Ville

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

On sait peu de choses des origines d'Aubusson. Le nom de la ville serait attesté dès le 10e siècle, dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Martin de Tulle, qui transcrit, pour l'année 936, un acte de Rainaldus, "vicecomes Albuciensis". En 1069, le lieu est, toujours selon les sources écrites, pourvu d'une église (ecclesia) et d'un château (castrum). La ville d'Aubusson a connu des étapes de développement marquées par le travail séculaire de la tapisserie et les vicissitudes de cet artisanat textile. Le site du château, occupé depuis la période gallo-romaine, a permis l'implantation et la puissance de la vicomté d'Aubusson jusqu'en 1260, date de son rachat par Hugues X de Lusignan, comte de la Marche. Les guerres de religion ont énormément malmené ce territoire, déjà difficile du fait de son environnement naturel. C'est à partir du 17e siècle que l'industrie de la tapisserie donne à Aubusson une renommée nationale. Le déclin au 19e siècle, compensé peu ou prou par une position administrative concurrente de celle de Guéret (cette dernière lui ayant été préférée comme chef-lieu de département en 1791), voit la ville de plus en plus isolée. Le 20e siècle, l'exode rural et les nouveaux modes de production consacrent la décadence économique et démographique de la commune. Le premier plan général utile à l'étude de la commune d'Aubusson et ses hameaux est l'atlas de Trudaine (2ème moitié du 18e siècle), qui esquisse en plan le relief de la ville. Le second document essentiel est le cadastre napoléonien levé par l'ingénieur Charrière en 1812.

Périodes

Principale : Antiquité

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Principale : Epoque contemporaine

Le site naturel d'Aubusson se trouve au carrefour de cinq vallées : la vallée de la Creuse, en amont et en aval, et les vallées plus étroites de la Beauze, du Fôt et de l'Ouchette, dit aussi de la Queuille. Ces deux derniers cours d'eau convergent au niveau de la place d'Espagne, pour former le ruisseau de la Ville, dont le tracé suit la Grande Rue et débouche dans la Creuse au niveau de l'actuel quai des Iles. Ces vallées déterminent six plateaux de modeste hauteur, dont les rebords se situent autour de l'altitude maximale de 500 mètres : plateaux de la Chassagne, des Granges, du Mont, du Marchedieu, du Forest et des Châtres. Ce site de confluence hydrographique et géographique oppose au replat de la rive gauche de la Creuse, protégé des intempéries et naguère occupé par l'ancienne paroisse de Saint-Jean-de-la-Cour, l'escarpement rocheux de la rive droite, où s'élevait le château.

L'implantation de la ville d'Aubusson résulte des contraintes de ce site âpre et difficile. Puisque Beauze, Creuse et ruisseau de la Ville n'étaient pas navigables, la cité se développa à partir de son réseau viaire, par lequel s'effectuaient les échanges commerciaux. En effet, elle constitua très tôt un carrefour de routes anciennes, qui permettaient de franchir le fleuve par des gués ou des ponts et faisaient communiquer entre eux les plateaux, sur des itinéraires Est-Ouest et Nord-Sud de grande distance. Le premier d'entre eux, orienté est-ouest, était guidé par le ruisseau de la Ville : venu du plateau du Marchedieu, il gagnait l'actuelle place du Marché, dénommée naguère Pré Vigier, puis empruntait la rue Vieille, avant de rejoindre le pont de La Terrade et poursuivre en direction de Blessac, Pontarion et Limoges. L'éperon barré du château, dit du Chapitre, assurait la surveillance et la protection militaire de ce passage stratégique. Un second itinéraire, du nord au sud, reliait le Berry à Aubusson : il passait par la place du Marché, où il se croisait avec le précédent, suivait le chemin de La Vedrenne par le Creux du Fossé, puis par la rue Jean Jaurès actuelle, avant de franchir la Creuse et de se poursuivre en direction de Felletin et de la Haute-Auvergne. L'établissement de ces itinéraires intervint sans doute bien avant l'époque romaine, puisqu'ils étaient tous deux contrôlés par des sites datés de l'Age du Fer. Sur la rive gauche de la Creuse se dressait en effet une fortification gauloise dite camp des Châtres, édifiée vers 300 av JC, dont quelques vestiges ont été mis au jour (céramiques, monnaies, fragments de tuiles). Ce camp des Châtres, où l'érudition locale situe le cantonnement de deux légions de César, commandait le passage du nord au sud. Quant à l'itinéraire est-ouest, il était contrôlé par le site castral, qui dominait la Creuse de près de 50 mètres. Ce site castral était également occupé à l'époque gauloise, comme en attestent les sondages pratiqués en 1967 (des fragments de poteries noirâtres de tradition laténienne ont été retrouvés à près de 2 mètres de profondeur dans l'enceinte médiévale). C'est peut-être dès cette période que furent creusés les fossés (connus sous le nom de "Creux du Fossé") qui isolèrent l'ensemble castral du plateau du Marchedieu. Par la suite, le château connut plusieurs aménagements successifs. A ses fortifications vint s'adjoindre, au bas Moyen Age, l'enceinte de la ville murée, dont l'axe principal suivait la rue Vieille et était tracé parallèlement au thalweg du ruisseau de la Ville.

Aubusson se développa autour de ce système défensif commandé par deux points de passage et de ce réseau viaire complexe, d'abord sur les chemins de crête médiévaux - l'habitat le plus ancien se concentrant le long des rues pentues montant directement vers les plateaux. Elle s'implanta ensuite dans les fonds de vallées et sur les rives des cours d'eau, avant de gagner peu à peu les reliefs environnants. En 1731, Charles-Daniel Trudaine, intendant d'Auvergne, fit commencer la construction de la route moderne de Clermont à Limoges, qui, à Felletin, préféra la traversée d'Aubusson. Ces travaux entrainèrent d'importantes mutations pour la ville. A l'ouest, la nouvelle route partit du pont des Récollets, pour dessiner un lacet et gravir le coteau vers le plateau de La Chassagne, en évitant le vieux quartier de La Terrade. A l'est, elle quitta la cité par le faubourg de Limoges, pour longer le ruisseau de La Queuille et rejoindre l'ancien chemin du Marchedieu au carrefour de la Croix-Rouge, près de La Seiglière. Entre les deux, elle devait traverser le centre historique d'Aubusson. La Rue Vieille étant trop étroite pour supporter le trafic de cette nouvelle route, elle fut supplantée par l'actuelle Grande Rue (alors appelée rue Neuve), où le ruisseau de la Ville, qui coulait à ciel ouvert, fut couvert d'une voûte maçonnée. Les anciennes portes de ville furent détruites à la même période pour faciliter la circulation, sur l'injonction du maire Pierre de Laporte (1769-1772). Dans un souci de clarté et d'hygiénisme, de grandes places furent aménagées pour structurer le parcellaire urbain et constituer autant de lieux de sociabilité : la place des Halles, la place d'Espagne, la place du Pont Neuf.

La Grande Rue connut son âge d'or au 19e siècle : elle accueillait alors le trafic de la route Clermont-Limoges, mais également celui de la route nationale de Clermont à Poitiers (route de Guéret, par le faubourg Vaveix) et celui de l'axe Nord-Sud : la voie Ussel-Tulle, rejoignant La Châtre et Paris. En 1830, un plan d'alignement frappa de nombreux immeubles de la Grande Rue et des rues adjacentes ; les voies furent élargies et les places rectifiées et agrandies.

Parallèlement à ce développement autour du réseau viaire, la ville d'Aubusson connut un second facteur d'urbanisation : la présence du château, en tant que centre d'une seigneurie et lieu de justice et les fondations religieuses que constituaient les deux paroisses distinctes d'Aubusson et de Saint-Jean-de-la-Cour, qui générèrent chacune une concentration importante de population.

A partir du 18e siècle, les faubourgs d'Aubusson se sont à leur tour urbanisés : La Terrade, le faubourg Vaveix, le faubourg Saint-Nicolas (rue Jules Sandeau), le faubourg d'Auvergne (rue des Fusillés), le faubourg des Méris.

Le faubourg Saint-Jean, très peu construit jusqu'à la Révolution française, s'est presque entièrement développé au cours des 19e et 20e siècles, en partie à cause de l'activité de la tapisserie : manufactures, villas des lissiers, logements et équipements publics (tribunal, prison, banque de France, collège, centre des impôts, musée, écoles primaires et maternelles) y prennent place.

L'extension d'Aubusson dans les dernières décennies du 20e siècle s'est faite sur les bords de Creuse et sur les hauteurs de la ville, qui offrent plus d'espace et d'ensoleillement que les vieux quartiers enchâssés dans le lit de la Creuse et sur ses rives : quartiers de la Côte Verte, de Chabassière et du Mont.

Les hameaux ruraux inclus dans le périmètre administratif de la commune sont assez peu nombreux et caractéristiques de l'architecture rurale creusoise, marquée par l'aridité du climat et du territoire.

Quant à l'architecture urbaine, elle est variée du fait des différentes périodes de développement et de prospérité connues par la cité : maisons de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, du 17e siècle, hôtels particuliers du 18e siècle, immeubles d'habitation et villas du 19e siècle, édifices publics du 19e siècle, développement au 20e siècle.

La population de la ville a fortement augmenté tout au long du 19e siècle, grâce à l'activité florissante de la tapisserie, passant de 3460 habitants en 1800 à 7211 en 1911. Elle a décru tout au long du 20e siècle, jusqu'à atteindre 4662 habitants en 1999. Parallèlement, la superficie d'Aubusson a plus que doublé entre 1800 et 1950 : ce double mouvement (déclin de la population et accroissement de l'emprise urbaine au sol) témoigne du vieillissement progressif du centre-ville et de la conquête des quartiers périphériques et des hameaux ruraux, plus attractifs.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson

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