Carrelets de l'estuaire de la Gironde

France > Nouvelle-Aquitaine

Le carrelet constitue un véritable emblème du territoire estuarien. L’usage de ces cabanes de pêche sur pilotis ne semble pas très ancien. Toutefois, la pratique de la pêche à la crevette à l’aide d’un carrelet est décrite et illustrée dès 1769 à Saint-Palais-sur-Mer, par Henri-Louis Duhamel du Monceau dans son Traité général des pesches. Encore dénué d’un abri couvert, le carrelet se limite alors à une petite plateforme en bois, équipée d’un garde-corps. Supportée par quatre pieux, elle est reliée à la rive non pas par une estacade mais par deux rangs de perches, l’une pour poser et avancer les pieds, l’autre pour se tenir par les mains. D’autres perches du même type relient les carrelets entre eux. Ils semblent alors être exclusivement maniés par des femmes qui font descendre plusieurs petits filets tenus par un cadre de bois, avec un appât.

Les sources manquent au sujet de la présence ou non, par la suite, de carrelets. Aucun ne figure sur les plans cadastraux établis au début du 19e siècle. Un filet dit carrelet accompagné d’une petite guérite portative en branchage et fougère est attesté en 1897 sur les rochers de la plage de Pontaillac, et le terme s’impose à partir de cette date. Quelques carrelets apparaissent sur les cartes postales du début du 20e siècle, composés d’un simple filet suspendu à un bras, sans aucun abri.

L’installation pérenne et plus importante de carrelets ne commence véritablement qu’à partir de l’entre-deux-guerres et se développe avec la villégiature. La population aisée et/ou d’arrière-pays dispose ainsi de cabanons en bord de mer, pour bénéficier d’un site agréable et pratiquer une pêche davantage de loisir que lucrative. À Talmont, par exemple, des carrelets apparaissent sur une vue aérienne de 1937, à la pointe nord du Caillaud ou pointe de Cornebrot, près de la tour Blanche et sur la falaise sud du bourg, en face du chevet de l’église. Déjà, leur installation suscite des réserves de la part de l’administration : en 1940, la préfecture demande à Mme Ladoire de retirer le carrelet qu’elle possède sur la falaise du côté de la tour Blanche, installé semble-t-il dans un abri creusé dans la roche. Tout en reconnaissant qu’il est important d’empêcher "que des cabanes grossières édifiées sur des appontements n’enlaidissent la falaise", le conseil municipal, soutenant Mme Ladoire, rappelle que "de tout temps, les habitants de Talmont ont pêché librement au carrelet tout autour de la falaise", ce qui leur procure un complément de ressource essentiel.

Le phénomène s’accélère dans les années 1960. En 1964, 15 carrelets existent entre la pointe sud et la pointe nord du Caillaud ; au même endroit, ce nombre atteint 27 en 1977, auxquels s’ajoutent quatre à la pointe de la Tour Blanche. Emportés par la tempête de 1999, beaucoup ont été rétablis par la suite, malgré une limitation de leur nombre et une réglementation plus stricte de leur construction. On n’en dénombre plus que 17 en 2013, dont 13 à la pointe nord du Caillaud et 4 à la Tour Blanche.

Depuis le 12 février 2021, le principe de la pêche au carrelet sur l’arc atlantique est reconnu "patrimoine culturel immatériel national" par le ministère de la Culture.

Périodes

Principale : 20e siècle

Un dossier de synthèse sur les carrelets de la rive saintongeaise a été réalisé, rassemblant 8 dossiers communaux traitant des carrelets.

En Gironde, des dossiers ont été réalisés à l'échelle communale, associant parfois ces cabanes de pêche aux cabanes de vigne et aux cabanes de chasse (tonne), chaque cabane étant bien identifiable par son usage spécifique.

Les carrelets n'ont toutefois pas fait l'objet d'un inventaire exhaustif.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : bois

    Revêtement : essentage de planches

  2. Matériau du gros oeuvre : métal

    Revêtement : essentage de tôle

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