Village agricole dit domaine de l'île verte

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Plassac

Entre la fin du 18e siècle et le début du 19e siècle, une construction est bâtie sur l'île formée à la fin du 18e siècle. Cette construction est figurée sur la carte du Cours de la Gironde, Dordogne et Garonne de 1825 et sur le plan cadastral de 1832. Un instituteur bordelais, dénommé Larroque, en est alors l'unique propriétaire.

Autour de 1850, Abel Laurent, prospère agent de change parisien, fait l'acquisition de la propriété et y constitue un domaine agricole. La viticulture devient dominante et nécessite l'installation à demeure d'une importante main d'œuvre. Aussi des bâtiments d'exploitation (chais, cuviers, étables, granges...) sont construits ainsi que des maisons afin d'y loger le régisseur, le maître de chai et les ouvriers. Le registre des augmentations-diminutions de la matrice cadastrale indique pour les parcelles n° 8, 21, 23 et 30 des constructions nouvelles entre 1855 et 1861, dont celle de la maison de maître en 1856, implantée à l'écart, au milieu de l'ancien potager. Cette demeure (parcelle n° 22) fait l'objet d'une augmentation de construction en 1863. Une véritable colonie viticole se met en place : la population sédentaire de l'île passe de 17 habitants en 1841 à 79 à la fin des années 1870.

Le vignoble est préservé du phylloxéra grâce à la possibilité d'inonder les parcelles de vignes pendant de longues périodes d'hiver, tuant l'insecte dévastateur. Ainsi, le vignoble connaît une certaine prospérité économique permettant, à la fin des années 1870, des travaux d'agrandissement et de modernisation des bâtiments viticoles pour accueillir une production croissante. En effet, la production, suivant l'ouvrage Bordeaux et ses vins de Cocks et Féret, passe de 120 tonneaux en 1874 à 400 en 1881. Abel Laurent complète les équipements du domaine en assurant l'adduction d'eau potable par le creusement d'un puits artésien. D'après Édouard Féret dans la Statistique générale de la Gironde de 1878, le puits a "85 m. de profondeur, donne 4500 litres d'eau à la minute, à 10 m. au-dessus du sol". Le château d'eau construit à cette époque dans le village est signé Chaudet aîné (sans doute l'entrepreneur blayais Bernard Chaudet), probable constructeur de l'ensemble ; le monogramme AL (pour Abel Laurent) est inscrit au-dessus de la porte d'entrée.

La préservation des vendanges face au phylloxéra et de nouveaux travaux effectués entre 1880 et 1900 portent la quantité de tonneaux de vin rouge à 700 et 125 pour le vin blanc. A la fin des années 1920 est mentionné un chemin de fer Decauville pour le transport de la vendange aux cuviers. Le village viticole est considéré comme une exploitation modèle de part ses installations modernes.

Parallèlement à la viticulture, des céréales et des fruits sont cultivés. La qualité de ces cultures est particulièrement évoquée dans l'édition de 1881 de Bordeaux et ses vins.

Une école est aménagée en 1951 dans un bâtiment agricole, dite "Groupe scolaire Ernest Bouquereau", d'après une plaque apposée sur le mur-pignon. Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, la surface de production de vigne diminue au profit de la production de céréales et de maïs en particulier. La modernisation des techniques agricoles et le recul du vignoble entrainent une forte baisse de la population de l'île et l'abandon progressif des bâtiments. La maison de maître est détruite dans les années 1960 et l'école ferme définitivement ses portes en 1977.

Une tentative de remise en culture du domaine au début des années 2010 n'a pas abouti.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Auteurs Auteur : Chaudet Bernard

Entrepreneur à Blaye, connu sous le nom de Chaudet aîné, décédé en 1891 (L'Espérance, 20 décembre 1891, p. 4).

, entrepreneur (signature)

D'après des photographies anciennes, la maison de maître était établie dans un parc arboré et offrait une large perspective sur l'estuaire. Elle était bâtie sur un rez-de-chaussée surélevé et s'élevait sur un étage carré. L'accès à l'entrée s'effectuait depuis l'extérieur par un escalier symétrique. La façade principale s'ouvrant sur trois travées avait un balcon à l'étage. Un toit à croupes couvrait l'ensemble.

Le village se compose de la maison du régisseur et de plusieurs logements jumelés destinés aux ouvriers alignés sur la "Grand Rue", ainsi que des bâtiments d'exploitation comprenant étables, écuries, granges et bâtiments viticoles organisés en un vaste ensemble de vaisseaux juxtaposés. Les maisons et logements sont en moellon recouvert d'un enduit ocre orangé. Les chaînes d'angles et les encadrements sont harpés, un bandeau souligne l'étage et les pignons sont découverts. Le château d'eau, intercalé dans l'alignement des logements, forme une tour cylindrique en pierre de taille, couronnée de créneaux. Les chais, au voisinage de la maison du maître de chai, occupent le côté nord. Le cuvier est un bâtiment à étage du type "cuvier médocain".

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique
Étages

1 étage carré

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Partie de toit : pignon découvert

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier symétrique

    Structure : en maçonnerie

Typologie
  1. cuvier médocain
État de conservation
  1. mauvais état
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : rinceau


Précision sur la représentation :

Le château d'eau est le seul élément du domaine portant un décor sculpté : la fenêtre est ornée de rinceaux de vigne avec des raisins ; un escargot est aussi représenté sur l'appui.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Plassac

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Île Verte

Cadastre: 1832 C 22, 2011 C1 54

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