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Thermalisme et villégiature à La Roche-Posay
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > La Roche-Posay
Historique
La vie de la station et le thermalisme
La découverte des sources :
Des sources documentaires appuyées par certains indices supposent une présence romaine à La Roche-Posay. La question se pose alors de la connaissance et de l’utilisation des sources par les romains. Le Père Camille de La Croix, archéologue reconnu du XIXe siècle, l’a affirmé, malgré le fait qu’aucun vestige d’établissement romain n’ait été retrouvé aux alentours des sources.
Un autre récit s’appuie sur un fait historique datant du XIVe siècle. En effet, lors des campagnes de Du Guesclin, on raconte qu’après une bataille, ce dernier serait venu à La Roche-Posay afin de s’y reposer. On prétend alors que Du Guesclin aurait lors de son séjour découvert des sources et que leurs bienfaits auraient guéri les plaies et maladies de peau de ses soldats.
Des témoignages nous apportent des éléments plus véridiques sur les eaux de la station. Denis Genéroux, notaire à Parthenay (79) écrit en août 1573 qu’il était venu à La Roche-Posay pour se laver et qu’après avoir bu de l’eau, sa migraine et sa gale disparurent. Il ajoute qu’il y avait vu 2 à 3 000 personnes et que certaines venaient de Paris. La même année, un autre témoignage, celui de Michel le Riche, avocat à Saint-Maixent (79), vante les mérites de ces sources proches de Poitiers. Toujours en 1573, Nicolas Bonfons, libraire-imprimeur à Paris, relate dans son journal comment les qualités thérapeutiques des eaux furent détectées par un chirurgien.
Ces différents témoins nous informent qu’au XVIe siècle, La Roche-Posay était donc connue pour ses eaux aux vertus bienfaisantes. De plus, le fait que ces différents témoins se soient rendus dans la station suppose que ces eaux étaient déjà populaires auparavant, au moins dans la région.
Essor de La Roche-Posay et du thermalisme :
En 1615, la renommée de La Roche-Posay est telle que Pierre Million, médecin personnel de Louis XIII, s’y déplace pour étudier et analyser les eaux. Il observe trois sources composées de soufre, de fer et de nitre mais dans des quantités différentes. Par la suite, il prodiguera des conseils sur le régime à suivre pendant une cure, comme par exemple : se lever avec le soleil.
En 1670, Samuel Cotterau du Clos, médecin du roi et membre de l’Académie des Sciences, réalise de nouvelles analyses. Sous le règne de Louis XIV près de 3 000 malades viennent régulièrement boire de l’eau à La Roche-Posay.
Par la suite, vers 1735, c’est le docteur Martin, médecin à Châtelleraut, qui réétudiera les sources. Il discerne deux bassins riches en fer et un troisième plus chargé en soufre. Avant de commencer une cure, Il prescrit au malade, de se faire saigner et purger. Il est connu qu’à l’époque le lavement et la saignée sont les deux actes dominants de la médecine. Néanmoins, d’autres remèdes sont aussi compatibles avec la cure tels que la poudre de sympathie, le Baume Tranquille ou encore l’eau de la reine de Hongrie.
Désintérêt pour La Roche-Posay :
Dès la fin du XVIIe siècle, on se désintéresse de La Roche-Posay. En effet, la station thermale n’a pas l’honneur de recevoir un membre royal ou une personne notoire. À l’époque, une simple présence célèbre, apportait réputation et renommée à une station.
Durant la période de la Révolution la station thermale reste dans l’oubli. La population française s’intéresse plus aux idées de Robespierre et à la Déclaration des droits de l’homme qu’aux bienfaits de la cure thermale. Cependant, à La Roche-Posay, les idées révolutionnaires ne déclenchent pas de grandes agitations et les actions restent peu importantes malgré la misère qui sévit dans la région. Les habitants, défavorables aux idées révolutionnaires, restent fidèles à leur conviction religieuse comme dans la plupart des campagnes environnantes.
Évolution, gestion et vie de la station au XIXe siècle :
Le Premier Empire et les campagnes napoléoniennes offrent un nouvel essor à La Roche-Posay. Les premiers essais analytiques sur les eaux thermales sont entrepris par le docteur Joslé, ancien médecin des Armées. Grâces aux différentes analyses menées, il établit des conclusions très intéressantes sur les eaux thermales de la station telles que l’absence d’acidité et de fer dans l’eau, la présence de calcaire, de magnésie et d’hydrogène. Il publiera en 1805 Essai Analytique sur les Eaux minérales, sulfureuse froides de La Roche-Posay. Cette analyse détaillée est validée en 1806 par l’Inspecteur des Eaux. L’empereur Napoléon 1er eut connaissance de ce travail et nomma alors le docteur Joslé, médecin des Eaux.
Selon la volonté de Napoléon 1er, on décide la construction d’un hôpital militaire auprès des sources. Le 22 mai 1807, la première pierre de l’édifice est posée comme en témoigne une dalle retrouvée en 1903 : « Pour mémoire éternelle à Napoléon, empereur des Français et roi d’Italie, Pierre Rousseau et Gabriel René Saulpic, administrateurs de la Ville de La Roche-Posay ont posé cette première pierre et confient ce monument à la postérité ». L’hôpital militaire est une infrastructure de qualité, toutefois les conditions d’hébergement sont encore limitées. À l’époque, les eaux arrivent dans des bassins en pierre. Dans le réservoir central, une pompe alimente les tonneaux en bois utilisés dans les établissements hôteliers de la ville. Trois établissements de bain existent : l’hôtel du Cheval Blanc qui possède 16 baignoires, l’hôtel de l’Espérance avec 10 baignoires et un autre établissement de 9 baignoires. De plus, plusieurs villas particulières logent et nourrissent des curistes. Certains préfèrent loger chez l’habitant car ils trouvent l’atmosphère plus chaleureuse et le service de meilleure qualité. Dans une station thermale, une offre diversifiée d’hébergement, d’équipement ainsi que de distraction est importante pour attirer plus de curistes et donc se développer. Sujet qui sera approfondie plus tard dans le propos sur l’âge d’or de La Roche-Posay.
En 1825, l’État entreprend de lourds travaux sur l’hôpital militaire : agrandissements, modifications, aménagements, pour le transformer en un hospice thermal qui sera confié à l’ordre hospitalier de la Sagesse. Finalement, l’hospice s’avéra plutôt être une source de dépense que de profit. C’est pourquoi, le 5 octobre 1840, la commune le rachète 4 500 francs à l’État et le transforme en établissement payant. Ce sera le premier à La Roche-Posay. La commune nomme alors Monsieur Jean Pain et Madame Simon gérants de l’établissement. Ils assureront cette tâche durant presque 30 ans. Toutefois, leur clientèle était assez réduite à cause de l’exiguïté du lieu. Les autres baigneurs se soignaient donc en ville dans différents hôtels où l’on apportait l’eau avec des tonneaux.
L’hiver, comme il n’y avait pas de curistes, les hôteliers en profitaient pour aménager, améliorer et nettoyer les lieux. Sous l’administration du maire de l’époque, un Conseil de 5 membres décide la création d’un impôt sur les aubergistes et hôteliers ainsi qu’une rétribution sur les bains.
En 1846, une nouvelle analyse des eaux est réalisée par Monsieur Maillet, pharmacien en chef des hospices de Poitiers. La même année paraît, à destination des soigneurs et des curistes, le premier Manuel des Eaux de La Roche-Posay. On peut y lire des indications précieuses sur la cure. En 1853, le docteur Charles Pallu est nommé Médecin des eaux. À cette époque on évalue le nombre de baigneurs durant la saison entre 1 000 et 1 200. Cependant, le mode d’administration et de gérance ne permettant pas un important développement de la station, le conseil municipal décida de mettre les eaux en fermages. Un bail fut signé le 7 juillet 1869 avec les frères Carré, ingénieurs civils et négociants. Il faut cependant préciser que les habitants pourront encore user gratuitement des eaux, mais uniquement pour la boire. La même année, l’Académie de Médecine déclara La Roche-Posay Station d’utilité publique et l’année suivante le Ministre de l’Intérieur autorisa l’exploitation et la vente des eaux. En 1887, des premières contestations envers les frères Carré apparaissent et en 1890, la commune les oblige à faire les réparations qu’ils avaient négligées et cherche même à résilier le bail avant son expiration.
Un nouvel élément participera fortement à l’essor de la station : l’arrivée du chemin de fer. En effet, pour permettre aux trains de voyageurs et de marchandises de relier les deux lignes Paris-Bordeaux et Paris-Toulouse on entreprend l’aménagement d’une ligne transversale Châtellerault - Argenton-sur-Creuse. En 1887 à La Roche-Posay, est construit un pont ferroviaire en pierre à cinq arcades ainsi qu’une petite gare. La ligne sera inaugurée en 1888. De nombreux curistes arrivaient donc en train à La Roche-Posay. Au XXe siècle, petit à petit, les transports ferroviaires ont diminué jusqu’au dernier train de marchandises en 1972. La ligné a été déposée en 1974. Aujourd’hui, le pont est encore praticable à pied et la gare est devenue une habitation privée.
C'est en 1889 que trois échantillons d’eau des sources de la station sont envoyés à Paris pour l'Exposition universelle. Les sources n'ayant pas de nom, les trois échantillons portaient les numéros 1, 2 et 3. Débutent alors les premières exportations d'eau de La Roche-Posay vers la capitale. Afin de faciliter l'identification des sources, leur mise en valeur et donc leur renommée, le conseil municipal de janvier 1897 décide de doter chaque source d'un nom : Saint-Savin, Saint-Cyprien et Duguesclin. Le choix de ces trois noms est emprunt à l'histoire locale. Le nom de Du Guesclin est lié à l’histoire de la découverte des sources par ce dernier puis, on a sans doute pensé que les noms des deux martyrs Saint-Savin et Saint-Cyprien seraient motivants pour les malades d’aujourd’hui. Le nom d'une source thermale participe à l'identité de sa station, d’autant plus qu’à La Roche-Posay, la légende des deux martyrs a aussi marqué l'histoire du territoire. Par exemple, c’est le martyr Saint-Savin qui a donné son nom à la célèbre abbaye romane de Saint-Savin-sur-Gartempe, une visite que l’on peut qualifier d’incontournable. À La Roche-Posay, c’est dans le hall d’un des thermes que la légende des deux martyrs est représentée par des fresques murales, aujourd’hui disparues.
La première moitié du XXe siècle : entre âge d’or et sommeil :
De 1900 à 1905 ont lieu des négociations pour confier les eaux à une nouvelle société. En 1903, le Maire signe donc les projets d’option, de bail et de cession de terrain à Monsieur Martinet représentant la nouvelle Société des Eaux. L’objectif de cette dernière est d’apporter à la station ce dont elle manque cruellement : un grand hôtel avec tout le confort nécessaire et un établissement thermal de qualité. L’Établissement thermal et son pavillon des sources, sont construits à partir et sur l’emplacement de l’hospice thermal. L’Hôtel du Parc est construit en centre bourg. Ces bâtiments ont été construits rapidement car deux ans plus tard, le 6 août 1905, a lieu leur inauguration.
L’inauguration de ces deux derniers bâtiments a lieu un an après l’installation du réseau électrique à La Roche-Posay qui vivait alors une période de progrès et de modernité. En effet, l’embouteillage des eaux thermales et leur exportation sont un succès : on livre même à domicile. Puis, en 1907, est fondé le Syndicat d’Initiative qui contribuera à promouvoir le tourisme à La Roche-Posay. En 1905, lors du Congrès international d’hydrologie, climatologie et thérapie physique de Venise, Monsieur Morichau-Beauchant, professeur de médecine à Poitiers et le docteur Oeconomo présentent une communication sur la cure de La Roche-Posay. Ils y avancent des propos scientifiques qui participent fortement à la renommée de la station thermale. La presse joue aussi un rôle publicitaire en vantant les mérites de la station. L’Avenir de la Vienne annonce à ses lecteurs l’ouverture de l’Établissement thermal au début de chaque saison thermale : « Comme une femme coquette, il a fait sa toilette complète pour recevoir baigneurs, malades, touristes. Dès hier, des étrangers, attendant avec impatience cette ouverture, sont venus demander soulagement et guérison à nos eaux qu’ils connaissent déjà pour en avoir consommés chez eux pendant l’hiver ». On fera même appel à la plume de poètes amateurs pour écrire des éloges de La Roche-Posay. En témoigne un poème élogieux paru dans L’Avenir de la Vienne en 1904. En 1908, de nouveaux captages sont réalisés afin d’augmenter le débit d’eau et ainsi subvenir aux besoins. En 1909, Monsieur Taboury, professeur à Poitiers, découvre dans les eaux de La Roche-Posay un oligo-élément : le sélénium. C’est un élément peu commun et bénéfique qui a une action très intéressante dans les cures. En effet, le sélénium se fixe sur les cellules malades ou vieillies de nos organes et provoque leur expulsion, facilitant ainsi le renouvellement des cellules. Cette découverte a marqué le départ de beaucoup de recherches scientifiques.
Grâce aux nouvelles infrastructures et aux diverses communications, une réputation plus que positive se fait autour de la station. Ces quelques années du début du XXe siècle sont donc synonymes d’âge d’or pour La Roche-Posay. Le 13 août 1913 l’Académie de médecine accorde à La Roche-Posay le titre de Station hydrominérale. Malheureusement, le sombre évènement mondial qui se prépare va venir perturber cette prospérité.
La déclaration de guerre en août 1914 marque le début d’une période difficile pour La Roche-Posay comme pour toute la France. Nombreux furent les rochelais et soldats des environs envoyés sur le front. Commence donc une période de sommeil pour la station. L’hôtel du Parc est transformé en hôpital provisoire pour les blessés de guerre et les malades. Monsieur Boubonnelle est nommé administrateur délégué par la Société des Eaux pour représenter ses intérêts. Monsieur le Vicomte du Hamel représente la commune et veille à ses intérêts. L’Administration des eaux et Monsieur Boubonnelle élaborent une nouvelle solution pour l’exploitation de la station. Il est décidé que la Société des Eaux achèterait, au lieu de louer, l’Établissement thermal et les sources. Le 8 décembre 1918, Monsieur Boubonnelle fait donc une proposition précise : il offre 220 000 francs et la gratuité de la buvette pour les habitants.
En avril 1919, le maire, Monsieur Boisdin, présente au conseil municipal le projet de vente incluant : les sources, l’Établissement thermal et son parc. Le délai pour la réalisation de la vente est alors fixé à un an après la fin de la guerre. Cependant, on accorde à la Société des Eaux une année supplémentaire pour réaliser la vente. Durant ce délai, la Société des eaux se régénère notamment grâce à l’arrivée du docteur Bord qui devient son actionnaire principal et son administrateur. La Société des Eaux est alors renommée Société Hydrominérale. Lui aussi demande à la commune une période additionnelle d’un an pour honorer les engagements. Rapidement, grâce à son dynamisme et à sa connaissance des problèmes thermaux, il va créer une chambre d’Industrie Thermale et une taxe de séjour afin de rétablir une situation économique viable. Enfin, le 14 octobre 1921, a lieu la réalisation de la vente. La Société Hydrominérale devient donc propriétaire des sources, de l’Établissement thermal et de son parc.
Parallèlement aux démarches de cette vente, la municipalité avait conclu le 30 novembre 1919, une convention avec Madame Nau, pour lui permettre de créer un casino qu’elle devait construire dans un délai de trois ans. Madame Nau rencontra sûrement des difficultés financières dans la réalisation de son projet car aucune construction ne débuta. Le 12 février 1922, la Société Hydrominérale, lassée d’attendre la réalisation d’un casino à La Roche-Posay, obtient de la commune le droit de construire un casino malgré les protestations de Madame Nau. La Société Hydrominérale construit donc un petit casino provisoire en bois près de l’Hôtel du Parc.
Dans le centre-bourg de La Roche-Posay, est construit au début du XXe siècle, le Central Hôtel. Dirigé par Monsieur Roch et sa famille, il avait très bonne réputation. L’hôtel disposait de 100 lits et son restaurant proposait une cuisine de très bonne qualité. Son parc et sa terrasse située sur l’avenue offrait un cadre à la fois agréable et distrayant. À proximité de l’hôtel, existe une source souterraine d’eau thermale et après analyse des eaux, l’autorisation est donnée pour exploiter la source et l’Établissement Thermal Saint-Roch devient alors officiel.
À l’entrée de l’enceinte médiévale, était installé un laboratoire dans lequel étaient fabriqués les produits de la marque La Roche-Posay. Apparus vers 1920, il existe alors trois produits : la lotion blanche, la poudre dermique et la lotion anti-rougeur. Ce premier laboratoire a été créé à l'initiative de Monsieur Dory, pharmacien, Monsieur Tiby, courtier en bourse et Monsieur Bardet, dermatologue. C’est entre 1972 et 1975 que des changements apparaîtront avec le rachat par Monsieur Levayer qui va donner une autre dimension au laboratoire. Une stratégie de développement sera mise en place avec la création d'une nouvelle gamme de sept produits destinés à l'hygiène et la protection des peaux fragilisées. En parallèle, le laboratoire participe à différents salons et conférences professionnels concernant la dermatologie. En France, la vente des produits se développera rapidement et ils se font connaître à l'international. Compte tenu du succès des produits, une unité de production moderne devient indispensable. En 1976, une usine sera construite sur les bords de Gartempe afin de répondre à la demande croissante. Pour l'international, on recrute un agent dans différents pays où les produits rencontrent le succès espéré. Vers la fin des années 1980, le laboratoire réalise un chiffre d'affaires de 180 millions de Francs. En 1989, le groupe L’Oréal rachètera le laboratoire. Aujourd’hui, les produits La Roche-Posay sont distribués dans 52 pays et ont un succès considérable avec 29 gammes de produits différents.
Toujours au début des années 1920, est créée une Société Immobilière différente de la Société Hydrominérale. Cette société, ayant pour directeur Monsieur Deloffre, achète le château de Posay. L’objectif de cet achat était de transformer les lieux en un établissement thermal de luxe et les terrains attenants devaient devenir des lotissements de grandes villas. Située à peu de distance du château, l’eau de la fontaine du Cellier devait être captée et conduite à l’établissement thermal et une buvette devait y être construite.
La Société Immobilière avait l’ambition de déplacer le centre de l’activité vers Posay, près de la gare et de la vallée de la Gartempe. La Société Hydrominérale quant à elle souhaitait maintenir le centre de la vie thermale près des vieilles sources et du bourg où les propriétaires d’hôtels et les commerçants étaient déjà installés. En résultat une certaine concurrence et rivalité entre les deux sociétés. Finalement, le docteur Bord et Monsieur Deloffre s’accordèrent : l’idée de transformer le château de Posay en établissement thermal fut abandonnée au profit d’une transformation en casino. Dès février 1922, on aménagea le château de Posay qui deviendra le Grand Casino. De plus, on y construisit une salle de théâtre, une véranda et des salles de jeux. Des aménagements dans le parc furent effectués et une nouvelle entrée installée. Cet établissement attira les amateurs de jeux et de distraction et devint un atout indéniable pour la station de La Roche-Posay.
En 1926, la vente d’eau en bouteille est telle que la construction d’une usine de mise en bouteilles équipée des dernières technologies est entreprise afin de faciliter et d’augmenter la production. Les eaux minérales étaient amenées, à l’abri de l’air et la pollution, depuis le griffon de la source jusqu’à l’intérieur de la bouteille. Puis, cette dernière, était refermée immédiatement via un capsulage aseptique. L’usine sera en activité jusqu’à la fin des années 1970. Les deux eaux mises en bouteille étaient l’eau de Lucine et l’eau de Saint-Cyprien. L’eau de Lucine, qui provient de la source Saint-Savin, possède des vertus calmante et sédative. À l’époque elle était vendue 61,50 francs la caisse de 25 bouteilles à la gare de La Roche-Posay. Cette eau était même vendue à bord des grands paquebots de croisière. L’eau de Saint-Cyprien, provenant de la source du même nom, est l’eau des arthritiques, des rénaux, des eczémateux et des artérioscléreux. La caisse de 50 bouteilles était vendu 102,50 francs à la gare de La Roche-Posay. L’eau de Saint-Cyprien, parfois surnommée L’Eau des Coloniaux était vendue en Indochine, au Maroc, à Madagascar, à La Réunion et dans l’Ouest-Africain.
De la fin des années 1920 au début des années 1930, la station est marquée par des faits importants.
La construction d’un nouvel établissement thermal est entreprise par la Société Hydrominérale. Situé en haut de l’Avenue des Fontaines et en face de l’Établissement thermal, ses plans sont élaborés par l’architecte Georges Allingry. Le Grand Établissement, est inauguré le 15 mai 1932. Il a toujours été une fierté pour la station et aujourd’hui encore, cet établissement continue à s’adapter aux progrès des soins thermaux.
La même année, il est décidé d’aménager un grand boulevard, le Boulevard du Connétable, afin de relier par le chemin le plus direct, le Casino et le futur Grand Établissement. Cependant, la dépense est très importante et le bénéfice lointain. Le docteur Bord avait même anticipé en achetant autour du futur boulevard des parcelles qui devaient voir leur valeur augmenter. En effet, l’objectif était d’y créer une véritable cité jardin avec des villas types à choisir sur un catalogue. Par faute de moyen financier, ce plan d’urbanisme ne sera pas achevé. En effet, le gros œuvre sera exécuté seulement sur une portion depuis la ligne de chemin de fer. La passerelle devant enjamber la voie ferrée pour arriver dans le parc du Casino ne fut pas réalisée.
En 1928, a lieu l’ouverture de l’Hôtel du Casino, propriété de la Société Immobilière et dirigé par Monsieur Alépéé. Relié à l’Établissement Thermal par un service régulier d’autobus, l’hôtel offrait tout le confort moderne de l’époque : eau courante chaude et froide dans toutes les chambres, appartements avec salle de bains et toilettes privés et restaurant de qualité sur la terrasse du Casino. Situé dans le parc ombragé du Casino, il possédait une vue privilégiée sur la Gartempe. Un cadre naturelle qui permettait différentes distractions telles que la pêche, le canotage et le tennis. Malheureusement, il fut entièrement détruit et aujourd’hui, les documents iconographiques constituent les seuls témoins de son architecture.
En 1930, un hippodrome est aménagé à La Roche-Posay sur le site du Breuil, proche des bords de Creuse. Il est financé par la Société des Courses de La Roche-Posay créée en 1926. Des tribunes en bois ainsi que des locaux pour prendre les paris sont construits par l’architecte Gand. Malheureusement, il fut détruit dans les années 1980 au profit d’un nouvel hippodrome situé à la Gâtinière au nord de la commune. Ce type de lieu, tout comme le casino, représentent l’aspect mondain de la vie d’une station thermale.
Au début des années 1930, l’Hôtel-Pension Bellevue est construit dans le quartier de Posay. Sa situation est privilégiée puisqu’il est à la fois proche de la gare et du casino et offre une vue ravissante sur la vallée de la Gartempe et de la Creuse. L’hôtel-pension possède environ 30 lits, des salles de bains avec eau courante, un restaurant-terrasse qui offre une cuisine soignée et des régimes adaptés à la cure, tout ceci à des prix modérés.
Après l’Établissement Thermal, en allant vers Pleumartin, se trouvait la pension de famille La Coline ensoleillée dirigée par Monsieur Fortin. Déjà renommée vers les années 1930, elle était très moderne avec une belle salle à manger, des chambres luxueuses, des salles de bains avec eau courante chaude et froide et un chauffage central. Sa cuisine saine et ses régimes adaptés étaient réputés et appréciés de la clientèle venant chercher ici repos et confort. Malheureusement, et sans raison apparente, la pension est détruite au milieu du XXe siècle. Une nouvelle fois c’est une architecture de qualité qui disparaît. C’est dans le cadre du thermalisme social que la caisse de Sécurité sociale fait construire ici, une maison de cure. Cette dernière, est destinée à recevoir des enfants et des adultes atteints d’affections cutanées ou de séquelles de brûlures nécessitant une cure thermale à La Roche-Posay.
La Seconde Guerre mondiale est synonyme de temps éprouvants pour La Roche-Posay. La station est en sommeil mais la plupart des équipements sont utilisés par le Service de santé des armés et les rochelais abritent dans leur logements les réfugiés de Falck. À l’Établissement thermal et au Central Hôtel, est installé, un hôpital militaire. On héberge, à l’Hôtel du Parc et au Sélect-Hôtel, l’École militaire Infanterie Herriot avec son personnel enseignant, ses religieuses, son infirmerie et son aumônier l’Abbé Brant. Au Prieuré, le docteur Huet dirige une infirmerie et une maternité. Au Casino est installé un hôpital civil pour une partie des hospitalisés de Metz. Pendant la guerre, le nombre de curistes chute en masse.
C’est le 22 juin 1940, que les troupes allemandes entrent à La Roche-Posay après avoir été retardées grâce à la conduite héroïque des Zouaves du IVe régiment. Les Allemands occupent alors la commune et font prisonniers tout le personnel de santé ainsi que les blessés ou malades installés au Central-Hôtel, à l’Hôtel du Parc et à l’Établissement thermal et les emmènent au Camp d’Amboise. Heureusement, les 170 patients installés dans l’hôpital du Casino avaient été évacués avant ce jour. L’armistice du 24 juin 1940, stipulait le retrait des troupes allemandes à 20 kilomètre à l’Est de la ligne de chemin de fer qui passait par Châtellerault. La Roche-Posay, située à 22 kilomètre de cette dernière se trouvait donc sur la ligne de démarcation.
Malgré la zone libre, la station thermale ne peut reprendre qu’en partie son activité. En 1943, une quarantaine d’enfants de la région parisienne, malades ou abandonnés, sont hébergés dans l’Hôtel du Casino et trouvent le repos dans le grand parc. Un terrain en bord de Creuse est loué à la S.N.C.F afin de permettre aux enfants de se baigner.
Dès 1945, les enfants de l’École Hériot et ceux hébergés au Casino quittèrent la commune. Des prisonniers et des déportes rapatriés ayant besoin de repos et de soin les remplacèrent. La Roche-Posay et les rochelais ne sortent pas indemnes de cette épreuve difficile mais les conséquences auraient pu être plus désastreuses qu’elles ne le furent. En effet, les bâtiments, infrastructures et équipements furent plutôt épargnés et le nombre de rochelais disparus, aussi douloureux que peut l’être un seul décès, est moindre.
Après la guerre : évolution du thermalisme et histoire contemporaine :
Après la Seconde Guerre mondiale il fallut réparer les dégâts et réaménager la station afin de reprendre l’activité thermale. Grâce aux divers efforts et initiatives, les curistes ne tardèrent pas à revenir. La Roche-Posay continuait alors son évolution progressive et régulière.
Le 10 septembre 1952 mourait soudainement, le docteur Benjamin Bord, actionnaire principal et administrateur de la Société Hydrominérale. Figure importante de La Roche-Posay, il avait, durant les années 1920, grâce à son dynamisme et à ses compétences, relevé la station après des temps critiques et contribué à son essor. Après sa mort, les deux sociétés thermales concurrentes, la Société Hydrominérale et la Société Immobilière, fusionnent sous l’impulsion de Monsieur Fath, nouveau président de la Société Hydrominérale. Cette fusion a favorisé la modernisation des deux établissements thermaux et ainsi donné au personnel médical des équipements adaptés. À l’époque, il y a donc à La Roche-Posay deux établissements thermaux qui offrent l’ensemble des soins : les thermes Saint-Roch et le Grand Établissement restructuré en 1979 qui changera de nom pour devenir l’actuel Thermes du Connétable.
Trois nouveaux captages sont exploités : la source du Connétable en 1949, des Pictaves en 1951 et Mélusine en 1956.
À partir de 1947, les cures thermales seront prises en charge par la Sécurité sociale. L’ordonnance prévoyait pour tout français, quelle que soit sa condition sociale, le recours à la cure thermale si son état de santé l’exige. Cette première prise en charge contribua à démocratiser la thérapeutique thermale et marqua ainsi le début du thermalisme social en France. À La Roche-Posay, on créa en 1951, un bureau de la Sécurité sociale où les curistes pouvaient aller se faire rembourser leurs frais. Dès lors, beaucoup de malades vont pouvoir bénéficier des bienfaits de la cure.
Sur l’Avenue des Fontaines, en 1983, l'ancienne usine de mise en bouteilles devient l’Institut Mélusine. Il est nommé en l'honneur de la source dont il utilise l’eau. Il offre aux curistes des soins complémentaires aux traitements médicaux et propose des forfaits "Dermo-Esthétique" et "Grande Forme". Ce sont des soins réalisés au moyen de bains bouillonnants, de douches au jet, de pulvérisations avec sauna et piscine alimentée en eau thermale. Il a été renommé "SPA Source" mais, encore actuellement, l’eau thermale est utilisée pour les soins de balnéothérapie.
Aujourd’hui, la station accueille plus de 8 000 curistes par an et ce chiffre est en augmentation. La Roche-Posay est considérée, au XXIe siècle, comme Capitale Européenne de la Dermatologie Thermale. La ville s’évertue à accueillir des malades mais aussi tous ceux qui cherchent détente et santé, calme et repos. Il existe aussi des équipements de loisirs pour les temps de distractions tels qu’un casino, un cinéma, des terrains de tennis, des terrains de boules, un club hippique, un golf ou encore une Maison des jeunes et de la culture. De plus, de nombreuses manifestations saisonnières sont organisées par l’Office du Tourisme et du Thermalisme et par les acteurs du territoire.
La Roche-Posay est donc une véritable cité thermale, façonnée depuis longtemps et à jamais par cette activité.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 20e siècle, 19e siècle Secondaire : 16e siècle, 17e siècle, 18e siècle |
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Description
À La Roche-Posay, l’importante activité thermale a marqué l’architecture. La ville thermale se transforme dès la fin du XIXe siècle et accueille une population aisée qui y séjourne et s’y divertit lors des périodes de cure. Son essor durant le XXe siècle fait de ce siècle l’âge d’or du thermalisme à La Roche-Posay. Cet âge d’or donne naissance à une architecture quelque peu originale : l’architecture de villégiature. De nombreux propriétaires, issus de la bourgeoisie ou de classes plus modestes, vont alors construire leur maison en adaptant ce modèle de manières variées. Ce choix résulte de l’envie d'avoir une propriété originale, unique et dépaysante, à l'image des villas de bord de mer ou des chalets de montagne. Cette volonté de posséder sa villa ou de la louer, va provoquer un développement urbain assez important à La Roche-Posay. Des quartiers regroupant des villas bourgeoises se construisent, puis, avec la démocratisation du temps libre et le remboursement de la cure, des lotissements de villas plus modestes voient également le jour. On observe alors des réalisations originales, modernes, jouant sur différents styles : Art Nouveau, Art Déco, Néo-régionalisme. Ces habitations sont généralement le résultat d'une commande d'un particulier à un architecte ou à un entrepreneur. Leur élaboration est empreinte d’une individualité mais sensible à la mode ce qui donne des architectures souvent uniques dans lesquelles on retrouve toutefois certains canons de l’époque. Les villas sont même parfois choisies sur catalogue ou selon des modèles prédéfinis.
Ainsi, à La Roche-Posay, on retrouve des villas et des immeubles. Les immeubles sont édifiés pour impressionner et pour être regardés. Le plus souvent ils sont construits en angle de rue avec un pan coupé et des décors peints comme Les Loges du Parc. Les villas sont construites sur de grandes parcelles, en retrait par rapport à la voie et entourées d’un jardin. On observe ici différentes typologies : le cottage, le chalet et le castel. Les deux premières sont les plus courantes à La Roche-Posay. La villa de type cottage présente un plan en L avec une composition de façade asymétrique et souvent une haute toiture, un bow-window et des matériaux issus de l’industrialisation. La typologie du chalet est issue de l’architecture montagnarde : les villas ont une structure simple, un volume cubique avec un toit débordant, une façade en pignon et une disposition des ouvertures symétrique. Les villas de type castel sont peu présentes à La Roche-Posay mais la villa dite Floréal constitue un bel exemple. Cette typologie s’inspire de l’architecture de château, de palais italien ou d’hôtel particulier. Enfin, les décors sont plus nombreux et plus variés. Ce sont souvent des jeux de matériaux notamment avec l’usage de la brique et de la céramique, des jeux de couleurs avec des motifs peints, des cartouches. À La Roche-Posay, l'architecture du 20e siècle se caractérise donc par une certaine hétérogénéité.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier collectif |
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Référence du dossier |
IA86011598 |
Dossier réalisé par |
Fouré Céline
Maturi Paul Chercheur associé à la Communauté de Communes des Vals de Gartempe et Creuse (2015-2016), puis à la Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault (2017-2024). Dujardin Véronique Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2016 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault |
Citer ce contenu |
Thermalisme et villégiature à La Roche-Posay, Dossier réalisé par Fouré Céline, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/99306484-b5e4-4bcf-8513-3041481ad60d |
Titre courant |
Thermalisme et villégiature à La Roche-Posay |
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Dénomination |
maison immeuble à logements hôtel de voyageurs casino établissement thermal demeure hippodrome |