Collégiale, aujourd'hui église Saint-Pierre

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Chauvigny

Une église collégiale est mentionnée pour la première fois en 1025, peu de temps après la première mention du château des évêques de Poitiers. Les pierres en remploi dans le chevet pourraient appartenir à ce premier édifice disparu. Un chapitre de dix chanoines est mentionné deux fois à la fin du 11e siècle.

L´église Saint-Pierre de Chauvigny, telle qu´elle nous apparaît aujourd´hui, a été construite au 12e siècle et la partie ouest et le clocher terminés au 13e siècle.

En 1383, Jehan Brunet demande l´exécution d´un gisant à son effigie dans l´église, accompagnant sa demande de dons en argent pour améliorer l´ornement de l´église. En 1395, un chevalier, Étienne Fulcodré, demande à être enterré devant la porte de chœur, un jubé existait donc à cette date.

À la fin du 14e siècle, une grande baie à remplage gothique est percée dans la baie d´axe : elle a été supprimée lors des restauration du 19e siècle. Des chapelles funéraires gothiques existaient au moins dans la deuxième travée des collatéraux nord et sud, avec des chapelles hautes auxquelles on accédait par des escaliers.

Des travaux sont mentionnés en 1509-1510 sur la couverture, puis d´autres en 1524-1525.

La ville de Chauvigny est occupée par plusieurs troupes au cours des guerres de Religion, notamment en 1540, 1562 et 1563. En 1569, l´église est partiellement incendiée par les troupes de Coligny. Les travaux de remise en état s'étalent sur une dizaine d´années à partir de 1573.

De nouveaux travaux sont signalés entre 1612 et 1618 (réfection de la couverture, des baies vitrées, réparations au clocher, achat de mobilier).

Lors de la Fronde, en 1652, les troupes du marquis Charles de la Roche-Posay endommagent l´église, notamment la coupole de la croisée. Les réparations sont réalisées sous le règne de Louis XIV ; des peintures murales sont réalisées. De nouveaux travaux sont signalés de 1741 à 1749 (couverture du clocher et de l´absidiole nord, reprises de la charpente, de la couverture, du pavage ; fonte d´une nouvelle cloche à partir de deux cloches plus anciennes).

L´église est le siège d'un archiprêtré sous l'Ancien Régime. Abandonnée à la Révolution, elle est rendue au culte en 1804. Le clocher, foudroyé en 1801, semble avoir été réparé entre 1809 et 1818, avec d´autres travaux d´urgence. En 1823-1824, les chapelle funéraires des collatéraux sont supprimées et un nouvel accès au clocher est créé. Suite à une visite de Prosper Mérimée (qui signale le mauvais état de l´édifice) et à l´inscription sur la liste des monuments historiques de 1846, une grande campagne de restauration est dirigée par Charles Joly-Leterme et menée sur place à partir de 1849-1850 par Léon-Thomas Dupré, architecte à Poitiers, qui était intervenu quelques années plus tôt (1845) sur l'église Notre-Dame de Chauvigny. Les peintures murales que l´on voit aujourd'hui datent de 1856-1857.

Saint-Pierre est le siège du doyenné jusqu'au début du 20e siècle, avant son transfert à l'église Notre-Dame, en ville basse.

En 1980, les doubleaux de la nef sont confortés et les couvertures reprises.

Périodes

Principale : 11e siècle

Secondaire : 12e siècle

Secondaire : 13e siècle

Secondaire : 14e siècle

Secondaire : 19e siècle

Auteurs Auteur : Joly-Leterme Charles, architecte des Monuments historiques (attribution par source)
Auteur : Dupré Léon-Thomas, architecte (attribution par source)

La ville haute de Chauvigny s'étend sur un promontoire qui domine la Vienne. En son centre se dresse l'église Saint-Pierre, environnée de cinq châteaux construits entre le 12e et le 14e siècle.

L´église est construite selon un plan en croix latine avec une nef centrale couverte d'une voûte en berceau encadrée de collatéraux couverts de voûtes d'arêtes, une croisée du transept couverte d'une coupole octogonale sur trompe portant un clocher carré avec des transepts nord et sud sans absidiole, et un chœur à déambulatoire sur lequel ouvrent trois absidioles.

L'organisation du chœur est particulièrement lisible à l'extérieur : les différents volumes du chevet correspondent aux espaces intérieurs (chapelles, déambulatoire, abside) et s'étagent harmonieusement. Il est à noter que leurs toitures sont dissimulées par des murets s'élevant au-dessus des corniches. Les murs du chevet sont rythmés verticalement par des contreforts-colonnes montant jusqu'aux corniches. Une arcature aveugle anime la partie basse des murs. Trois reliefs sculptés, provenant vraisemblablement d´un état antérieur de l´édifice, sont insérés à la base des couvertures en pierre. Du côté sud, au-dessus de la deuxième travée droite de l´abside, saint Pierre est représenté bénissant d'une main et tenant les clés de l'autre, sous une arcade architecturée, avec un oiseau dans chaque angle supérieur. À l´est de l´abside, légèrement décalé vers le nord par rapport à la fenêtre axiale, un animal aux grandes oreilles (lapin ou lièvre) est mordu à l´arrière par un chien et fait face à un autre animal moitié chien, moitié poisson, qui attrape lui-même une proie non identifiable. Enfin, au sud de l´absidiole sud se trouve un Sagittaire.

Les contreforts-colonnes, simples sur l'abside, doubles sur les absidioles, portent différentes corniches à modillons. Seuls les modillons de l'abside sont anciens ; ils sont sculptés de têtes humaines, de masques et d´animaux.

Les trois baies hautes, percées au-dessus des arcades du chœur, sont encadrées d'arcades aveugles.

Un alphabet en lettres majuscules, terminé par un signe & ou un oméga à l´envers, est gravé sur l´archivolte de la baie droite du mur sud du transept sud. La corniche du transept sud, sur les murs est, sud et ouest, est portée par des modillons séparés de métopes, dont une partie sont refaits.

À l'intérieur, le chœur recèle une des richesses artistiques de l'église : les chapiteaux sculptés des huit colonnes qui entourent l'abside. Deux d'entre eux sont ornés de scènes religieuses, extraites de la Bible ; elles illustrent la vie de Jésus, notamment son enfance, et deux passages de l'Apocalypse qui évoquent le Jugement dernier. Sur les autres chapiteaux sont représentés des monstres associés parfois à des diables effrayants. Cet ensemble évoquerait la lutte du bien et du mal, thème fréquemment illustré à l'époque romane. Il fait l'objet d'un dossier à part (voir dossier IM86004791).

L'église possède aussi une belle tourelle d'escalier hors-œuvre.

Le clocher de plan carré, construit au 13e siècle, est situé au-dessus de la croisée du transept. Il comporte trois niveaux : le premier est nu, soutenu par des contreforts plats ; le second présente quatre arcades aveugles sur chaque face ; le troisième a des arcades similaires, mais les deux arcades centrales sont percées d'une baie.

La nef centrale avec ses collatéraux élevés a cinq travées. Le vaisseau central est voûté en berceau brisé alors que les collatéraux sont voûtés d'arêtes. Chaque travée est éclairée par deux baies, percées l'une dans le mur sud et l'autre dans le mur nord des collatéraux.

La travée précédant le transept est différente : le vaisseau central est voûté en plein cintre et les étrésillons lient les murs gouttereaux avec les piliers.

La nef n'a pour tout décor que celui des chapiteaux, dont le style évolue d'est en ouest vers des formes de plus en plus gothiques.

Les piles quadrilobées présentent des marques de tacherons.

Le transept, saillant, est voûté en berceau plein cintre. La voûte repose sur des colonnes à chapiteaux.

La croisée du transept est surmontée d'une coupole octogonale sur trompes. Elle est portée par quatre piles carrées flanquées de demi-colonnes. Les demi-colonnes internes sont en encorbellement. Elles se terminent par des culs-de-lampe sculptés. Ils présentent des feuillages, des masques d'animaux et d'humains. Le cul-de-lampe de la pile nord-est présente une sirène qui tient deux oiseaux par le cou.

Les chapiteaux du transept sont ornés d'un décor végétal, d'aigles et de monstres.

Le chœur date de la première moitié du 12e siècle. Il se compose d'une abside entourée d'un déambulatoire et de trois absidioles rayonnantes.

Les sept arcades portées par six colonnes et deux piliers de la croisée délimitent le déambulatoire. Au dessus de ces arcades, une arcature repose sur des colonnes à chapiteaux. Ils sont décorés de feuillage, d'oiseaux et d'animaux fabuleux. Un de ces chapiteaux représente des lions à l'arrière-train retourné.

Trois baies ébrasées éclairent l'abside. Elles sont percées à la naissance de la voûte en cul-de-four.

L'absidiole centrale est relativement profonde. Elle est éclairée par trois fenêtres, alors que les deux absidioles latérales ne comportent qu'une baie. De part et d'autre de l'absidiole centrale, deux baies éclairent directement le déambulatoire.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise, pierre en couverture, tuile creuse
Plans

plan en croix latine

Étages

3 vaisseaux

Couvrements
  1. cul-de-four coupole à trompes voûte en berceau voûte d'arêtes
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Forme de la couverture : toit conique

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : scène chrétienne

  2. Representations : sujet chrétien

  3. Representations : ornement figuré

  4. Representations : ornement animal

  5. Representations : ornement végétal

  6. Symboles : symbole du zodiaque

  7. Symboles : alpha et oméga


Précision sur la représentation :

Nombreux chapiteaux sculptés à feuillages dans la nef, à sujets profanes apocalyptiques ou évangéliques dans le choeur ; décor géométrique peint à l'intérieur.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Chauvigny , plan Saint-Pierre

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1833 B2 414, 2012 AR 19

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