Villa Emak Bakia aujourd'hui centre de vacances

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Bidart

D'après le plan cadastral de 1831 et une aquarelle de 1871, une maison existait à l'emplacement de l'actuelle villa, au sommet de la colline de Parlementia. D'après la matrice cadastrale, la maison, qui appartenait alors à Marie Fagonde, fut détruite par un incendie en 1892. Elle s'appelait alors Pitrerenia. Toujours d'après la matrice cadastrale, le terrain, vierge de toute construction, fut acheté en 1909 par Zoé Zefkari, qui avait épousé en 1884 Grégoire VI Gradisteanu (1861-1920), grand aristocrate roumain et descendant de la famille princière. Cette dernière avait séjourné les saisons précédentes à Biarritz.

D'après le registre des déclarations des constructions nouvelles, la villa fut construite en 1910 pour Zoé Zefkari. Si son auteur n'est pas identifié, son architecture témoigne de l'influence de l'architecte roumain Ion Mincu (1852-1912), qui fut l'un des fondateurs du style néo-roumain ou néo-Brâncovenesc. Ce courant architectural est l'association d'un vocabulaire architectural byzantin, ottoman et vernaculaire roumain à des éléments de la Renaissance italienne. Il convient de préciser qu'il n'était pas rare que des propriétaires étrangers fassent intervenir des architectes de leur pays. L'année suivante, le couple acheta le terrain jouxtant la villa au sud pour y construire une dépendance qui existe encore aujourd'hui. Lors de la construction de la villa, l'architecte fit appel, pour la cheminée du grand salon, au célèbre céramiste Alexandre Bigot (1862-1927) qui avait collaboré avec l'architecte Hector Guimard. D'après la matrice cadastrale, la famille nomma la maison "Emak Bakia" qui se traduit "Fichez-moi la paix". D'après l'annuaire mondain "Paris-Hachette", de 1911 à 1914, Zoé Zefkari vivait dans le 16e arrondissement de Paris, non loin du Trocadéro. Sa maison de villégiature était spécifiée comme "château" d'Emak Bakia.

Durant l'été 1926, l'artiste Man Ray séjourna à la villa où il tourna un ciné-poème dadaïste avec l'actrice Kiki de Montparnasse. Le court-métrage porte le nom de la villa et évoque la vie sur la côte basque durant les Années Folles : on y voit les débuts de l'automobile, le Charleston, l’océan et les bains de soleil sur le sable mais aussi la ruralité du Pays basque. Le court-métrage sortit en salle en novembre 1927 au Studio des Ursulines à Paris.

D'après le guide touristique de Bidart datant des années 1930, la villa était à cette époque une location saisonnière de luxe. En 1935, elle appartenait à la "Société civile des terrains et immeubles d'Ilbarritz" qui venait d'acheter également le château d'Ilbarritz. La villa fut occupée par l'armée allemande en 1940. Après la guerre, Alphonse Lafont, originaire de Cestas en Gironde, acheta la villa. Il construisit un escalier pour descendre directement sur la plage et fit appel à l'architecte Jacques Blanchet pour restaurer la villa abîmée par les allemands.

En 1951, la villa fut vendue au Comité des établissements Morane et Saulnier, constructeur aéronautique qui la transforma en colonie de vacances. En avril 1960, la toiture et l'étage sous comble furent abîmés par un incendie. La société propriétaire fit appel aux architectes Robert et Jacques Huguenin pour réparer le bâtiment et elle en profita pour surélever la villa en créant un véritable 2eme étage et un reconstruisant un étage sous comble. Aujourd'hui, la villa est une maison de vacances ouverte aux employés du comité d'entreprise de DAHER-SOCATA.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle (daté par source)

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Dates

1909, daté par source

1946, daté par source

1960, daté par source

Auteurs Auteur : Bigot Alexandre

Alexandre Bigot, céramiste, il créa usine de fabrication de céramiques spécialisée dans le grés flambé à Mer (Loir et Cher)

Alexandre Bigot, céramiste, il créa une usine de fabrication de céramiques spécialisée dans le grés flambé à Mer (Loir et Cher) (Loir et Cher) en 1889. La cheminée en grés flammé de la villa "Emak BAkia" a Bidart est signée "Grès de Bigot".

, céramiste (signature)

La villa est située au sommet de la colline de Parlementia, au sud de la plage de l'Uhabia et de la colline du bourg. Elle est implantée au centre de sa parcelle et possède un point de vue exceptionnel sur la côte basque. De plan massé, elle se compose d'un étage de soubassement, qui était à l'origine entièrement ouvert du côté de l'océan, d'un rez-de-chaussée surélevé, de deux étages carrés et d'une toiture à plusieurs pans. La façade principale, au sud-est, est dotée d'un avant-corps central sur lequel est aménagée l'entrée de la villa. Une large arcade cintrée est pourvue d'un claveau massif qui, agrafé à la moulure, porte l'inscription "Emak Bakia". Cette entrée a conservé une menuiserie de porte compartimentée en panneaux de forme carrée. Le premier étage de l'avant-corps central, sur lequel débouche l'escalier, est éclairé par une baie tripartite évoquant une serlienne, dont la forme est caractéristique du style néo-roumain : des colonnes massives portent l'arc central trilobé et les arcs cintrés latéraux. L'allège est ornée d'un décor de tresse tandis que l'ancienne corniche est doublée par un bandeau orné de caissons. De chaque côté de l'avant-corps central, à l'étage, des loggias dotées du même type de colonne occupent les angles de la villa. La façade nord-ouest, du côté de l'océan, est également pourvue d'un avant-corps central composé de deux loggias superposées qui surplombaient à l'origine l'étage de soubassement de plain-pied sur l'arrière de la villa et le jardin, comme cela apparaît sur une photographie ancienne. La construction d'une grande terrasse sur cette façade a entièrement modifié cette composition et a permis notamment d'ouvrir la loggia du rez-de-chaussée surélevé sur cette même terrasse. A l'instar de la façade sud-est, l'ancienne corniche de la façade nord-ouest est également doublée par un bandeau orné ici de disques. Les façades de la villa sont enduites à l'exception de l'étage de soubassement qui est en pierre apparente.

L'étage de soubassement était réservé aux pièces de service et notamment à la cuisine, tandis que les pièces de réception étaient aménagées au rez-de-chaussée surélevé et les chambres au premier étage. La porte de l'avant-corps central au sud-est ouvre sur un hall d'entrée qui a conservé sa mosaïque au sol et son escalier en marbre. Le palier de ce dernier permet de distribuer l'escalier des étages à gauche et le grand salon dans l'axe. Ce dernier a conservé sa cheminée monumentale en grès réalisée par Alexandre Bigot dans un style d'inspiration encore Art Nouveau. Les murs sont encore décorés de lambris. Le premier étage a été transformé en dortoirs et en chambres. Deux vitraux ont été conservés. Il existe un second accès au premier étage, par l'escalier extérieur de la façade nord-est.

Murs
  1. Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 2 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours

  2. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

Décors/Technique
  1. céramique (étudié)
  2. vitrail
Décors/Représentation
  1. Representations : déesse

  2. Representations : fleur

  3. Representations : paon


Précision sur la représentation :

La cheminée du salon signée "Grès de Bigot" a été réalisée en grès flammé. Son manteau se compose de deux piédroits prenant la forme de deux colonnes ornées d'un rinceau végétal qui s'épanouit sur la surface du chapiteau. Les colonnes supportent un linteau orné d'une frise représentant des tournesols et se termine par une corniche. La chambranle dessine un arc en plein cintre. Le claveau central est saillant et sculpté qui pourrait être un chardon. Un bandeau représente Méduse.

Le vitrail de l'ancien dortoir se compose d'un panneau centrale en hémicycle. Il représente un paon faisant la roue et qui est entouré d'une frise au motif végétal. Deux autres panneaux de forme carrée faisant pendant représentent des oiseaux en plein vol au-dessus de l'océan.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Bidart , chemin de Parlementia

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Parlementia

Cadastre: 2017 AN 221-223, 408

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