Présentation de la commune de Coulon (bords de Sèvre)

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon

Un territoire colonisé en bord de marais

De nombreux sites archéologiques ont été décelés, voire fouillé, sur le plateau agricole. Ils témoignent de l’occupation de ces espaces en surplomb sur les marais dès l’ère néolithique. Des enclos de cette époque ont été relevés à Badorit et aux Essabords. Surtout, un site du néolithique, réinvesti au 8e siècle avant J.C., a été fouillé en 1979-1980 sur la butte calcaire du Coteau de Montigné, là où devait se trouver à cette époque l’estuaire de la Sèvre Niortaise. Y ont été mis au jour des enceintes fortifiées, un hameau avec maisons, silos, fours de potiers, objets en métal, etc. Le site a de nouveau été occupé au Moyen Age, avec là aussi des vestiges de fortifications dont le toponyme du Châtellier, voisin (commune de Magné), garde sans doute le souvenir. Un autre site archéologique majeur, de l’âge du bronze, a été fouillé en 1984-1986 au Champ du Maréchat, à 1,2 kilomètres à l’ouest du bourg (lieu-dit les Planches). Il a révélé notamment une fameuse roue de char en bronze, conservée au Musée de Niort. Un crochet à viande également en bronze a été mis au jour près de Thorigné à la fin du 19e siècle, ainsi qu’un bracelet à Maurepas où deux pirogues monoxyles de l’âge du fer, trouvées dans le lit de la Sèvre, que l’on devait traverser ici par un gué.

Le franchissement du fleuve à travers les marais de plus en plus envasés, reste un enjeu important à l’époque romaine où la route d’Angers à Saumur, via Saint-Pompain et Sansais, passait en amont du bourg, aux lieus-dits appelés la cale de la Grange et Mouillecul, près de Maurepas. Divers objets ont été découverts à proximité en 1868, en draguant la Sèvre : un bracelet, un poignard, des fers de lances, des fibules, des monnaies de Marc Antoine à Trajan. En 1883, trois tombeaux ont été mis au jour près de la route de la Gare, avant d’arriver au chemin qui descend à la cale de la Grange, avec des monnaies du début du 4e siècle. A l’époque romaine également ont commencé à se multiplier les implantations agricoles, avec les vestiges de villas décelés à Peigland, Villefollet ou encore juste à l’ouest du bourg, à l’Autremont. Le nom latin de Coulon, Colonus puis Colongia, signifiant "colon" et "colonie", se réfèrerait au statut du colonat dans l’antiquité romaine, désignant des hommes attachés à la culture d’un fond de terre sans pouvoir le quitter volontairement, et qui suivaient la terre lorsqu’elle était vendue par son propriétaire. Ce statut fut généralisé au 3e siècle pour fixer les populations barbares dans des "camps".

Cette colonisation s’est poursuivie au début du Moyen Age, malgré le contexte politico-militaire agité (en 853, le comte de Poitou aurait battu les Normands au port de Brouillac). En 785, le "camp" de Coulon est donné à l’abbaye de Charroux. Le bourg commence à se développer en prenant appui sur une faible proéminence sablonneuse sur la rive droite de la Sèvre Niortaise. Se forme alors un noyau autour de l’église et de son petit cimetière, comme en témoignent la découverte de plusieurs sarcophages des 7e et 8e siècles sur la place de l’église ou encore près de la mairie et de l’ancien presbytère (siège actuel du Parc du Marais poitevin) au cours du 20e siècle. L’église et l’embryon de bourg se trouvent sur un îlot formé par la Sèvre au sud, qui passait toutefois plus au nord qu’aujourd’hui (au niveau de la place de la Péchoire et du 14 rue de l’Eglise), et par un ruisseau appelé la Dyve ou la Douve qui contournait le bourg et l’église par l’est et le nord (rue de la Douve, rue du Marais) pour rejoindre la Sèvre au sud-ouest (rue du Couhé). Le développement du territoire reste limité jusqu’aux 13e et 14e siècles, à l’écart des grands dessèchements qui ont alors cours à l’ouest du Marais poitevin. La plaine est le théâtre de combats féodaux comme ceux liés à la révolte en 1242 de Hugues X de Lusignan contre le roi saint Louis, lequel reprend les places soulevées comme Coulon, Sansais ou Frontenay.

Un prieuré, un port, des fiefs et des métairies au Moyen Age

 Le territoire de Coulon, dans l’ombre de la seigneurie de Benet, est de fait convoité au Moyen Age par les autorités laïques et religieuses régionales. En 830, le prieuré de Coulon est donné à l’abbaye de Charroux, avant de dépendre, à partir du 12e ou 13e siècle, de celle de Nieul-sur-l’Autise. Du prieuré dépendent un certain nombre de biens fonciers, dont le cœur est la métairie de la Grange. Le siège du prieuré se trouve juste à côté de l’église (partie ouest de la place) qui est reconstruite sans doute au 11e siècle, édifice dont il demeure aujourd’hui l’angle sud-est, avec ses modillons sculptés. En 914, un certain Abund et son épouse, Ermengarde donnent à l’abbaye de Saint-Maixent un arpent et demi de vigne situé "in villa que dicitur Colongia", au pays d’Aunis. Parmi les établissements religieux possessionnés à Coulon, le prieuré de Fontblanche, à Exoudun, possède à partir du début du 13e siècle le prieuré de la Cour de Glande. Les métairies de Sainte-Maigrine et Sainte-Catherine dépendent des augustins de Saint-Jean-d’Angély, Peigland des Châtelliers de Fomperron, Mantais de la commanderie de Sainte-Gemme de Benet, particulièrement puissante. Au 13e siècle est créée par saint Louis une aumônerie à l’entrée nord du bourg de Coulon, destinée à venir en aide aux pauvres et aux voyageurs.

Les seigneurs de la région, à commencer par les comtes de Poitou, puis les comtes de Lusignan et les seigneurs de Benet, sont aussi présents à Coulon. Au 12e siècle, Hugues VIII de Lusignan possède le fief de Maurepas, conjointement avec Thibaut II Chabot, seigneur de Vouvant, Mervent et Oulmes. Vers 1130, ce dernier et son épouse donnent à l’abbaye de l’Absie des terres prises dans leur fief de Maurepas, avec leur part dans un moulin et un étang. En 1169, Geoffroy de Lusignan, fils de Hugues VIII, fait à son tour don à l’Absie de portions de terres dans le fief de Maurepas. Il épouse Eustache Chabot, fille de Thibaut, qui lui apporte donc Vouvant, Mervent, Oulmes et ce qu’elle possède à Coulon. Constitués par les Lusignan pour entretenir leur réseau d’influence, quatre fiefs se partagent Coulon ainsi que les droits seigneuriaux (four banal, droit de pêche…). Le plus grand, le fief de Laleu, comprend de nombreuses terres et redevances. Son siège devait se situer vers l’actuelle mairie. Le fief de Payré s’étendait sur le côté ouest de la rue du Marais, alors occupée par le ruisseau de la Dyve ou la Douve que franchissait un petit pont ou pontreau. Le fief de Verruye se trouvait rue Gabriel-Auchier, entre la métairie de la Coulonnerie qui occupe l’angle avec la route de Niort, et la rue de la Gâtinerie. En 1325, Raoul de Brienne, seigneur de Benet, donne à Guillaume de Verruyes, seigneur de Coulon en partie, la part des cens, terrages, rentes et coutumes et de la justice qu’il possède à Coulon. Enfin, le fief du Marais avait pour siège le Logis qui se trouvait impasse du Petit Logis. En 1424, Louise des Granges se remarie avec Jean de Lezay de Lusignan et lui apporte le fief des Marais. La partie sud du bourg et les abords de la Sèvre étaient aussi, semble-t-il, surveillés par une fortification, appelée Château Gaillard.

L’intérêt des autorités régionales et locales est renforcé par le statut de Coulon, important lieu de passage dès le Moyen Age. Succédant probablement à l’ancien itinéraire antique, la cité est un point de franchissement d’une rive à l’autre de la Sèvre, entre Poitou, Aunis et Saintonge. Venant de Benet par l’actuelle rue de l’Aumônerie, les voyageurs s’embarquent à Coulon vers la Garette et Sansais, et inversement. Plus encore, Coulon est situé sur cet axe navigable et commercial majeur qu’est la Sèvre Niortaise, entre Niort et Marans. En 1325, Raoul, comte d'Eu et seigneur de Benet, donne à Guillaume de Verruye la part qu'il possède "au passage ou rivage et au levage" à Coulon. Surtout, le 1er juin 1377, Jean, duc de Berry, de passage à Niort, décide par lettres patentes la levée d’un impôt ou "coutume" pour financer la construction d’un nouveau port à Niort. La taxe est imposée sur les marchandises passant non seulement par la cité mais aussi dans les principaux ports alors situés sur la Sèvre Niortaise, dont celui de Coulon. En 1390, un papier censaire de la commanderie de Sainte-Gemme mentionne le port et plusieurs maisons y tenant. Un autre en 1453 évoque "un arbergement assis devant le port". Dès lors, le port de Coulon ne va cesser de se développer, voyant passer d’est en ouest les marchandises échangées entre la côte et l’arrière-pays, et du nord au sud celles qui transitent entre le Poitou, l’Aunis et la Saintonge : blés, peaux de Niort, sel… Au niveau de la place de la Péchoire, par où passe alors la Sèvre, se trouve aussi un moulin à eau.

En dehors du bourg et des métairies qui se partagent l’exploitation de la plaine, la population des marais vit de la pêche, de la chasse et de l’élevage. Le droit de pêche sur la Sèvre est partagé entre le seigneur de Coulon et la commanderie de Sainte-Gemme de Benet, laquelle détient en particulier l’écluse ou pêcherie de la Sotterie. Les habitants de Coulon et des paroisses voisines bénéficient aussi de l’usage des marais communaux de s’étendent à l’ouest du bourg. Le 3 mars 1471 en effet, Hardouin IX de Maillé, seigneur de Benet, passe une transaction avec les habitants de Benet leur accordant l’usage et le pacage des marais communs. Confirmée le 15 juillet 1517 par Jean V de Hautmont, seigneur de Benet, cette transaction concerne des marais entre Magné, Coulon, Benet, Sainte-Christine, Le Mazeau et Damvix (à Coulon, les marais de Jumeau, des Petits Avis, de Balanger, etc.).

Un port prospère sur la Sèvre Niortaise avant la Révolution

 La prospérité de Coulon suscite à la fin du 15e siècle et au 16e siècle la convoitise d’une famille de marchands de Marans, les Pellot. Peu à peu, ils achètent les quatre fiefs composant Coulon pour ne constituer qu’une seigneurie dont ils prennent la tête et dont le logis du fief du Marais devient le siège. En 1583, un aveu rendu par Pierre Pellot au seigneur de Benet décrit l’étendue de ses propriétés et de ses droits, dont la Coutume de Coulon. On distingue la Grande Coutume due pour toute marchandise transitant sur la Sèvre Niortaise ; le droit de rivage, prélevé sur les marchandises chargées et déchargées sur le port ; le droit de levage, perçu spécifiquement sur le sel ; la Petite Coutume, exercée sur les marchandises transportées entre Coulon et la Garette ; enfin, le droit de bac à payer pour emprunter le bac qui relie ces deux ports. Cet ensemble de taxes est prélevé à la Maison de la Coutume, sur la place et le port du même nom, autour desquels s’implantent commerces, entrepôts et auberges. De nombreux autres établissements de ce type se multiplient dans le bourg, l’activité du port attirant de nombreux commerçants et artisans.

Cet équilibre et cette répartition des pouvoirs évoluent peu aux 17e et 18e siècles. La population du bourg vit de l’artisanat et du commerce, grâce au port qui assure la prospérité de quelques notables, certains originaires d’ici, d’autres venant de Niort et s’implantant à Coulon. Outre leurs biens propres, ils exercent les fermes des biens des seigneurs et du prieuré de Coulon (rattaché en 1619-1624 aux feuillants de Poitiers). Certains de ces notables sont protestants, Coulon comptant jusqu’à la fin du 17e siècle une importante communauté huguenote. Dans les années 1650, les marais de Coulon sont concernés par la vaste entreprise de dessèchement des marais du Bas-Poitou, finalement réduite à la partie ouest du Marais poitevin. Au 18e siècle, la seigneurie de Coulon passe aux Berthelin, comtes de Montbrun. Ceux-ci ont maille à partir avec les bateliers de Niort qui, dans les années 1750, contestent l’exercice du droit de Coutume. Gabriel Simon Berthelin de Montbrun est le dernier seigneur de Coulon à la veille de la Révolution. Un plan du bourg de Coulon vers 1780 montre les habitations réparties essentiellement entre la place de l’église et les abords de la Sèvre. La paroisse compte en 1789 1795 habitants, contre environ 800 en 1630, 960 en 1704.

Des aménagements de la Sèvre qui bouleversent le territoire au 19e siècle

 A la Révolution, les biens dépendant des établissements ecclésiastiques (le prieuré, Glande, la Grange, etc.) sont saisis et vendus comme biens nationaux. Berthelin de Montbrun n’émigre pas et conserve ainsi ses propriétés ainsi que ses droits sur le passage par bac de Coulon à la Garette, avant qu’il ne soit repris par l’Etat. Le droit de Grande Coutume est certes aboli, mais vite remplacé par un péage visant à financer l’entretien de la Sèvre. Le cours de celle-ci, tortueux et envasé, et qui passe toujours à travers la partie sud actuelle du bourg, pose question aux autorités. En 1808, suivant le projet conçu par l’ingénieur Tréton-Dumousseau, un nouveau cours, plus large et rectiligne, est creusé, déportant le fleuve vers le sud, là où il s’écoule depuis. Ces travaux bouleversent la physionomie du bourg, dont la partie est a été ravagée par un incendie en 1801.

En ce début du 19e siècle, un autre sujet agite Coulon et les communes voisines : la propriété du marais communal de Ballanger. Elle est d’abord reconnue à la commune de Benet, ce que conteste Coulon. Le sujet est d’autant plus important que, depuis la fin du 18e siècle, des habitants de plus en plus nombreux se sont installés sur le pourtour du marais, et que la question est maintenant de savoir à quelle commune ils doivent payer leurs impôts. Le contentieux est porté en justice, tandis que des incidents éclatent entre habitants dans les marais concernés. A cela s’ajoute à partir de 1842 un procès mené par les héritiers des anciens seigneurs de Benet, les Lusignan, contre les communes de Benet et Coulon notamment, et contre certains propriétaires, dont ceux d’Ambreuil, Jumeau et Peigland. Les héritiers Lusignan réclament la restitution des marais dont ces communes et propriétaires ont repris la gestion après la Révolution. Ils obtiennent gain de cause en 1848 et 1850, mais une partie de leur héritage est aussitôt revendiqué par Ugoline du Cayla, princesse de Beauvau-Craon. Elle remporte son procès en 1855 et 1857, et obtient ainsi d’importantes superficies dans les marais de Benet et de Coulon (dont le marais de la Princesse). Après sa mort survenue en 1885, ses biens sont vendus aux enchères en 1895, de même que les héritiers Lusignan ont vendu le reste des marais concernés. Subdivisés en grandes parcelles quadrangulaires, les marais de Balanger, d’Assailly et de la Princesse acquièrent leur physionomie actuelle.

La modernisation du port de Coulon en 1808, puis les actions de recalibrage de la Sèvre Niortaise menées par les Ponts et Chaussées au milieu du 19e siècle, favorisent le développement économique, commercial et artisanal du bourg, tout en permettant au-delà la multiplication des fermes au bord du fleuve et de son nouveau chemin de halage. Parmi les travaux menés, la construction du barrage éclusé de la Sotterie en 1864-1865 participe au programme général d’amélioration de la gestion de l’eau dans le bassin de la Sèvre Niortaise. A partir de 1867-1868, la modernisation du port de Coulon se traduit par la création de quais avec cales, abreuvoirs et escaliers d’accès. Mieux drainés, les marais alentour sont mieux exploités, notamment pour l’élevage et le bois. Des scieries se développent, en particulier celle dirigée par Jules Châtelet, propriétaire de Maurepas. La grande majorité des habitations sont construites ou reconstruites au cours du 19e siècle, d’où l’ouverture de plusieurs carrières de pierre dans la plaine calcaire, vers Champmoireau, ou encore d’un four à chaux aux Roches Neuves. De même se développent des carrières de sable, en particulier à l’ouest du bourg.

Le même secteur est traversé à partir de 1868 par la nouvelle voie ferrée qui relier Niort à Fontenay-le-Comte et Bressuire, et qui favorise le commerce des marchandises du Marais. C’est aussi l’effet induit par la construction du pont de Coulon, ouvert en 1858. Avec le pont de la Garette et la nouvelle route qui les relie, il succède à l’antique passage par bac de Coulon à la Garette. Sa création bouleverse la partie orientale du bourg où se qui restait du ruisseau de la Douve est comblé au profit d’un nouveau réseau de rues, en lien avec les rampes d’accès au pont. De nouvelles habitations se greffent sur la route ainsi créée, étendant le bourg vers l’est et le nord. D’autres prennent place dans le bourg sur la rive gauche de la Sèvre, à la faveur de la création de la passerelle qui enjambe le fleuve, en 1878.

D’une économie à l’autre, du 19e siècle à nos jours

 L’essor économique de la commune, en particulier du bourg, dans la seconde moitié du 19e siècle, se mesure à la multiplication des commerces, ateliers d’artisans, cafés, hôtels et auberges. La place de l’Eglise, théâtre des foires et marchés, et des rues comme celle de l’Eglise sont particulièrement actives. Toutefois, après avoir augmenté pendant toute la première moitié du 19e siècle (culminant à 1814 habitants en 1856), la population de Coulon stagne, voire régresse ensuite, pour se fixer à 1648 habitants en 1901, 1583 en 1911. La tendance s’accélère ensuite dans les années 1920-1930 (1470 habitants en 1936), ce qui n’empêche pas notamment la construction du groupe scolaire, rue Gabriel-Auchier, en 1935.

A la veille de la Première Guerre mondiale, Coulon connait les prémices d’un phénomène qui va marquer la commune au cours du siècle à venir et jusqu’à aujourd’hui. En cette Belle Epoque, de plus en plus de promeneurs, notamment niortaise, commencent à explorer le Marais et ses canaux. En 1907 est créé le syndicat d’initiative de Niort, avec pour objectif de favoriser ces visites. Le 15 août, une première excursion en groupe est organisée vers Arçais, via la Garette et Coulon, avec déjeuner et retour par la rigole de la Garette. Les réservations sont requises auprès de la librairie Georges Clouzot, à Niort. Pour guider les participants, il est fait appel à un Coulonnais, Alphonse Clochard. Malgré les moqueries d'habitants de Coulon, il poursuit ensuite cette activité d'abord comme intermédiaire, puis à son propre compte à partir de 1913. Son surnom, "l'Amiral Clochard", serait lié au qualificatif d'"amiral d'eau douce" utilisé par la presse à son sujet en 1921. L’année suivante, la visite du ministre d de l’Agriculture dans le Marais et à Coulon met de nouveau un coup de projecteur sur la région et des atouts. En ces années 1920-1930, quelques pensions de famille ouvrent à Coulon, et de plus en plus d’hôtels et restaurants proposent aussi leurs services pour des excursions en barque.

Après 1945, l’activité touristique supplante peu à peu l’économie agricole qui ne reposait plus que sur de trop petites exploitations familiales héritées des générations précédentes. Cette activité permet le maintien de l’intérêt du Marais, donc de son entretien. Les embarcadères colonisent le quai Louis-Tardy, des fêtes « maraîchines », avec défilés de bateaux fleuris, sont organisées à partir de 1955 à la Sotterie, par ailleurs lieu de baignade apprécié. Le déclin démographique est enrayé à partir des années 1970. La commune passe de 1461 habitants en 1968 à 2074 en 1999, 2271 en 2021. De nouveaux quartiers pavillonnaires étendent le bourg vers le nord et l’ouest, et une nouvelle voie, la rue André-Cramois, est tracée pour éviter au bourg le flux de la circulation automobile. "Capitale du Marais poitevin", Coulon et son patrimoine sont reconnus par la mise en place d’une AVAP en 2013, puis l’attribution du label Petite cité de caractère en 2015. Sa renommée lui vaut d'accueillir le passage de la flamme olympique en 2024.

La commune de Coulon se trouve sur la rive droite de la Sèvre Niortaise. Elle y constitue la dernière commune des Deux-Sèvres bordant le fleuve, en direction de l'aval, avant la Vendée et la commune de Benet (mis à part le contour de l'Adressoir, commune du Vanneau-Irleau). La commune s'étend sur 29,79 kilomètres carrés. Elle jouxte les communes de Benet à l'ouest et au nord, Saint-Rémy au nord-est, Niort (Saint-Liguaire) à l'est, Magné au sud-est, Sansais au sud et Le Vanneau-Irleau au sud-ouest. Sa frontière sud est constituée par la Sèvre Niortaise dont elle s'écarte cependant à l'extrême-est pour suivre un probable ancien bras du fleuve, soit les conches de Peigland et de la Perrine. De même, à l'ouest, elle épouse le contour de l'Adressoir, lui aussi un ancien lit de la Sèvre. A l'ouest, la frontière communale passe dans la vallée du ruisseau de la Fraignée, elle-même descendant des abords du bourg de Benet, quartiers du Mazureau et de Sainte-Catherine jusqu'où s'étend le territoire de Coulon. La limite de la commune traverse ensuite au nord la plaine agricole, et revient vers le sud, passant à l'est de la Tiffardière, pour rejoindre les méandres de la Sèvre près du Châtelet, commune de Magné.

Les rives de la Sèvre Niortaise sont bordées d'une végétation plus ou moins dense, généralement arborée. La rive droite, sur laquelle s'étire Coulon, est systématiquement longée par l'ancien chemin de halage. Celui-ci se transforme en quais lorsque la Sèvre vient longer au sud le bourg de Coulon, après avoir été franchie par le pont de la route de Niort (les quais de sa rive gauche se trouvent communes de Magné et de Sansais). En aval du bourg, la Sèvre, bordée d'anciennes fermes, observe de faibles méandres, s'élargit à l'écluse de la Sotterie, passe sous le pont d'Irleau puis quitte la commune de Coulon.

Le tiers sud environ du territoire communal est occupé par les marais mouillés qui bordent la Sèvre Niortaise. A l'est, ils avancent entre Peigland, le Jumeaux et la Perrine. A l'ouest, alimentés aussi par le ruisseau de Courpenté et de Glande, les marais s'élargissent dans l'ancien marais communal de la Princesse, d'Assailly et de Balanger, au paysage quadrillé de canaux et fossés, jouxté au nord par le canal du Grand Coin. Ici s'étendent des prairies délimitées par des rideaux d'arbres (peupliers, frênes...).

Entre ces deux espaces de marais, le bourg de Coulon est établi sur une faible surélévation sablonneuse qui se prolonge vers l'ouest où existaient des carrières de sable, et qui annonce les terres hautes. Celles-ci occupent les deux tiers nord de la commune. Des promontoires se dessinent au-dessus des marais, au bord desquels ont pris place des métairies et quelques hameaux : Ambreuil, Villefollet, la Planche, le Grand Coin, Lessert, le Port de Brouillac à l'ouest ; la Perrine et Thorigné autour du Tertre, proéminence qui fait face à celle du coteau de Montigné, à l'est. Sillonnée de routes, de chemins et de l'ancienne voie ferrée, ponctuée d'une multitude de fermes, la plaine agricole, prolongement du plateau continental bas-poitevin, s'élève en direction du nord-est, culminant à 76 mètrs d'altitude au nord de Bel-Air. A cette endroit, on bénéficie d'un balcon qui offre un large panorama sur le Marais poitevin. En avant de Champmoireau se forme un seuil où l'on passe d'environ 40 mètres d'altitude à une vingtaine, seuil qui se poursuit à l'ouest vers Benet et à l'est vers la Tiffardière et la Roussille.

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