Château de Rastignac

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > La Bachellerie

Propriété de la famille Chapt (ou Chat) pendant un peu plus de cinq siècles, du début du XVe au commencement du XIXe siècle, le château de Rastignac est construit sur les vestiges d'une ancienne résidence castrale, attestée en 1483 comme "hospitium de Rastinhaco", et incendiée avant 1543 (D'HOZIER 1752, p. 402) et encore en 1572, puis pillée en 1624 (Ibid.). Selon une étude généalogique récente (Jacques de Roquemaurel 2009), on ne peut faire remonter plus loin qu'au tout début du XVe siècle la généalogie de la famille Chapt seigneurs de Rastignac, lorsque Jean I Chapt, semble-t-il originaire de Montignac, épouse vers 1400 l'héritière des terres de "Jalhetz" (devenu Jaillieix, Jailliex ou Jailhès, à Auriac-du-Périgord) et de Rastignac, sur la paroisse du Cern. Cette famille connaît une ascension sociale marquée au cours du XVIe siècle.

Grand rassembleur de terres, Jean III Chapt se rend acquéreur d'Alain d'Albret en 1511 de la paroisse de Fanlac, puis avant 1514 de la seigneurie du Pouget (qui comprend la seigneurie de La Bachellerie), et encore de la terre de Saint-Rabier en 1541. Son arrière petit-fils, Jean IV Chapt, seigneur de Rastignac, du Pouget, de Saint-Rabier, de Belvès, de Paleyrac, Lastours et autres places, est capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances d'Henri IV puis de Louis XIII, gentilhomme de sa chambre, conseiller en son conseil d'état, maréchal de ses camps et armées. Bien en cour, il obtient par brevet de Louis XIII, le 12 mars 1617, l'érection de sa terre de Rastignac en marquisat, le Pouget perdant définitivement son rôle de siège de juridiction à ce moment-là. Le marquis de Rastignac a alors haute justice sur trois paroisses, Le Cern, Saint-Rabier et Peyrignac, et le domaine comprend, outre le château de Rastignac, ceux de Mourival, de Puybillé et du Pouget, le moulin du Jarric, le moulin de Rastignac, les Monteils, La Genèbre, La Lande, Les Fraux, La Faurie, Le Chastel, Singelas, Laularie, le moulin Destieux, Mirabel, le bourg de La Bachellerie et Charnaillas.

Le château est remanié au milieu du XVIIe siècle, sans doute pour le restaurer après le pillage de 1624, mais aussi pour matérialiser dans la pierre le nouveau statut de la terre - ce que n'avait pu faire Jean IV, mort en 1621. En effet, un prix-fait passé en 1657 entre son fils, Jean-François Chapt de Rastignac, et le maître maçon Claude Maureau de la paroisse de La Bachellerie nous indique que le seigneur des lieux souhaitait voir la construction d'une terrasse et l'aménagement des tours de l'ancien château. Ces tours, dont l'une abritait une chapelle, cantonnaient les angles de l'édifice. Enfin, un pavillon complétait l'ensemble. En 1755, un inventaire est réalisé au château. On y apprend le mauvais état des tours, mais aussi la présence de la chapelle et de dépendances, telles qu'une grange-étable, une écurie, un fournil, un cuvier ou encore une métairie "haute". La période révolutionnaire n'est pas renseignée, mais on peut supposer qu'elle fut fatale au château, déjà en mauvais état : son propriétaire d'alors, le marquis Pierre Chapt de Rastignac, émigre en 1791 et rejoint l'armée des Princes ; il ne revient dans son château que huit ans plus tard, sous le Consulat.

En 1811, le marquis Pierre Chapt de Rastignac, qui a été nommé président du collège électoral du département du Lot par Napoléon Ier, entreprend la construction de l'édifice actuel. Les archives départementales de la Dordogne conservent les cinq cahiers du régisseur de 1811 à 1817 qui permettent de suivre les travaux et apportent des noms. Le maître d’œuvre est Mathurin Salat, dit Blanchard, né à Nontron en 1755 et mort en 1822, et le maçon et entrepreneur est Jean Delmas, mais, comme l'a suggéré François-Georges Pariset, ceux-ci ne font peut-être que suivre les plans de l'architecte bordelais Louis Combes (1754-1818). Après la démolition du vieux château, les fondations sont élevées (1812-1813) que déjà apparaît le charpentier (1813-1814), puis le couvreur d'ardoise et le menuisier, tandis que des lambris sont achetés (1816-1817). Les registres indiquent également des travaux aux deux jardins anglais, à la serre, à l'aqueduc, à la glacière, au cuvier, à la pièce d'eau et à l'avenue de platanes. Le château de Rastignac est achevé vers 1820. Le cadastre ancien levé peu après, en 1825, montre la présence de dépendances aujourd'hui disparues. Un bâtiment jouxtait également le corps de logis, dont subsistent aujourd'hui quelques vestiges de mur.

Après la morte de la fille unique de Pierre Chapt de Rastignac et le propre décès de celui-ci le 21 octobre 1833 dans son château de Rastignac, le domaine passe aux La Rochefoucauld-Liancourt. Le château est racheté par les Fairweather et les Lauwick à la fin du XIXe siècle. Le 30 mars 1944, le château est pillé et brûlé par les troupes allemandes de la division Brehmer. Il abritait alors une collection inestimable de tableaux de maîtres, dont de nombreux impressionnistes. Le château est restauré en 1952 par l'architecte des Monuments historiques Yves-Marie Froidevaux.

Il est d'usage de comparer Rastignac à la Maison Blanche, œuvre de l'architecte James Hoban et dont les plans datent de 1792. Suite à un incendie, l'édifice de Washington a été reconstruit par le même architecte en 1812. Il est donc admis aujourd'hui que le corps de logis du monument américain est antérieur à celui du château périgourdin ; en revanche, la colonnade de la White House est un ajout de 1824 demandé par Thomas Jefferson, soit quelques années après l'érection de celle de Rastignac. En réalité, les similitudes entre les deux édifices ne tiennent probablement qu'à leur modèle commun, l'hôtel parisien de Thélusson, construit par Claude-Nicolas Ledoux vers 1780, qui présentait, lui aussi, un portique semi-circulaire de colonnes libres (en façade antérieure). Le château de Rastignac s'inscrit ainsi dans la typologie des maisons de campagne de plan massé comprenant un portique semi-circulaire, construites entre 1780 et 1820, typologie dont font partie, parmi d'autres, la Maison Carrée d'Arlac (Dufart, 1785-1789) ou de Château Margaux (Combes, à partir de 1810).

Périodes

Principale : 14e siècle (incertitude) (détruit)

Secondaire : 3e quart 17e siècle (daté par source) (détruit)

Principale : 1er quart 19e siècle (daté par source)

Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Dates

1657, daté par source

Auteurs Auteur : Blanchard Mathurin, architecte
Auteur : Moreau Claude

maître-maçon de La Bachellerie

, maître maçon (attribution par source)
Auteur : Combes Louis,
Auteur : Chapt de Rastignac Pierre

Militaire et homme politique français des XVIIIe et XIXe siècles : capitaine aux dragons de Monsieur au moment de la Révolution française, il émigre en 1791 et sert dans l'armée des Princes puis rentre en France sous le Consulat, où il est nommé par Napoléon Ier le 13 novembre 1809 président du collège électoral du département du Lot ; après avoir adhéré au retour des Bourbons, il est décoré par le roi de la croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, le 22 août 1814 ; il devient successivement président du collège électoral du département de la Charente le 28 août 1816, et de celui du Lot les 20 août 1817, 12 octobre 1820 et 24 décembre 1823 ; il est élu député du grand collège du Lot, le 20 septembre 1817. Par une ordonnance du 23 décembre 1823, le Roi Louis XVIII le fait pair de France.

, auteur commanditaire (attribution par source)

Situé dans la vallée du Cern, le château de Rastignac est une construction en pierre de taille d'une extrême régularité. De plan massé, l'édifice présente un corps de logis central complété par deux pavillons rectangulaires. Côté cour, le traitement très angulaire de la façade ordonnancée est accentué par la présence des deux pavillons rectangulaires. Au nord-est, du côté de la vallée qu'elle domine, la grande façade du logis est précédée d'une terrasse, dont l'accès se fait par un escalier extérieur à deux volées convergentes. La façade possède un avant-corps semi-circulaire protégé par un portique semi-circulaire de colonnes ioniques libres. La régularité symétrique des travées du corps de logis exprime parfaitement la mode néoclassique. Le toit, à très faible pente, est masqué par une balustrade régnant sur tout le pourtour du bâtiment. A l'intérieur, un grand vestibule "à l'antique", à l'origine doté d'un petit bassin central, est animé par un portique de colonnes toscanes qui lui confère un grand effet plastique. Il donne accès, à droite, à un escalier tournant à deux volées droites d'une grande sobriété et, en face, à un salon ovale. Caractérisé par des lignes épurées et des proportions très sobres, le château de Rastignac fait face à une orangerie réhabilitée en garage, marquée par des ouvertures en plein-cintre. Subsistent également dans son environnement immédiat les ruines d'autres dépendances, peut-être les anciennes écuries et des cuviers.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise
Étages

sous-sol, 1 étage carré

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à deux pans

  2. Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

État de conservation
  1. restauré

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , La Bachellerie

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: château de Rastignac

Cadastre: 1825 B1 418, 1958 AD 10

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