Château de La Salle

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Saint-Léon-sur-Vézère

Le toponyme "La Salle", qui renvoie généralement en Guyenne, au Moyen Âge et au début des Temps modernes, à un habitat de la petite noblesse, plaide en faveur d'une implantation précoce d'une maison noble sur le site. L'imposante tour-maîtresse de plan carré, bâtie en pierre de taille (moyen appareil) à joints épais et à contreforts plats fut dressée sur le modèle des grandes tours-résidences du centre et du nord de la France, mais aussi de la région. Selon ses critères internes, la tour de Saint-Léon peut dater du début du XIIIe siècle. Par ailleurs, comme le suggère son toponyme évocateur, le site comprenait une grande salle médiévale : les restes d'une baie géminée subsistent dans le mur-pignon sud au premier étage du corps de logis oriental et une baie complète, peut-être un remploi, est en place au-dessus, dans le même mur-pignon. On retrouverait ainsi une organisation traditionnelle en Périgord, où tour et salle sont adossées.

De la tour primitive, en grande partie détruite pendant la guerre de Cent Ans, sans doute à la fin du XIVe siècle, ne subsistent que l'angle sud-ouest sur la quasi totalité de sa hauteur et, à l'intérieur, le premier niveau (un sous-sol semi-enterré) et partiellement le rez-de-chaussée ; ces parties portent les stigmates d'un violent incendie (pierres rubéfiées).

C'est après la guerre de Cent Ans que l'on trouve les premières mentions du fief de La Salle et de son propriétaire. Jean des Martres "de Saint-Léon", dont la famille est surnommée "Périgord", se présente comme "seigneur de La Salle" à la montre des nobles du comté faite par Alain d'Albret à la fin du XVe siècle. Dans un document de 1491, il est fait mention de "nobilis vir Johannes las Martras, de Santo Leoncio, co-dominus Rupe Sancti Christoforis". Ce gentilhomme avait contracté un beau mariage avec Catherine de Carbonnières. Selon toute apparence, c'est à ce couple que l'on doit attribuer la reconstruction de la tour-maîtresse et du grand corps de logis attenant vers 1500. Des analyses dendrochronologiques réalisées sur les bois de la charpente couvrant la tour révèlent une date d'abattage comprise entre 1494 et 1506, probablement en une seule campagne. La reconstruction, qui se distingue aisément par l'emploi de moellons pour la maçonnerie des murs, comprend la tour-maîtresse (rebâtie en repartant sur les vestiges en moyen appareil de pierre de taille de la précédente), la reprise de la grande salle médiévale, la construction d'un corps de logis secondaire en retour d'équerre au sud avec, dans l'angle rentrant formé par les deux corps, la construction d'une tour d'escalier en vis de plan carré. Le fief de La Salle est succinctement décrit en 1502 comme une "metayrie franche de guet et de commun et bel domaine" rapportant 60 livres tournois de rente par an.

Jean des Martres dut profiter peu longtemps de ses nouvelles constructions car, entre 1502 et 1506, c'est son fils Marc des Martres, qui apparaît comme seigneur de La Salle. Mais Marc des Martres n'est déjà plus seigneur de La Salle en 1517 : Hélie des Martres, dit "Périgord", apparaît à son tour à cette date comme seigneur de La Salle, lorsqu'il se marie le premier octobre à Marguerite de La Cropte, fille de François, seigneur de Lanquais, et de Marguerite de Roffignac. Le 20 septembre 1541, il rend encore aveu à son suzerain, Henri d'Albret, roi de Navarre, pour sa "maison noble de La Salle, assize au bourg de Sainct-Lions", comme relevant de la châtellenie de Montignac, et pour la co-seigneurie de La Roque-Saint-Christophe. En 1592, le fief est entre les mains de Claude "de Martres dict Perigort", puis il passe en partie dans la famille de Vivans (ou Vivant) à une date indéterminée. Le 19 juin 1644, Jacquelin de Vivans, seigneur de Ville-Franche et en partie de La Salle, résidant dans ce dernier, baille à prix-fait à trois maîtres-charpentiers et à un maître-menuisier la reconstruction "tout à neuf" du moulin de Saint-Léon. Il semble donc que ce soit à la fin du XVIe ou au début du siècle suivant que le fief est devenu une coseigneurie.

En 1709, le domaine passe dans la famille Du Cheylard par le mariage de Marguerite de Vivans avec Joseph du Cheylard, écuyer, seigneur de La Quérelie (à Valojoulx). A la veille de la Révolution, il appartient à "haut et puissant seigneur" Guy du Cheylard, qui est seigneur de La Fleunie, La Salle et co-seigneur du bourg de Saint-Léon ; Jean du Cheylard, chevalier de La Fleunie, se dit "habitant du château de La Salle au bourg de Saint-Léon". Adhérant aux idées révolutionnaires, ce dernier devient maire de Saint-Léon et se marie, le 23 brumaire de l'an XI (14 nov. 1802), avec Anne-Sophie Lacoste, la fille du conventionnel montignacois Élie Lacoste. En 1813, le domaine est encore divisé en deux parties : toute la partie nord, qui comprend l'ancienne tour-maîtresse, une grange, une cour, un jardin ainsi que la ferme de La Croix, appartient à un certain Léonard Ruau ; la partie sud, qui comprend les deux corps de logis en équerre, une grange, une cour et un jardin, appartient à Jean "Ducheylard" [sic pour "du Cheylard"], résidant à La Salle. C'est sans doute dans le courant de la seconde moitié du XIXe siècle que l'ancienne tour-maîtresse est isolée par la destruction d'une partie du corps de logis oriental ; probablement dans le même temps, la partie occidentale (qui comprenait la cuisine) du corps de logis sud et les dépendances attenantes sont détruites. C'est peut-être de cette campagne de travaux que date la nouvelle charpente du corps de logis.

Plus récemment, les édifices qui menacent de tomber en ruine font l'objet d'une première protection : l'ancien logis seigneurial, appelé par erreur "prieuré", est inscrit par arrêté du 17 novembre 1941. Les façades et les toitures du "manoir" sont finalement classées par arrêté du 21 mai 1957. Malgré cette protection, l'historien Jean Secret peut encore dire en 1966 qu'au "pied du donjon meurt lentement une gracieuse demeure du XVe siècle à demi effondrée". Depuis, des travaux ont permis de réhabiliter l'ancienne maison seigneuriale et la tour-maîtresse.

Périodes

Principale : 1ère moitié 13e siècle

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Secondaire : 2e moitié 19e siècle

Dates

1494, datation par dendrochronologie

1506, datation par dendrochronologie

Situé à l'entrée orientale du bourg de Saint-Léon-sur-Vézère, La Salle comprend au nord une ancienne tour-maîtresse de plan carré, isolée et flanquée d'une tour d'escalier en vis circulaire (à l'angle sud-est) et, plus au sud, un logis composé de deux corps disposés en équerre avec une tour d'escalier de plan carré placée dans l'angle rentrant. L'ensemble est séparé de la rue principale du bourg par un haut mur de clôture en pierre flanqué d'un petit pavillon de défense de plan rectangulaire faisant également office de fuie, situé au nord-est.

La tour maîtresse, construite en pierre de taille (moyen appareil) et à contreforts plats sur une partie de ses faces sud et ouest, est en moellon pour le reste. Elle comprend cinq niveaux : un niveau de cave semi-enterré, un rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés et un niveau de comble - celui-ci correspond au chemin de ronde. La face ouest porte en outre deux bretèches en encorbellement sur consoles à triple ressaut. La tour est couronnée par un chemin de ronde continu dont le parapet repose sur des consoles en pierre également à trois ressauts et qui est décoré d'accolades trilobées en réseau aveugle ; il est percé d'orifices de tir circulaires à fentes de visée cruciformes. Le toit en pavillon qui la protège est couvert en lauze.

Autrefois de plan en L, le logis situé un peu plus au sud est au même droit que la tour, avec à l'ouest une tour de plan carré renfermant un escalier en vis circulaire en pierre. Il est principalement bâti en moellon pour les murs et en pierre de taille pour les parties vives : chaines d'angle, portes et fenêtres. Il comprend un rez-de-chaussée et un premier étage, ainsi que des combles habitables.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moyen appareil

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. calcaire en couverture, tuile plate
Plans

plan régulier en L

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Saint-Léon-sur-Vézère

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1813 B1 162 à 170, 2013 AI 232

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