La Gironde, une voie navigable aménagée
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Publiée le 15 décembre 2022
# Gironde, Charente-Maritime
# Opération d'inventaire : Estuaire de la Gironde
# Patrimioine maritime et fluvial
# Du 17e au 21e siècle
La Gironde est un vaste estuaire composé des eaux réunies de la Garonne et de la Dordogne, qui se mêlent à marée montante aux flots de l’océan. Depuis l’antiquité, elle a constitué la voie idéale pour transporter les marchandises contribuant au succès commercial du port de Bordeaux. Pourtant, la navigation y est périlleuse, en raison des courants, des vents, des marées et des bancs de sable mobiles qui encombrent son lit. Depuis toujours, les navigateurs qui empruntent cet axe ont donc dû apprendre à s’adapter à ces conditions et à se repérer. Le secteur de l’embouchure s’avère particulièrement complexe avec de nombreux bancs de sable ; il s’agit ensuite de suivre la bonne trajectoire en fonction de la profondeur des fonds et des îles ou amas d’alluvions. Deux chenaux de navigation étaient privilégiés. Le premier côté Saintonge, de faible profondeur, était plutôt réservé aux petits bateaux. Tandis que le deuxième, côté Médoc, plus profond, était adapté aux navires à plus fort tirant d’eau.
La navigation dans l’estuaire nécessitait une connaissance détaillée et une fréquentation quotidienne des lieux. Aussi, dès le Moyen Âge, les marins avaient recours à des pilotes, aussi appelés « lamaneurs ». Ils accostaient les bateaux depuis leurs chaloupes, montaient à bord et les prenaient en charge pour remonter ou descendre l’estuaire. La profession a été progressivement encadrée et règlementée pour éviter tout naufrage, avec des pilotes de mieux en mieux formés et soumis à un examen strict. Autrefois mis en concurrence, selon les ports d’attache, les pilotes de l’estuaire de la Gironde relèvent aujourd’hui d’une seule station, établie au Verdon-sur-Mer. Les 21 pilotes y travaillent avec des moyens mutualisés, des vedettes motorisées, une assistance radar ainsi qu’un hélicoptère qui dépose les hommes à bord des plus gros navires.
Mais avant ces outils modernes, les cartes étaient encore le meilleur instrument pour se repérer. A partir du 18e siècle, la réalisation de cartes plus précises a permis l’amélioration des conditions de navigation. Le tracé des rives et les repères paysagers étaient soigneusement relevés, avec les dunes et les falaises, les pointes et les anses mais aussi les bois, les clochers des églises et les moulins à vent visibles de loin. Les balises en bois et les phares y étaient représentés, avec les traits d’alignement pour déterminer les trajectoires. Et les obstacles étaient signalés, îles ou bancs de sable, bancs de graviers ou zones de vase, avec l’indication précieuse de la profondeur des fonds.
Dès le 16e siècle, plusieurs bancs de sable et d’alluvions situés en aval du Bec d’Ambès ont été identifiés comme de nouvelles parcelles de terrain à investir. Fixés par des digues et des plantations, parfois rattachés aux rivages, ils ont été transformés en terres fertiles. De la vigne y a été plantée et de véritables domaines ont été créés, avec châteaux, dépendances et villages. Ces îles demeuraient toutefois des obstacles pour la navigation et l’encombrement progressif de leurs berges par les alluvions gênait la passe très fréquentée du bec d’Ambès. Dans la seconde moitié du 19e siècle, d’importants travaux ont été engagés pour réunir les nombreuses îles de ce secteur et améliorer ainsi le chenal de navigation. Des digues ont été établies entre les îles Cazeau, du Nord et Verte. La passe de Garguil a été condamnée et le bras dit de Macau, côté Médoc, délaissé au profit d’un seul passage au nord. La « grande île » ainsi formée s’étend aujourd’hui sur 12 kilomètres. Dans les années 1885, l’île a été amputée pour élargir la passe du bec d’Ambès, donnant accès au port de Bordeaux. Ces travaux titanesques ont toutefois été interrompus en 1894, sans régler complètement les problèmes de navigation dans cette partie amont de l’estuaire. Plus au nord, les îles Boucheau et sans Pain ont aussi été réunies pour former l’actuelle Île Nouvelle. Un patrimoine bâti témoigne de la prospérité des propriétés viticoles qui s’y sont développées et qui ont perduré jusque dans les années 1960-1970. On peut notamment visiter le village de l’Île Nouvelle, propriété du Conservatoire du littoral gérée par le Département de la Gironde.
Mais ces îles connaissent désormais une nouvelle histoire. Façonnées par la main de l’homme, elles sont en partie restituées à la nature. Le nord de l’île Nouvelle fait ainsi l’objet d’une « renaturation ». Les digues qui protégeaient les rives depuis 150 ans ont été fortement endommagées par la tempête de 1999 et volontairement laissées en l’état depuis. Ainsi, des inondations régulières viennent restaurer cette zone humide et permettre le développement d’une faune et d’une flore de plus en plus diversifiées.
L’action de l’homme sur cet espace estuarien réputé sauvage reste importante, notamment pour le maintien de la profondeur du chenal de navigation régulièrement comblé par les dépôts de sable et d’alluvions. Le dragage de l’estuaire constitue encore de nos jours un enjeu majeur sur le plan économique, hydraulique et environnemental.
Pour en savoir plus, voir le dossier d'inventaire
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