Cabanes de berger, dites cayolar de Ligoleta

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Sainte-Engrâce

Le terminus ante quem de la première et de la troisième cabane de Ligoleta est fixé par le plan cadastral à l'année 1830. Les modes de construction adoptés suggèrent néanmoins une datation plus ancienne, à l'image du 18e siècle.  Selon les états de section de 1832, le cayolar appartiennent alors en indivision à Barthelemy Accosseberry Arhancet, cultivateur à Sainte-Engrâce et consorts. La première cabane et son parcours étaient ainsi divisés en parts de propriété ou txotx située sur les terres d'estives communales. Elles appartenaient certainement aux propriétaires "cultivateurs" des fermes situées dans la vallée, à l'image de Barthelemy Accosseberry Arhanchets qui, outre la cabane voisine d'Utcigagnia et l'estive sur laquelle elle prennent places, possédait à la même époque une ferme au lieu-dit Arhancet. Durant la saison estivale, les propriétaires des txotx envoyaient ainsi leurs bergers afin de garder leurs troupeaux de brebis et giter dans la cabane pastorale. Le fromage d’estive était ensuite redistribué en fonctions des parts de propriétés.

L'absence de la seconde cabane et de son enclos sur le plan cadastral de 1830 amène à penser qu'elle aurait été construite au cours du 19e siècle. Les édifices ont fait l’objet de plusieurs campagnes de réfections. Désormais divisés en quatre parts, les cabanes appartiennent actuellement à quatre propriétaire différents résidant dans les communes d'Ordiarp et Sainte-Engrâce.

Les matériaux de construction avec lesquels est réalisée la troisième cabane et son enclos permettent de dater la reconstruction de cet ensemble dans la seconde moitié du 20e siècle. Fait qui témoigne de la pérennité de l’activité pastorale à Ligoleta au moins depuis 1830. Toujours en activité, la cabane appartient à un seul propriétaire résidant à Oloron Sainte-Marie. En revanche, la propriété de l'estive appartient désormais à la commune de Sainte-Engrâce.

Périodes

Principale : 17e siècle, 18e siècle (incertitude)

Principale : 2e moitié 19e siècle (incertitude)

Principale : 2e moitié 20e siècle

Le cayolar de Ligoleta est situé à 1504 m d’altitude sur la bordure sud du plateau d’Utzigagnia (1621 m) à environ 500 m de la source du même nom. Il est accessible par un sentier menant aux fermes d'Üngüratürü et de Lüroa situées à environ 5 km en aval. Il est également possible de rejoindre Ligoleta par la route depuis l’Église Sainte-Engrâce via la Pierre-Saint-Martin puis par une piste pastorale carrossable au départ d’Erainzeko Portilloa, moyennant une distance totale d’une vingtaine de kilomètres. À l’affleurement, deux formations géologiques ont été identifiées à proximité du site : la lithologie de la première se compose de calcaire oolithique (petites structures minérales sphériques régulières), de dolomie vacuolaire (avec des petites cavités), de calcaire et de calcaire gréseux (contenant des grains de quartz) ; tandis que la lithologie de la seconde est simplement composée de calcschistes (variété de schiste provenant de calcaires argileux) à Navarelles. Le site se compose de trois cabanes (E 158 ; E 181 ; E 155) et de trois enclos (E 178 ; 179) situés sur des parcelles d’estives communales (E 177 ; E 179).

La première cabane (E 155) en venant de l’ouest est construite selon un plan rectangulaire occupant une surface au sol d’approximativement 38 m². Le faîtage de son toit est perpendiculaire à la pente. La façade du bâtiment est disposée sur le mur pignon sud tandis que le mur pignon nord est semi-enterré. Ces murs sont construits en moellons de calcaire (?) liés avec un mortier de terre. Les angles adoptent un assemblage en besace fait de blocs grossièrement équarris. Quelques assises de réglage en schiste ainsi que des empilements de moellons de ce même matériau se remarquent ici et là, notamment en partie haute. Il est probable que ces moellons aient été réemployés en utilisant les anciennes lauzes du toit à lors d'un chantier de réfection. L’ensemble est actuellement couvert d’un toit à deux pans et coyaux en tôles ondulées. L'accès de la cabane s'effectue par une porte du coté gauche dont le linteau en bois semble avoir été rehaussé. L’espace intérieur est divisé en deux par une ferme de charpente, ce qui, au vu de la typologie des cayolars traditionnels souletins, laisse penser à la présence ancienne d’un saloir. L’âtre, certainement disposé côté sud à même la terre battue, n’est plus identifiable que par les orifices triangulaires d’évacuation des fumées visibles sur les pignons nord et sud. Seul vestige du mobilier, une étagère faite d’un coffrage de planche prend place dans le mur gouttereau droit. La charpente est composée de deux ensembles apparemment distinct. Le premier se compose de chevrons porteurs reposant sur des sablières. La structure est imparfaitement triangulée par trois autres sablières disposées dans le même plan que celui de la charpente. L’ensemble est contreventé par un système de poutres et d’écharpes obliques disposées au revers des chevrons. Le second ensemble semble avoir succédé au premier, notamment afin de l’étayer. Les trois sablières évoquées plus haut sont alors transformées en entrait sur lesquels reposent des arbalétriers s’entrecroisant à leurs sommets de manière à accueillir une panne faitière. L’ancien contreventement est ainsi converti en pannes tandis que les chevrons ne sont désormais plus porteurs. Côté sud, les vestiges d’un enclos en pierres sèches faisant face à l’entrée de la cabane sont encore visibles en contrebas.

La deuxième cabane est disposée à 50 m au sud-est de la première. De plan rectangulaire, elle occupe une surface au sol d’environ 75 m². Sa façade, largement ajourée, est aménagée sur le mur gouttereau oriental. Les murs sont construits en parpaings de béton recouvert d’un enduit, tandis que l’ensemble est couvert par une toiture à deux pans en bardeaux. Sans avoir pu le vérifier, l’espace intérieur est certainement partagé entre une salle commune, une chambre, et un bloc sanitaire. Le saloir, accessible par le mur pignon nord de la cabane, est adossé dans un petit local carré recouvert de terre. L’enclos (E178) de la deuxième cabane est implanté à une cinquantaine de mètres de la cabane. Construit à l’aide de glissières en métal, il est divisé en deux espaces et possède un couloir de traite doté d’un abri. Ce dernier est composé de parpaings de béton surmonté par un toit à deux pans en tôles nervurées.

La troisième cabane est implantée à moins de 10 m au sud-est de la seconde. Plus petite, son plan rectangulaire occupe une surface au sol d’environ 32 m². La façade est implantée sur le mur pignon est du bâtiment, tandis que le mur pignon ouest est abrité derrière un affleurement rocheux. Les murs sont construits en moellons de calcaire gréseux (?) tandis que la toiture à deux pans est couverte de lauzes de schiste d’un côté, et de tôle ondulée de l’autre. Précédée d'un auvent également couvert de tôles, l'entrée s'effectue par une porte à droite ménagée sous un linteau surbaissé en bois. Ce dernier est assemblé en tenons et en mortaises sur des piédroits également en bois. Des inscriptions figurant les noms des anciens occupants sont à la fois gravés sur la porte et sur son encadrement. L’intérieur de la cabane est divisé en deux espaces par une cloison de planches disposées sous une sablière. L’âtre, certainement initialement au revers du pignon, est installé le long du mur gouttereau droit. Le mobilier se compose d’une première étagère en bois, également dans le mur gouttereau droit, d’une couchette ou châlits à gauche et d’une fenêtre en bois ouverte dans le mur gouttereau gauche. Celle-ci, recoupant une seconde étagère en bois, n’est pas d’origine. L’accès du saloir (séchoir à fromage) est ménagé sous un arc surbaissé délardé dans la sablière de plancher, disposé à droite dans l’axe de l’entrée ; ce qui, au vu de l’implantation de la cheminée, rend la circulation malcommode. Ni les étagères du saloir, ni le plancher l’isolant du reste de la cabane n’ont été conservés. Comme pour la première cabane, deux systèmes de charpentes semblent coexister. Le premier se compose de chevrons porteurs assemblés à des sablières posées sur les murs gouttereaux. Sa triangulation est imparfaitement effectuée à l’aide de trois sablières passant sous celles évoquées précédemment, tandis que le contreventement est assuré par des poutres et des écharpes assemblés au revers des chevrons. Le second ensemble, vraisemblablement postérieur, étaye le premier à l’aide de poteaux venant soutenir une panne faîtière et l’ancien contreventement, désormais converti en pannes, privant alors les chevrons de leurs fonctions porteuses. Les vestiges d’un enclos en pierres sèches doté d’un couloir de traite sont encore visibles au sud de la troisième cabane.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    (incertitude)

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : parpaing de béton

    Revêtement : enduit

  3. Matériau du gros oeuvre : métal

Toits
  1. tôle ondulée, tôle nervurée, schiste en couverture
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Typologie
  1. cayolar traditionel souletin (Temps modernes)

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Sainte-Engrâce

Milieu d'implantation: isolé

Cadastre: 2022 E 155 ; 158 ; 177-179 ; 181, 1961 E 150 ; 155 ; 157-158, 1830 E 137 ; 139-140

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