Le cinéma Lumen à Ambès (Gironde)
Carnet du patrimoine
publié le 12 janvier 2023
# Gironde, Ambès
# Hors opération d'inventaire
# Architecture de culture - recherche - sport ou loisirs, #Cinéma
# 20e siècle
Une façade de cinéma
Le cinéma Lumen à Ambès (Gironde) a ouvert ses portes le 3 mars 1960. Le projet était d’ordre privé. Marcel Castet (1920-2010), habitant d’Ambès, contremaître à la raffinerie Caltex (devenue Elf), en avait eu l’initiative. Avant cela, lui et son frère proposaient des projections dans des salles des fêtes des villages autour d’Ambès. Un ouï-dire local veut que Marcel Castet ait dessiné le cinéma et l’aurait même construit. Sans douter de ses capacités, il semble probable qu’il ait été aidé dans son chantier, à la fois dans la conception et dans la réalisation. Les plans accompagnant le permis de construire sont signés par Louis Laroche « entrepreneur du bâtiment, ciment armé à Saint-Ciers-de-Canesse (Gironde) ». Le cachet du service département de l’urbanisme et de l’habitation de la Gironde porte la date du 27 mars 1959 [2].
Tant par l’aspect de sa façade que par sa conception technique, la réalisation présente des qualités architecturales indéniables. Le bâtiment devait répondre à de multiples contraintes. La salle est polyvalente, cinéma et spectacle, des loges sont prévues à côté de la scène, un bar est aménagé à l’étage. Les plans mentionnent 349 fauteuils au parterre, 115 pour le balcon. Un logement pour le « directeur » est aménagé au 3e niveau, avec une terrasse accessible donnant sur la Dordogne non loin. Les plans montrent un savoir-faire dans le rendu du dessin, ombres à 45 degrés par exemple. Sans signature d’architecte, il n'est pas exclu qu’un collaborateur d’architecte travaillant au sein de l’entreprise Laroche ait pu intervenir pour un tel projet.
Le plan modificatif au projet initial présenté au service de l’urbanisme, transforme radicalement la façade sans style en une façade de salle de spectacle et plus précisément de « cinéma ». Le toit du logement du niveau supérieur disparaît désormais derrière le couronnement horizontal de l’élévation. Le nom du cinéma en lettres métalliques est disposé de façon inclinée sur la grille du premier niveau.
Le rez-de-chaussée est percé par un triplet de portes à battants surmontées par un auvent arrondi. Un cadre saillant entoure ce niveau de façade. Comme souvent à cette époque, les montants verticaux de ce cadre présentent une oblique. Les éléments verticaux se poursuivent au deuxième niveau jusque sous et autour du balcon du troisième niveau. Les pleins et les vides sont ainsi soulignés verticalement et horizontalement selon une géométrie simple et claire, jouant avec les effets d’ombre et de lumière, naturelle le jour et artificielle la nuit.
Le cinéma Lumen à Ambès (Gironde) a ouvert ses portes le 3 mars 1960. Le projet était d’ordre privé. Marcel Castet (1920-2010), habitant d’Ambès, contremaître à la raffinerie Caltex (devenue Elf), en avait eu l’initiative. Avant cela, lui et son frère proposaient des projections dans des salles des fêtes des villages autour d’Ambès. Un ouï-dire local veut que Marcel Castet ait dessiné le cinéma et l’aurait même construit. Sans douter de ses capacités, il semble probable qu’il ait été aidé dans son chantier, à la fois dans la conception et dans la réalisation. Les plans accompagnant le permis de construire sont signés par Louis Laroche « entrepreneur du bâtiment, ciment armé à Saint-Ciers-de-Canesse (Gironde) ». Le cachet du service département de l’urbanisme et de l’habitation de la Gironde porte la date du 27 mars 1959 [1].
Tant par l’aspect de sa façade que par sa conception technique, la réalisation présente des qualités architecturales indéniables. Le bâtiment devait répondre à de multiples contraintes. La salle est polyvalente, cinéma et spectacle, des loges sont prévues à côté de la scène, un bar est aménagé à l’étage. Les plans mentionnent 349 fauteuils au parterre, 115 pour le balcon. Un logement pour le « directeur » est aménagé au 3e niveau, avec une terrasse accessible donnant sur la Dordogne non loin. Les plans montrent un savoir-faire dans le rendu du dessin, ombres à 45 degrés par exemple. Sans signature d’architecte, il n'est pas exclu qu’un collaborateur d’architecte travaillant au sein de l’entreprise Laroche ait pu intervenir pour un tel projet.
Le plan modificatif au projet initial présenté au service de l’urbanisme, transforme radicalement la façade sans style en une façade de salle de spectacle et plus précisément de « cinéma ». Le toit du logement du niveau supérieur disparaît désormais derrière le couronnement horizontal de l’élévation. Le nom du cinéma en lettres métalliques est disposé de façon inclinée sur la grille du premier niveau.
Le rez-de-chaussée est percé par un triplet de portes à battants surmontées par un auvent arrondi. Un cadre saillant entoure ce niveau de façade. Comme souvent à cette époque, les montants verticaux de ce cadre présentent une oblique. Les éléments verticaux se poursuivent au deuxième niveau jusque sous et autour du balcon du troisième niveau. Les pleins et les vides sont ainsi soulignés verticalement et horizontalement selon une géométrie simple et claire, jouant avec les effets d’ombre et de lumière, naturelle le jour et artificielle la nuit.
La recherche du « modèle »
Ces formes architecturales sont dans la culture des concepteurs, quels qu’ils soient, et cela même pour de petits programmes tels que ces cinémas de province. C’est ainsi que l’on rejoint la notion de « modèle ». Parmi les six définitions du mot proposées par le dictionnaire Petit Robert, trois peuvent se rapporter à l’architecture : archétype, maquette et représentation simplifiée d’un processus ou d’un système. Cette notion d’archétype correspond bien à ce que l’on observe ici. Dit avec d’autres mots, le « modèle est un terme générique incluant les concepts de figure, de référence, et d’analogie » [3].
Dans les premières années du 20e siècle, l’engouement pour le cinéma est tel que des dizaines de salles ont été construites à Bordeaux, alentours et plus loin. À Langoiran, l’architecte André Lamire construit le Splendid en 1948. Plutôt proche du Lumen dans la composition de sa façade : la salle de la Lutz a été construite en 1951 à Peyrehorade (Landes) par l’architecte Georges Scache.
Le cinéma le Rio de Capbreton succède à la fin des années 1950 à l’Olympia sur le même emplacement. La partition de la façade ressemble à celle du Lumen.
Le projet
- Bertrand Charneau
[1] Lien vers le dossier de présentation de la commune d'Ambès (enquête 2003).
[2] Nous remercions Antoine Vignaud pour la mise à disposition de sa documentation personnelle.
[3] Anne Coste. Quel sens pour le polysémique terme de modèle ? ». 2008. Hal-00923363