Le Centre d’Art Contemporain de Meymac
La présence d’un Centre d’Art Contemporain en milieu rural est assez insolite. La Directrice et fondatrice de ce centre, Caroline Bissière, nous présente à travers cette interview les objectifs et actions de ce lieu culturel très reconnu dans le milieu de l’art contemporain.
Vidéo
Publiée le 10 juillet 2018
# Corrèze, Meymac
# Opération d'inventaire : Hors opération
# Art et création
# 21e siècle
Interview de Caroline Bissière, Directrice du Centre d'art de Meymac :
"Contrairement au musée, qui a pour fonction de conserver les œuvres, un centre d’art a pour mission de promouvoir et de divulguer la création contemporaine, ce qui est différent. On pourrait dire que le panorama culturel a extraordinairement évolué en France au début des années 80, c’est-à-dire à la période où le centre est créé (première exposition 1979). A cette époque-là en France, il y avait quelques musées d’art contemporain : à Saint-Etienne, Bordeaux, bien sûr différentes structures à Paris. Mais si vous étiez un habitant de Corrèze, vous n’aviez aucune possibilité d’être en contact avec la création d’aujourd’hui.
Il se trouve qu’à Meymac, ce bâtiment dont nous avons l’usage depuis maintenant près de quarante ans était en déshérence. Après avoir été une abbaye, une école, entre autres, il était devenu une colonie de vacance pour la ville de Dieppe. Ce sont ces raisons qui nous ont conduits à nous intéresser à ce territoire et à essayer d’y monter un centre d’art contemporain.
Le programme du centre s’articule habituellement en trois cycles qui couvrent l’ensemble de l’année. Généralement, une exposition thématique au moins par an, une exposition monographique et un cycle de soutien à la jeune création avec des artistes issus des écoles d’art. Ces trois cycles sont complétés hors les murs par le calendrier de l’avent qui lui illumine la façade en décembre qui est réalisé sous la base d’une souscription.
Je dirais que ce qui fait la différence entre le centre d’art de Meymac et la plupart des autres structures, c’est qu’au lieu de partir de l’artiste, nous partons d’une autre perception de ce qui se passe dans la société d’aujourd’hui à un temps « t ». A partir de là, on essaie de dégager, comme on tirerait le fil d’une pelote, un thème qui va nous sembler illustrer, rendre compte, exprimer ce qui justement est important aujourd’hui.
Un centre d’art a une mission de service public. Donc, on ne peut pas dire que nous choisissons des artistes qui, à titre personnel, nous sembleraient majeurs, essentiels, incontournables ou que nous aimerions. Nous sommes contraints, mais je dirais comme quelqu’un qui s’occupe d’un théâtre ou d’une salle de spectacle, de penser à qui nous nous adressons et d’essayer d’avoir une lecture la plus « honnête », la plus réaliste possible du sujet que l’on appréhende. Le public, il est au cœur, il est au centre de nos préoccupations.
La mission du centre d’art telle que je la conçois c’est d’ouvrir le regard, de développer la curiosité de toute personne qui entre dans nos salles d’exposition. L’objectif si vous voulez, il n’est pas que le visiteur adhère et soit tout à coup subjugué ou ait un coup de cœur. Bien sûr que nous le souhaitons, mais ce n’est pas ça la mission première. La mission, c’est de dénouer cette appréhension qu’a le public, encore aujourd’hui, de passer la porte. Le premier pas, c’est passer la porte."
"Contrairement au musée, qui a pour fonction de conserver les œuvres, un centre d’art a pour mission de promouvoir et de divulguer la création contemporaine, ce qui est différent. On pourrait dire que le panorama culturel a extraordinairement évolué en France au début des années 80, c’est-à-dire à la période où le centre est créé (première exposition 1979). A cette époque-là en France, il y avait quelques musées d’art contemporain : à Saint-Etienne, Bordeaux, bien sûr différentes structures à Paris. Mais si vous étiez un habitant de Corrèze, vous n’aviez aucune possibilité d’être en contact avec la création d’aujourd’hui.
Il se trouve qu’à Meymac, ce bâtiment dont nous avons l’usage depuis maintenant près de quarante ans était en déshérence. Après avoir été une abbaye, une école, entre autres, il était devenu une colonie de vacance pour la ville de Dieppe. Ce sont ces raisons qui nous ont conduits à nous intéresser à ce territoire et à essayer d’y monter un centre d’art contemporain.
Le programme du centre s’articule habituellement en trois cycles qui couvrent l’ensemble de l’année. Généralement, une exposition thématique au moins par an, une exposition monographique et un cycle de soutien à la jeune création avec des artistes issus des écoles d’art. Ces trois cycles sont complétés hors les murs par le calendrier de l’avent qui lui illumine la façade en décembre qui est réalisé sous la base d’une souscription.
Je dirais que ce qui fait la différence entre le centre d’art de Meymac et la plupart des autres structures, c’est qu’au lieu de partir de l’artiste, nous partons d’une autre perception de ce qui se passe dans la société d’aujourd’hui à un temps « t ». A partir de là, on essaie de dégager, comme on tirerait le fil d’une pelote, un thème qui va nous sembler illustrer, rendre compte, exprimer ce qui justement est important aujourd’hui.
Un centre d’art a une mission de service public. Donc, on ne peut pas dire que nous choisissons des artistes qui, à titre personnel, nous sembleraient majeurs, essentiels, incontournables ou que nous aimerions. Nous sommes contraints, mais je dirais comme quelqu’un qui s’occupe d’un théâtre ou d’une salle de spectacle, de penser à qui nous nous adressons et d’essayer d’avoir une lecture la plus « honnête », la plus réaliste possible du sujet que l’on appréhende. Le public, il est au cœur, il est au centre de nos préoccupations.
La mission du centre d’art telle que je la conçois c’est d’ouvrir le regard, de développer la curiosité de toute personne qui entre dans nos salles d’exposition. L’objectif si vous voulez, il n’est pas que le visiteur adhère et soit tout à coup subjugué ou ait un coup de cœur. Bien sûr que nous le souhaitons, mais ce n’est pas ça la mission première. La mission, c’est de dénouer cette appréhension qu’a le public, encore aujourd’hui, de passer la porte. Le premier pas, c’est passer la porte."