Baptistère Saint-Jean

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Poitiers

Le baptistère Saint-Jean forme avec la cathédrale Saint-Pierre et la maison de l'évêque le groupe épiscopal de Poitiers. Pierre Beaumesnil comédien et archéologue donne les premières images et description de l'édifice vers 1760-1770 tandis que la première vue intérieure nous est donnée par Arcisse de Caumont dans son Cour d´antiquités monumentales édité en 1830. Les structures du baptistère sont beaucoup plus anciennes car elles sont datées de la fin du 4e siècle, début 5e siècle de notre ère et reposent sur des structures encore plus anciennes de la période gallo-romaine. Cependant le baptistère actuel résulte de nombreuses modifications qui se sont succédé depuis sa construction.

Les recherches archéologiques ont montré que le baptistère se trouve à l'emplacement d'une demeure privée antique du 4e siècle. Celle-ci fut réutilisée et réaménagée dans les premiers temps de la christianisation pour l'administration du baptême. Le rite du baptême, le premier des trois sacrements de l'initiation chrétienne, est administré à cette période par l'évêque lors de grandes cérémonies où les futurs chrétiens sont baptisés par immersion totale ou partielle. Au 5e siècle, la maison est rasée complètement et laisse la place à un édifice neuf de plan rectangulaire avec une petite annexe à l'est. Le baptistère peut-être divisé en deux salles par des parties mobiles, est alors doté dans sa partie orientale d'une piscine équipée d'un système de tuyaux en plomb. Ce premier baptistère est agrémenté au nord et au sud peu de temps après sa construction de deux espaces rectangulaires qui lui donnent alors un plan en forme de croix. Les premiers grands remaniements surviennent au 6e siècle avec à l'est l'agrandissement de l'abside et la reconstruction du mur oriental plus près de la piscine. À l'ouest, l'entrée est subdivisée en trois petites salles tandis que l'espace central est divisé en deux salles égales. Dans la seconde moitié du 7e siècle, de nouveau travaux sont entamés avec la reprise de la partie orientale, elle est alors couverte d'une toiture transversale avec frontons au nord et au sud, de même que l'abside à l'est, surhaussée comme le reste de l'édifice avec un appareil de pierres allongées. Les nouvelles parties surhaussées sont à ce moment-là décorées de dalles rectangulaires et triangulaires ornées de rosaces et de feuillages. Les annexes rectangulaires au nord et au sud sont transformées en absides semi-circulaires. L'intérieur du baptistère reçoit en outre un nouveau décor constitué d'arcades avec des chapiteaux en remplois et au sol une mosaïque dont des traces ont été repérées dans la salle baptismale et l'abside d'axe. Un grand projet ambitieux est lancé à l'époque romane après l'incendie de 1018 pour adjoindre une grande nef au baptistère. Mais le projet ne fut jamais achevé, il en résulte la construction du narthex de forme polygonale. Par la suite, les fenêtres hautes de la partie orientale sont transformées en oculi et vers la fin du 11e siècle des peintures à fresque viennent orner cet espace ainsi que le revers du mur de séparation. Une seconde campagne de peintures murales est lancée au 13e siècle dans l'abside est et quelques-unes sur le mur est de la partie orientale. Aux 12e et 13e siècles le baptistère se dote d'un petit cimetière à l'est, mis en évidence par la découverte de tombes lors du percement de la rue Jean-Jaurès.

Le baptistère est déclaré église paroissiale en 1386 et unie à celle de Saint-Hilaire-entre-Églises peut-être pour palier au déclin de son rôle et donc de ses revenus. En effet le développement du baptême par infusion se distingue du rite du baptême par immersion, le futur chrétien n'est plus immergé car le nouveau rite consiste à verser par trois fois de l'eau sur la tête. L'accroissement de ce nouveau rite à donc entraîné un déclin de l'importance du baptistère qui conduit en 1450, le corps de ville à ordonner une quête dans toutes les paroisses « pour les réparations de l'église de Monseignueur Sainct Jehan Baptiste, qui est choite toute en ruyne ». À la veille de la Révolution le baptistère est délabré et des constructions se sont greffées contre les murs, les absidioles nord et sud ayant alors disparu.

La Révolution entraîne la confiscation du baptistère en 1790 comme bien national qui est vendu en 1791 au citoyen Lafond, mais l'intervention du bibliothécaire de la ville, dom Mazet, en 1796, permet de retirer le baptistère de la liste des immeubles à démolir. Celui-ci est alors attribué aux hospices pendant une vingtaine d'années pour devenir un dépôt de matériaux, de munitions puis un fourneau populaire en 1812 avant d'être abandonné en 1820 à un fondeur de cloches. En 1822, le baptistère retrouve l'administration diocésaine qui a la charge de son entretien. Le percement de la rue Jean Jaurès prévue pour aboutir au Pont Neuf devait entraîner le rachat du baptistère par la municipalité pour le détruire car elle avait décrété qu'il était une entrave à la circulation. Mais la mobilisation de la Société des Antiquaires de l'Ouest soutenue par Prosper Mérimée permet de sauver le monument. Il est acquis en 1835 par l’État qui le met à la disposition de la Société des Antiquaires de l'Ouest en 1836 pour y installer ses collections lapidaires. Le baptistère est classé Monument Historique en 1846, et la Société des Antiquaires de l'Ouest, qui avait transporté ses collections aux Grandes Écoles en 1854 avant une campagne de restauration, réintègre le baptistère en 1880 pour y ouvrir un musée lapidaire.

Des fouilles sont entreprises dès 1803 dans le baptistère par Émile Siauve pour rechercher des sarcophages, il redécouvre notamment la piscine baptismale octogonale dont les marches sont détériorées en 1820 par les fondeurs de cloches qui utilisent la piscine comme forme des moules des nouvelles cloches de Notre-Dame-la-Grande. Plusieurs chantiers de restauration se succèdent depuis le 19e siècle mais on dispose de relevés très précis de l'édifice réalisés en 1836 avant les restaurations et publiés en 1853 par Jules Gailhabaud. L’État entreprend des restaurations dès 1836 pour consolider l'édifice et des aménagements pour accueillir les collections de la Société des Antiquaires de l'Ouest. La première campagne de restauration importante est lancée entre 1852 et 1859, elle est menée par Charles Joly-Leterme et secondé par l'architecte poitevin, Dupré. Le chantier consiste à vider les remblais intérieurs ce qui permet à Joly-Leterme de découvrir des sépultures du Moyen-Age et des traces de mosaïque. Les travaux intérieurs se poursuivent par une reprise en sous-œuvre des fondations des murs les plus endommagés, le renouvellement des parements et des claveaux et la restauration des corniches. À l'extérieur, Joly-Leterme reconstruit les absides nord et sud dont il avait découvert des arases de murs de moellons, de même que les huit contreforts en retour d'équerre. En 1869 et 1870, un vide sanitaire en contre-escarpe est aménagé autour du baptistère. Une nouvelle étude est lancée en 1890 par le Père Camille de La Croix à l'occasion de la réinstallation du musée de la Société des Antiquaires de l'Ouest. Cette étude mène sur les suggestions du Père La Croix en 1898 à un rabaissement de la porte d'entrée du baptistère au niveau du 11e siècle, exécuté par l'architecte des Monuments Historiques Jean-Camille Formigé et le couvrement par des tuiles des absidioles, reconstruites par Joly-Leterme, en 1938. François Eygun, directeur de la circonscription des Antiquités de la région, entreprend entre 1958 et 1961 des fouilles à l'intérieur du baptistère jusqu'au niveau géologique. De 1995 à 2002, une nouvelle campagne de fouilles archéologiques et un programme collectif de recherche collectif sont menés sous la direction de Brigitte Boissavit-Camus pour reprendre les données de Eygun et affiner la chronologie du baptistère. Enfin en 2000, les parois extérieures du baptistère sont rejointoyées et nettoyées par micro-sablage.

Périodes

Principale : 4e siècle

Principale : 7e siècle

Principale : 11e siècle

Principale : 12e siècle

Secondaire : 19e siècle

Secondaire : 20e siècle

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

Le baptistère Saint-Jean s'implante dans un quartier d'habitation et d'artisanat qui remonte à la fin du 1er siècle de notre ère, situé à environ cent mètres à l'ouest de l'enceinte du Bas-Empire. Le quartier se dote d'un ensemble de constructions monumentales ou collectives à la faveur de l'abandon progressif vers 320-340 des habitats anciens. Les bâtiments communautaires se multiplient entre le 4e et le 8e siècle tout comme le quartier qui s'étend vers le nord et développe ainsi son caractère religieux, renforcé par l'implantation dès la seconde moitié du 4e siècle de la première cathédrale et de l'abbaye Sainte-Croix fondée vers 540 par Radegonde. Le groupe cathédrale se complète au sud, par plusieurs édifices : Saint-Hilaire-entre-les-Églises, Saint-Martin-entre-les-Églises et Notre-Dame-entre-les-Églises. Le baptistère mentionné pour la première fois en 1096 est un élément important du groupe épiscopal de la ville.

Le bâtiment est implanté selon une orientation nord-ouest (entrée) / sud-est (chœur). Afin de faciliter la lecture, les orientations classiques ont été retenues (est pour le chœur, ouest pour la façade avec le narthex).

Construit en pierre de taille, brique et moellon, le baptistère est dominé par le haut corps de bâtiment de plan rectangulaire en partie orientale, sur lequel se greffe à l'est, une abside quadrangulaire. Au nord et au sud, deux autres absidioles, semi-circulaire ouvrent sur la salle orientale tandis que le narthex prend place à l'ouest par un autre corps de bâtiment à cinq pans moins élevé que la partie orientale. Ces deux corps de bâtiments sont couverts de charpentes qui reçoivent des tuiles creuses, la partie orientale possède une couverture à deux pans et à cinq pans pour la partie occidentale. Les absidioles nord et sud, reçoivent toutes deux un cul-de-four de même que l'abside d'axe, toutes protégées à nouveau par une couverture de tuile creuses.

Le narthex du baptistère qui adopte un plan à cinq pans est construit en moellons de calibres variables mais disposés en assises régulières. Il est épaulé par quatre contreforts plats en pierre de taille sur les angles et ouvert par trois baies en plein cintre à piédroits appareillés, une sur chaque face des murs les plus à l'ouest, les deux pans de mur à l'est sont aveugles. Le pan occidental est percé en partie basse par la porte d'entrée moderne, elle est en plein cintre et à double ressaut ; son rouleau externe retombe sur des colonnettes à chapiteaux sculptés de motifs végétaux et des tailloirs à denticules. Dans le pan nord aveugle, se trouvent les restes de deux modillons en partie haute et un relief orné d'entrelacs que l'on retrouve au-dessus des deux contreforts plats qui encadrent le pan occidental. Le pan sud présente quant à lui les piédroits d'une cheminée encastrés dans le mur à mi-hauteur, vestige d'une habitation qui était venue s'adosser au baptistère. Une corniche est portée par des modillons sculptées dont on peut distinguer deux séries, la plus ancienne présente un décor en méplat de feuillages ou d'entrelacs. Une seconde en haut relief présente des têtes animales ou humaines mais aussi des personnages et des animaux. La corniche souligne la base de la toiture sur les trois pans de mur les plus à l'ouest, le narthex est enfin couronné d'un clocher-mur plus récent en pierre de taille percé d'une baie géminée surmontée par un arc angulaire.

Les murs du corps de bâtiment à l'est qui affichent des maçonneries très hétérogènes, sont divisés, au sud, à l'est et au nord en quatre niveaux par trois cordons dont les deux premiers présentent la même modénature. On peut distinguer au-dessus des absidioles nord et sud et au-dessus de l'abside à l'est un petit appareil de moellons cubiques très endommagé qui est surmonté sur deux niveaux par un appareil de pierres allongées et régulières. Les angles nord-ouest et sud-est reçoivent quant à eux un chaînage d'angle de moyen appareil. Le niveau placé sous la corniche est constitué d'une alternance d'appareil allongé au nord et au sud, cubique à l'est et d'arases de briques. Ces trois murs sont percés chacun d'une paire d'oculi, au niveau du second cordon et dont seule la moitié supérieure est clavée. Ceux-ci ont été aménagés en murant d'ancienne fenêtres hautes dont les jambages sont encore visibles. Quatre pilastres flanquent par paire chaque oculi, ils sont montés sur le second cordon et soutiennent le troisième. Si à l'est les chapiteaux sont très dégradés, au nord et au sud, ils présentent un décor de feuillages stylisés. Ce décor se complète au nord et au sud par trois reliefs encastrées au-dessus du troisième cordon et en dessous de la corniche. Des reliefs triangulaires encadrent un relief médian de forme hémisphérique dont le tympan est décoré d'une croix pattée sous une corniche en plein cintre avec des modillons très aplatis. Les tympans des reliefs triangulaires sont sculptés au centre de motifs géométriques, les écoinçons reçoivent des feuillages, le tout inscrit dans un triangle souligné de perles. Une corniche à modillons couronne les quatre faces du corps de bâtiment dont les moulurations au nord et au sud sont très détériorées alors que les parties à l'est et à l'ouest ont été reconstruites ainsi que les extrémités nord et sud. Enfin deux frontons triangulaires complètent les faces sud et nord avec des modillons rampants très restaurés. Ce même rampant est de plus souligné par une frise marquetée à l'intérieur du tympan, composée par un assemblage de losange en brique et de peltes en pierre. Les tympans sont complétés par trois reliefs incrustés, deux triangulaires de part et d'autre d'un rectangulaire surmonté à nouveau d'un relief triangulaire. Ce dernier est orné d'une rosace gravée tandis que les deux autres reliefs triangulaires ont des rosaces construites à partir d'éléments en brique fusiformes dont les écoinçons sont agrémentés de rosace gravées ou d'étoiles. Le relief rectangulaire est quant à lui orné d'une rose gravée, entourée d'une rangée de perles, les écoinçons sont gravés feuillages. Par ailleurs le rectangle est souligné par un cadre gravé d'une rangée de perles et de pirouettes. Enfin les angles nord-est et sud-est du corps de bâtiment oriental sont épaulés par des contreforts d'angle jumelés en équerre.

La grande abside à l'est, très semblable au massif oriental, est elle aussi épaulé aux angles nord-est et sud-est par des contreforts d'angle jumelés en équerre. C'est le petit appareil cubique qui domine les parties basses tandis qu'un appareil allongé est utilisé au fronton. Le mur sud de l'abside est restauré dans sa presque totalité tout comme les deux corniches dont uniquement une partie à l'est est conservé dans son état mais très dégradée. Une baie est percée dans le mur est, en plein cintre à simple ressaut ; elle remplace deux baies jumelées en arc brisé avec réseau d'intrados trilobé qui avaient elles mêmes remplacé au 14e siècle la probable ouverture originelle. Le niveau localisé entre les deux corniches à modillons est complété par des arases de briques entre les arases de pierres allongées. Le fronton qui couronne la partie orientale, est décoré par les mêmes modillons rampants que ceux des deux grands frontons du massif orientale. Un relief rectangulaire surmonté d'un second triangulaire est encastré dans le tympan, à nouveau une alternance de perles et de pirouettes forment un cadre dans lequel est gravé une marguerite entourée de besants, et des feuillages dans les écoinçons. Le relief triangulaire est gravé d'une étoile à six branches fusiformes avec des feuillages stylisés dans les écoinçons. Les couvertures de l'abside à deux pans ainsi que le corps de bâtiment oriental reçoivent à leur base des antéfixes en tuile.

À l'intérieur du baptistère, l'entrée donne sur une série de onze marches qui descendent dans le narthex. Les murs de la salle occidentale, bien que recouverts d'un crépi, laissent entrevoir la maçonnerie de moellons ainsi que les chaînage d'angle en pierre de taille. Une série de trois arcades à double ressaut marque la séparation avec la salle orientale. Deux arcades en plein cintre encadrent une autre médiane plus étroite mais plus haute. Elle est encadrée par des contreforts plats qui séparent l'arcade médiane de ses voisines. Les contreforts subissent un rétrécissement de leur largeur à deux niveaux, une première fois au niveau des impostes recevant les rouleaux des arcades latérales, puis une seconde fois, au niveau des impostes qui reçoivent les rouleaux de l'arcade médiane. Le mur dans lequel sont percées les arcades présente un parement de pierre de taille tandis qu'au-dessus des arcades c'est un petit appareil de moellon en assises régulières qui apparaît. La partie haute du mur présente en outre un important retrait.

La salle orientale est occupée par la piscine baptismale octogonale, qui est centrée uniquement dans le sens de la largeur. Le revers du mur d'arcade qui sépare les deux salles à un aspect plus simple car aucun contrefort ne vient animer la surface. Le parement est aussi différent : la dégradation de l'enduit montre un assemblage plus hétérogène, des pierres de taille pour les arcades et leurs supports et un appareil allongé aux deux extrémités du mur. Les parties hautes qui n'affichent pas de retrait présentent quant à elles un petit appareil à joints beurrés. Les murs nord et sud sont très semblables, ils ouvrent en partie basse sur une abside surélevée d'un degré, par un arc d'entrée en plein cintre qui retombe sur deux colonnes en délits à chapiteaux sculptés. Au-dessus, le mur est divisé par trois cordons moulurés placés à la même hauteur qu'à l'extérieur. Trois arcatures sont placées au niveau du deuxième cordon, deux en plein cintre enveloppent les oculi avec des colonnettes et chapiteaux sculptés, et entre les deux une arcature aveugle couverte par un arc en mitre. Le mur oriental à un traitement différent : il est précédé d'un emmarchement de deux degrés et animé de part et d'autre de l'arc d'entrée de l'abside par deux arcatures aveugles. Celles-ci sont en plein cintres à simple ressaut et retombent comme pour les arcs nord et sud sur des colonnes en délits à chapiteaux sculptés. L'arc d'entrée est à double ressaut dont le rouleau interne retombe sur des colonnes en délits de taille plus importante que celles des arcatures. La partie haute du mur oriental reprend la même ordonnance que celle des murs nord et sud : le mur est divisé par trois cordons moulurés et trois arcatures dans lesquelles sont placées les oculi d'albâtre. L'abside d'axe à l'est, qui adopte à l'intérieur la forme d'un polygone à cinq pans, est percée au fond d'une fenêtre en plein cintre portée par deux colonnettes dont les tailloirs courent à l'intérieur de l'embrasure. L'allège de la baie moderne est creusée d'une niche concave. Les deux pans au nord et au sud reçoivent quant à eux des arcatures aveugles en plein cintre dont les tailloirs des chapiteaux placés aux extrémités se prolongent sur le mur sous la forme d'un cordon.

La sculpture prend une part importante aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du baptistère. Trois séries de sculptures peuvent être distinguées en fonction de leurs emplacements. Une première série correspond aux chapiteaux des arcatures basses de la salle orientale, aux chapiteaux des entrées des absidioles et du contour de l'abside d'axe. Cette série est composée de dix-huit chapiteaux en marbre qui proviennent tous de carrières des Pyrénées, de même que le fût des colonnes qui les portent. Mais si la provenance des marbres est la même, de fortes disparités existent dans cette série, tout d'abord dans la couleur des marbres et la dimension des chapiteaux mais aussi la composition du décor et les motifs. Cette hétérogénéité est aussi visible dans l'ajustement des fûts des colonnes avec les chapiteaux et les bases qui présentent des défauts. La disparité de la série s'explique par le fait que les chapiteaux et les colonnes sont des remplois provenant de plusieurs autres monuments. Néanmoins des couples de chapiteaux sont visibles notamment sur le mur oriental où des chapiteaux sont montés symétriquement. Cette série est datable pour son implantation dans une fourchette comprise entre le 6e et le 7e siècle. La seconde série de sculptures est composée des douze chapiteaux des arcades en partie haute à l'intérieur de la salle orientale. Sculptés dans du calcaire, ils présentent un décor composite qui varie peut et qui révèle plus d'homogénéité. Cette série expose plus de cohérence car ces chapiteaux ne sont pas des remplois mais ils ont été sculptés lors de la reprise des parois. Cette campagne, qui est à situer entre le 7e et le 8e siècles, correspond à l'occlusion des fenêtres hautes, transformées en oculi. Enfin la troisième et dernière série regroupe les bas-reliefs à l'extérieur du baptistère ainsi que par les chapiteaux des pilastres. Ceux-ci bien que très endommagés par un incendie ont été remontés après une première pose, ce qui atteste que le décor schématisé qu'ils arborent était encore en usage.

Le baptistère conserve de nombreuses peintures romanes et du 13e siècle bien que plusieurs zones de la salle orientale aient perdues leurs enduits. En partie haute du mur, une grande bande décorative se déroule en frise sur tout le pourtour de la salle orientale et donne l'illusion du relief. Des cartouches à fond blanc qui enferment des oiseaux qui portent des rinceaux dans leurs becs sont insérés irrégulièrement dans la frise. La partie haute du mur orientale, au niveau des arcatures, reçoit sous l'arc en mitre le Christ bénissant dans une mandorle, coiffé d'un nimbe crucifère et qui tient un livre dans la main droite. Au-dessous, organisé sur un axe vertical, la main de Dieu dans un médaillon et sur l'arc de l'entrée de l'abside l'Agneau encensé par des anges. De part et d'autre du Christ, sous les oculi, deux anges planent dans le ciel, d'une main ils indiquent le Christ et de l'autre ils font appel aux douze personnages disposés dans les angles muraux nord-est et sud-est. Ils sont répartis en deux groupes de six avec les pieds nus et des robes longues qui marchent sur des ondulations et surmontés d'un bandeau coloré avec les restes de vingt-cinq inscriptions latines. Ce sont les apôtres dont deux sont clairement identifiés par leurs attributs, Pierre avec les clefs à la droite du Christ et Paul à sa gauche qui exécute le geste d'enseignement d'une, trois doigts réunis.

Les arcatures des murs nord et sud offrent la même composition. Le mur méridional reçoit sous l'arc en mitre un personnage nimbé qui tient dans la main droite une lance et un bouclier dans la main gauche. Une inscription verticale à sa droite permet de l'identifier comme étant saint Maurice. De part et d'autre sous les oculi se trouve un paon qui se tourne vers le et un dragon se détourne de celui-ci pour faire face à un homme qui lève de sa main droite une épée vers le dragon. Une inscription en français annonce l'issu du combat. Le mur nord, est composé d'un saint nimbé qui n'est pas identifiable mais dont on peut voir qu'il porte dans sa main gauche une couronne. Il est encadré à nouveau sous les oculi par des animaux, deux paons qui se tournent vers le saint et d'un homme côté ouest qui désigne le saint. Le mur ouest, qui n'est pas percé de baies mais qui a perdu plusieurs zones d'enduit, reçoit au même niveau que le Christ un grand vase à long col. Celui-ci est encadré à sa droite d'un paon, un second devait lui faire pendant à gauche mais l'enduit est tombé.

Les murs ouest et est présentent dans un registre inférieur quatre cavaliers, celui côté sud du mur ouest étant le mieux conservé. Il représente un cavalier avec une couronne, un manteau et la main gauche levée qui tend une boule. Du côté nord bien qu'il ne reste que quelques détails on voit encore un cavalier avec une couronne qui devait à l'origine lui aussi tendre une boule. Le cavalier du côté sud du mur oriental présente les mêmes caractéristiques que ceux du mur ouest bien qu'il porte en plus un sceptre. Un fragment d'inscription permet cette fois d'identifier le cavalier comme étant l'empereur Constantin, son cheval est recouvert par les peintures du 13e siècle. Du cavalier qui lui faisait pendant côté nord du mur, il ne reste plus que la tête du cheval.

L'intrados des arcs d'entrées des absidioles sont décorés de griffons ou d'aigles au nord et au au sud tandis que celui à l'est reçoit des personnages en buste.

Les piles des arcs des arcades qui séparent la salle occidentale de la salle orientale portent aussi des peintures, notamment des saints debout et superposés, chacun dans un cadre rectangulaire peint. Un seul saint Julien est clairement identifié, grâce à quelques lettres peintes.

La salle occidentale présente quant à elle des traces de fresques romanes historiées éparses, visible uniquement sur la paroi est. Le programme de peintures romanes historiées est complété par d'autres uniquement décoratives, plusieurs bandes peintes marquent des limites horizontales sur les murs ou forment des médaillons, comme sur le mur sud qui encadre l'entrée de l'abside.

Le décor roman a été complété au 13e siècle par un autre programme différent sur la voûte de l'abside orientale, ainsi que sur une partie du mur est de la salle orientale. Le décor de la voûte de l'abside s'organise autour de la figure du Christ en majesté. Placé dans une gloire quadrilobée, le Christ est assis sur un trône et porte dans sa main gauche un globe. Les écoinçons formés par la gloire et le cadre en forme de quadrilatère irrégulier sont occupés par les symboles des quatre évangélistes : l'homme ailé de Mathieu et l'aigle de Jean près de la tête du Christ, le taureau de Luc et le lion de Marc à ses pieds. Ils portent tous des rouleaux déployés où sont inscrits leurs noms. De part et d'autre du cadre avec le Christ se trouve deux scènes très dégradées. À la gauche du Christ dans un paysage de montagne se trouve l'apôtre Pierre qui tient une clef dans la main droite et dans l'autre un livre, à droite du Christ la personnage a disparu mais il devait s'agir de l'apôtre Paul. Au-dessus du Christ, séparé par une large bande rectangulaire parallèle à l'arc d'entrée se trouvent deux personnages nimbés. Celui de droite retient de sa main gauche une cape jaune et de sa main droite un livre, le second personnage quant à lui tend sa main droite vers le Christ tout en tournant son regard vers lui.

Le revers de l'arc d'entrée est décoré par une bordure d'encadrement formée de palmettes affrontées ; elle est encadrée de part et d'autre d'animaux fantastiques. Deux anges à genoux qui tiennent une coupelle et un encensoir sont placés au-dessus de la bordure. Ils encensent une croix, dont les bras sont agrémentés de trois pétales, et insérée dans un cercle bordé de pétales. Une moulure sépare cette scène du décor supérieur au-dessus de laquelle un personnage masculin nimbé présente dans chaque main une couronne.

Dans un registre intermédiaire de l'abside, entre le premier niveau des baies géminées aveugles et la corniche moulurée au-dessus de laquelle se trouve la voûte avec le Christ, se développe l'histoire de saint Jean-Baptiste. Aujourd'hui incomplète puisque seules six scènes sont encore visibles, l'histoire déborde de l'abside pour se développer sur le côté sud du mur oriental de la salle baptismale. Chaque scène est séparée par une colonne figurée avec chapiteaux formant un cadre. La première scène se trouve au nord dans l'abside avec l'épisode de l'annonce de l'ange à Zacharie de la naissance d'un fils. Dans la seconde qui représente la naissance de saint Jean-Baptiste, une femme allongée adresse un signe de la main droite vers un groupe de personnages masculins tandis qu'une femme accroupie couche le nouveau-né. Le cycle se poursuit par la désignation du nom de l'Enfant, où trois hommes font face à Zacharie, identifiable par une inscription et la colombe qui le surplombe, qui est assis et qui tient un livre dont il montre une page du doigt. À la suite se développe l'épisode de Jean adulte, les mains jointes et à genoux en prière dans le désert. La suite du cycle au sud de l'abside a disparu, il n'en reste que deux personnages nimbés surmontés d'une inscription, il se poursuit au mur oriental avec deux scènes de la passion de Jean-Baptiste. La première montre un homme qui remet à Salomé, désignée par une inscription, un plat avec la tête de Jean et dans la seconde Salomé près d'une table garnie, remet le plateau à Hérodiade.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : brique

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  3. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  4. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : grand appareil

  5. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : petit appareil

Toits
  1. tuile creuse, pierre en couverture
Plans

plan massé

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. charpente en bois apparente cul-de-four
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Partie de toit : croupe polygonale

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : ornement géométrique

  2. Representations : ornement végétal

  3. Representations : ornement animal

  4. Representations : animal fantastique

  5. Representations : ornement figuré

  6. Representations : objet de culte

    Symboles : symbole religieux

  7. Symboles : agneau mystique


Précision sur la représentation :

Le champ représentation ne tient compte que des éléments romans.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , rue Jean-Jaurès

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: Cadastre ancien, copie 1837 K1 564, 2012 BO 71

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