Présentation de la vallée de la Charente en Charente-Maritime

France > Nouvelle-Aquitaine

Rendu navigable à partir d'Angoulême par des aménagements pratiqués au Moyen Âge, le fleuve a permis le développement d'une myriade de petits ports et de quelques places plus importantes, comme celles d'Angoulême, Cognac, Saintes, Taillebourg ou Tonnay-Charente. A partir de 1666 et l'implantation d'un arsenal à Rochefort, l'accroissement du trafic fluvial pour l'alimentation de l'établissement en matériaux, vivres et marchandises manufacturées, stimule l'économie des communes traversées mais aussi celles alentours. Le rôle joué par Rochefort dans les échanges avec les colonies, en augmentant encore les besoins, participe de ce mouvement. L'établissement militaire, qui se déploie sur la rive droite à Rochefort, possède un certain nombre de sites annexes dans l'estuaire : bassins ou fosses à bois, fontaine, magasins à poudre... En outre, des redoutes et des forts y sont édifiés pour protéger l'arsenal de toute incursion ennemie, ainsi que des phares pour guider les vaisseaux dans l'entrée du fleuve.

Une partie des marais situés au nord de Rochefort sont desséchés entre le début du 17e siècle et les années 1730, de façon à les rendre fertiles. A partir de 1782, le dessèchement des autres marais devient une cause d'Etat en raison de leur insalubrité qui provoque de nombreuses maladies dans la population rochefortaise. Les travaux concernent les marais des deux rives de l'estuaire, avec le creusement de canaux permettant l'écoulement des eaux et l'édification de digues protégeant des hautes marées. En raison des évènements révolutionnaires, ils ne sont achevés que dans le courant du 19e siècle. Des canaux réalisés, seul celui de la Bridoire entre Brouage et la Charente, prolongé ensuite jusqu'à la Seudre, est navigable.

La navigation est pratiquée à courant libre entre Cognac et l'océan, jusqu'à ce que des canaux de dérivation et des écluses soient construits à Chaniers et à Saint-Savinien au cours du 19e siècle. A cette même époque, les principaux ports sont aménagés et des travaux de dragage sont effectués pour répondre au grand projet d'amélioration de la navigabilité de la Charente conçu dans les années 1830.

L'ouverture de la voie ferroviaire entre Rochefort et Cognac en 1867 modifie radicalement le rapport au fleuve. Les services de bacs, encore nombreux pour le traverser, sont alors peu à peu remplacés par des ponts. En raison de la baisse constante du trafic dans la première moitié du 20e siècle, la section de Cognac à Tonnay-Charente est rayée de la nomenclature des Voies navigables de France (VNF) en 1957. L'ancien axe commercial et économique est désormais consacré à la navigation de plaisance qui se développe fortement ces dernières années. L'estuaire, lieu privilégié d'activités aquacoles, exerce un fort attrait touristique au travers de ses nombreux sites naturels et patrimoniaux.

La presque totalité du cours du fleuve et de ses affluents est classée dans le réseau européen Natura 2000. En outre, la loi Littoral s'applique sur la plus grande partie des espaces naturels sensibles de l'estuaire. Au plan de la protection des paysages, depuis 1967, un site de Port-des-Barques, la Côte-de-Piédemont, est inscrit et, depuis août 2013, 17 500 hectares (dont 10 000 en mer) de l'estuaire sont classés. De plus, depuis 2020, l’estuaire est labellisé Grand Site de France pour sa gestion et sa mise en valeur dans le respect de ses caractéristiques paysagères naturelles et culturelles, en intégrant le développement économique local.

A l’entrée du département de la Charente-Maritime, le fleuve a déjà parcouru près de 300 kilomètres depuis sa source à Chéronnac, en Haute-Vienne, en étant ensuite passé dans les départements de la Charente, de la Vienne et de la Charente à nouveau.

En Charente-Maritime, où il traverse 34 communes, le fleuve a une faible pente et sa vallée se caractérise par un large fond plat et des coteaux à peine marqués. Grossi par les eaux de ses affluents, le Né, le Coran, la Seugne, la Boutonne et l’Arnoult, il parcourt 93 kilomètres en faisant de nombreux méandres. Il est en outre relié, en aval de Tonnay-Charente, à la Seudre par le canal de la Bridoire, et reçoit les eaux des canaux de dessèchement des anciens marais situés au nord de Rochefort. La marée, qui se faisait autrefois sentir jusqu'à Cognac, a été limitée à Saint-Savinien grâce à la construction d'un barrage dans les années 1960. En aval de Rochefort, la Charente forme une grande boucle et s'élargit progressivement dans les marais, pour atteindre plus de 500 m de large dans les cinq derniers kilomètres. Elle se jette dans l'océan entre Fouras, l'île d'Aix et Port-Des-Barques ; les marées basses y découvrent un large estran vaseux, comprenant cependant un tombolo qui joint l'île Madame et une pointe rocheuse sur laquelle repose le fort Enet.

Le fleuve est soumis à des crues annuelles largement débordantes, principalement en période hivernale et printanière ; assez fréquemment, des crues de plus grande ampleur provoquent des inondations, longues à régresser en raison de la faible pente et des marées qui ralentissent l'écoulement. Les prairies de la large vallée de la Charente à l'aval de Cognac sont ainsi inondées chaque hiver. Autour de Rochefort, des marais sont organisés en un réseau dense de chenaux et de fossés, creusés pour assainir les prairies. À son embouchure, où d'anciens marais salants ont été convertis en prairies, le fleuve alimente en eau douce le bassin ostréicole de Marennes-Oléron, composé de marais, de claires et de parcs à huîtres. Toutes ces zones humides rassemblent de nombreuses espèces et forment un ensemble de milieux écologiques très riches.

Les villages et les bourgs se sont implantés le plus généralement sur les terres hautes, à l'abri des crues hivernales. Cependant, quelques hameaux se situent au plus près du fleuve et des voies routières qui y ont été aménagées.

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