Ensemble des verrières de l'église

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Pau

Dans une lettre qu'il adresse au maire de Pau le 22 juin 1863, constatant l'insuccès du premier appel d'offre pour les travaux de l'église (seul le lot de serrurerie a été attribué), Émile Boeswillwald préconise de réunir les lots restants en un seul et de réévaluer le devis en fonction de l'évolution des tarifs. Le lot de vitrerie est ainsi intégré à l'appel d'offre unique remporté par l'entrepreneur bordelais Escarraguel. On trouve donc très peu de mentions spécifiques à la réalisation des verrières de l'église dans les archives publiques, nous rendant, à l'heure actuelle, cette partie du chantier mystérieuse.

Les travaux de vitrerie semblent commencer très tôt dans le chantier, comme l’indique une lettre datée du 4 novembre 1868 dans laquelle l’architecte avertit le maire qu’il prépare des devis pour les vitraux.

L'historien de l'église, le chanoine Laborde, attribue le dessin des verrières à Louis Steinheil, sous l'autorité de Boeswillwald, et leur réalisation au peintre-verrier Édouard Didron. Steinheil était l'un des plus fidèles collaborateurs de l'architecte. Entre 1852 et 1885, les deux hommes collaborent ainsi sur sept chantiers au moins, dont ceux des cathédrales de Laon et Bayonne. La paternité de Steinheil est d'ailleurs confirmée par l'inscription que l'on peut relever sur l'une des verrières d'une chapelle du transept. Le registre des grands cartons et celui des petits cartons de l'atelier Gaudin, qui comprennent des cartons signés Steinheil (Gaudin avait acheté le fonds de l'atelier Steinheil en 1925), confortent plus encore cette attribution. On y trouve, en effet, les cartons des verrières 009, 105, 200, 201, 202, 207, 208, 209, 210 et d'une grande partie de la rose 213 (14 cartons sur 25 éléments). La très grande cohérence stylistique, due bien sûr à l'intervention d'un seul artiste, Steinheil, peut, en outre, laisser supposer une réalisation des verrières en un laps de temps très court.

L'artiste, en parfaite cohérence avec le programme global de l'édifice, se réfère ici à l'art des peintres-verriers du XIIIe siècle. Il n'hésite pas ainsi à s'inspirer directement des œuvres qu'il a pu admirer sur d'autres chantiers. C'est le cas notamment des baies 100 à 106 qui dérivent de façon quasi littérale des oculi de la rose de Arts Libéraux de la cathédrale de Laon, datant du premier quart du XIIIe siècle, que Steinheil a restaurés en 1865, soit à la même période que la construction de l'église Saint-Martin. Grand connaisseur et collectionneur d'art médiéval, Steinheil avait racheté à la municipalité de Pontigny les célèbres vitraux de l'abbaye cistercienne qui lui ont peut-être inspiré les verrières à grisailles de la nef.

Le programme est complété en 1919 par le don de Joseph Mauméjean, à l'occasion du mariage de sa fille Marie dans l'église, de deux verrières destinées aux chapelles de Notre-Dame-de-Lourdes et des fonts baptismaux, sur les thèmes de l'éducation de la Vierge et du Baptême du Christ.

Le 9 octobre 1929, un fort orage de grêle endommage l'ensemble des verrières de la façade ouest de l'église. Un marché est alors passé avec Joseph Mauméjean pour leur restauration dans les ateliers de la firme à Hendaye. Le coût des travaux se montera, le 1er juin 1929, à 28.755 francs. La campagne ne sera cependant achevée qu'en 1934 par Pierre Arcencam qui restaurera les vitraux de la nef et des bas-côtés pour un montant de 13.000 francs.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Principale : 2e quart 20e siècle

Dates

1918, porte la date

Auteurs Auteur : Steinheil Louis Charles Auguste, cartonnier (attribution par source, signature)
Auteur : Didron Édouard

Édouard Aimé Didron (Paris, 13 octobre 1836 - 15 avril 1902), neveu et pupille d'Adolphe Napoléon Didron (1806-1867), lequel l'associe dès 1853 à sa fabrique de vitraux peints, créée en 1849.

, peintre-verrier (attribution par travaux historiques (incertitude))
Auteur : Arcencam Pierre

Pierre Arcencam, né à Pau le 2 mars 1867 et mort dans la même ville en 1939. "Peintre sur vitraux", formé dans l'atelier palois de Jules Pierre Mauméjean, il devient son contremaître à Hendaye et Biarritz avant de fonder en 1909 sa propre entreprise à Pau (au 23, rue Castetnau, puis au 2, rue Arribes), où il travaille seul sur le mode artisanal (*). Au moment de son mariage en 1902, il est dit "habitant à Biarritz" (où Mauméjean a créé une succursale en 1898).

Fils de Jean Arcencam (1833-1907), charpentier palois originaire de Caubios-Loos, et de Jeanne Latour, Arcencam épouse à Pau, le 24 avril 1902, Joséphine >marie Louise Cabau (née à Pau le 30 avril 1877), couturière, fille d'Édouard Lucien Cabau, tapissier, et de Louise Bordenave, et sœur de Louis Henri Cabau, aussi tapissier (marié en 1900 à la sœur de Pierre Arcencam, Jeanne Marie). Le couple a quatre enfants : Louise Jeanne Lucienne (Pau, 1903-1999), en 1924 Mme Arthur Désiré Ernest Busin, Ernest Lucien Henri (Biarritz, 1904 - Pau, 1984), Jean Lucien (Biarritz, 1906 - Pau, 1992) et Georges Émile (Biarritz, 1906), jumeau. Source : Geneanet.

(*) Évoqué par Henri Bellocq ("Pierre Arcencam dans son atelier", Mémoires de Pau, bulletin n° 11, Association mémoire collective en Béarn (A.M.C.B.), Bizanos, 1996, p. 7) : "[...] dans la rue Arribes. Il y avait là un fabricant de vitraux. C'était un personnage absolument hors du temps que j'ai vu travailler dans des conditions aussi inconfortables que monsieur Gabard {le sculpteur Ernest Gabard], mais à l'intérieur d'une petite échoppe, comme on dit à Bordeaux... Il y avait une espèce de sérénité chez ce monsieur qui assemblait des petits morceaux de verre multicolore, avec des pâtes à base de plomb, je suppose, il réalisait des petits chefs-œuvre avec une discrétion, une sérénité, un grand silence... Il travaillait seul, mais c'était un vrai artiste qui n'avait pas besoin de publicité. Il travaillait pour lui, pour les autres bien sûr, mais je pense qu'il faisait ça aussi pour l'art. Il me voyait passer, il me voyait le regarder, il m'a rarement adressé la parole, parce qu'il avait besoin, sans doute, d'une certaine concentration comme tout artiste, et je me faisais un devoir de la respecter : [...] je savais que ce monsieur faisait quelque chose que nous étions incapables de faire nous-même. Il s'appelait monsieur Arcencam." (cité dans : Isabelle Croizier Varillon, L'art sacré en Béarn et en Pays basque dans la période de l'entre-deux-guerres, thèse, Université de Pau et des Pays de l'Adour, 2012, p. 170).

, peintre-verrier, restaurateur (attribution par source)
Auteur : Mauméjean Joseph Jules

Joseph Jules, dit José (Pau 1869 - Hendaye 1952), fils aîné de Jules-Pierre Mauméjean, le fondateur de la fabrique familiale de vitrail, est d'abord associé à son père ("J. Mauméjean et fils"), puis fonde vers 1895 avec son frère Henri l'atelier madrilène de la maison ("Vitraux et céramiques d'art"). Il crée le 17 mai 1923, avec ses deux frères survivants (Henri et Carl), la société anonyme "S.A. Mauméjean Frères, Paris - Madrid - Hendaye - San Sebastian". José Mauméjean dirige la manufacture d'Hendaye jusqu'à sa fermeture en 1940.

,
Lieux d'exécution

lieu d'exécution

Édifice d'origine : (incertitude)

Localisation : Paris , Île-de-France , Paris

lieu d'exécution

Les verrières de l'église, en verre transparent peint, s'organisent en trois types : des lancettes, souvent appartenant elles-mêmes à des triplets (baies 207, 208, 209, 210, 211, 212, 215-230), des oculi (baies 100-106 et 009-010) et les deux roses du transept.

On peut également distinguer deux types de décors : historié dans le chœur et le transept et décoratif dans la nef, à l'exception des oculi placés au-dessus des portes latérales de l'église (009 et 010) et des deux verrières réalisées par les ateliers Mauméjean (017 et 018).

Les cartons de Steinheil, que ce soit pour les verrières historiées ou pour les verrières décoratives, s'inspirent très directement des réalisations du XIIIe siècle, s'inscrivant parfaitement dans le programme défini par Boeswillwald pour l'ensemble de l'édifice.

Catégories

vitrail

Structures
  1. lancette
  2. oculus de réseau, polylobé
Matériaux
  1. Matériau principal : verre transparent

    Techniques : peint

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Pau , rue Henri-IV

Milieu d'implantation: en ville

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...