Les chais et les cuviers de la commune de Bourg

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La viticulture est attestée en Bourgeais dès l'Antiquité et connaît une expansion aux 12e et 13e siècles, bénéficiant de la proximité de la Dordogne et de l'estuaire, voies d'exportation incontournables. Les périodes de guerre (Guerre de Cent Ans, guerres de Religion, Fronde) passées, le vignoble peut s'épanouir. Les seigneurs locaux mais également la bourgeoisie et les parlementaires bordelais sont à la tête de domaines viticoles. Ainsi Monsieur de Boucaud est propriétaire du château du Bousquet, un domaine de 125 hectares de prairies, de terres labourables et vignes. La production s'élève vers 1750 à 1620 hl en moyenne. Les établissements religieux possédaient également de nombreuses terres. La polyculture est caractéristique du secteur. La forte présence de moulins à vent témoigne ainsi d'une production de céréales.

La carte de Belleyme signale les secteurs plantés en vigne dans la seconde moitié du 18e siècle. Elle est présente sur le coteau mais également dans les zones basses de palus en bordure de Dordogne, à Lillotte et à Mille-Secousses par exemple. Plusieurs domaines prospèrent à cette époque, des constructions sont réalisées notamment à Croûte ou à Barbe.

Les éditions successives de l'ouvrage Bordeaux et ses vins permettent de suivre la production viticole à partir du milieu du 19e siècle. En 1850, la commune compte environ 2000 habitants et produit 2000 tonneaux de vin. La classification des vins du Bourgeais est ancienne avec les châteaux du Bousquet à Bourg, de Tayac et de Falfas à Bayon. Des améliorations sont apportées au vignoble ; il faut noter également la présence de vignes blanches. La culture en joualle, associant la vigne à d'autres cultures, est également répandue.

Le phylloxéra est détecté dans le canton de Bourg en 1874. La proximité des eaux de la Dordogne permet d'expérimenter la submersion des vignes pour tuer l'insecte. Le château de Mille-Secousses et son propriétaire Paul Chenu-Lafitte sont montrés en exemple.

En 1893, l’ouvrage Bordeaux et ses vins indique que le vignoble a été replanté en cabernet, malbec et merlot "greffés sur riparias ou solonis". Dans les palus, "on plante franc de pied". Le canton de Bourg est "à la tête du progrès viticole et de la reconstitution par les américains greffés". L’espoir renaît : "Nous pouvons dire que ce canton produira alors plus de vin qu’il n’en récoltait avant le phylloxéra, et que ces vins seront améliorés grâce au choix judicieux des cépages".

Cette renaissance du vignoble s’accompagne de la reconstruction et du perfectionnement de l’outil de production même si ces améliorations avaient déjà été amorcées dès le milieu du 19e siècle dans les grandes propriétés. Afin de traiter une vendange abondante, de grands chais et cuviers sont nécessaires, construits en rez-de-chaussée ou parfois à étage, selon le modèle du cuvier médocain. Ces bâtiments sont l'objet d'une architecture soignée : encadrements de baies en pierre de taille, à crossettes et à gouttes, à angles lobés mais aussi des tables décoratives. Sur le cuvier et les logements de Croûte-Charlus, sur l'étable-grande de la Tuilerie, sur le logis de Fleurimont, à Camillac ou aux Justices, on retrouve ce même style. Seuls les travaux réalisés à Barbe peuvent être, sans aucun doute, attribués à l’architecte bordelais Ernest Minvielle. Faut-il voir ailleurs l'œuvre d'un autre architecte, peut-être Louis Dumeyniou, originaire de Bourg, et attesté pour quelques chantiers, notamment à Prignac-et-Marcamps ?

En 1900, le vignoble reconstitué s’étend sur une surface totale de 5239 hectares : les cépages français indemnes occupent encore 638 hectares, les cépages français phylloxérés mais défendus 516. La plus grande superficie du vignoble, 3847 hectares, est alors plantée de cépages américains greffés. Les cépages américains producteurs directs n’occupent que 63 hectares.

De nombreuses constructions sont datées des années 1890 et 1910.

En 1920, est créé le Syndicat des propriétaires viticoles du Bourgeais pour la défense de leurs intérêts.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Le chai est l'espace où sont stockées les barriques pour l'élevage du vin. Le cuvier abrite les cuves où s'opère la vinification. Ces deux espaces peuvent être distincts ou réunis.

Ils sont associés au logis, placés en appentis sur l'élévation postérieure ou bien construits dans le prolongement. Certains sont indépendants et parfois isolés et à distance de toute habitation.

La fonction de ce type de dépendance est identifiable par la présence d'une baie de décharge permettant la réception de la vendange. Ces baies tantôts cintrées, tantôt à linteau, présentent un appui assez bas pour faciliter le transvasement des raisins. Il s'agit parfois de petites baies étroites avec des systèmes de planches pour y déverser le raisin.

Certains cuviers profitent de la dénivellation naturelle du terrain pour une réception de la vendange en partie haute et un chargement gravitaire de la cuve en contrebas.

Ces constructions bénéficient d'une architecture soignée avec encadrements en pierre et tables décoratives. Les installations intérieures ont rarement été conservées : les cuves en béton ou en inox sont fréquentes.

19 chais ont fait l'objet d'un dossier documentaire : parmi ceux-ci, deux ont été sélectionnés pour leur qualité architecturale (Rider et Croûte-Charlus) ; 130 ont été étudiés et associés à des dossiers de maisons ou de châteaux.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Typologie
  1. cuvier médocain

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