Ferme dite la métairie de la Gâtinerie, puis demeure

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon

La métairie de la Gâtinerie s'élevait à l'emplacement de cette demeure et de sa voisine, à l'est (22 rue Gabriel Auchier). L'analyse croisée d'un plan du bourg vers 1780, d'un plan des lieux en 1802, du plan cadastral de 1833 et de celui de 1943, permet d'affirmer qu'à l'emplacement de la demeure se trouvait le logis de la métairie, perpendiculaire à la voie. Il comprenait deux chambres, un cellier, un four et son fournil ou fourniou, et des toits. Un escalier extérieur lui était accolé, sans doute pour desservir un grenier (cet escalier est peut-être celui qui se trouve dans l'aile de service qui prolonge la demeure, et qui aurait alors été remployé au moment de la construction de celle-ci). A l'est, à la place de la maison voisine, se trouvait une grange-étable-écurie. Les deux ensembles étaient séparés par une entrée de cour, là où l'actuelle rue de la Gâtinerie débouche sur la rue Gabriel Auchier. Derrière le logis prenaient place un puits puis un jardin. Vers le sud-est (à l'est de la rue de la Gâtinerie) s'étendaient une ouche (jardin potager) et un verger, jusqu'à un cours d'eau depuis lors comblé et remplacé par la rue de la Petite Douve. A ce cours d'eau était perpendiculairement relié un fossé qui desservait l'ouche et le jardin de la Gâtinerie (vers l'actuel 15 rue de la Gâtinerie). Enfin, vers l'est, se trouvait l'ancien fief de Verruyé, fondu au fil du temps avec la métairie de la Coulonnerie.

A la fin du 17e siècle, la Gâtinerie appartient à Bonaventure Leduc, écuyer, seigneur de Pouzay, abbé commendataire du prieuré de Fontblanche (dont dépend aussi la Cour de Glande), ainsi qu'en partie à son frère, César. Ils en ont peut-être hérité de leurs parents, Pierre Leduc, seigneur de Pouzay, receveur des tailles maire de Niort, et Gabrielle Cochon. Le 26 mars 1691, Bonaventure Leduc vend le domaine à Pierre Daguin, conseiller et procureur du roi à Niort, mais un de ses créanciers, Jean Gellée, sieur de la Maisonneuve, ancien chirurgien du roi de Pologne Jean III Sobieski, demeurant à Paris, s'oppose à la vente. En 1713, au terme d'un long procès, il devient propriétaire de la Gâtinerie que doit alors quitter la veuve Daguin, née Piot. La fille de Jean Gellée, Anne Suzanne (1685-1745), mariée en 1705 avec Jean-Louis Marrier (1673-1726), bourgeois de Paris, juge et garde de la monnaie de Paris, rend déclaration le 23 juin 1733 à la commanderie de Sainte-Gemme, de Benet, pour "une maison appelée la Gatinerie, consistant en trois chambres basses, deux hautes, grenier par-dessus, une grange, une écurie, un toit à brebis et pourceaux, une ouche, un jardin, des "cours, coursoir, courtilage", une aire, le tout tenant d’un côté au grand chemin de Coulon à Niort à main dextre, d’autre côté et d’un bout aux grange, aire et ouche de Monsieur de Montbrun, seigneur de Coulon.

Anne Suzanne Gellée apporte la Gâtinerie à son fils, Jean-Louis Marrier (1706-1786), lieutenant de la maîtrise particulière des Eaux et forêts de Fontainebleau, anobli en 1782. L'un des fils de ce dernier, Jacques Marrier (1746-1828), seigneur de la Gâtinerie, est ingénieur constructeur à la Marine royale en 1772, chef du Génie maritime en 1774. Membre du comité de création de l'Ecole polytechnique, directeur de la construction navale à Paris et Compiègne, il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1804 et chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1814, en tant que capitaine de vaisseau en retraite. Dès 1790, il projette de vendre aux enchères la Gâtinerie, vente qui n'a finalement pas lieu. Le domaine est alors décrit : "un corps de bâtiment composé de huit pièces au rez-de-chaussée, savoir trois chambres, un cellier, un fournil, deux toits à brebis et un toit à porc ; de cinq autres pièces régnant sur partie de celles ci-dessus désignées, savoir : une chambre à feu à côté de laquelle est un grenier, une autre chambre au-dessus de laquelle est un grenier, et à côté une chambre à feu" ; "un autre corps de bâtiment composé d'une grange, au nord de laquelle il a été fait nouvellement une étable, d'une écurie attenant au couchant de ladite grange". Le plan des lieux en 1802 est établi dans le cadre de la gestion du domaine par M. Clerc du Fief au nom de M. Marrier de la Gâtinerie, et probablement dans le contexte d'un incendie qui a ravagé la partie orientale du bourg et a menacé la propriété.

Le 9 novembre 1810, Marrie de la Gâtinerie vend le domaine à Louis Vallet (1758-1828), marchand originaire de Niort, établi à Coulon où il a épousé en 1788 Marie Cathelineau (en 1805, il a par ailleurs acheté l'ancien prieuré de Coulon, place de l'église). Louis Vallet décède à Coulon en 1828, et ses biens vont à sa fille, Marie-Madeleine, mariée en 1813 avec François Faribaud, maire de Coulon de 1830 à 1848. En 1833, la Gâtinerie appartient à ce dernier. Le cadastre mentionne une démolition et une première reconstruction en 1854-1857. Après François Faribaud, la Gâtinerie passe à sa fille, Marie-Madeleine Faribaud, mariée en 1840 avec Edouard Lancier, vérificateur de l'enregistrement à Fontenay-le-Comte (et fils d'un ancien maire de La Roche-sur-Yon) ; puis au petit-fils de ces derniers, Gabriel-Etienne Giraud, demeurant à Paris, après leurs décès survenus en 1875 et 1876.

La Gâtinerie est vendue peu après à Achille Bouthet des Gennetières, propriétaire, époux de Henriette Malineau de la Brousse. Selon le cadastre, il fait édifier en 1878 la demeure actuelle, à la place des anciennes bâtisses. Son épouse et lui vivent là au recensement de 1901 avec leur fils Gaston, sa famille et trois domestiques. En 1910 et 1911, Gaston Bouthet des Gennetières fait construire par des artisans de Coulon deux roulottes tirées par des chevaux, l'une pour lui-même et ses promenades, la seconde pour la cuisine et les domestiques. Dès 1913, il fait monter la première sur un châssis de camion, fabriqué par Félix Veillet, forgeron et charron à Coulon, permettant de la tracter avec une voiture. Le garage édifié de l'autre côté de la rue Gabriel Auchier, au nord-ouest, sert à l'abriter.

En 1932, le docteur Desfossé s'installe en location à la Gâtinerie, avec promesse de vente, mais meurt prématurément en 1933. Sa belle-mère, Mme Francon, précédemment gouvernante dans un grand hôtel parisien, ouvre alors avec sa mère une pension de famille. Certains aménagements réalisés à cette époque demeurent de nos jours (placards d'angles, cloison vitrée séparant la salle à manger du salon...). Un moteur électrique permet de tirer l'eau d'un puits et d'alimenter les cinq chambres des clients. L'établissement ne dure cependant que quelques années, faute de moyens financiers suffisants. En 1939, la Gâtinerie est vendue par M. Bouthet des Gennetières à M. et Mme Albert, puis en 1957 à Simon Forget, médecin, et enfin en 1989 à M. et Mme Chapagain.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

La propriété, délimitée par un mur de clôture, englobe la maison, au nord-est, un passage d'entrée puis une aile de communs (écurie avec boxes, hangar...) en retour d'équerre, au nord-est, une cour puis un grand parc au sud. Le passage d'entrée est constitué d'un grande porte charretière et d'une porte piétonne. Entre les deux a été remployée une pierre sculptée, ornée d'un chardon. Sur le côté est de la cour, une porte piétonne à piliers maçonnés, encadrée par des murets et des grilles en ferronnerie, donne sur la rue de la Gâtinerie.

La maison, haute d'un étage et d'un surcroît, est prolongée vers l'ouest par une aile de service, à un étage. La maison est couverte d'un toit à croupes que souligne une corniche et que surmontent des épis de faîtage en zinc. La façade principale, au sud, est encadrée et scandée par des pilastres, et elle présente cinq travées d'ouvertures, réparties symétriquement autour de la porte centrale. Le décor se différencie d'un niveau à l'autre : baies à encadrement saillant, linteau en arc segmentaire, clé de linteau saillante et larmier au rez-de-chaussée où les pilastres sont en assises de pierre à joints continus ; baies à encadrement mouluré et clé de linteau saillante, avec pilastres simples, à l'étage ; baies à encadrements saillants et pilastres canelés au surcroît.

Au nord de la propriété, de l'autre côté de la rue, se trouve un ancien garage. Couvert d'un toit à débordement et en ardoise, sa façade, sur le mur pignon, est notamment percée d'une grande porte charretière, à encadrement en brique et pierre.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

1 étage carré, étage en surcroît

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Typologie
  1. Maison indépendante
  2. Maison de maître
  3. 5

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , 10 rue Gabriel Auchier

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1833 D 545, 2024 AI 35

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