Présentation de la commune de Doussay

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Les premiers dousséens

Dans les limites actuelles de la commune, une douzaine de sites signalent une occupation préhistorique du territoire. Des enclos et fossés, datés entre l'Âge du Bronze et l'Âge du Fer, ont majoritairement été repéré dans la partie nord de Doussay. Plusieurs vestiges antiques ont été mis au jour, notamment un cimetière au Gué d'Asnières et une habitation, probablement une villa, vers la Durandière. Un cimetière plus tardif a aussi été découvert à la Taille des Lys. D'après les caissons en pierre qui y ont été retrouvés, il aurait été établi entre le 5e et le 8e siècle.

Villa de Dociacus

Villa de Dociacus. C'est sous cette nom latin que le village est mentionné pour la toute première fois dans un texte de 775. Cette source alto-médiévale est un diplôme de Charlemagne listant les biens affectés à la mense du chapitre de Saint-Martin de Tours. Le terme villa ne doit pas être compris selon la définition antique du mot, mais doit plutôt être entendu dans un contexte altomédiéval. À cette époque, selon les historiens, il peut désigner un domaine foncier, une exploitation agricole, un village, voire une combinaison des trois. Quant au nom Dociacus, c’est un toponyme dont la racine est probablement Doccius, un nom d’homme latin qui aurait vécu dans cette contrée.

L'appartenance du domaine de Doussay aux chanoines de Saint-Martin est confirmée en 862 par l'empereur Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne. Cependant, dans la confusion causée par les incursions normandes en Touraine et en Poitou, les religieux perdent la possession de la villa de Doussay. Elle appartient ensuite à un certain Magenarius, puis à son fils Obsbertus, mais cette possession semble contestée. Quelques années plus tard, le comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, Ramnulf II, est signalé comme propriétaire des lieux. À sa mort en 890, Doussay passe à son fils Elbes Manzer. Ce dernier est rapidement destitué dans sa possession par Eudes, roi des Francs. Le domaine échoit ensuite au frère du roi, Robert, comte de Tours et abbé de Saint-Martin de Tours. Il restitue finalement la terre de Doussay aux chanoines de Saint-Martin de Tours en 897.

La seigneurie de Doussay : entre Poitou et Anjou

À Doussay, la châtellenie est gouvernée par un seigneur et relève de la baronnie de Mirebeau. Le fief prend de l’importance au fils des années avant d’être lui-même érigé en baronnie. D'après Edouard de Fouchier, qui a écrit sur la baronnie de Mirebeau au 19e siècle, ce changement est intervenu en 1445.

Le seigneur réside au château de Doussay, principale place forte du village, situé à quelques dizaines de mètres du bourg. L’édifice est clos par une muraille et entouré de fossés. Il présente un pigeonnier et des tourelles qui flanquent son entrée sud. Malgré ces précautions défensives, son intégrité est mise à mal lors de la guerre de Cent Ans. En effet, en 1369, le château est pris d’assaut et entièrement rasé par le vicomte de Châtellerault, allié des Anglais. Il est finalement reconstruit entre 1430 et 1432 par Jean de Brisay, baron de Doussay à l’époque.

Plusieurs familles nobles se succèdent à la tête de la seigneurie : de Pouant, de Brisay (à partir de 1365), de Sanzay (citée en 1508), de Cursay (citée en 1535), Gillier et Favreau (à partir de 1626). Elles disposent de pouvoirs très étendus sur leurs terres, notamment un droit de haute justice. Les seigneurs de Doussay possédaient aussi un droit de quintaine et de pelotes.

Plusieurs fiefs dépendent directement de la seigneurie de Doussay, notamment la Jacquelinière et la moitié de l'hébergement de la Trapière (aujourd'hui entre Doussay, Saires et Verrue). Certaines sources font aussi mention d'une léproserie et d'une maladrerie, mais il s'agit probablement d'un seul et même lieu. Son emplacement reste incertain. Un document cite le " terroir de la maladrerie " vers Terrefort, tandis que la maladrerie est située près de Malfiance par une autre source.

La Révolution française marque la fin de la baronnie et de l’autorité seigneuriale avec la création de la commune de Doussay. Ses limites administratives se calquent sur celles de l’ancienne paroisse. La réorganisation territoriale se poursuit avec l’intégration de Doussay au canton de Saint-Genest-d’Ambière en 1790 puis à celui de Lencloître en 1822.

Le 19e siècle ou l'âge d'or d'une commune rurale

Après la Révolution, la population de Doussay augmente fortement jusqu'à atteindre un plateau dans les années 1830. Alors qu'elle s'élève seulement à 570 habitants en 1800, elle stagne ensuite autour de 800 habitants pendant tout le reste du 19e siècle. Durant cette période, le bourg et les hameaux de la Clozure, le Jacquelin et la Jutière sont les lieux les plus peuplés. La Jutière compte même légèrement plus d'habitants que le bourg (en 1876 par exemple, 106 habitants dans le bourg contre 121 à la Jutière).

Comme la plupart des communes de la vallée de l'Envigne, le village est connu pour ses cultures maraîchères. On y produit aussi des céréales, du vin et du chanvre. Hormis les terres labourables, les taillis occupent la plus grande partie de la commune (15,8 % en 1828). La vigne est particulièrement présente dans la partie orientale du village, autour des hameaux de la Clozure, Masilly et la Jutière. En 1828, 5,7 % des terres du village sont couvertes de vignes. Les chènevières sont concentrées le long de l'Envigne dont l'eau était captée pour alimenter des routoirs. Cette culture va progressivement disparaître de la commune au cours du 19e siècle. En effet, la disparition des manufactures de toiles de Châtellerault à partir de la fin du 18e siècle a dû faire perdre un débouché important aux cultivateurs de chanvre de la vallée de l'Envigne. En 1828, les chènevières ne représentent plus que 2,5 % du territoire de Doussay.

En terme d'industrie, le village disposait de plusieurs moulins pour moudre le grain. Deux d'entre eux, situés à Malfiance et aux Portes, sont des moulins à eau probablement antérieurs au 19e siècle. Cette période voit la construction de deux autres moulins, à vent cette fois-ci. Le premier est signalé par les matrices cadastrales. Il fut érigé sur la colline de Puy-Livet en 1839 par Jean-Baptiste Frumence Guyonnet, maire de Cernay. Il est finalement détruit en 1865. Le second moulin est bâti au Prinault, à proximité de Cernay dans la seconde moitié du 19e siècle. À l’instar des moulins caviers du mirebalais, il était placé sur un tertre abritant un entrepôt pour la farine. Après son abandon, il est déclassé et partiellement détruit par un incendie entre 1947 et 1963. Les matrices signalent aussi une huilerie dans le bourg construite en 1860 dans un bâtiment en bordure de l'actuelle place de la Liberté.

Au 19e siècle, les activités artisanales et commerciales sont réparties entre le bourg et certains hameaux les plus peuplés. À partir de la seconde moitié du 19e siècle, elles tendent à se concentrer au centre du village et disparaissent progressivement des hameaux, tournées vers l'agriculture. Ainsi, en 1886, le bourg compte 4 couturières, 4 maréchaux ferrant, 3 maçons, 3 menuisiers, 2 cabaretiers, 2 lingères et 2 sabotiers.

Au sein du lencloîtrais, Doussay est légèrement excentré par rapport aux deux grands axes routiers reliant Mirebeau à Châtellerault et Richelieu à Poitiers. L'arrivée du chemin de fer permet de faciliter les déplacements des habitants vers Châtellerault, elle-même reliée à d'autres lignes régionales (Châtellerault-Chauvigny, Chatellerault-Tournon-Saint-Martin) et nationales (Paris-Bordeaux). La halte de Cernay-Doussay, qui n'était pas prévue sur le projet d'origine, est ouverte vers 1890.

Doussay au siècle dernier

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune a accueilli plusieurs familles de réfugiés, provenant de Meurthe-et-Moselle, du Calvados et de Gironde. De nombreux Polonais et des Albanais ont aussi transité par Doussay.

Lors de remembrements, les limites communales ont été plusieurs fois modifiées entre Doussay et les villages voisins de Chouppes (en 1968), Cernay, Lencloître (en 1972) et Savigny-sous-Faye (en 1990). La forme de la commune aurait pu être encore bien différente. En effet, des habitants de la partie orientale de Doussay, enclavée entre Cernay et Lencloître et éloignée du bourg, ont souhaité faire sécession à multiples reprises. Ainsi, en 1965, les habitants de la Chaume - une ferme toute proche de Lencloître - demandent à être rattachés à cette localité. Trois ans plus tard, ce sont les habitants de la Jutière qui souhaitent le rattachement de leur hameau à la commune de Cernay. Cette réclamation fait même l'objet d'une enquête de commodo et d’incommodo. Cependant, la commune de Doussay s'oppose à ces aménagements. En considérant la géographie communale, accéder à ces demandes auraient pu créer des précédents pour tous les hameaux de la partie orientale du village. Quant aux divers remembrements précédemment cités, ils ont été acceptés par la municipalité car ils n'entrainaîent aucune perte de population.

Alors qu'elle s'était plutôt bien maintenue au 19e siècle, la population de Doussay a progressivement diminué au siècle suivant : elle passe ainsi de 879 à 537 habitants entre 1901 et 1999. D'après des observations faites par la municipalité dans les années 1980, la baisse du nombre d'habitants aurait été plus prononcée dans l'ouest de la commune, plus agricole, que dans l'est, plus proche de Lencloitre et de l'axe routier entre Châtellerault et Mirebeau. Plus récemment, il faut tout de même signaler une légère augmentation de la population, qui a gagnée une centaine d'habitants entre 2000 et 2018. Ces nouveaux habitants privilégient l'habitat pavillonnaire avec des maisons de plain-pied entourées d'un jardin. Elles sont surtout implantées dans le bourg (impasse de la Planche) ou dans des hameaux proches de Lencloître et Cernay (à Massilly, Malfiance et la Jutière). Ces constructions adoptent généralement un style méridional, avec des toits à faible pente et couverts de tuiles canal, mais il existe aussi des exemples d'habitations avec de fausses ardoises, rappelant l'architecture angevine ou tourangelle.

Au niveau administratif, Doussay se joint aux communes du canton de Lencloître pour former un syndicat intercommunal en 1972. Il est l'ancêtre de la communauté de communes du Lencloîtrais, qui a elle-même rejoint la Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault le 1er janvier 2017. Deux ans auparavant, Doussay avait été intégré au canton de Loudun.

Le village de Doussay est situé à environ 20 km à vol d'oiseau de Châtellerault, vers l'ouest. Il est limitrophe des communes de Thurageau et Lencloître au sud, de Saint-Genest-d'Ambière à l'est, de Savigny-sous-Faye, Saires et Verrue au nord, et de Coussay et Chouppes à l'ouest. Quant au petit village de Cernay, il constitue une enclave de 3,2 km2 à l'intérieur de Doussay. En 2018, Doussay comptait 656 habitants, répartis sur 27,1 km2, soit une densité moyenne de 24 habitants au km². Anciennement situé dans la communauté de communes du Lencloitrais, Doussay a intégré la communauté d'agglomération de Grand Châtellerault le 1er janvier 2017.

L'Envigne est le principal cours d'eau qui irrigue la commune. Il prend sa source à Mirebeau, vers le hameau de Seuilly, et traverse Doussay de l'ouest vers le sud-est. il est alimenté par de très nombreux affluents. Ces petits ruisseaux descendent des collines du nord (pour le Pouzioux et la Dixme) et du sud-ouest de la commune (pour le Mondon, le Marçay, le Gaudion et la Croue). Au sud du bourg, à la confluence entre l'Envigne et la Dixme, un étang pour la pêche a été aménagé dans les années 1970.

L’Envigne creuse un petit vallon coupant la commune en deux entités géographiques bien distinctes et contrastées. En effet, la partie sud-est de Doussay, le long du cours d’eau, est caractérisée par une faible altitude (environ 80 mètres en moyenne) et un sous-sol riche en marnes. Dans cette zone, le grès, appelé « grison », s’emploie très souvent dans les constructions, et la fertilité de la terre a permis l’épanouissement de la culture maraîchère dès l’Ancien Régime. En revanche, la partie nord-ouest du village présente un paysage de plaine en pentes douces jusqu’à la vallée de l’Envigne en contrebas. Le territoire est tout de même agrémenté de plusieurs éminences, dont les hauteurs de la Trapière et de la Fuie. Les collines de la Prinche et du Puy-Livet, dominant le nord et l’est du bourg, s’élèvent respectivement à 102 et 106 mètres. Les céréales s’y épanouissent dans le sol argilocalcaire et sont cultivées en openfield, caractéristiques des monocultures intensives. Le tuffeau est plus répandu que dans le reste de la commune. Il était extrait d’une carrière au sud de Puy-Livet. Au 19e siècle, des sablières étaient exploitées au nord et à l'est du bourg. Au Jacquelin et à Baudeau, des pierres calcaire très dures et fossilifères sont utilisées dans des escaliers extérieurs. D'après un texte de Creuzé-Latouche, daté de 1790, ce type de pierre se trouvait exclusivement à Lencloître et les communes environnantes où elles étaient employées pour des marches ou des seuils de portes.

Le boisement de la commune est majoritairement concentré au sud de l'Envigne (bois Girault, de la Fournalière, de la Mottejamet, des Gigognes), hormis le bois de l'Angle, de Doussay et la taille des Lys. Une peupleraie communale s'étend le long de l'Envigne et du Pouzioux autour du hameau de la Rivière.

Dans une zone au nord de Doussay, et à cheval sur les villages de Verrue, Saires, Savigny-sous-Faye, plusieurs espèces d’oiseaux vulnérables ont été repérés, conduisant au classement en ZNIEFF de cet espace.

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