Chapelle seigneuriale et funéraire de la famille de Bonald puis de la famille de La Barthe, actuelle sacristie

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Campagne

La chapelle de Bonald fut érigée à une date qu'on ignore, mais probablement à la toute fin du XVe siècle ou au début du suivant si l'on en croit ses critères internes : maçonnerie en moellon pour les murs et en pierre de taille pour les parties vives (chaînes d'angle, baies, voûtement) ; lancette à remplage gothique flamboyant ; piédroits de porte et de grande arcade ouvrant sur le chœur à bases prismatiques et moulures à listel ; voûtes quadripartites à liernes et tiercerons et nervures à listel et chanfrein ; culots à choux frisés ou à personnages sculptés. Elle fut probablement commanditée par un membre de la famille Bonald (ou Bonal, Bounal), qui lui a laissé son nom : à cette époque, il peut s'agir d'Étienne Bonald, attesté comme coseigneur de Campagne en octobre 1505.

Faute d'héritier mâle les biens de la famille Bonald – dont la moitié de la seigneurie de Campagne et tous les droits afférents – passèrent à Julianne (ou Julienne) de Carbonneau (ou Carboneau), qui les apportèrent en dot à Philippe de La Barthe, deuxième du nom, lors de leur mariage le 21 mai 1602. La "chappele de Bounal" (aussi appelée "de Bonnal") est mentionnée dans l'acte de partage de la seigneurie de Campagne le 20 avril 1620 : le document atteste qu'elle appartient bien alors "ausdicts sieur et damoiselle de Lassegan" (Philippe de La Barthe, seigneur de Lassegan, et Julianne de Carboneau), qui étaient patrons de l'église, le partage impliquant qu'elle demeure "dans la justice commune ausdits sieur et damoiselle de Lassegan". C'est ce partage des biens de la seigneurie entre les La Barthe (Lassegan), La Borie (Bonnefons) et Calvimont (Chabans) qui a entraîné l'ouverture d'une porte à l'est de la chapelle, pour permettre à Philippe de La Barthe et son épouse d'y entrer sans avoir à passer "par la justice desdits sieurs de Bonnefons et Chabans". La contrepartie obtenue par ces derniers fut de pouvoir bâtir leurs propres chapelles seigneuriales, mais qui, ensemble, ne devaient pas dépasser en superficie celle des La Barthe, comme seigneurs de la moitié de la seigneurie de Campagne.

A la mort de l'un des membres de la famille La Barthe, une litre funéraire aux armes des La Barthe fut apposée sur les murs intérieurs de la chapelle, probablement au début du XVIIIe siècle. Comme l'écu est surmonté d'un heaume de chevalier, il ne peut s'agir ni de Philippe III (mort dans les années 1640), ni de son fils Henri (qui teste le 22 mai 1685 et meurt peu avant le 2 janvier 1707), toujours qualifiés d'écuyer, mais peut-être de l'un de ses autres fils, l'un également prénommé Philippe : Philippe IV de La Barthe, chevalier, mort en 1690 ; ou Antoine, chevalier, seigneur de Campagne et Brassac, mort peu avant 1707 également. Quoi qu'il en soit, Henri précise dans son testament "qu'après [s]on deceds [s]on corps soit inhumé dans [s]a chappelle dans l'église de Campaigne" : la fonction de chapelle funéraire attribuée à la chapelle de Bonald ne fait donc aucun doute au moins depuis le XVIIe siècle, mais plus vraisemblablement depuis l'origine.

Le 29 juin 1756, la vente de la moitié de la seigneurie de Campagne par Philippe V de La Barthe à Géraud de La Borie comprend, parmi tous les droits afférents, le "droit de chapelle dans l'esglize de Campagne" : l'ancienne chapelle de Bonald entre finalement dans les biens de la famille La Borie.

La chapelle a subi plusieurs transformations au cours du temps : la charpente originelle qui portait des lauzes a été remplacée par une nouvelle, un peu moins accentuée (comme l'indique le pignon primitif), couverte en tuile plate ; la tour d'escalier de plan carré a été arasée ; la porte d'entrée occidentale, à l'extérieur, a été rehaussée au XVIIIe siècle, son linteau remplacé par un nouveau délardé en arc segmentaire ; enfin, la grande arcade ouverte sur le chœur a été fermée par une grande menuiserie probablement au moment où la chapelle a été convertie en sacristie dans le courant du XIXe siècle. En 1846-1847, un "mémoire de l'ouvrage de serrurerie fournie à Monsieur de Campagne" mentionne une "clef pour la porte de la chapelle, et changé la garde, raccommodé la ferrure. Une clef pour le placard où l’on met l’argenterie, une clef pour la grille du jardin, bouton pour la porte d’entrée, loquet à poignet pour la porte de derrière".

La sacristie de l’église paroissiale de Campagne est le résultat de nombreux projets et difficultés. Dès 1843, le conseil de fabrique demande qu’une sacristie soit construite derrière l’autel et que la sacristie actuelle – la chapelle de Bonald – soit rendue à sa destination d’origine. Une sacristie boisée est ainsi réalisée par M. Rey, menuisier, en 1847. Après cette première sacristie en bois, deux projets de constructions en pierre se succèdent, sans aboutir. Un premier projet est proposé par la marquise Hélène de Chevigné, après la décision prise par le conseil de fabrique en 1892 de transformer la chapelle des seigneurs de Campagne en sacristie. Afin de conserver la chapelle, elle souhaite faire édifier une sacristie et engage M. Demery pour faire des relevés et une étude de l’église en 1893 et proposer deux plans en 1894 et 1895, avant que ce projet ne soit abandonné. En 1927, un nouveau projet de sacristie voit le jour. Mme la marquise de Chevigné demande l’autorisation au conseil municipal d’élever à ses frais une sacristie attenante à l’église, dont elle fait don à la commune, qui devait être située contre le côté nord de l’église et la chapelle de la Vierge, sur une place du bourg contigüe à l’église et à la route. Des plans dressés le 10 janvier 1927 précisent son emplacement : elle aurait été accessible par une porte réalisée dans le mur ouest de la chapelle de la Vierge, et aurait prolongé le mur sud de la chapelle des marquis, parallèlement au mur de fond de la chapelle de la Vierge, et aurait été fermée par un mur perpendiculaire partant du début de la dernière croisée de la nef. Elle aurait été ouverte par deux fenêtres sur son mur sud, et couronnée d’une terrasse.

La chapelle est inscrite comme faisant partie intégrante de l'église paroissiale le 22 août 1949.

En 1983-1984, l’église de Campagne subit de grands travaux, qui touchent également la sacristie, qui voit sa charpente entièrement reprise et une fenêtre transformée en porte, associée à quatre marches nouvellement construites. Cette nouvelle porte créée est un projet de longue durée : en 1881, la mairie émettait déjà le souhait d’ouvrir une seconde porte et de murer la porte de la chapelle louée au marquis de Campagne, projet inabouti en raison de l’opposition du conseil de fabrique qui percevait alors le loyer de la chapelle.

Périodes

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 19e siècle (daté par source)

Secondaire : 4e quart 20e siècle (daté par source)

Auteurs Personnalite : Bonald (ou Bonal, Bounal), de Étienne

Attesté le 10 octobre 1505 comme coseigneur de Campagne (terrier de la maison des La Borie, mentions). Par un acte passé le 25 juin 1516 au château de Limeuil, Étienne de Bonald, seigneur d’Allemans et de Saint-Avit en Agenais, coseigneur de Campagne en Périgord, acquiert le château et la châtellenie de Miremont de François de La Tour pour le prix de 27 000 livres. Il en rend hommage l’année suivante au roi François Ier.

, commanditaire (attribution par travaux historiques (incertitude))

La grande chapelle est située au sud du chœur de l'église paroissiale, et pour ainsi dire réglée sur lui puisque ses murs gouttereaux sont au même alignement que les murs ouest et est du sanctuaire. De plan rectangulaire, elle est bâtie en moellon pour les murs et en pierre de taille pour les parties vives (chaînes d'angle, baies, voûtement), avec un haut mur-pignon au sud contrebuté par trois contreforts, deux sur l'angle et un central. Un petit crucifix sculpté domine le pignon. La chapelle est éclairée au sud et à l'est par une lancette à remplage gothique flamboyant. Une porte l'ouvre à l'ouest, sur l'extérieur, dotée de piédroits à moulures à listel sur bases prismatiques.

A l'intérieur, la chapelle s'ouvre beaucoup plus largement sur le chœur par une grande arcade brisée, là encore à moulures à listel et bases prismatiques ; un grand panneau de menuiserie la ferme toutefois, avec un petit vantail. Le volume intérieur de la chapelle est couvert par deux voûtes quadripartites à ogives à listel, à liernes et tiercerons, qui portent sur les murs et aux angles sur des piliers semi-circulaires qui reposent eux-mêmes sur des culots sculptés. Une porte donne dans l'angle nord-ouest de la pièce à un escalier en vis circulaire semi-dans-œuvre qui dessert les parties hautes, à la fois de la chapelle mais aussi du chœur.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile plate
Couvrements
  1. voûte de type complexe
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit en bâtière

    Partie de toit : pignon découvert

Escaliers
  1. Emplacement : escalier demi-hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : chou

  2. Representations : litre funéraire

    Symboles : symbole funéraire


Précision sur la représentation :

Culots de la voûte : bustes d'homme, chien et ornements végétaux (choux frisés et feuilles de houx).

Traces de la litre funéraire avec armoiries sur le mur occidental : écartelé de la famille La Barthe : au 1 et 4, d'or à trois pointes (ou fusées d'azur), au 2 et 3 non représenté.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Campagne

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 2021 A 707, 1817 A2 973

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