Présentation de la commune de Campagne

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Les origines

Diverses fouilles archéologiques ont révélé des traces d’occupation datant du Néolithique ancien au Roc Fayard, ainsi que plusieurs vestiges du Chalcolithique, de l’âge du Bronze et de la période gallo-romaine, notamment dans la grotte de la Muzardie. En outre, le site du château actuel fut peut-être occupé dès l’époque gallo-romaine, comme le suggèrent des cols d’amphores, des débris de poteries et des tuiles à rebords retrouvés par Raoul de La Borie de Campagne vers 1870 dans le fond des fossés du château. La présence d’une villa à cet endroit, avec une partie résidentielle (pars urbana) et une partie dédiée à l’exploitation agricole (pars rustica), pourrait être à l’origine du développement d’un village à faible distance de la Vézère et à proximité d’un cours d’eau, selon une disposition et une histoire communes à bien d’autres sites de la vallée, tels Montignac, Peyzac, Tayac, Tursac ou encore Saint-Léon-sur-Vézère.

 

Le Moyen Âge

Dès le IXe siècle, Campagne appartient à la centaine du Bugue (Centena Albucense), une circonscription administrative laïque, et à l’archiprêtré du même nom, une circonscription ecclésiastique. Au Xe siècle, plusieurs « manses » (exploitations agricoles d’une certaine importance) de ce territoire sont données au monastère de Saint-Marcel du Bugue par sa fondatrice Adélaïde. À la création de l’évêché de Sarlat en 1317, la paroisse est rattachée au nouvel archiprêtré d’Audrix.

La famille de Campagne est mentionnée pour la première fois au XIe siècle, en la personne d’Hélie de Campagne. Les constructions de l'église, d’abord placée sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste puis de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Blaise, et du château remonteraient à cette période. Suivent au siècle suivant Folquier de Campagne, son épouse Stevena, leurs fils Hélie et Elbe et leur fille Pétronelle. Cette dernière devint la quatrième abbesse du Bugue en 1169.

D’abord sous la dépendance du castrum de Bigaroque, la seigneurie de Campagne relève à partir de 1314 de l’archevêque de Bordeaux à titre de fief, lorsque Bigaroque entre dans le temporel de l’archevêque. C’est à cette période, au début du XIVe siècle, qu’elle aurait été divisée entre quatre coseigneurs, Hélie Folquier et les trois frères Éblon, Augier et Élie de Campagne. À la suite de dons et d’unions, Raymond Ébrard et Ébrard de Camblazac se retrouvent seuls maîtres de Campagne. Vers 1375, Jeanne Ébrard, veuve de Gilibert de Campagne, succède à son père Raymond Ébrard.

En 1365, une liste des fouages du Périgord indique que la paroisse de Campagne compte 86 feux, soit environ 425 habitants.

Le conflit franco-anglais de la guerre de Cent Ans enflamme Campagne : ses deux seigneurs s’opposent, Ébrard de Camblazac se rangeant dans le camp anglais tandis que Jeanne Ébrard prête allégeance au roi de France. Ébrard de Camblazac livre Campagne aux Anglais, avant que la paroisse ne soit reprise par les Français menés par Pons IV de Beynac avant 1385. En remerciement, ce dernier reçoit du roi de France Charles V le château de Campagne. Par la suite, Campagne passe successivement entre les mains françaises et anglaises. Ébrard de Camblazac continue à servir Jean de Beaufort, seigneur de Limeuil pour le roi d'Angleterre, qui livre Campagne à Amanieu de Mussidan, partisan du camp anglais. Le vicomte de Turenne, Renaud VI de Pons, est chargé de reprendre Campagne et les autres forteresses du seigneur de Limeuil. Le 10 février 1405 (n.st.), le château de Campagne est repris aux Anglais et trois capitaines français sont chargés de le surveiller pour le compte du roi de France. Jean de Beaufort, appuyé par son oncle le vicomte de Turenne, parvient à le récupérer, avant qu'il ne se rende à des troupes françaises en 1406. De 1407 à 1432, il semblerait que Campagne ait été aux mains de pillards anglais, qui sévissaient dans la région à cette époque. Le château est incendié en 1427 puis rasé en 1432 après le siège de Campagne mené par les troupes françaises. Outre son château, Campagne a connu d’importantes destructions lors de la guerre de Cent ans. Trois villages ont ainsi disparu, rayés de la carte durant cette période ; aucun vestige médiéval n’a pu être inventorié sur la commune (hormis l’église, le château et un fragment dans une maison du bourg), preuve en creux de l’importance des destructions, contrairement à d’autres communes de la vallée de la Vézère qui conservent des témoins de l'époque médiévale.

 

Fin du Moyen âge et début des Temps modernes

Par un acte du 15 janvier 1435 (n.st.), Pierre de Beaufort, héritier de Jean, vicomte de Turenne, seigneur de Limeuil, Miremont et Clérans, fait donation « à son bien aimé et très cher fidèle et ami noble Arnaud de Camblazac, damoiseau, habitant du lieu de Plazac, de tout le droit et devoir qui lui appartient ou peut appartenir au château ou maison du lieu de Campagne », avec ses droits de justice. Mais dès le 2 septembre 1437, Arnaud de Camblazac se défait d'une part de Campagne qu'il vend à Jean Bonald, bourgeois et marchand de Montignac ; en 1464, il vend l'autre part, qui passe entre plusieurs mains en trois ans : Charles de Talleyrand, Brandelis de Caumont, puis finalement Adhémar de La Borie. Dans la seconde moitié du siècle, la seigneurie de Campagne est donc partagée à parts égales entre deux familles alliées, chacune ayant une moitié : les La Borie et les Bonald vont s'attacher à la remise en valeur des terres après les ravages des guerres, ainsi qu'accroître et diversifier les revenus qu'elles en tirent. En témoignent tout spécialement le « terrier de la maison de La Borie » dressé à partir de 1507 pour Bernard II de La Borie, coseigneur de Campagne, mais aussi l’érection d’un nouveau grand corps de logis (sud-ouest) pour le château entre 1480 et 1485. Au cours de la même période, l’église se voit restaurée (portail occidental, voûtement…), tandis que les Bonald y construise une grande chapelle seigneuriale et funéraire adossée au flanc sud du chœur (l’actuelle sacristie). Le signal de la reconstruction donné par ces seigneurs est immédiatement suivi par leurs tenanciers : nombre d’édifices dans les hameaux et écarts datent de cette période charnière de la fin du XVe et du début du XVIe siècle.

Au début du XVIIe siècle, Campagne est de nouveau partagée entre trois familles, les La Barthe pour la moitié, les La Borie pour les deux tiers restants et les Calvimont de Chabans pour un sixième.

 

Fin des Temps modernes et époque contemporaine

Ce n’est qu’au milieu du XVIIIe siècle que Campagne est finalement réunifiée, grâce à l’achat de l’ensemble des droits, revenus et propriétés de Campagne par David de la Borie et son fils Géraud en 1756. La seigneurie est alors érigée en marquisat. Dès les années 1760, Géraud de La Borie entreprend une série de travaux pour rénover le château, travaux poursuivis et amplifiés à partir de 1860 par Raoul de La Borie. Ces grands aménagements mettent château et jardin au goût du jour, en s’inspirant de l’esthétique néogothique et des jardins paysagers à l’anglaise. Raoul de La Borie décide également d’ouvrir les carrières de La Guillarmie et de Soleillal afin de diversifier les revenus de son domaine en approvisionnant les chantiers proches. Une seule de ces carrières est toujours exploitée de nos jours.

À partir du 13 septembre 1841 est édifié le pont reliant Campagne au Bugue et à la rive droite de la Vézère. Il a été construit par Paul Isnel Escarraguel et Dominique Escarraguel dans le cadre de la Société anonyme des Quatre Ponts réunis, qui regroupe les ponts de Pascaud, de Domme, de Pareoul et de Campagne. Cette société prend en charge l’édification, moyennant la perception, durant trente-quatre ans et six mois, du péage du pont ou des bacs établis momentanément en cas de suspension de passage.

La deuxième moitié du XIXe siècle semble marquer un moment difficile pour la commune de Campagne. Les récoltes sont régulièrement détruites par des conditions météorologiques difficiles. En 1848 la commune est ainsi ravagée par un ouragan qui détruit les trois quarts des récoltes, tandis que la grêle en 1871 et les orages et les gelées en 1897 font subir de grandes pertes. Comme ailleurs également en Dordogne et tout particulièrement dans la vallée de la Vézère, le phylloxera touche également la commune : une délibération du conseil municipal nous apprend que les insectes ont ravagé une partie des vignes plantées vers 1878, laissant leur propriétaire dans des situations financières délicates. Ces pertes pourraient en partie expliquer la dépopulation qui touche Campagne à cette époque : peuplée de 734 habitants en 1861 (l'acmé démographique de la commune), elle n’en compte plus que 520 en 1891. Plusieurs foires sont établies à Campagne au cours du siècle pour redynamiser le territoire : cinq à partir de 1844, puis trois nouvelles à partir de 1872 et encore trois autres en 1889. La commune vient également en aide à ses habitants en difficulté en donnant régulièrement des subventions aux pauvres de la commune et en créant en 1886 un bureau de bienfaisance. Par ailleurs, plusieurs routes sont construites en 1881 pour améliorer le réseau viaire du territoire : un chemin menant de la Vergnolle à Lussac, un de la Fage au Peyrat, un de la fontaine de la Redonde à Bellot et un autre du bourg à Bellot. En 1912, une souscription en faveur de l’établissement d’un ponceau (pont à une seule arche) sur le ruisseau du Moulinet, au lieu-dit la Digue, est approuvée par le conseil municipal, facilitant ainsi la liaison avec les Eyzies-de-Tayac.

En 1970, le dernier marquis de Campagne fait don du château de Campagne à l’État. Le domaine du château de Campagne est inscrit au titre des monuments historiques par un arrêté du 5 avril 2001. Sa propriété est transférée au département de la Dordogne en 2007. Ses communs accueillent depuis 2009 un pôle mixte de recherche archéologique.

La commune fait partie du site classé de la vallée de la Vézère et de sa confluence avec les Beunes, depuis le 11 décembre 2015.

La commune de Campagne est située en Dordogne, sur la rive gauche de la Vézère, environnée des communes des Eyzies (au nord), Meyrals (à l’est), Saint-Cyprien (au sud-est), Coux-et-Bigaroque-Mouzens (au sud), Audrix (au sud-ouest) et Le Bugue (à l’ouest). Dotée d’une population d’environ 400 habitants au dernier recensement, elle s’étend sur une superficie de 14,40 kilomètres carrées. Son territoire est traversé par trois routes départementales : la D 706 la reliant au Bugue et aux Eyzies, la D 35 menant à Saint-Cyprien et la D 703 qui va vers Coux-et-Bigaroque-Mouzens. En outre, Campagne est reliée au Bugue et à la rive droite de la Vézère par un pont enjambant la rivière. Son territoire se compose d’un bourg de petite taille, où se situe l’église paroissiale et le château, et de plusieurs hameaux répartis sur toute sa superficie. Certains, tels que La Vergnolle et Le Muscle, sont plus densément peuplés que le bourg.

D’un point de vue géologique, Campagne est située dans un gradin à partir du nord-est, un plateau formé de calcaires hétérogènes du Crétacé. Les couches affleurantes sont constituées de formations superficielles du Quaternaire et de roches sédimentaires datant pour certaines du Cénozoïque, et pour d’autres du Mésozoïque. La formation la plus ancienne date du Kimméridgien terminal au Tithonien, composée de calcaires micritiques en petits bancs alternant avec des bancs marneux à lumachelles. La formation la plus récente fait partie des formations superficielles de type colluvions carbonatées de vallons secs : sable limoneux à débris calcaires et argile sableuse à débris.

Son paysage est à la fois vallonné et forestier, ne s’ouvrant que ponctuellement autour de vallées-couloirs et d’une multitude de clairières. De fait, hors la Vézère, son territoire se signale par deux petits affluents de la Vézère, dont le Moulinet marque la limite nord-est sur un kilomètre face aux Eyzies ; l’occupation des sols est marquée à 61,2 % par des forêts et milieux semi-naturels, seuls 17,4 % revenant aux zones agricoles hétérogènes, 17 % aux prairies et 4,4 % aux terres arables.

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