Église paroissiale Saint-Vincent-de-Xaintes

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Dax

La fondation de la paroisse Saint-Vincent, premier siège de l'évêché de Dax, est entourée d'un halo de légende que les fouilles archéologiques menées en 1891 n'ont que partiellement dissipé. La tradition locale prétend qu'un premier sanctuaire chrétien fut érigé sur l'emplacement d'un temple païen par Vincent de Xaintes, apôtre semi-mythique de la Novempopulanie, vers le début du Ve siècle. Le martyre de Vincent, toutefois, est ignoré de Grégoire de Tours et n'apparaît pour la première fois que dans un passage (interpolé au Xe siècle) d'un manuscrit du VIIIe siècle à Wolfenbüttel. De fait, l'édifice le plus anciennement attesté est la basilique érigée par l'évêque Gratien (documenté en 506) après l'invention des reliques de saint Vincent par la vierge Maxime : on en conserve quelques fragments lapidaires (colonnes et chapiteaux de marbre) actuellement déposés au musée de Borda, et peut-être un pavement de mosaïque, que Dufourcet et Camiade (1893) rattachaient au prétendu temple antique. Située à l'extérieur du rempart antique de la ville, à l'angle sud-ouest, l'église était exposée à de multiples dangers. Aussi le siège épiscopal fut-il transféré intra muros en 1056-1057 dans l'actuelle cathédrale Notre-Dame, comme l'atteste le Liber rubeus du diocèse de Dax. Quelques décennies plus tard, vers 1120, l'église Saint-Vincent fut donnée avec ses dépendances par l'évêque Guillaume de Heugas à l'abbaye de la Sauve Majeure, donation confirmée à deux reprises par le légat Gérard d'Angoulême et le pape Calixte II. Dès le XIe siècle, la basilique de Gratien - sans doute déjà remaniée voire rebâtie au fil des siècles - avait été entièrement reconstruite. Cette église romane, un peu mieux connue (du moins dans ses parties orientales) par les fouilles de 1854 et de 1891, était bâtie en moyen appareil et comportait un chœur large d'environ 18 mètres, surmontant une crypte (constituée du chœur de la basilique gallo-romaine) et prolongé à l'ouest par une nef, un porche et diverses dépendances. De cet édifice subsistent, outre quelques fragments de maçonneries, la plaque funéraire de l'évêque Macaire (1060-1063), un chapiteau à tresse et palmettes (musée de Borda) et un chrisme remonté sur la porte de l'église actuelle. Démolie en 1558 sur l'ordre du comte de Candale lors des guerres franco-espagnoles, l'église fut presque totalement rebâtie quelques années après, en remployant les fondations de l'édifice roman. La piètre qualité de la mise en œuvre et l'exiguïté de l'édifice obligèrent toutefois à le reconstruire une nouvelle fois à la fin du XIXe siècle.

Dès 1856, un rapport de l'architecte de la ville et une loterie destinée à "la restauration du tombeau de saint Vincent" font état d'un projet de reconstruction ou de rénovation. Celui-ci ne prend forme, toutefois, qu'en 1876 avec un nouveau rapport alarmiste de l'architecte municipal Victor Sanguinet. Un concours pour "l'agrandissement de l'église", ouvert en novembre 1877, donne lieu aux soumissions de plusieurs architectes, parmi lesquels le Nantais Paul Coupry et le Dacquois Roger Legrand. Le projet du second, qui prévoyait la conservation du clocher et de la nef du XVIe siècle (réaménagés) et l'édification d'un vaste chevet et d'un transept, fut retenu mais non réalisé, peut-être sous l'influence du nouvel évêque Victor Delannoy, partisan d'une construction a novo dans un style plus ouvertement paléochrétien. Sous son impulsion et celle du curé Charles Dulau, l'architecte municipal Edmond Ricard présente en janvier 1888 un premier projet qui prévoit de ne remployer que les moellons de la vieille église. Remanié assez profondément à deux reprises (mars 1889 et décembre 1891) - abandon du voûtement au profit de simples plafonds charpentés, déplacement des absidioles du transept - le plan est mis à exécution entre février 1892 et décembre 1894 par les entrepreneurs Marcel Priam et Jean Dupin (maçonnerie et charpenterie) et Célestin Louges (peinture). Le sanctuaire est consacré dès le 19 novembre 1893 par Mgr Delannoy. La décoration intérieure et l'ameublement occupent l'année 1894 : l'architecte Ricard donne ainsi les dessins des sculptures ornementales et des autels (par les Bordelais Rispal et Martin), des ferronneries (par le serrurier dacquois P. Séris) et, un peu plus tard, des peintures du sanctuaire (par les Bordelais Bonnet et Vettiner, 1898). Les abords de l'église sont aménagés en 1895-1896 avec la pose de clôtures par le maître de forges A. Perrin, de Til-Châtel. L'édifice ne subira plus de transformations importantes jusqu'en 1962-1963, date de la rénovation du chœur par l'architecte René Guichemerre (1911-1988), qui supprime les peintures murales et le mobilier néoroman au profit d'une nouvelle composition incluant le sarcophage dit des reliques de saint Vincent et la mosaïque gallo-romaine.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1893, daté par source

Auteurs Auteur : Ricard Edmond

Adélaïde Henri Bernard Edmond Ricard, né à Pau le 3 septembre 1853 et mort à Dax (chalet Calibri, boulevard Carnot) le 5 novembre 1907. Fils d'Eugène Louis Henri Ricard et de Marie Adélaïde Victorine Augusta Tisnès, il épousa en premières noces Marie Hélène Élise Ladonne (Bordeaux, 1849 - Dax, 29 juin 1896), fille de Joseph Ladonne et de Marie Parenteau, dont il eut deux enfants nés à Dax : Augusta Marie Jeanne (14 avril 1883) et Marcel Jean Joseph (24 décembre 1887). Veuf, il se remaria à Paris 9e, le 18 janvier 1900, avec Ernestine Madeleine Jacquemard (Paris 19e, 35 rue de Meaux, 11 décembre 1861 - Bayonne, 26 novembre 1951), fille de Jules Césaire Jacquemard, employé, et d'Anne Marie Hary.

Edmond Ricard étudia l’architecture chez son oncle maternel Oscar Tisnès (1837-1899), architecte à Biarritz, puis à l'École des Beaux-Arts où il fut l'élève de Louis Jules André. Architecte de la Ville de Dax pendant plus de vingt-cinq ans, membre de la Société centrale des architectes en 1900 et officier d’Académie en 1891, il construisit à Dax l'église Saint-Vincent-de-Xaintes (1888-1894), l'hôtel des postes et télégraphes, le monument à Borda (1891) et l'hôtel des Baignots (établissement thermal) de 1894 à 1908.

, architecte communal (attribution par source)
Auteur : Priam Marcel, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Dupin Jean, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Perrin A.

Maître de forges à Til-Châtel (Côte-d'Or).

, ferronnier (attribution par source)
Auteur : Louges Célestin

Pierre Célestin Louges, peintre à Dax, né à Dax le 19 mai 1856 et mort dans la même ville le 15 octobre 1923 ; fils du peintre Jean Louges (Dax, 1810 - Dax, 22 décembre 1882) et de Marguerite Lescoute-Peyré (Sauveterre-de-Béarn, 1814 - Dax, 24 juillet 1872) ; marié à Dax, le 24 octobre 1881, à Marie Fesq (Dax, 19 décembre 1861 - ?), fille de Pierre Fesq, marchand de parapluies, et de Marie Dampeyrou, dont il eut deux fils : Jean-Baptiste Bernard Gaston (Dax, 21 août 1882 - Biarritz, 14 juin 1970), marié à Biarritz, le 20 novembre 1907 à Lucie Madeleine Louise Montestrucq, et Paul-Auguste (Dax, 23 août 1901 - 20 octobre 1969), marié à Dax le 21 avril 1924 à Anna Duprat (1901), fille de l'ébéniste Jean Duprat.

, peintre (attribution par source)
Auteur : Séris Prosper

Prosper Jean Séris, né à Dax le 8 août 1849 et mort dans la même ville, à son domicile boulevard Carnot, le 27 octobre 1921 ; fils de Jean Séris et de Jeanne Eulalie Labadens ; marié à Magdeleine Labenne. Il fut serrurier (dit "industriel" dans son acte de décès) et adjoint au maire de la commune de Dax en 1898-1901.

, serrurier (attribution par source)
Auteur : Daubin Pierre

"Entrepreneur de menuiserie" à Dax.

, menuisier (attribution par source)
Auteur : Bernadet Charles

Entrepreneur à Dax, né en 1857 et mort dans cette ville le 17 décembre 1926. Il fut en décembre 1904 le témoin de mariage de l'architecte Alfred Levannier.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Cristofoli Luigi dit Louis

Luigi (francisé en Louis) Cristofoli, "entrepreneur fabricant mosaïste" d'origine frioulane installé à Bordeaux (44, rue Sauteyron), né à "Ségals" (id est Sequals, province de Pordenone, Frioul) le 21 novembre 1852 et mort à Bordeaux le 16 novembre 1915. Fils de Lodovico Cristofoli ; marié à Virginia Marina de Bernardo, ouvrière aux Tabacs, il en eut une fille, Angélique Joséphine (1882-1899), mariée en 1898 avec Louis (Luigi) Salillas (1877-1952), mosaïste et assistant de son père. Luigi Cristofoli était né à Sequals, petite commune frioulane connue pour être un centre important de production de mosaïques. Plusieurs mosaïstes installés en France en étaient originaires, tels Giandomenico Facchina (1826-1904), actif à Paris, Pietro Favret (1871-1936), installé à Nevers, Isidoro Odorico (1842-1912), mosaïste à Tours puis à Rennes, Sante Vallar (1893-1951), actif à Montereau-Fault-Yonne puis à Tours, ou Eugène Tesolin dit Gino (1907-1978), installé à Nancy.

, mosaïste (attribution par source)
Auteur : Guichemerre René

Né à Dax le 14 décembre 1911, élève de Gabriel Héraud, Maurice Boutterin et Marcel Chappey à l’École des beaux-arts de Paris du 10 mars 1931 au 21 février 1939, dont il sort avec une mention très bien. D’abord architecte à Paris 14e de 1949 à 1951, il remporte avec Maurice Genin le concours pour la reconstruction de l’hôtel de ville de Brest, réalise pour le ministère de la Reconstruction vingt maisons individuelles dans la Cité de la Grosse-Pierre à Sartrouville. En 1951, il ouvre à Dax une agence d’architecte et où il travailla toute sa vie. A partir de 1956, il aménage à son usage le domaine familial du Sarrat, y construisant une maison qui est aussi le siège de son agence. Il mène alors une intense activité constructive, principalement à Dax et sur la côte landaise (Capbreton, Hossegor), dans un style et avec des techniques représentatifs des Trente Glorieuses (béton armé, vitrages). A Dax, il construit ou remanie l'hôtel de ville, le Centre social, l'hôtel Miradour, plusieurs résidences et immeubles HLM, ainsi que l'église du quartier du Gond. Source : archives Guichemerre (Ville de Dax), dossier de René Guichemerre (Cité de l'architecture et du patrimoine).

, architecte (attribution par source)
Auteur : Séron Victor Emmanuel

Prénom usuel : Victor. Né le 23 janvier 1844 à Abergement-la-Ronce (Jura) et mort à Dax le 28 juillet 1920 ; fils du farinier et entrepreneur Pierre Séron (1812-1884) et d'Anne Martin, et frère d'Alphonse et Charles Séron, tous deux architectes. Il épouse à Dax, le 29 août 1877, la Landaise Élisabeth Clara Cazalis (Saint-Vincent-de-Xaintes, 31 décembre 1850 - Dax, 14 avril 1919), fille du charpentier Jean Cazalis et de Jeanne Justine Laborde, dont il aura cinq fils et une fille. Qualifié d'agent-voyer d'arrondissement dans son acte de mariage, il est alors domicilié à Dax. Architecte municipal de la Ville de Dax (en poste dès avant 1881 et en 1895) et agent-voyer de l'arrondissement de Saint-Sever, il travaille aux églises de Nassiet et Castaignos-Souslens en 1893, Aubagnan et Monségur en 1894, Castelnau-Tursan et Lagastet en 1897, Castel-Sarrazin en 1898, Buanes en 1898-1900, Banos en 1900-1901, Morganx et Saint-Aubin en 1901, Lahosse en 1902-1904, Amou en 1903 et Laurède en 1906.

, architecte communal (attribution par source)

L'église, orientée sud-ouest / nord-est au cœur du quartier Saint-Vincent, est largement dégagée sur sa façade antérieure (place Saint-Vincent) et sur son flanc droit (rue Gambetta) et jouxte au nord le couvent des dominicaines. Elle est bâtie en moellon de Bidache et en pierre de taille calcaire de Crazanne (Charente-Maritime) et de Bompart ; la couverture est en tuiles creuses à l'exception de celle du clocher, en pierre. De plan basilical, l'édifice se compose de trois vaisseaux couverts de lambris caissonnés à charpente apparente et séparés par des arcs en plein cintre sur colonnes en pierre. La nef centrale ouvre, par une grande arcade à colonnes adossées, sur un transept saillant, de même hauteur qu'elle, sur lequel se greffent deux absidioles en cul-de-four. Une travée de chœur précède l'abside en hémicycle à volume extérieur pentagonal, elle aussi couverte d'un cul-de-four. Le massif oriental présente ainsi une série de volumes imbriqués de hauteur décroissante, articulés par des pignons découverts. Une sacristie et diverses dépendances sont accolées au bras gauche du transept et à la travée droite de chœur. Au sud-ouest, un clocher-porche dans-œuvre, couvert d'une flèche carrée en maçonnerie, présente une composition néoromane canonique (portail cintré à colonnettes, corniche à modillons et métopes, lancettes jumelées sommées d'arcatures en triplet au niveau de la chambre des cloches) qu'un décor de claustra aux deuxième et troisième niveaux suffit à singulariser.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse mécanique, pierre en couverture
Plans

plan allongé

Étages

3 vaisseaux

Couvrements
  1. lambris de couvrement
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : flèche carrée

  3. Partie de toit : croupe polygonale

  4. Partie de toit : pignon découvert

Décors/Technique
  1. vitrail (étudié)
  2. sculpture (étudié)
  3. peinture (étudié)

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Dax , place Saint-Vincent

Milieu d'implantation: en ville

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