Maisons, fermes : l'habitat à Meschers-sur-Gironde

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En dehors du clocher de l'église, aucun élément médiéval ne subsiste à Meschers. Il faut aussi souligner l'absence de toute construction antérieure à la fin du 17e siècle et au 18e siècle (la date 1582 portée sur une maison rue Paul-Massy est un remploi, la maison ayant été reconstruite en 1900). Telle est sans doute la conséquence de l'histoire mouvementée de Meschers, site protestant assailli par le roi puis par la dame de Théon en 1622-1623. Même les constructions du 18e siècle sont peu nombreuses : on n'en relève que 20 sur la commune. Parmi elles, figurent des fermes isolées dans l'arrière-pays (Serres, Biscaye), de petites maisons dans le bourg (par exemple au 3 route de Talmont) ou les hameaux (37 rue du Berceau), ou encore une maison de maître, le logis de Beauséjour, édifié dans la seconde moitié du 18e siècle.

Un tiers des maisons et anciennes fermes recensées au cours de l'inventaire, ont été édifiées entre 1850 et 1910. Cela correspond au développement à la fois agricole, viticole, commercial et portuaire de Meschers, après l'aménagement de son port, et comme la plupart des communes de la région. Commencé pendant l'âge d'or viticole saintongeais, ce mouvement s'est poursuivi au-delà de la crise du phylloxéra qui a ruiné bon nombre d'exploitants viticoles dans les années 1880, Meschers pouvant s'appuyer sur son économie portuaire et commerciale. Pendant ce grand demi-siècle, jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale, la rue principale du bourg notamment s'est vue bordée de toujours plus de nouvelles maisons à étage, abritant souvent un commerce au rez-de-chaussée.

À la fin du 19e siècle et pendant toute la première moitié du 20e, avec la mode des bains de mer et le développement de la villégiature, le nombre de nouvelles maisons construites est resté élevé. Un tiers des constructions relevées au cours de l'enquête remontent à cette période au cours de laquelle les villas ont commencé à se multiplier le long ou à proximité de la corniche. D'abord à l'initiative d'investisseurs fortunés, elles ont pour la plupart assouvi le souhait de la classe moyenne de l'Entre-deux-guerres de disposer elle aussi de lieux de villégiature et de retraite. Ce phénomène s'est poursuivi dans les années 1950-1960, remplaçant les espaces libres au nord-ouest du bourg par toujours plus de maisons individuelles à l'architecture soignée.

Depuis les années 1970, l'expansion démographique de la commune, devenue ville, et le tourisme de masse, se sont traduits par toujours plus de lotissements et de pavillons individuels, sans véritable homogénéité architecturale, par exemple entre le bourg, le port et la corniche. Quelques villas relevant de l'architecture moderniste ponctuent toutefois cette urbanisation galopante.

1- Des habitations regroupées

En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 165 maisons et 20 fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible ; ainsi que, parmi les constructions postérieures aux années 1960, celles qui présentent un intérêt patrimonial, architectural et/ou historique particulier.

Sans parler des nouveaux secteurs urbains développés depuis les années 1970, Meschers présente un habitat très regroupé. Sa forte densité est liée à un grand nombre (plus de la moitié) de maisons attenantes, qui, accolées les unes aux autres, ne disposent que d'une petite cour ou d'un petit jardin. De même, un tiers des maisons sont placées en alignement sur la voie, sans espace entre elles et la rue autre qu'un trottoir, ce qui renforce l'impression de densité, notamment dans le bourg.

Le bourg (y compris les quartiers qui le jouxtent comme Théon, les Roches, le Peyrat et Garret) concentre les deux tiers des maisons et anciennes fermes observées. Son caractère résidentiel est très affirmé puisque seules trois anciennes fermes et huit maisons « rurales » (possédant de petites dépendances agricoles) y ont été relevées. Le bourg s'organise de part et d'autre d'un axe principal, la rue Paul-Massy, prolongée au sud-est par l'avenue du Port, et au nord-ouest par la rue Traversière. Cet axe relie le pôle groupé autour de l'église catholique, et l'ancien quartier protestant réparti au sein duquel le temple a été édifié. Parallèle à la rue Paul-Massy, la rue de l’Église constitue un axe secondaire est-ouest.

L'autre caractéristique du bourg est d'être ponctué de cours communes, nichées au cœur des îlots et reliées aux axes principaux par des ruelles. Tel est le cas de l'allée des Passeroses, ou encore d'une cour située derrière les maisons qui bordent la rue des Écoles, côté ouest. Dans les deux cas, la cour possède un puits commun, avec des abreuvoirs en pierre de taille ou « timbres », qui étaient à l'usage des habitants des maisons voisines. Plusieurs autres puits communs sont visibles en bord de rue, par exemple rue de l’Église ou, aux Roches, rue des Grottes. Au total, treize puits et/ou cours communs ont été recensés à Meschers, dont onze dans le bourg.

Les autres maisons et fermes ou anciennes fermes recensées se répartissent dans les quelques hameaux de l'arrière-pays, à commencer par Grand Beloire et Petit Beloire. On ne compte qu'une poignée de fermes ou anciennes fermes isolées, comme Biscaye, le David et Saint-Martin. Tous ces hameaux et lieux-dits sont situés sur une hauteur, au milieu du plateau comme Chantier ou, le plus souvent, au bord des marais, comme Serres, Berceau ou la Grange. C'est là que se concentre l'essentiel des vingt fermes ou anciennes fermes recensées à Meschers. La plupart ont leurs bâtiments accolés autour d'une cour (fermes à bâtiments jointifs), avec souvent une partie au moins des dépendances en appentis à l'arrière de l'habitation. Les deux tiers de ces fermes possèdent une grange, et un tiers ont également un chai à vin.

2. Des maisons sans ostentation...

À Meschers, deux types d'habitations (maisons et logis de fermes) se distinguent du point de vue de la taille des logements. Le premier concerne des logements de dimensions limitées. Ainsi, plus de quatre habitations sur dix ne sont constituées que d'un rez-de-chaussée, surmonté dans la majorité des cas par un grenier. Plus d'un logement sur dix ne possède qu'un rez-de-chaussée et une ou deux travées (alignements verticaux) d'ouvertures en façade. Il s'agit souvent (mais pas seulement) de constructions du 18e siècle, ou encore de petites maisons rurales disséminées dans les hameaux, ou de maisons accolées au cœur du bourg.

Ces petites habitations sont toutefois à peine plus nombreuses que celles plus spacieuses, à un étage, présentant deux et même trois travées d'ouvertures en façade. Ce type de construction est très présent dans le bourg, en particulier le long de la rue principale, la rue Paul-Massy, où les façades à quatre ou cinq travées ne sont pas rares. Sans ostentation, ces façades n'en montrent pas moins la réussite économique de leurs commanditaires dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e, la plupart enrichis par les activités portuaires, artisanales et commerciales. Plusieurs de ces façades, marquées par un bandeau et une corniche, avec encadrements saillants autour des ouvertures, sont entièrement construites en pierre de taille, autre signe extérieur de richesse. De même, un toit sur quatre présente au moins une croupe (pan de toit sur le côté), indice d'une charpente plus complexe, donc plus coûteuse à construire.

5. … aux villas de bord de mer

Un troisième type d'habitation se distingue parmi l'habitat à Meschers, cette fois du point de vue de l'architecture et du décor. Il s'agit des maisons qui se rattachent à l'architecture dite "de villégiature", celle des stations de bord de mer comme Meschers. Les plus grandes et les plus richement ornées peuvent même prétendre au titre de villa. Un quart des maisons recensées au cours de l'enquête relèvent de cette architecture qui décline formes, matériaux et couleurs à volonté. Presque toutes sont situées tout près de l'estuaire, mais quelques-unes ont pris leurs quartiers dans le bourg.

Parmi les 43 maisons concernées, plus de la moitié ont adopté le style du chalet, d'influence montagnarde. Ce type de construction se reconnaît en particulier à sa façade sur le mur pignon, sous un toit débordant et à deux versants égaux. La disposition des ouvertures en façade est souvent symétrique, autour de la porte centrale. 6 maisons empruntent à une autre catégorie de l'architecture de villégiature, celle du cottage anglo-saxon : plan complexe, en L notamment, toiture haute, façade dissymétrique, dont une partie en pignon. Une seule maison, la villa des Lauriers ou le Castel Blanc, se rapproche du type "castel" qui se réfère à l'architecture des châteaux, avec ses tourelles d'angles. Enfin, dix villas d'architecture moderniste ont été recensées. Édifiées dans les années 1960-1970, elles adoptent les principaux caractères de ce courant architectural né dans l'Entre-deux-guerres : volumes et décor épurés, utilisant toutes les possibilités du béton ; jeu de relations entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment via des balcons, avancées et autres pergolas ; alliance entre l'enduit du béton, la rusticité du parement de pierre et l'élégance des lignes métalliques sur les garde-corps et les grilles des ouvertures.

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