Les habitants associés à l’enquête d’inventaire conduite à Libourne (Gironde)
Dans le cadre d’un partenariat entre la Ville de Libourne et la Région Nouvelle-Aquitaine, une opération d’inventaire général du patrimoine culturel de la ville de Libourne a été engagée le 1er juin 2023. La Région et la Ville de Libourne ont souhaité que les habitants participent au débat public et s’expriment sur « ce qui fait patrimoine » dans leur commune. Le service régional du patrimoine et de l’Inventaire a donc inscrit l’opération dans cette dynamique locale de concertation publique à travers des ateliers collaboratifs.
Carnet du patrimoine
publié le 03 avril 2024
# Gironde, Libourne
# Opération d'inventaire : Ville de Libourne
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Un inventaire du patrimoine de la commune de Libourne…
Dans le cadre d’un partenariat entre la Ville de Libourne et la Région Nouvelle-Aquitaine, une opération d’inventaire général du patrimoine culturel de la ville de Libourne a été engagée le 1er juin 2023 pour les trois prochaines années. Tom-Loup Roux, chercheur associé au service régional du patrimoine et de l’Inventaire, a été recruté pour conduire cette mission.
La Région, tout comme la Ville de Libourne, attache un grand intérêt à ce que les habitants participent au débat public et s’expriment sur « ce qui fait patrimoine » au sein de leur commune. À Libourne tout particulièrement et depuis plusieurs années déjà, la Ville prend en compte le point de vue de ses habitants dans le cadre de ses projets d’aménagement urbain et de valorisation patrimoniale [1].
… qui associe la population à travers des ateliers participatifs.
Le service régional du patrimoine et de l’Inventaire a souhaité inscrire l’opération dans cette dynamique locale de concertation publique pour développer une nouvelle approche de l’opération d’Inventaire. Cette manière de penser l’enquête d’inventaire s’inscrit dans la politique régionale pour les droits culturels et la Convention du Conseil de l'Europe sur la valeur du patrimoine pour la société, dite convention de Faro, en favorisant « les projets qui privilégient les relations de qualité avec les personnes, pour leur permettre d’étendre leurs libertés effectives de choix ». [2]
Précisément, le service du patrimoine et de l’Inventaire a souhaité intégrer à cette mission un volet collaboratif dont l’objectif principal est de proposer une nouvelle forme de gouvernance partagée autour de la question patrimoniale. Depuis neuf mois, Tom-Loup Roux arpente la ville, rencontre et échange avec les habitants de Libourne intéressés par cette mission d’inventaire ; ces rencontres ont d’ores et déjà permis de réunir une communauté de soixante personnes sensibles à la question patrimoniale. De cette manière et pour débuter ce projet d’inventaire partagé, la ville de Libourne a accueilli le 14 février dernier le premier « Atelier du patrimoine » dans la salle des mariages de l’hôtel de ville. Nombreux sont les Libournaises et Libournais qui ont répondu présents à cet événement. L’objectif était simple : définir ce qui fait patrimoine sur le territoire en vue de réaliser un inventaire collaboratif à l’échelle de la commune.
L’atelier s’est déroulé dans une ambiance conviviale, durant près de deux heures, sous la conduite et l’animation de Julie Dumont, 1ère adjointe à la démocratie participative. À la suite d’un quizz patrimonial et d’une tempête des cerveaux, les habitants ont trouvé de très nombreux sujets du patrimoine qui, selon eux, participent à définir l’identité de la ville. Chaque personne a ainsi pu exprimer ce qui faisait patrimoine pour elle : habitats, églises, lavoirs, jardins publics, street art, pêche à l’escave, ferronneries, vieilles publicités…
Tous ces éléments ont ensuite été regroupés dans de grandes thématiques permettant d’aborder tous les sujets du patrimoine (artistique, de l’eau, culinaire, vitivinicole, naturel, ordinaire, industriel et commercial, sportif, littéraire, rural). En outre, la question de la mémoire collective est revenue à plusieurs reprises ; les volontaires ont rappelé que celle-ci était étroitement liée à chacune de ces thématiques. Suite à un temps d’échange avec Tom-Loup Roux, l’assemblée a décidé de se concentrer, dans un premier temps, sur seulement cinq de ces thématiques, à savoir : le patrimoine viti-vinicole, le patrimoine fluvial, le patrimoine militaire, le patrimoine industriel et commercial, ainsi que l’architecture civile, militaire, publique et religieuse.
L’assemblée des participants s’est alors divisée en plusieurs groupes afin de localiser sur des cartes les éléments du patrimoine qui appartenaient à chacune de ces thématiques. Le résultat fut riche d’informations précieuses, avec une grande variété des sujets identifiés par les habitants.
À l’issue de ce premier atelier, l’une des principales demandes des participants était de pouvoir être autonomes pour réaliser cet inventaire sur le terrain durant les prochains mois. C’est pourquoi, lors de la prochaine séance – prévue le 6 avril 2024 – les habitants seront initiés à la méthodologie de l’inventaire général du patrimoine culturel. Au cours de cette deuxième session, les habitants seront divisés en groupes et accompagnés de référents afin de commencer à recenser dans le cœur de bastide les éléments du patrimoine appartenant aux thématiques précédemment étudiées sur carte.
Mettre en œuvre le droit au patrimoine culturel (accès, enrichissement, jouissance...) [3] pour chaque habitant
Cet inventaire a pour ambition de se poursuivre ensuite par groupe d’intérêt, à l’échelle du territoire communal, tout en restant ouvert sur la durée à d’autres personnes soucieuses de contribuer à cette belle aventure patrimoniale. Plusieurs outils seront mis en œuvre pour « aller vers », dialoguer avec le plus grand nombre d’habitants et faciliter la démarche d’appropriation. C’est le cas d’un projet (encore à l’étude) de création d’une carte interactive en ligne. Au cours des prochains mois, plusieurs ateliers du patrimoine seront programmés, notamment aux archives municipales, pour découvrir l’analyse des sources documentaires, mais également à la médiathèque municipale afin d’étudier le fonds iconographique de cartes postales anciennes.
À terme, l’objectif est de reconnaitre et de mettre en œuvre le droit au patrimoine pour chaque personne, en prenant en compte la diversité des patrimoines et des récits qui leurs sont liés, dans un enrichissement mutuel. Cette expérience menée à Libourne, qui fera date, pourra servir de modèle pour d’autres territoires.
Tom-Loup Roux, chargé de mission pour l'inventaire du patrimoine culturel de la ville de Libourne.
Notes
[2] Jean-Michel Lucas et Aline Rossard, Présentation et extraits du rapport : Droits culturels des personnes, Préconisations pour la Région Nouvelle-Aquitaine, 2019, pp. 1-48, spécialement p. 11, d’après l’article 15 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966.
[3] Pour en savoir plus sur le droit au patrimoine culturel :
- - Une approche basée sur les droits culturels au patrimoine (Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme)
- - Article 4 de la Convention de Faro : « Toute personne, seule ou en commun, a le droit de bénéficier du patrimoine culturel et de contribuer à son enrichissement ».