Royan bombardé
Carnet du patrimoine
Publié le 26 octobre 2018
# Charente-Maritime, Royan
# Opération d'inventaire : L'estuaire de la Gironde
# Station balnéaire
# 2e quart 20e siècle
Le 5 janvier 1945, alors que Royan était une des dernières "poches" allemandes à résister sur la côte atlantique, 2 000 tonnes de bombes détruisaient la ville à 95 %, tuant 500 personnes et en blessant 1 000 autres. Trois mois plus tard, le 15 avril, un autre bombardement contribuait à la reddition des troupes d'occupation, le 20 avril. Ces événements dramatiques modifièrent à jamais la physionomie de la ville, en particulier le front de mer, étudié dans le cadre de l'inventaire du patrimoine de l'estuaire de la Gironde.
Le long du boulevard Garnier : villas 1900 et villas modernes
Aménagé à la fin du 19e siècle dans le cadre de la création du lotissement du Parc, le boulevard Garnier offrait jusqu'en 1945 une certaine homogénéité architecturale, avec sa suite de villas cossues : "Uranie", "Aigue Marine", "Gabrielle", "Guyvonney", pour ne parler que d'elles, rivalisaient de couleurs et de formes. Les bombardements de janvier et d'avril 1945 ont surtout touché la partie nord du boulevard, autour de l'avenue du Maréchal-Leclerc, réduisant à néant des îlots entiers d'habitations.
Dans les années 1950, la Reconstruction, coordonnée par l'architecte Claude Ferret, a engendré des villas aux lignes directement inspirées du Mouvement moderniste qui met en scène lumière et volumes imbriqués. Parmi elles, "Ombre Blanche" et "Hélianthe" sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 2002.
Le Front de Mer : une ville à la place d'une autre
Royan est surtout connu pour ses immeubles du Front de Mer, en arc de cercle, édifiés en 1956 suivant les plans de Louis Simon et André Morisseau. Avec le parc qui se trouve au devant, cet ensemble conçu comme un lien entre la Grande conche et l'intérieur de la ville, a remplacé un square, une promenade et un boulevard, tous trois baptisés du nom d'un ingénieur des Ponts et chaussées, Botton. C'était, comme aujourd'hui, le lieu privilégié des promenades pour les touristes, là où s'étalaient cafés et cabines de bains de mer, jusqu'au grand casino construit en 1895. Victime de sa proximité avec le port, le secteur fut anéanti en 1945. Inauguré en 1962, un casino à l'architecture elle aussi moderniste, conçue par Ferret, occupait le parc actuel jusqu'à sa démolition en 1985.
De Foncillon à Pontaillac : une corniche qui a souffert
Entre les conches de Foncillon et de Pontaillac, les villas qui s'égrenaient le long de la corniche ont pour beaucoup souffert des bombardements. Les unes étaient proches du port et de la kommandantur à Foncillon, les autres du fort de la pointe du Chay, d'autres enfin de l'état-major de la marine allemande à Pontaillac. De belles villas des années 1900 ont été détruites, laissant le champ libre à des constructions à l'architecture plus ou moins élaborée. Quelques créations des années 1950 sont depuis lors visibles le long de la plage de Pontaillac, par exemple la villa "Le Vent du large", conçue par Louis Simon. Des villas du début du 20e siècle ont résisté le long de la conche du Pigeonnier ("Notre-Dame des Flots", "Étoile"...) et du boulevard de la Côte d'Argent ("Lorraine", "Alcyon", "Castel Horizon"...).
Vidéo "Royan bombardé"
Auteur : Yannis Suire, 2014.