Église paroissiale Saint-Paulin

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Jau-Dignac-et-Loirac

Dès 1790, les trois anciennes paroisses de Jau, Dignac et Loirac sont rassemblées pour ne former qu’une seule et même commune ; chacune d’elles était dotée d’une église et d’un presbytère. Il est question, dès cette époque, de construire une église "centrale", parti largement défendu par les archevêques de Bordeaux Mgr d'Aviau et Mgr de Cheverus. Ce projet suscita l'opposition de la population locale, chaque habitant étant attaché à son église. A partir de 1840, le projet de construction d'une nouvelle église est relancé par le cardinal Donnet. L'emplacement choisi se trouve à égale distance des trois hameaux, sur un terrain au lieu-dit de Camhaut, appartenant à E. Martial, vicaire général du diocèse de Bordeaux qui l'avait acquis de MM. Dejeans et Pradel.

Le conseil municipal propose la démolition des trois anciennes églises en mauvais état et l'utilisation de leurs matériaux pour la construction de l'église "centrale". Un plan est dressé par l'architecte François Pieau en 1840 mais ce projet n'est pas réalisé.

D'après les archives diocésaines consultées par Chantal Monguillon, le curé Chauchard propose dans un premier temps l'établissement d'une église provisoire : il s'agirait de construire la nef centrale d'un bâtiment qui en compterait trois et d'utiliser cet espace, en attendant la construction du plan définitif. L'archevêque conseille de "s'en tenir à une architecture grecque avec des arceaux en plein-cintre" et sollicite l'architecte pauillacais Escarraguel pour suivre le chantier. Le conseil de fabrique, dans sa délibération du 15 décembre 1840, invite le curé Chauchard à s’entendre au plus vite avec M. Escarraguel pour fournir le plan de la future église, le devis de la construction et la rédaction du cahier des charges. La fabrique s'engage également à céder à la commune le terrain ainsi que les matériaux issus de la démolition des anciennes églises. Le curé obtient l'interdiction des églises de Jau et de Dignac, tandis que l'église de Loirac est détruite en 1841. Les matériaux doivent servir aux fondations de la nouvelle église. L'émotion et l'hostilité qui en résultent entraînent l'arrêt des travaux de la nouvelle église ; le culte est à nouveau célébré dans l'église de Dignac pour apaiser les tensions locales. Est même évoquée la possibilité de travaux de réparations à effectuer dans les églises de Jau et de Dignac, ainsi qu'au presbytère de Jau. Il est également proposé que l'église de Dignac soit érigée en succursale. Le curé Chauchard, fervent partisan de la construction de la nouvelle église est alors remplacé par l'abbé Abbadie, afin de calmer les esprits. Le ministre de la Justice et des Cultes ratifie l’érection de Dignac en succursale, le 18 avril 1842.

Les travaux de la nouvelle église - elle est alors désignée comme église de Loirac remplaçant le monument détruit - sont toutefois réengagés ; des dons permettent la construction du clocher ; en avril 1843, elle est quasi achevée mais considérée localement comme une propriété privée, élevée aux frais de l'archevêque et sur un terrain appartenant au vicaire Martial. En juin 1844, les travaux se terminent mais le statut de l'église pose question. Le 13 octobre 1846, l’archevêché annonce au préfet "la bénédiction et l’ouverture de la nouvelle église de Loirac, dimanche prochain 18 octobre". Le 26 août 1849, le ministère de la Justice et des Cultes autorise le trésorier de la Fabrique de Jau à accepter du vicaire général Martial la donation de l’église de Loirac. Puis, la Présidence de la République, sur proposition de l’archevêque, décrète le 25 mars 1850 que "l’église de Loirac, section de la commune de Jau-Dignac-Loirac, arrondissement de Lesparre, Gironde, est érigée en succursale". Par décret du 22 septembre 1850, Jau et Dignac sont désignées chapelles de secours. Le conseil municipal ne s’oppose plus alors à l’ouverture du culte dans l’église à nouveau appelée "centrale", qui commande une seule paroisse, dédiée à saint Paulin de Nole.

Le Centre devient chef-lieu de la commune par décret du 21 mars 1851 et un nouveau village se forme autour de l’église Saint-Paulin de Nole. Les églises de Jau et de Dignac sont supprimées par décret du ministre de l’Instruction Publique et des Cultes, le 21 juin 1851. La Commission des Monuments historiques en permet la démolition le 3 janvier 1854. Les cloches des anciennes paroisses sont transportées dans la nouvelle église, ainsi que certains ornements religieux.

Dès 1859, la voûte de l'église nécessite des réparations.

En 1867, le maire s’engage à régulariser la situation de la commune et accepte de reconnaître l'église comme église communale. Il promet d’obtenir des héritiers Martial la donation des terrains sur lesquels l'église a été construite.

Selon Chantal Monguillon, le conseil municipal commande en 1889 une nouvelle cloche aux ateliers d'Emile Vauthier à Saint-Émilion ; dans la séance du 25 octobre de cette année, il est indiqué que "une cloche doit sonner dans un clocher pointu comme en ont les nouvelles églises aux alentours et non dans une tour carrée comme un donjon". La flèche en pierre est donc ajoutée en 1890. Chantal Monguillon indique que les lettres GL et C y sont gravées, respectivement sur les faces sud et nord.

En 1901, des travaux sont exécutés au portail et le clocher est doté d'un beffroi par l'architecte Godet. En 1904, des réparations sont apportées à la voûte par l'architecte Gustave Nieudan, sous la conduite de l'entrepreneur Hosteing (vraisemblablement Pierre Hosteing, domicilié à Saint-Vivien-du-Médoc). Des travaux ont également lieu en 1913.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Dates

1840, daté par source

Auteurs Auteur : Pieau François, architecte (attribution par source)
Auteur : Godet Pierre

Architecte à Lesparre signalé dans les annuaires professionnels depuis 1878 jusqu'au début du 20e siècle ; Godet père et fils uniquement mentionnés en 1896.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Nieudan Gustave, architecte (attribution par source)
Auteur : Vauthier Émile

Étienne Émile Vauthier, fondeur de cloches, né à Saint-Émilion le 6 janvier 1849 et mort après 1907 ; fils d'Antoine dit Antonin Vauthier (1818-1881) et de Jeanne Villemeur. D'abord associé de son père (1878-1881), puis son successeur (juin 1881), installé dans l'ancien couvent des dominicains. Marié en premières noces, à Saint-Émilion le 28 mai 1872, avec Marie Petit (Saint-Émilion, 12 juillet 1851 - Saint-Émilion, 16 février 1873), chapelière, fille de Pierre Petit et de Pétronille Goudichaud (sans postérité), puis en secondes noces, à Talence le 7 août 1878, avec Marie Lachère (Bordeaux, 9 septembre 1857 - ?), fille de Jacques Lachère et de Pétronille Rougé, dont il eut trois enfants : Marguerite, épouse Pradier, André dit Armand et Marie-Thérèse, Mme Noël Régnier. Élève de son père (1864), puis son associé (1878-1881) et son successeur (1881), Émile Vauthier fournit de nombreuses cloches à la Gironde et aux départements voisins (Dordogne, Charentes, Landes, Lot-et-Garonne), mais sa production s'étendit aussi à la France entière et à ses colonies ainsi qu'à l'Amérique. Il obtint une médaille d'argent à l'exposition de Bordeaux en 1882 et un grand diplôme d'honneur à celle de la même ville en 1895. Source : A.-E. Prot, "Les Vauthier potiers d'étain à Libourne, puis fondeurs de cloches à Saint-Émilion", Revue historique et archéologique du Libournais, tome XXXVII, n° 131, 1er trimestre 1969, p. 13-23.

, fondeur (attribution par source)
Auteur : Escarraguel Guillaume

1778 (Lasserre-de-Prouille, Aude) - 1863 (Pauillac). Souvent nommé Escarraguel père dans la documentation.

, architecte (attribution par travaux historiques)
Auteur : Hosteing Pierre

Entrepreneur à Saint-Vivien-de-Médoc au début du 20e siècle.

, entrepreneur (attribution par source)

L’église est située au centre du village. Elle présente la particularité d'être disposée selon un axe sud-est/nord-ouest, le chevet n'étant pas orienté.

Elle s’organise selon un plan en croix latine. Elle est bâtie en moellon enduit et la façade est traitée en pierre de taille ; les chaînages d’angle, les jambes harpées, les encadrements des baies, les solins de murs et la flèche du clocher sont également en pierre de taille.

La façade ouvre sur la place publique et dans l’axe de la rue de l’Église, menant au cimetière à l'est. Reprenant des éléments à l’antique, elle est traitée en bossage, scandée de 4 pilastres à chapiteaux corinthisants supportant un entablement et un fronton triangulaire mouluré, orné de modillons à coquilles en éventail. Le tout est couronné d'un socle en pierre de taille supportant une statue de Vierge à l'Enfant. La porte d’entrée, à chambranle mouluré, est surmontée d'une corniche. Au-dessus, une niche en plein-cintre ménagée dans la façade abrite la statue de saint Paulin.

Les murs gouttereaux de la nef sont rythmés d'une arcature alternativement aveugle ou percée d'une fenêtre en plein-cintre. Les bras de transept présentent un chaînage d'angle en bossage plat et un fronton mouluré surmonté d'une croix. Y sont greffées deux annexes en rez-de-chaussée abritant les sacristies. Sur le flanc nord, à l’extrémité est, est percée une porte dotée d'un porche à colonnes et chapiteaux circulaires à palmes soutenant un entablement et un fronton triangulaire ; sur le flanc sud, une excroissance du même type, mais aveugle, abrite les fonts baptismaux.

Le chevet est marqué par la présence de la tour de clocher greffée à l'abside semi-circulaire ; une tourelle d'escalier en permet l'accès. De base carré, le clocher s'élève jusqu'à 25 mètres, puis est surmonté d'une flèche en pierre de 8 mètres. Construite en moyen-appareil, la tour présente un chaînage d'angle en pierre de taille lisse jusqu'à un larmier qui délimite un second niveau avec chaînage d'angle à bossage plat, percé d'une fenêtre cintrée. Puis, une corniche à modillons est ornée de merlons formant des créneaux décoratifs. La flèche polygonale est ajourée d'oculus et ornée de crochets.

A l’intérieur, l’église comprend une nef unique de 7 travées scandées de pilastres soutenant un entablement avec corniche à coquilles en éventail. Elle est voûtée en berceau avec doubleaux sculptés de caissons à fleurs. Elle est éclairée par des fenêtres hautes ménagées dans le berceau de la voûte. Les bras de transept sont dotés d'autels secondaires, dédiés à la Vierge et à saint Joseph. L'abside en cul-de-four est flanquée de deux annexes, servant de sacristies.

Au centre de la nef est suspendu un ex-voto sous forme de maquette de bateau. Sur le côté nord se trouvent les fonts baptismaux, une plaque commémorative dédiée aux combattants tombés durant la Première Guerre mondiale et une chaire en bois.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

  3. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique
Plans

plan en croix latine

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. voûte en berceau cul-de-four
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Type de couverture : flèche en maçonnerie

    Forme de la couverture : flèche polygonale

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : acanthe


Précision sur la représentation :

Les chapiteaux de la façade sont ornés de feuilles d'acanthe, de pommes de pin et d'une torsade. Le fronton est orné de modillons en forme de coquilles en éventail.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Jau-Dignac-et-Loirac

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Centre

Cadastre: 2013 B5 913

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