Une villa signée Le Corbusier aux Mathes
Carnet du patrimoine
Publié le 4 décembre 2015
# Charente-Maritime, Les Mathes
# Étude : L'estuaire de la Gironde
# Villa
# 2e quart 20e siècle
Une des premières villas de La Palmyre
La station balnéaire de la Palmyre est née dans les années 1960. Mais dès le début du 20e siècle, La Palmyre attire les investisseurs, notamment pour l'espace situé actuellement entre la plage et le carrefour de La Palmyre, où se trouvait alors une station du tramway reliant Saint-Palais-sur-Mer et la pointe de la Coubre. Ainsi, dans les années 1900, puis dans l'Entre-deux-guerres, une poignée de villas sont construites le long de ce qui n'est encore qu'un chemin environné par du sable. La villa "le Sextant" fait partie de celles-là. Aujourd’hui, le chemin, devenu avenue de l'Océan, est entouré de bois.
Une œuvre de Le Corbusier pour l'un de ses amis
Le commanditaire de la villa, Albin Peyron (1870-1944), est officier de l'Armée du Salut, créateur en 1926 des "soupes de minuit" offertes aux sans-logis. Souhaitant faire construire une maison de vacances près de Royan pour sa fille, Peyron fait appel, en 1935, à l'un de ses amis architectes, non des moindres : Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier (1887-1965). Celui-ci vient d'achever à Paris, la Cité de refuge de l'armée du Salut - dont Peyron était maître d'ouvrage. Assisté de son cousin et collaborateur Pierre Jeanneret, Le Corbusier est alors mondialement connu pour ses réalisations avant-gardistes comme la célèbre villa Savoye de Poissy, près de Paris.
Il semble que Le Corbusier ne soit jamais venu sur place, en raison des fortes contraintes budgétaires pesant sur le projet. Travaillant à partir de photographies de la parcelle données par Peyron, il se serait limité à envoyer ses plans et ses directives aux entrepreneurs, choisis parmi les artisans locaux, là encore pour des raisons financières.
Un principe de construction : le "plan libre"
Dès 1936, année suivant la construction, la villa fait l'objet d'une publication dans la revue d'architecture L'Architecture d'aujourd'hui. Peu après, elle est mentionnée dans l'Encyclopédie de l'architecture. Constructions modernes. Ces publications montrent que, malgré les contraintes budgétaires, Le Corbusier a su concevoir une œuvre conforme à ses principes architecturaux novateurs.
Suivant le principe du "plan libre", les façades, en moellons apparents, ne sont plus destinées à supporter les planchers, mais sont conçues comme des "fournisseurs de lumière", notamment celle tournée vers l'ouest et vers la mer. Dès lors dégagées de toute contrainte de structure, les façades sont organisées par des ouvertures et des pleins disposés librement. Les planchers ne sont plus soutenus que par des poteaux.
Les pièces sont regroupées sur les côtés ouest et nord de la construction. Le côté est est largement occupé par un balcon-terrasse soutenu par des poteaux. Le tiers sud de la villa est consacré à un espace ouvert sur l'extérieur, divisé en deux niveaux par un plancher, comme tout le reste de la villa. À chaque niveau, les pièces, dont Le Corbusier a en grande partie conçu le mobilier, ne communiquent pas entre elles mais ouvrent sur le balcon-terrasse.
Restitution 3D de la villa
Sources
- L'Architecture d'aujourd'hui, 1936, n° 1, p. 42-44.
- Encyclopédie de l'architecture. Constructions modernes. Paris : Albert Morancé, 1929-1940, t. 9, planche 66.
- Villa Le Sextant, les Mathes, France, 1935, dossier en ligne de la Fondation Le Corbusier
- Blog Villa Le Sextant, août 2014
Auteur : Yannis Suire.