux, oignons, artichauts) et l'élevage.

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