Fort la Pointe, dit Fort Vasou

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Fouras

Le fort la Pointe, appelé aussi fort Vasou, est construit en 1673 sur la rive droite de la Charente, face à Port-des-Barques, à l'endroit où l'estuaire s'évase largement vers le nord. Il s'agit alors d'une batterie prévue pour protéger le fleuve de toute incursion ennemie, au moment de la guerre de Hollande et la crainte d'une descente néerlandaise. Il est, avec la redoute de l'Aiguille, le premier ouvrage édifié pour protéger la rade de l'arsenal de Rochefort. Claude Masse, en 1715, note que le premier fort, "d'une figure assez hétéroclite" et comprenant deux corps de caserne et un magasin à poudre a été rasé par un vent violent dès 1684 "parce qu'il n'estoi revestu que de gazon", et remplacé en 1694-1695 par une batterie de 10 à 12 pièces. Sur les cartes de cette époque, le fort apparaît bastionné, doté d'un redan à la gorge et bordé par des marais salants sur son front nord-est.

En 1698, Michel Bégon, dans son mémoire sur la généralité de La Rochelle, le dit fait de bois et de terre et capable d'abriter une garnison de 400 hommes. D'importants travaux sont exécutés dans la première moitié du 18e siècle. Le mur d'escarpe de la batterie subsiste sans doute de cette époque. En 1753, Claude Félix Masse le décrit comme une batterie circulaire bâtie sur des vases, au sud du château de Fouras, dont les maçonneries sont bonnes. Des travaux sont prévus dans l'année pour fermer le fort "par sa gorge" en ouvrant un fossé dont les terres formeront une digue qui arrêtera les eaux de la mer "qui, dans les malines, passent par-dessus la batterie et dégradent le rempart ainsi que le petit logement dans lequel le roi entretient un gardien qui a 100 livres de gages." La même année, le marquis d'Argenson note qu'il s'agit "d'un retranchement circulaire en maçonnerie garni de 18 pièces de canons pour battre sur la Charente, il est ouvert du côté de la terre et l'on a proposé de le fermer."

En mai 1779, le fort qui dépend du ministère de la guerre est cédé à celui de la marine, en même temps que ceux de Lupin et de l'Ile-Madame, afin de mieux assurer la défense de la rade.

Au début du 19e siècle, une digue est construite pour protéger les basses terres des assauts de la mer, sur près de 8 kilomètres de part et d'autre du fort, entre le moulin de l'Espérance à Fouras au nord et le canal de Charras à l'est. Elle est doublée par un large fossé, destiné à récupérer les eaux des marais, qui joint le fossé de la gorge du fort. Ce dernier se trouve alors dans un état de délabrement extrême, sans port ni fossé et avec un mur d'escarpe envasé aux deux tiers de sa hauteur. En 1826, il se compose d'une caserne pour 30 hommes, un corps de garde de police, un logement pour un officier, deux logements pour un gardien, une cuisine, une chambre pour le maître canonnier et un magasin à poudre d'une capacité de 3 000 kilogrammes. Il est armé d'un canon de calibre 36, huit de 24, cinq de 12 et deux de 8.

En 1848, à la suite d'une décision de la Commission mixte d'armement des côtes, des travaux sont entrepris pour réaliser un nouveau parapet de terre et un corps de garde de 60 hommes pour servir de réduit à la batterie. Les travaux sont abandonnés, puis repris en 1861, et aboutissent à la construction d'un casernement type pour 78 hommes et d'un parapet de terre pouvant accueillir dix pièces d'artillerie. Le réduit renferme un magasin à poudre pour 5 000 kilogrammes et les magasins nécessaires pour l'artillerie et les vivres. Une citerne est creusée au-dessous. De plus, les deux anciens bastions en terre à la jonction de la batterie et de la gorge sont revêtus par des murs dotés de créneaux de fusillade, celui du nord sert d'entrée.

À la fin des années 1880, des plateformes en béton, munies de rails de pivotement, sont installées pour doter le fort de nouvelles pièces d'artillerie de gros calibre. C'est aussi à cette époque qu'est édifié au sud, dans la partie la moins exposée, le magasin à poudre qui porte la date 1888 ; dès lors, l'ancien est transformé en magasin aux subsistances. Entre 1904 et les années 1920 existe un passage d'eau pour piétons entre la jetée de Port-des-Barques et une jetée située juste à l'aval du fort.

Le fort, déclassé au début du 20e siècle, est devenu une propriété privée en 1950.

Périodes

Principale : 3e quart 17e siècle (détruit)

Principale : 4e quart 17e siècle

Principale : 1ère moitié 18e siècle, 3e quart 18e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1673, daté par travaux historiques

1861, daté par source

1888, porte la date

Le fort la Pointe domine l'embouchure de la Charente, sur la rive droite, à la pointe sud de Fouras, à l'endroit où l'estuaire s'élargit fortement, et face à Port-des Barques. Il consiste en l'assemblage d'un redan et d'une batterie circulaire. Il est bordé, au nord-est par des marais dans lesquels l'aménagement d'une passerelle en bois permet de le longer.

La gorge du côté des terres, qui a conservé sa forme de redan, n'est pas revêtue. Elle est protégée par deux bastions en pierre de taille, à l'ouest et à l'est, et par un fossé en eau, dans la continuité de celui qui longe la digue à l'intérieur des terres. Ces deux bastions sont dotés de créneaux de fusillade et celui de l'ouest fait office d'entrée. Du côté de la cour, des gradins servent de banquette d'artillerie contre le mur, plus élevé de part et d'autre de la porte cantonnée par deux piliers massifs.

Du côté de la Charente, le fort présente une batterie semi-circulaire de 130 mètres de diamètre. Cette batterie est construite en gros appareil et soulignée d'un cordon d'escarpe très saillant. Il ne subsiste plus que les appuis des quinze embrasures qui servaient au tir et qui ont été arasées. Le terrassement de la batterie est maintenu du côté de la cour par un mur de soutènement en pierre de taille. On accède à chacune des plate-formes de tir installées en 1880 par deux escaliers. Deux autres escaliers donnent accès aux extrémités du terrassement. Entre ces divers escaliers et de part et d'autre, des niches aménagées dans le mur sont pourvues d'étagères en pierre pour le stockage des obus.

Une poudrière en pierre de taille, à demi-enterrée et recouverte de terre, est aménagée un peu à l'est des plates-formes. Couverte d'une voûte en berceau en plein-cintre dans laquelle pénètre une voûte d'arêtes plate au-dessus de l'entré. Elle comprend, du côté ouest, une petite salle séparée par un mur, dans lequel est ménagée une porte au centre, et une niche en face de l'entrée. Par ailleurs, elle est dotée de bouches d'aération en chicane dans la façade orientée vers l'est et d'un évent dans sa voûte au-dessus de la porte de la petite salle, qui prend la forme d'une souche de cheminée au-dessus du terrassement.

Du côté ouest du fort subsiste une citerne voûtée, enterrée et à demi-remblayée. La caserne des années 1860 se présente comme un bâtiment rectangulaire en rez-de-chaussée, bâti en petit appareil régulier et couvert d'un toit en tuile creuse. Elle comprend à son extrémité sud-est une salle voûtée en berceau qui correspond à l'ancien magasin à poudre avec à côté, au sud-ouest, l'ancien magasin d'artillerie. Le reste du bâtiment accueille quatre grandes salles : celle du nord, qui était divisée par des cloisons pour abriter un magasin aux vivres, une cuisine, les logements du chef de poste et du gardien, est éclairée de nos jours par une haute fenêtre en plein cintre qui occupe entièrement le centre du pignon ; les autres salles, chambrées pour 26 hommes, auxquelles on accède par une porte à chaque extrémité, ont conservé les crochets aux murs et sur les poutres et les traces d'autres matériels qui servaient à accrocher les effets des soldats et peut-être leurs hamacs. Les portes d'accès d'une salle à l'autre n'existaient pas autrefois.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile creuse, végétal en couverture
Étages

en rez-de-chaussée

Couvrements
  1. voûte en berceau plein-cintre voûte plate
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

  2. Type de couverture : extrados de voûte

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Fouras

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Pointe

Cadastre: 1810 B3 787, 2015 OF 47

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