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Moulins puis centrale hydroélectrique, aujourd'hui maison
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > La Roche-Posay
Historique
Le moulin à farine du bourg, construit au bord de la Creuse en contrebas de la vieille ville, était le moulin banal de la châtellenie de La Roche-Posay. En tant que tel, il était la propriété du seigneur. Les habitants des environs étaient contraints de se servir de ce moulin et devaient payer une redevance à chaque utilisation. Le meunier moulait le grain des habitants et récolté l'argent destiné au seigneur. Les vestiges de ce moulin datent de 1549, comme l'indiquait une inscription anciennement visible sur l'édifice et qui affirmait : « 1549 CE MOULIN FUT FAICT ». Il fut ensuite réparé en 1758 comme l'indique une deuxième inscription. En 1776, le bâtiment est décrit dans l'inventaire des biens du seigneur. Il est précisé qu'il possédait trois roues et qu'il était couvert d'ardoises. Après la Révolution et l'exil du seigneur de La Roche-Posay, le moulin est vendu en tant que bien national aux citoyens Rousseau et Marquet le 1er décembre 1797. Il passe ensuite en la possession de la famille Saulnier, meuniers de pères en fils, qui le conservent pendant la majorité du 19e siècle.
Le moulin à tan, bâti le long de la berge, était utilisé pour broyer de l'écorce de chêne. Le tanin pouvait ainsi être extrait et servir au traitement des peaux pour la préparation du cuir. En 1754, le moulin appartient à Louis Boyer, maître tanneur, qui possédait à cette époque la majorité des tanneries de la ville. En 1825, le moulin à tan était aussi désigné comme moulin à trèfle. En effet, cette plante utilisée pour le fourrage devait être passée dans une meule ou un foulon pour en extraire les graines, qui étaient ensuite replantées. À cette date, le propriétaire du moulin est le tanneur Aimé Royer. Il demande à la municipalité l'autorisation de prolonger le bâtiment de 9 mètres, le long de la Creuse, pour agrandir son espace de stockage. Cependant, le propriétaire du moulin à farine voisin, M. Saulnier, s'oppose à ces travaux car il juge que l'agrandissement du moulin à tan gênerait l'écoulement de l'eau de la rivière vers son propre moulin. Les deux propriétaires finissent par se mettre d'accord et la municipalité accepte le projet d'agrandissement, à condition qu'il s'agisse simplement d'un espace de stockage et non d'une nouvelle roue. L'extension du moulin à tan est visible dès 1833 sur le plan cadastral. Au cours du 19e siècle, un nouveau bâtiment est accolé au moulin à farine. L'étage, maçonné en pierre de taille, repose sur le moulin d'une part, et sur un mur pignon d'autre part, probablement pour laisser l'espace pour une roue au rez-de-chaussée. Ce bâtiment est toujours visible aujourd'hui. Un hangar en bois construit en appentis contre ce nouveau bâtiment a pu être bâti entre la fin du 19e et le début du 20e siècle.
Édouard Lelièvre, entrepreneur tourangeau et futur maire de La Roche-Posay, rachète les deux moulins vers 1895 et transforme l'ensemble en usine hydroélectrique. En 1905, il fait réparer la digue du moulin et remplace une des roues par une turbine. André Lelièvre, le fils d'Édouard Lelièvre, reprend l'usine à son compte. C'est probablement dans la première moitié du 20e siècle que de nombreux travaux furent effectués pour répondre à la nouvelle utilisation des lieux. Les propriétaires détruisent le hangar en appentis et font construire une galerie couverte qui relie les deux moulins. Plus tard, l'ancien moulin à tan est surélevé d'un niveau. En 1914, un nouveau bâtiment est construit le long de la rue des remparts, en face du moulin. Il accueillait une scierie et une fabrique de glace. À partir de 1926, l'ancien moulin à tan est désigné en tant qu'habitation et scierie dans les matrices cadastrale, l'atelier devant se trouver à l'arrière de la maison. La fabrique de glace est rachetée vers 1950 par Michel Blin, qui est encore propriétaire en 1964. Aujourd'hui, cependant, le bâtiment a perdu sa vocation industrielle.
Dans la deuxième moitié du 20e siècle, le moulin à farine a été en grande partie détruit par les flammes. Quelques pans de murs sont encore visibles mais la couverture a disparu.
Description
Les vestiges du moulin à farine sont la partie la plus ancienne de l'édifice. Il est entièrement construit en pierre de taille, comme c'est souvent le cas pour les moulins des alentours. La partie du moulin orientée vers le sud-est a été bâtie en forme de pointe, comme les avant-becs d'un pont, pour résister au mieux à la force du courant. Après un incendie, la charpente a été entièrement emportée et remplacée par un toit en terrasse. L'élévation nord-est, faisant face à la rivière, été percée de trois ouvertures : une porte et deux fenêtres au dessus de la roue. Sur l'élévation sud-ouest, quatre portes sont encore visibles. L'une d'entre elles est couverte d'une plate-bande. Celle-ci est chanfreinée tout comme les piédroits. La porte principale du moulin est couverte d'un arc segmentaire et pourrait dater du 17e ou du 18e siècle. Elle est relié à la berge par une passerelle en bois reposant sur des piles en pierre. Une cheminée doit se trouver à l'intérieur du bâtiment comme le laisse supposer la souche de cheminée dépassant du toit.
Une construction est accolée au moulin du côté de la berge. Elle repose sur les maçonneries du moulin et sur son propre mur pignon, le rez-de-chaussée n'est donc maçonné. Cette configuration a pu résulté de l'existence d'une roue de ce côté du moulin, signalée par un plan de 1825 et sur le cadastre de 1833. Quant à l'étage, il est maçonné sur ses quatre élévations. Sur l'élévation nord-est, une porte donne accès au toit en terrasse du moulin à farine. Les ouvertures de l'étage ont été murées sur le pignon.
Une galerie couverte reposant sur des poteaux de bois relie cette construction à l'ancien moulin à tan. Elle était autrefois maçonnée, comme le montre des cartes postales anciennes.
L'ancien moulin à tan a été amplement transformé depuis sa construction. Il est construit le long de la berge, parallèlement à la Creuse. Les deux niveaux d'habitations sont accessibles depuis la rue des remparts par une porte sur le mur gouttereau, ou par une porte située sur le mur pignon et accessible par un escalier extérieur. Le mur pignon est percé de trois fenêtres dont deux encadrant la porte. Le bâtiment est couvert d'ardoises, posées sur un toit à demi-croupe. Du côté du pignon, la toiture forme un avant-toit reposant sur des aisseliers en bois. Un lambrequin décore l'égout de la demi-croupe.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
étage en surcroît, 1 étage carré |
Couvertures |
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Escaliers |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86009400 |
Dossier réalisé par |
Maturi Paul
Chercheur associé à la Communauté de Communes des Vals de Gartempe et Creuse (2015-2016), puis à la Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault (2017-2024). Dujardin Véronique Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vals de Gartempe et Creuse |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2017 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Moulins puis centrale hydroélectrique, aujourd'hui maison, Dossier réalisé par Maturi Paul, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/488ab126-5ec6-4e7a-8d96-0a9bdeb270dd |
Titre courant |
Moulins puis centrale hydroélectrique, aujourd'hui maison |
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Dénomination |
moulin à farine moulin à tan centrale hydroélectrique |
Destination |
maison |
Parties constituantes non étudiées |
scierie hangar |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , La Roche-Posay , 1 rue des remparts
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: le Bourg
Cadastre: 1833 B3 935 (Concerne le moulin à tan. ), 1833 E1 4 (Concerne le moulin à farine.), 2017 AM 406, 462, 463