Historique
Des vestiges d'une occupation antique du site, dès le Haut-Empire, ont été observés lors de fouilles archéologiques pratiquées sur l'ancienne abbaye. Selon son hagiographie et diverses légendes, un prêtre du nom de Romain aurait évangélisé la région au 4e siècle ; après sa mort en 382 ou 385, un martyrium aurait été édifié sur son ermitage, transformé en lieu de culte durant le haut Moyen Âge et mentionné comme basilique funéraire dès le 6e siècle par Grégoire de Tours. Cet édifice, dont les vestiges ont été retrouvés lors des fouilles, de proportions modestes, disposait d'une abside ménagée dans un chevet plat et était décoré de marbre. Situé sur une des routes majeures de l'Aquitaine médiévale, il est suffisamment insigne pour recevoir à l'époque mérovingienne la sépulture du roi Caribert (probablement Caribert II, roi d'Aquitaine, mort en 632).
Selon la tradition, après le trépas de Roland à Roncevaux en 778, sa dépouille aurait été ramenée pas ses compagnons à Bordeaux, avant d'être ensevelie dans la basilique Saint-Romain à Blaye (ainsi que le rapporte la Chanson de Roland au 11e siècle). L'édifice aurait été reconstruit en 732 par Charlemagne, mais les données archéologiques semblent plutôt témoigner d'un réaménagement du sanctuaire à cette période. Le monasterium cité dans un diplôme de Louis le Pieux en 814 dépend de la cathédrale de Bordeaux et semble d'ores et déjà administré par une communauté de chanoines. De temps immémorial, le chapitre assurait le service de la paroisse, avant d'être confié à l'un des chanoines, au titre de vicaire.
La basilique, constituant une étape importante sur la route du pèlerinage vers Compostelle, connait une période florissante permettant aux religieux d'entreprendre sa reconstruction au 11e siècle. L'édifice, caractérisé par une maçonnerie de petit appareil, doté d'une crypte, conserve son ancien chevet, complété d'absidioles à la fin du 11e siècle ou au début du 12e siècle. C'est vraisemblablement à l'époque du premier abbé connu, Pierre, mentionné en 1135, proche de l'archevêque et second personnage du diocèse dans la hiérarchie ecclésiastique, que les religieux de Saint-Romain adoptent la règle de Saint-Augustin. Dernier indice de la prospérité de l'abbaye au Moyen Âge, un important chantier est réalisé à la limite des 13e et 14e siècles, consistant en l'établissement d'un nouveau chevet gothique, et en l'implantation de piliers adossés dans la nef, témoignant d'une reprise des parties hautes.
Situé extra-muros et entouré d'un bourg monastique, l'établissement est victime des vicissitudes des temps au moment de la guerre de Cent Ans. L'abbaye aurait été particulièrement endommagée et dépouillée de ses biens lors de combats en 1339 ou 1341, et n'était toujours pas relevée de ses ruines en 1365 ; elle aurait encore souffert au moment des sièges de la place forte en 1406 et 1451. Une modification de la chapelle nord paraît témoigner de travaux de remise en état de l'abbatiale au sortir de la guerre, dans la seconde moitié du 15e siècle. De nouvelles destructions interviennent durant les guerres de Religion, notamment lors d'un saccage en 1568, puis lors des sièges de 1580 et 1592-1593. Après la dispersion de la communauté puis le rétablissement du culte, l'église est en mauvais état au début du 17e siècle. Le service paroissial est assuré à partir de 1626 par un vicaire perpétuel, chanoine qui doit obéissance au prieur. Un chantier de réfection intervient entre 1627 et 1634. L'abbatiale figure à cette époque sur les premiers plans connus de la citadelle, comme un édifice de plan allongé, complété d'un ensemble de bâtiments au nord. Alors que la militarisation de la ville haute est renforcée au milieu du 17e siècle par la reprise du système de fortifications par Pagan, l'abbaye, proche des glacis, est partiellement démantelée en 1652, ainsi que son bourg. Seule la crypte de la basilique est conservée, incorporée dans un ouvrage défensif. La communauté investit provisoirement une chapelle dite du Petit-Saint-Martin, dans l'attente de la construction de la nouvelle église Saint-Romain, entreprise en 1667. Les derniers vestiges de la basilique sont recouverts par le glacis du bastion Saint-Romain lors des travaux de fortification réalisés en 1689.
Des fouilles archéologiques réalisées entre 1969 et 1973 ont permis la remise au jour des vestiges, complétées de nouveaux sondages et d'un chantier de valorisation du site en 1989-1990.
Détail de l'historique
Périodes |
Secondaire : Antiquité Principale : Haut Moyen Age Principale : 11e siècle Secondaire : 4e quart 11e siècle, 1er quart 12e siècle (incertitude) Principale : limite 13e siècle 14e siècle Secondaire : 2e moitié 15e siècle Secondaire : 2e quart 17e siècle |
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Description
L'édifice est implanté sur une plateforme rocheuse dominant le cours du ruisseau du Saugeron. La basilique pré-romane, découverte lors des fouilles, était de proportions modestes (estimée à une dizaine de mètres de long), comportait un chevet à abside dans un massif carré et un décor lapidaire de marbre. Dans son état roman, l'abbatiale est un édifice à nef unique essentiellement maçonné en petit appareil, doté d'une crypte établie sur les murs du chevet pré-roman, et d'annexes latérales soutenant des chapelles hautes, dont les plus orientales ont été transformées en absidioles semi-circulaires. Le chevet gothique, dont la partie basse voûtée d'ogives communiquait avec la crypte, est un ouvrage à abside puissamment épaulé par 6 contreforts, établi dans la pente du terrain. Selon la documentation, il semble que l'édifice gothique mesurait une cinquantaine de mètres de longueur.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
1 vaisseau |
Couvrements |
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État de conservation |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA33004534 |
Dossier réalisé par |
Beschi Alain
Chercheur et conservateur du patrimoine au sein du service du patrimoine et de l'Inventaire en Aquitaine, puis Nouvelle-Aquitaine (1994-2023). |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde |
Partenaires |
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Citer ce contenu |
Abbaye Saint-Romain, Dossier réalisé par Beschi Alain, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/6bfef73f-4806-44a5-a128-8b102029e664 |
Titre courant |
Abbaye Saint-Romain |
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Dénomination |
abbaye |
Genre du destinataire |
de chanoines réguliers de saint Augustin |
Vocable |
Saint-Romain |
Parties constituantes non étudiées |
crypte |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 2015 Aw 21 (non cadastré)