Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Jusqu'au milieu du 19e siècle, les abords de l'estuaire de la Gironde, à la limite entre le bourg et la conche de Saint-Georges, sont très différents de ce qu'ils sont de nos jours. Comme le montre le plan cadastral de 1837, la place Michelet n'existe pas encore : entouré par de nombreux bâtiments, un simple carrefour relie les actuels boulevard Michelet à l'est, rue du Poilu au nord, et rue Etroite à l'ouest. Au sud, un rampe descend vers la plage qui recouvre l'emplacement actuel du boulevard de la Côté de Beauté. Vers l'est, le futur boulevard Michelet, alors appelé rue du Terrier, sépare les premières maisons d'une butte (ou "terrier") de sable, appelée le Trier et découpée en plusieurs parcelles dépendant pour la plupart de ces mêmes maisons. Au-delà (au débouché de l'actuelle rue Autrusseau), une autre rampe descend vers la plage.

Dès 1860 et surtout en 1874-1875, le nombre de visiteurs estivaux ne cessant d'augmenter, le conseil municipal décide d'agrémenter l'accès à la plage en aménageant le Trier en promenade publique. Une partie de la plage est acquise auprès de l'Etat dès le 5 novembre 1874, et un plan d'aménagement est confié à M. Sauvion, conducteur des Ponts et chaussées. Le 30 août 1875, les travaux de construction d'un mur de soutènement le long du Trier sont adjugés à Emile Ugé, entrepreneur de travaux publics à Royan. L'aménagement du Trier prend toutefois plusieurs années en raison de la fronde de certains propriétaires expropriés. Les travaux de construction du mur ne sont réceptionnés qu'en décembre 1878. Dans le même temps, les propriétaires des maisons situées le long du boulevard Michelet entreprennent leur reconstruction. La nouvelle promenade, arborée et ombragée, en pente, fait désormais la transition entre ces maisons et la plage.

Quant à l'ancien carrefour, débarrassé de ses anciennes bâtisses, il est aménagé en place en 1883. D'abord baptisée place des Quiconques, la place reçoit en 1892 le nom de l'historien Jules Michelet, venu en villégiature en 1859 à quelques mètres de là. La rampe descendant vers la plage est reconstruite dès 1880 par M. Bonvalet, entrepreneur. De nouvelles maisons, au goût du jour, sont construites tout autour de la nouvelle place à la fin du 19e siècle et au début du 20e, et des établissements hôteliers s'y développent, par exemple la pension puis hôtel Bellevue, à l'angle entre la place et le boulevard Michelet. En 1921, le monument aux morts érigé en mémoire des soldats tués pendant la guerre 1914-1918, est installé sur cette place. Il sera transféré en 1986 à son emplacement actuel, sur l'ancienne butte du Trier, devenue square du 11 Novembre et du 8 Mai.

Entre temps, la promenade du Trier a vu s'installer une restauration, remplacée juste avant la Seconde Guerre mondiale par le syndicat d'initiative, tandis qu'un glacier occupe l'autre angle du Trier, en bas de la place Michelet, et que des cabines de bains, en location, sont proposées au pied du Trier. En 1925, la municipalité décide la création d'une promenade ombragée dans le prolongement du Trier, entre la plage et les villas qui se sont établies au sud, jusqu'à l'allée Rang des Adrets-Musso, pour fournir de l'ombre aux visiteurs et baigneurs, de plus en plus nombreux.

Après 1945, le Trier et ses abords changent assez radicalement de physionomie. Vers 1955, la construction du boulevard de la Côte de Beauté repousse la plage et la sépare de l'ancienne promenade du Trier. Vers 1960, une estrade et une pergola sont érigées en guise de kiosque à musique, au milieu d'un théâtre de verdure. Dans les dernières décennies du 20e siècle, plusieurs maisons ont été remaniées le long du boulevard Michelet et sur la place Michelet. Enfin, en 2014, les abords du boulevard sont remaniés, et une partie de l'allée de mûriers voulue en 1925 disparaît.