Manoir de Fief-Doré

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Fort-sur-Gironde

La terre de Fief-Doré fait partie des biens pour lesquels, dans la première moitié du 16e siècle, maître François Grassy, juge ordinaire auprès du seigneur de la Vigerie, est tenu de payer à ce dernier un devoir de mouvance. En 1618, lors d´un procès, ses petits-fils, Josué Blanc et Michel Villain sont dits sieurs de Fief-Doré, détenteurs de ce fief depuis 1599. Protestant, Michel Villain est marchand puis procureur au bourg de Mortagne. Après sa mort en 1638, Fief-Doré passe à son fils, Michel, qui hérite par ailleurs de la part de son oncle Josué Blanc, en 1640. Son fils et héritier, Daniel Villain, sieur de Fief-Doré, épouse vers 1657 Louise de La Jaille, fille de Benjamin de La Jaille, auquel le duc de Richelieu vient de confier, avec Jean Desmaretz de Saint-Sorlin, le dessèchement de ses marais de Cônac. De ce mariage naît, entre autres, Marie Villain qui épouse vers 1680 Jérémie de Longueville, sieur du Petit Pré, et Daniel Villain, mort sans enfants en 1699.

Relevant de la seigneurie des Salles, Fief-Doré passe alors dans les mains des Longueville, famille protestante comme les Villain. Fils de Marie Villain, Jérémie de Longueville (1680-1724), époux de Françoise Fourestier, est greffier en l´élection de Saintes, et fermier de la seigneurie de Lorignac. C´est peut-être à lui que l´on doit la construction du logis actuel de Fief-Doré. Son fils, Michel de Longueville (1710-1752), époux de Marie-Anne Boulanger, lui succède à la tête du domaine, en l´étendant considérablement. Il est par ailleurs fermier de l´Hôpital Neuf de Pons et capitaine garde-côtes de Lorignac. A sa mort, sa mère, Françoise Fourestier devient tutrice de ses nombreux petits-enfants. Lorsqu´elle meurt à son tour, en 1762, un inventaire après décès est réalisé à Fief-Doré. Le logis comprend un vestibule, une première chambre, celle de Françoise Fourestier, une seconde, une salle principale avec une cheminée, une grande cuisine, une salle à manger ou salon, une chambre au couchant, appelée « chambre verte », suivie de la chambre des servantes, d´une fournière. Suivent le grenier au-dessus du logis, le chai, empli de barriques d´eau-de-vie et de vin, les écuries et les étables. Après quelques procès, Fief-Doré échoit à Pierre-Jérémie de Longueville qui, le 10 janvier 1783, vend le domaine à David Raboteau, sieur de la Rousserie, négociant à Bordeaux, protestant, propriétaire de terres à café et à sucre à Saint-Domingue, et par ailleurs gestionnaire (puis propriétaire) du manoir du Pible, à Saint-Dizant-du-Gua (il est en outre le beau-frère de Marie-Françoise de Longueville, sœur du vendeur).

En 1801, David Raboteau fait don de Fief-Doré à sa nièce et filleule, Suzanne-Charlotte-Larousserie Raboteau, fille de Théodore Raboteau et de Marie-Françoise de Longueville, lorsqu'elle épouse Pierre-André Guichard (1778-1854), sieur de Préfontaine, catholique, maire de Saint-Fort. Après eux, leur fille, esther-Eugénie (1814-1894), et leur gendre, le docteur Honoré Chapparre (1805-1879) héritent du domaine et en font leur demeure. En 1859, selon le cadastre, le docteur Chapparre fait construire une nouvelle maison, soit peut-être le logement de métayer qui se trouve à l'arrière du logis. C'est probablement lui également qui fait aménager l'allée d'arbres encore visible à l'est. Après lui, son fils, le docteur Henry Chapparre (1847-1906), maire de Saint-Fort de 1884 à 1905, hérite du domaine. Il y fait construire une distillerie en 1896. A sa mort, Fief-Doré passe à son neveu, Jaenk Daene (1870-1925) qui vend la propriété à Edouard Enard. Elle échoit ensuite à sa fille, Marie-Louise Enard épouse de Jean Bentegat.

Périodes

Principale : 1ère moitié 18e siècle

Principale : 19e siècle

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

Le domaine comprend un clos de murs le long de la route de Saint-Dizant, à gauche, une mare à droite, et un ensemble de bâtiments répartis autour de deux cours. La cour sud est fermée par un portail monumental constitué d'une porte charretière, sans doute couverte à l'origine, et de deux portes piétonnes, dont celle de gauche est murée. Chacune de ces deux portes s'inscrit dans un mur couronné par une corniche. Chaque porte est en arc surbaissé, avec clé de linteau saillante et plate-bande, et est encadrée par deux pilastres. Deux autres pilastres du même type sont placés de part et d'autre de la porte charretière.

Le logis se trouve à l'arrière du portail et de la première cour. Perpendiculaire à la voie, il est couvert d'un toit à croupes orné d'épis de faîtage en zinc. Il comprend un rez-de-chaussée et un comble. La façade, sobre, est couronnée par une corniche et présente six travées d'ouvertures. Chacune comprend un oculus mouluré au niveau du comble, inscrit dans une table saillante en pierre de taille qui se prolonge en plein de travée appareillé. Les encadrements des ouvertures du rez-de-chaussée sont saillants. La façade postérieure du logis, qui donne sur la seconde cour, présente cinq oculi identiques à ceux de la façade principale. La plupart des ouvertures du rez-de-chaussée y possèdent un linteau saillant.

Les deux cours sont délimitées à l'ouest et au nord par de vastes dépendances parmi lesquelles on reconnaît un chai, avec porte en arc surbaissé, près du logis, des granges, un hangar à piliers en pierre, une étable. Au nord de la cour se trouve un logement de métayer, à façade en pignon, avec une porte en arc surbaissé. Son toit se prolonge sur une étable dont lle linteau de la porte est supporté par un corbeau en pierre. Juste à côté, en limite nord-ouest de la cour, se trouve un pigeonnier. De plan carré, il est couvert d'un toit en appentis qui a pu remplacer un toit en pavillon à la suite d'un arasement.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Étages

en rez-de-chaussée, comble à surcroît

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Fort-sur-Gironde , rue de Saint-Dizant

Milieu d'implantation: isolé

Cadastre: 1834 C 360, 2009 C 340 et 341

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