Collégiale, aujourd'hui église Sainte-Radegonde

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Poitiers

Radegonde, fille du roi de Thuringe et épouse du roi Clotaire Ier, consacrée à la vie religieuse par Médard, évêque de Noyon, fonde vers 539 une abbaye féminine à Poitiers. Elle reçoit de l'empereur Justin de Constantinople une relique de la Vraie Croix, l´abbaye est alors dédiée à Sainte-Croix. Radegonde fonde, vers 560, hors les murs antiques, une église dédiée à la Vierge et destinée à recevoir les sépultures des religieuses de la communauté de Sainte-Croix : Sainte-Marie-hors-les-Murs. Elle y est elle-même enterrée en 587 et sanctifiée peu après. Le pèlerinage qui se développe sur le tombeau de la sainte entraîne un développement du bourg en marge du quartier cathédral et canonial. Une communauté de clercs est chargée de veiller sur le tombeau et d'accueillir les fidèles. Ceux-ci s´organisent au 9e siècle en chapitre, qui comprenait vingt chanoines sous la direction d'un prieur et placé sous l'autorité de l'abbesse de Sainte-Croix. Une nouvelle église est consacrée en 863 par l'évêque de Poitiers Ingelnaldus. La légende veut que l´église ait subit des dégâts lors des incursions normandes de 863 et 865, mais il n´en a été trouvé aucune trace archéologique. Le bourg Sainte-Radegonde, dans un espace délimité aujourd'hui par le boulevard du Pont-Joubert, la rue du Pigeon-Blanc et la rue des Carolus, est fortifié au 10e siècle et est alors qualifié de « Castrum urbi contiguum ».

Dans le contexte du conflit pour la succession du roi de France Louis IV d´Outremer, Hugues le Grand, comte de Paris et duc des Francs (père du futur Hugues Capet), assiège à Poitiers en 955 Guillaume III, comte de Poitou et duc d´Aquitaine. Le bourg ainsi que l'église de Sainte-Radegonde auraient subi un incendie lors de ce siège.

En 1012, l'abbesse Béliarde dégage le tombeau de Radegonde, qui avait été muré, ainsi que le rappelle une inscription mise au jour en 1839 et scellée dans la maçonnerie de la première marche du chœur, côté sud.

Le début du chantier de construction de l'église romane se situe dans la seconde moitié du 11e siècle. Il adopte un plan avec un clocher-porche à l'ouest qui ouvre sur une nef et des collatéraux comme le suggèrent les arrachements de voûte contre le pignon de l'abside. La nef était couverte d'une charpente. À l'est, un chevet à déambulatoire enveloppe l'ancienne abside.

La chronique de Saint-Maixent rapporte que, en 1083, un grand incendie consécutif à un tremblement de terre ravage une partie de la ville et notamment l'église Sainte-Radegonde.

Le projet initial de reconstruction est alors modifié : le chœur est surhaussé afin d'éclairer sa partie centrale.

La chronique de Saint-Maixent signale la dédicace de la collégiale le 17 octobre 1099, alors que le chantier de reconstruction n´est pas achevé.

À la fin du 12e siècle ou au début du 13e siècle sont construits une chapelle de petites dimensions au sud de l'église, près du chœur, et le niveau octogonal du clocher-porche. En 1160, l´église et le bourg Sainte-Radegonde sont inclus dans la nouvelle enceinte de la ville qui longe les vallées du Clain et de la Boivre.

De l'église romane, il ne subsiste aujourd'hui que le chœur élevé au-dessus de la crypte et la partie inférieure du clocher-porche. Entre ces deux éléments s'intercale une nef gothique à vaisseau unique construite en deux campagnes, l'une vers 1210-1220 et l'autre dans la seconde moitié du 13e siècle, à l'imitation des vaisseaux de la cathédrale de Poitiers. Le projet devait à l'origine se poursuivre par le chœur à l´est. En 1346, au début de la guerre de Cent Ans, l'église est à nouveau endommagée lors de la prise de la ville par les Anglais.

Le portail du clocher-porche est remplacé à la fin du 15e siècle par un portail sculpté de décor gothique flamboyant, plaqué contre la partie basse du porche roman. Les vantaux en bois ont été datés de 1490 par des analyses dendrochronologiques.

Du 15e siècle datent aussi la reprise du parvis de justice installé devant le clocher-porche et le rehaussement du chœur qui devait être à l´époque romane au même niveau que le déambulatoire. L'église subit comme les autres églises de la ville les dommages des Guerres de religion ; elle est notamment pillée en1562. Le sarcophage de Radegonde est brisé et les ossements qu'il contenait sont jetés dans un brasier. Les ossements sauvés sont placés en 1565 dans un petit coffret de plomb hermétiquement clos et déposé dans le tombeau.

Le 9 juillet 1598, la toiture de l'église est emportée par une tempête, ce qui a nécessité de gros travaux de restaurations.

La dévotion d´Anne d'Autriche pour Radegonde entraîne à partir de 1650 de nouveaux aménagements dans la crypte avec l'ajout de nouveaux mobiliers (autel, retable, statue de sainte Radegonde par Legendre).

Le 4 octobre 1785, le chapitre de Sainte-Radegonde prend la décision de badigeonner l'intérieur de l'église dans son intégralité. La Révolution supprime le chapitre de l'église mais elle est conservée pour le service de la paroisse, l'enclos canonial est quant à lui mis en vente. Le 19e siècle voit une reprise importante des pèlerinages à sainte Radegonde, ce qui dynamise le quartier et relance des travaux de restaurations.

En 1836, les peintures du chœur, datées du 13e siècle, sont redécouvertes sous des couches de chaux et de peinture qui masquaient le sanctuaire. Honoré Hivonnait, peintre poitevin, décide de repeindre l´intérieur de l´édifice, ce qui provoque de nombreuses critiques notamment de la part de Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques. Le même Honoré Hivonnait restaure en 1846 les peintures de la petite salle capitulaire sous l'impulsion de la Société des Antiquaires de l'Ouest. En 1862, l'église est classée au titre des Monuments historiques. L'entrée de la crypte est réaménagée en 1870 avec le percement d'un large escalier et l'installation de nouvelles marches en granite. Le chœur est alors allongé de deux mètres vers l´ouest. En 1881, d'importants travaux de restauration sont lancés et dirigés par Jean Camille Formigé, architecte des monuments historiques. Cette campagne, d'une durée de seize ans avec quelques interruptions, consiste en la réfection de la couverture des absidioles, la reconstruction du mur pignon de la nef, la reprise totale de la charpente et de la couverture de l'église ainsi que de la flèche. Le chantier se termine par la restauration du clocher-porche et de son portail entre 1893 et 1895 et l'installation de nouvelles statues dans les niches à dais, les statues du 15e siècle ayant disparu. Un nouvel orgue, dont la tribune métallique et le buffet ont été dessinés par Jean Camille Formigé, est inauguré en 1894. L'église Sainte-Radegonde avait été dotée très tôt d'orgues, ainsi qu´en atteste une mention de 1455, mais ils avaient été détruits à la Révolution. L´instrument a été reconstruit entre 1994 et 1997 par Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux.

En juin 2006, une nouvelle campagne de restauration est menée sur le clocher-porche sous la direction de François Jeanneau, architecte en chef des monuments historiques, avec le nettoyage et la restauration des maçonneries, de la sculpture ainsi que des vantaux en bois du portail.

Périodes

Principale : 4e quart 11e siècle

Principale : 12e siècle

Principale : 13e siècle

Principale : 14e siècle

Principale : 15e siècle

Secondaire : 19e siècle

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

L´église Sainte-Marie-hors-les-Murs est construite en dehors des limites sud-est de la ville antique de Poitiers entre le rempart et le Clain. La collégiale est placée sous l'autorité de l'abbaye Sainte-Croix, établie non loin de la collégiale, à l'intérieur de l´enceinte gallo-romaine, à proximité du groupe épiscopal et de l´ancienne cathédrale qui devait se trouver plus près du baptistère. Son implantation permet le développement d'un bourg autour de celle-ci en lien avec les pèlerinages importants sur le tombeau de Radegonde, inhumée dans l´église en 587. Le bourg qui se fortifie au 10e siècle est protégé par la construction d'une nouvelle enceinte en 1160 qui suit les vallées du Clain et de la Boivre. Le cimetière se situait au nord. L´élévation de l´église au rang de collégiale entraîne la construction d´un cloître au sud de l'église, aujourd'hui disparu, mais des chapiteaux sculptés en sont conservés au musée Sainte-Croix de Poitiers. Les logis canoniaux entouraient l'église, sauf vers l´est, soumis aux crues du Clain.

L'église, construite en pierre de taille et moellons, possède un plan allongé ; à l'ouest, l'entrée est occupée par un clocher-porche qui ouvre sur une nef unique de quatre travées. Le chevet est construit au-dessus de la crypte qui permet de rattraper la forte déclivité du terrain vers l'est. Celle-ci possède une salle sépulcrale entourée par un déambulatoire sur lequel ouvrent trois chapelles qui servent d'assise au chevet de plan polygonal à sept pans. Le chevet qui reprend le même schéma avec un chœur à déambulatoire est ouvert sur trois chapelles en hémicycle. Une flèche surmonte le mur oriental du chevet.

Le clocher-porche reçoit une voûte en berceau tandis que la nef est couverte de voûtes d'ogives très bombées de style Plantagenêt dit aussi gothique angevin sur le modèle de la cathédrale Saint-Pierre voisine après la reconstruction du 13e siècle. La chapelle au sud de la nef reçoit un couvrement d'ogives sur des fausses trompes. L'abside du chevet est couverte par un grand cul-de-four et le déambulatoire d´une voûte en berceaux annulaires à larges pénétrations.

Le clocher-porche est précédé d´un parvis de justice de plan rectangulaire du 15e siècle. Il est clos par des murs et ouvert au nord et au sud, sur ses petits côtés, par un escalier alors que le mur ouest reçoit deux escaliers. Les petits côtés portent des sculptures très érodées de lions tandis que les deux escaliers du grand côté à l'ouest sont gardés par des anges agenouillés, aussi très érodés, qui tenaient des écussons. En contrebas du mur de clôture se trouve sur tout le pourtour du parvis des bancs de pierre ; une surélévation du mur ouest en face de l'entrée de l'église marque la chaire du juge. Tout l'espace du parvis est recouvert d'un dallage de pierre.

Le clocher-porche de trente-trois mètres de haut est construit en pierre de taille. Il adopte un plan carré surmonté par un dernier niveau de plan octogonal. Les deux premiers niveaux correspondent à la campagne du début du 11e siècle, tandis que la salle des cloches et le niveau octogonal datent de la fin du 11e siècle. Un escalier d'accès au clocher se trouve dans la tourelle adossée au nord dans l'angle formé avec la nef, qui date lui aussi du 11e siècle.

Au rez-de-chaussée, sur la face ouest du clocher-porche, a été plaqué un portail de style gothique flamboyant du 15e siècle. Le portail est cantonné de part et d'autre par deux contreforts d'angle qui présentent en partie basse des supports fasciculés à base prismatique et en partie centrale, une niche surmontée d'un dais. Les deux niches ont aujourd'hui perdu leur statue. La partie haute des contreforts, qui se rétrécit à mesure que l'on s'approche de la balustrade qui surmonte le portail, est traitée comme des pinacles. Le portail comme les contreforts prennent appui sur la banquette du parvis. Les piédroits sont constitués par une série de supports fasciculés à base prismatique, séparés les uns des autres par des gorges, qui se prolongent en arc brisé sans chapiteau intermédiaire. Les deux vantaux de la porte, percés chacun à leur sommet d´une petite ouverture et d´une porte piétonne à droite, sont séparés par un trumeau, le linteau se situe à mi hauteur du portail et délimite le tympan. Ce dernier est occupé par cinq niches à dais sous lesquelles se tiennent des statues qui ont été réalisées pendant la restauration du portail de 1893-1895. Elles sont identifiables grâce à leurs noms inscrits sur leurs socles, soit de gauche à droite sainte Agnès, sainte Radegonde, au centre une Vierge à l'enfant, saint Hilaire et enfin sainte Disciole.

La voussure du portail est composée de trois rouleaux, le premier est décoré de feuillages dans lesquels se cachent des singes tandis que le troisième est décoré uniquement de feuillages. Le deuxième rouleau sur sa clef le Christ montrant ses plaies et porté par deux anges à sa droite et à sa gauche ; les douze apôtres sont placés de part et d´autre sous des dais. Une archivolte surmonte la voussure, soulignée de choux et se terminant par un gâble surmonté d'un fleuron au niveau de la balustrade. Il est en outre décoré d'un bandeau sculpté de feuillages et en sous-face d'un motif dentelé. Les écoinçons de l'arc sont sculptés d'un couple d'anges qui portent un blason fleurdelisé et couronné, avec les initiales S et R dans celui de droite. La balustrade au-dessus du portail, ajourée de mouchettes et de soufflets, protège une terrasse dallée, les deux gargouilles saillantes de part et d'autre de celle-ci sont des copies en polyuréthane installées lors de la restauration de 2007. Le rez-de-chaussée est ouvert au nord et au sud par deux très petites baies en plein cintre inscrites dans des arcatures dont l'archivolte est décorée de denticules. Trois contreforts plats scandent le rez-de-chaussée et le premier étage sur les faces ouest, nord et sud. Ils montent jusqu'à la corniche denticulée à modillons sculptés de têtes animales et de motifs végétaux qui marque la séparation avec la salle des cloches.

Le niveau au-dessus du portail est ouvert à l'ouest, au nord et au sud par des baies en plein cintre très fines et très longues inscrites dans des arcatures à double ressaut dont l'archivolte reprend un décor de denticules.

Au-dessus, le troisième étage carré du clocher-porche est épaulé aux angles par des contreforts-colonnes. Trois autres contreforts-colonnes plus minces sont plaqués sur chaque face ; ils séparent les arcatures et les baies. Les arcatures aveugles, décorées de colonnettes à chapiteaux sculptés de motifs de végétaux, encadrent sur les quatre faces deux baies en plein cintre à double ressaut, dont les chapiteaux sont sculptés des mêmes motifs que ceux des arcatures. Les archivoltes des arcatures et des baies sont décorées de denticules tandis que les tailloirs des chapiteaux reçoivent un décor de pointes de diamant ; les écoinçons sont décorés d'un petit appareil réticulé. Ce niveau est couronné par un décor continu formé par les chapiteaux sculptés de motifs végétaux, les contreforts-colonnes et les modillons de la corniche sculptés de têtes animales et de motifs figuratifs. Le passage du plan carré au plan octogonal est amorti au dernier niveau par la présence sur les angles de mitres d'amortissement à crochets placés en acrotère.

L'étage octogonal est épaulé sur ses arêtes par des contreforts-colonnes ; il est ajouré par des baies en plein cintre à double ressaut qui s'appuient sur des colonnettes. Celles-ci sont terminées par une colonne isolée d'un diamètre plus important que les colonnettes, ce qui forme un petit tympan dans les baies. Les écoinçons des baies ainsi que leurs tympans sont décorés d'un petit appareil réticulé alors que les archivoltes sont sculptées de pointes de diamant. Ce motif se poursuit sur les tailloirs des chapiteaux qui reçoivent les deux rouleaux des baies, sur les tailloirs des colonnes des baies géminées ainsi que à mi-hauteur des contreforts-colonnes. Les chapiteaux de ce niveau sont sculptés de motifs végétaux, d'entrelacs et de motifs figuratifs. La toiture pyramidale est soulignée par une corniche sculptée qui est portée par des modillons sculptés de têtes animales et de motifs géométriques.

Le mur nord du clocher est en partie masqué par la présence d'une tourelle d'escalier qui obture deux de ses baies. Elle est épaulée à sa base par des contreforts rectangulaires et percée de trois jours. La séparation avec le deuxième niveau est marquée par un bandeau horizontal décoré de denticules, surmonté de motifs géométriques, ainsi que par une corniche à métopes sculptées de reliefs géométriques portée par des modillons à têtes animales. Le deuxième niveau de la tourelle est épaulé quant à lui par des contreforts-colonnes. Une corniche à modillons sculptés d'entrelacs, de motifs géométriques ou lisses souligne le lanternon circulaire qui couronne la tourelle. Il est ajouré de baies en plein cintre à double ressaut dont les rouleaux retombent sur des colonnettes robustes à chapiteaux semi-lisses sculptés de volutes très sobres. Les archivoltes des baies sont décorées de denticules et les écoinçons d'un petit appareil réticulé. Une corniche à modillons lisses ou sculptés souligne à la base la couverture conique.

Le mur gouttereau sud de la nef est épaulé par cinq contreforts massifs qui marquent les travées de l'église. Les deux premiers à l'ouest étant un peu moins larges et couronnés par un couvrement en bâtière avec des pinacles, deux larmiers sont disposés à différentes hauteurs de ces contreforts. Les trois autres sont très massifs avec un simple retrait taluté à larmier au sommet. La première travée à l'ouest est ouverte au sud en partie basse par une petite porte à arc brisé et réseau d'intrados trilobé inscrit dans une voussure à quatre rouleaux, le plus externe étant sculpté de motifs végétaux. En partie haute, le mur gouttereau est percé de six grandes baies, les deux premières travées à l'ouest sont ouvertes par une seule baie tandis que les deux autres travées à l'est sont percées de deux baies à chaque travée, résultat de la construction de la nef en deux campagnes. Les deux travées à l'ouest sont percées de grandes fenêtres hautes à arc brisé dont le remplage dessine en partie basse deux couples de deux lancettes trilobées surmontées par un oculus polylobé, le tout placé sous un grand oculus de réseau lui aussi polylobé. Les deux travées orientales sont percées quant à elles par des baies en plein cintre à simple ressaut ; celles de la dernière travée sont murées à la moitié de leur hauteur. L'espace entre les deux contreforts de la quatrième travée à l'est est occupé en partie basse par la salle capitulaire. Un bandeau mouluré surmonte la deuxième travée mais avec un profil et une hauteur différents de celui qui surmonte la troisième et la quatrième travées. Enfin une corniche couronne le mur sur toute sa longueur, portée par des modillons uniquement sur la première et la deuxième travées.

Le chevet de l´église est caractérisé par une très haute élévation. Celui-ci s'organise avec une superposition de volumes qui prennent appui sur la crypte à semi-enterrée qui rattrape la dénivellation du sol. Les absidioles rayonnantes se placent au-dessus de la crypte et en épousent le tracé ainsi que le déambulatoire surmonté par les parties hautes de l'abside. Le chevet s'appuie sur le grand mur pignon de la nef qui s'élève sur des vestiges du mur oriental de l'église du 11e siècle, vestiges qui sont encore visibles au-dessus des toits du déambulatoire. La crypte est décorée par une série continue d'arcatures aveugles, en plein cintre, plaquées contre la paroi qui est percée de petits jours au ras du sol actuel. Des contreforts plats terminés par un léger retrait scandent tout le chevet, ils s'élèvent de la crypte jusque sur les absidioles sauf au niveau des baies du déambulatoire qui les interrompent au niveau de la crypte. Ils marquent les arêtes de chevet polygonal et des absidioles et séparent les arcatures et les baies. Une corniche sépare le niveau de la crypte de celui du chœur.

L´absidiole sud est percée dans son axe d'une baie en plein cintre à double ressaut dont le rouleau extérieur retombe sur des colonnettes à chapiteaux sculptés. Elle est encadrée de part et d'autre d'arcatures aveugles à simple ressaut. L´absidiole nord a le même aspect que l´absidiole sud tandis que l´absidiole d'axe à l'est a un traitement différent. Elle est percée de trois baies en plein cintre à double ressaut avec des colonnettes à chapiteaux sculptés qui reçoivent le rouleau extérieur. Des arcatures aveugles à simple ressaut séparent les baies. La fenêtre d'axe est mise en valeur par une taille plus importante. Le déambulatoire est éclairé de quatre baies en plein cintre à double ressaut et à colonnettes et chapiteaux sculptés. Deux d'entre elles encadrent la chapelle d'axe tandis que les deux autres fenêtres sont placées à la jonction du chœur et de la nef, celle au sud est aujourd'hui masquée par un bâtiment qui se greffe entre l´absidiole sud et la salle capitulaire.

Deux baies sont percées dans le mur pignon de la nef de part et d'autre des parties hautes de l'abside, au-dessus des toitures du déambulatoire. Elles permettent un éclairage direct de la nef par l'est.

La partie haute de l'abside est elle aussi scandée par des contreforts plats terminés par un léger retrait qui ponctuent les arêtes de l'abside et encadrent les sept baies qui l'éclaire. Celles-ci sont en plein cintre et à double ressaut, simplement mis en valeur par des archivoltes décorées de denticules.

Le mur gouttereau nord de l'église est scandé par cinq grands contreforts avec la même différence qu´au sud entre les deux contreforts les plus à l'ouest et les trois à l'est. La première travée à l'ouest est ouverte par une petite porte à arc brisé et une voussure à trois rouleaux mais avec une archivolte non sculptée. Comme au sud, le mur gouttereau nord est percé de six grandes baies regroupées deux par deux dans les deux travées à l'est et une seule dans les deux travées à l'ouest. Les quatre baies les plus à l'est sont en plein cintre, assez étroites mais très élancées. La baie de la deuxième travée en partant de l'ouest, à arc brisé, possède un remplage qui forme en partie basse huit lancettes, regroupées deux par deux et inscrites sous des quatre-feuilles surmontés eux-mêmes par deux d'oculi polylobés, le tout couronné par une grande rose. La première travée de la nef a une baie avec un remplage qui forme quatre lancettes trilobées surmontées de trèfles, placées sous deux quatre-feuilles et surmontées d'un grand oculus polylobé. L'espace compris entre les deux contreforts de la quatrième travée à l'est est occupé en partie basse par un bâtiment postérieur, un ressaut du mur à la deuxième travée en partie basse correspond à l'emplacement d'une niche à l'intérieur du mur dans la nef. Un bandeau mouluré surmonte les deux travées les plus à l'est et une corniche couronne le mur sur toute sa longueur dont les modillons s'arrêtent au niveau de la troisième travée.

À l'intérieur du rez-de-chaussée du clocher-porche sont insérées dans les murs nord et sud deux dalles déposées puis réemployées, qui proviennent probablement de l'ancienne façade du clocher et qui portent encore des traces de polychromies. Elles sont taillées en cuvettes, l'une représente le Christ en Majesté et l'autre une femme assise qui pourrait représenter soit Radegonde soit la Vierge. La position inclinée vers la gauche de la femme montre que les deux reliefs sont les vestiges d'un seul ensemble sculpté dont il manque le relief placé à la gauche du Christ. La restauration des maçonneries du portail a aussi permis durant la campagne de restauration de 2007 de mettre en évidence des traces de décor peint au revers du portail.

L'entrée de la nef se fait par un arc en plein cintre à double ressaut placé sous un grand arc segmentaire qui est encadré de deux arcatures aveugles à arc brisé. Une porte dans l'arcature nord donne accès à la tourelle d'escalier adossée au clocher-porche. La nef à vaisseau unique est rythmée par les piles plaquées contre les murs gouttereaux qui reçoivent la retombée des arcs doubleaux, dont certain sont montés en encorbellement et qui séparent les voûtes de chaque travée. Les piles reçoivent de plus les ogives des voûtes bombées de style gothique angevin qui sont renforcées par des liernes transversales et longitudinales. La travée avant le chœur reçoit de plus une clef de voûte annulaire. Les murs gouttereaux sont renforcés en partie basse par une série d'arcatures aveugles en plein cintre, avec des chapiteaux sculptés de feuillages. Ceux-ci portent de plus des petites colonnettes engagées qui soutiennent une coursière de circulation qui contourne les piles dans l'épaisseur des murs. La coursière repose sur près d'une centaine de modillons sculptés, d'une grande variété de motifs. On y retrouve des têtes ou des petites scènes composées avec des animaux, des monstres et des personnages. Les colonnettes qui reçoivent les arcs formerets sont positionnées sur la coursière de circulation. Le mur gouttereau sud abrite dans la deuxième travée un enfeu qui contient un groupe sculpté dit « du Pas de Dieu » daté du 17e siècle et réalisé par Gervais de La Barre, les sculptures qui provenaient de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers ont été transférées dans l'église à la Révolution. La moitié de la première travée est occupée en partie haute par la tribune métallique réalisée par l'architecte Jean Camille Formigé pour accueillir l'orgue de l'église. La quatrième travée avant le chœur est largement occupée par le grand escalier aménagé en 1870 qui donne accès à la crypte et par les escaliers latéraux d'accès au chœur.

La petite salle capitulaire au sud, de style angevin, par laquelle on accède par une porte dans la quatrième travée, est aujourd'hui une chapelle dédiée à sainte Madeleine. La voûte est découpée par huit nervures qui rayonnent à partir d'une clé qui est sculptée d'un Christ bénissant assis sur un trône. Dans les angles se trouvent des fausses trompes dont la rencontre avec les nervures qui les bandent est décorée de figures et par le symbole des quatre Évangélistes. Les nervures de la voûte et des fausses trompes retombent sur des colonnettes montées en encorbellement sur des consoles ornées de têtes d'hommes et de femmes. Les peintures de la salle datent de 1846, lorsque celle-ci fut repeinte dans un style du 12e siècle. La porte au nord de la quatrième travée donnait accès quant à elle à une autre chapelle qui faisait le pendant de celle au sud et dédiée aux apôtres. Aujourd'hui ce bâtiment est dédié au chauffage de l'église.

La crypte, fortement restaurée depuis le 19e siècle, était à l'origine accessible par deux petits escaliers latéraux. Elle est composée autour de la salle sépulcrale qui abrite le sarcophage de Radegonde. Les murs qui correspondent à ceux de l'abside primitive sont décorés d'une série d'arcatures aveugles en plein cintre avec des colonnettes à chapiteaux sculptés de feuillages gras. L'épaisseur importante des murs est une conséquence de leur doublement pour recevoir les supports du chœur roman. Deux couloirs donnent accès à un déambulatoire qui contourne la salle sépulcrale et qui ouvre sur trois chapelles. Elles sont dédiées pour la chapelle nord à sainte Disciole, nièce de saint Sauve, évêque d'Albi, et décédée en 583, pour la chapelle orientale à saint Junien, un ermite contemporain de Radegonde, et pour la chapelle sud à sainte Agnès, première abbesse de Sainte-Croix, décédée en 589. Une plaque de marbre noir à la gauche de l'escalier qui donne accès à la crypte est le plus ancien ex-voto conservé de l'église. Il rappelle les donations faites par Anne d'Autriche lors de son entrée dans la congrégation de Sainte-Radegonde en 1649 puis lors de sa venue sur place en 1651 (dont la statue de Radegonde en marbre de Nicolas Legendre sous les traits d'Anne d'Autriche) et enfin en exécution d'un vœu pour la guérison de Louis XIV en 1658. De nombreux autres ex-votos tapissent les murs de l'escalier de la crypte et de la nef.

On peut voir, en avant du chœur , le départ de voûtes à nervures qui montrent que le projet initial des constructeurs de la nef gothique était de détruire le chœur roman pour laisser place à un espace neuf. Il en résulte une liaison difficile entre la nef et le chevet roman. Le chœur, éclairé directement par les sept baies en partie haute de l'abside, se structure autour d'un rond-point de huit colonnes qui portent des chapiteaux très massifs sculptés de feuillages corinthiens, de lions et de personnages. Deux chapiteaux historiés sont présents au rond-point du chœur, un premier sur la deuxième colonne en partant de la gauche présente des hommes en proie aux bêtes sauvages. Le chapiteau de la cinquième colonne au fond du rond-point présente sur ses faces quatre scènes : la Tentation d´Adam et Ève, Nabuchodonosor, Daniel dans la fosse aux lions et des hommes agressés par des lions. La partie centrale du chœur a été fortement surhaussée et rallongée au 19e siècle. Les arcatures et les baies à double ressaut du déambulatoire et des absidioles rayonnantes reçoivent des colonnettes à chapiteaux sculptés de végétaux dérivés du corinthien antique mais aussi des animaux (lions, oiseaux, bélier).

La sculpture romane de Sainte-Radegonde est concentrée au chevet et dans les parties supérieures du clocher-porche. L'ensemble a été réalisé par plusieurs ateliers. Le premier atelier est intervenu entre 1060 et 1070. Il a réalisé les grands chapiteaux de la série dit corinthienne du rond-point chœur avec les grandes corbeilles végétales à motif d'acanthes. Le chapiteau aux huit lions dressés qui montent de l'astragale jusqu'au tailloir et dont les têtes fusionnent sur l'angle est aussi à relier à ce groupe, de même que les deux chapiteaux historiés. Les deux dalles sculptées du rez-de-chaussée du clocher-porche sont aussi à associer à cet atelier : des ressemblances peuvent être décelées entre le Christ et le personnage de Nabuchodonosor du chapiteau historié, notamment les visages et leurs détails (chevelure, barbe) et le même schéma des draperies.

Les chapiteaux du déambulatoire du chœur sont quant à eux l’œuvre d'un second atelier intervenu entre l'incendie de l'église en 1083 et la consécration de 1099. Les motifs à dominante de décor végétal, mais pas uniquement, sont inspirés des enluminures des manuscrits.

Enfin, les quatorze corbeilles des fenêtres hautes de l'abside sont la conception d'un troisième atelier intervenu après changement de partie des constructeurs pour surélever le chœur. Elles présentent toutes le même calibre et une homogénéité des motifs végétaux et animaliers.

Bien que les peintures du 13e siècle du chœur aient été repeintes au 19e siècle par l'artiste poitevin Honoré Hivonnait, on peut encore y voir le schéma originel. Au milieu du cul-de-four se trouve un Christ bénissant dans une mandorle placé dans un cadre oblongue. Le Christ est accompagné du Tétramorphe placé dans les angles. Dans un second registre, en-dessous du cadre du Christ, se trouvent la Vierge et l'enfant Jésus, au fond du cul-de-four encadré par deux anges, chacun placé dans son propre cadre. À droite de la Vierge se suivent plusieurs personnages, sainte Radegonde puis dans des cadres séparés par des motifs végétaux, sainte Agnès et sainte Disciole. En parallèle à gauche de la Vierge se succèdent saint Fortunat, Grégoire de Tours et Médard de Noyon. Dans la partie haute des murs du rond-point, un Christ en buste est encadré d´un cycle hagiographique dédié à sainte Radegonde.

L'église a également conservé dans la nef une partie de ses vitraux du 13e siècle et du début du 14e. Les deux grandes verrières du mur gouttereau nord datent toutes les deux du 13e siècle, la première représente la vie de saint Blaise et la seconde, datée de 1270, représente en partie basse dans les huit lancettes la vie du Christ. Elles sont surmontées dans la grande rose par la représentation du Jugement Dernier. Les baies jumelles nord des travées orientales sont consacrées quant à elles à la vie de sainte Radegonde. Mais seules les verrières de la quatrième travée, bien que remaniées, datent du 13e siècle, les vitraux de la troisième travée ayant été réalisés par M. Carot au 19e siècle. Les deux verrières du mur gouttereau sud comportent des éléments de 13e siècle mais elles sont lacunaires et très restaurées, les travées orientales sud ne comportent pas de vitraux. Tous les vitraux du sanctuaire datent du 19e siècle, ils ont été réalisés par le maître verrier M. Lobin de Tours entre 1857 et 1872. La verrière d'axe des fenêtres hautes du chœur est décorée d'une croix, qui est encadrée comme dans les peintures du cul-de-four par sainte Radegonde, saint Fortunat, sainte Agnès et sainte Disciole. Dans le déambulatoire et les absidioles, le maître verrier a reproduit des verrières dans le style du 13e siècle, des médaillons inscrits sur un fond de mosaïque. Les verrières du déambulatoire se composent d'une glorification de différents saints pour illustrer le thème d'une France « catholique et royale ». La chapelle d'axe, qui est dédiée à la Vierge, reçoit pour la fenêtre d'axe une représentation de l'Assomption en pied, entourée de scènes du Rosaire et de personnages bibliques.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moyen appareil

  3. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : petit appareil

  4. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. ardoise, pierre en couverture
Plans

plan allongé

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. voûte en berceau voûte d'ogives bombée cul-de-four voûte à nervures multiples
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit conique

  3. Forme de la couverture : flèche polygonale

  4. Forme de la couverture : toit polygonal

  5. Forme de la couverture : appentis

  6. Partie de toit : croupe ronde

État de conservation
  1. restauré
Décors/Technique
  1. peinture
  2. sculpture
  3. vitrail
Décors/Représentation
  1. Representations : sources ecrites

  2. Representations : personnage biblique

  3. Representations : sujet chrétien

  4. Representations : ornement figuré

  5. Representations : ornement animal

  6. Representations : ornement végétal

  7. Representations : ornement géométrique


Précision sur la représentation :

Les éléments mentionnés dans le champ " représentation " ne concernent que les parties romanes de l'édifice.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , rue du Pigeon-Blanc

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: cadastre ancien, copie 1837 K1 238, 2012 CE 150

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