Carrière
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Migné-Auxances
Historique
Le toponyme Lourdines, dont la racine proviendrait du terme latin "lapis" (pierre) ou d'un nom gallo-romain ("lieu de carrière"), laisse penser que ces carrières étaient vraisemblablement exploitées dès le 1er siècle de notre ère pour la confection de sarcophages. C´est semble-t-il au lieu-dit La Pierre Levée qu´aurait commencée l´extraction à l´époque gallo-romaine. L´exploitation s´effectua d´abord à ciel ouvert, puis en galeries souterraines lorsqu´elles étaient accessibles à flanc de coteaux. L´analyse lapidaire de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers indique que les soubassements de la façade sont constitués en pierre des Lourdines, attestant de l´exploitation dès le 12e siècle. D´après les archives écrites, il est fait mention des Lourdines en 1384 et 1385 lorsque le Duc de Berry visite, en compagnie de son architecte Guy de Dammatin, les carrières de Bonillet, de Chardonchamp et des Lourdines en vue de restaurer son palais ducal. A cette époque, Les Lourdines relèvent de l´abbaye de Montierneuf. Les innovations techniques du 19e siècle contribuent au développement du site ainsi qu´à la modernisation des méthodes d´extraction, qui s´effectue désormais en galeries souterraines. Le gisement, qui rassemble plusieurs zones d´extraction ouvertes successivement, se compose, d´ouest en est, du site de Château-Gaillard (ouvert en 1863), du site de Batrelle (ouvert en 1876), du site de la Pierre Levée (qui tient son nom d´un roc naturel de forme triangulaire situé à l´entrée du gisement), du site des Planteries (exploité à partir de 1893 par M. Delhomme) et du site de Belle Roche (ouvert en 1900 et exploité par la Société générale des Carrières des Charentes et du Poitou). Au 19e siècle, les différents sites, dispersés sur le territoire, sont exploités tant par des particuliers que par des grandes compagnies. Commence alors une époque florissante, les diverses exploitations fournissent le matériau pour la construction de l´école et de la mairie de Migné (1844) et les blocs de calcaire sont par ailleurs largement utilisés par les habitants de la commune qui munissent leur propriété de portails. L´extraction se faisait à la lance, technique apparue au milieu du 19e siècle, comme en témoignent les traces sur certains piliers. Lorsqu´à partir de 1861, le baron de Soubeyran, député de la Vienne, rachète, plusieurs petites carrières, l´activité de la carrière des Lourdines s´accroît, donnant lieu à la création du site de Château-Gaillard. La carrière emploie alors entre 100 et 200 ouvriers (carriers, charretiers, maréchaux-ferrants, selliers) travaillant à la tâche et payés au mètre cube extrait. Afin de faciliter le convoyage de la pierre, le baron de Soubeyran fit modifier le tracé de la ligne de chemin de fer afin qu´elle desserve les carrières : la gare expéditrice de Migné-les-Lourdines est construite à Château-Gaillard, des voies secondaires conduisent aux autres sites d´extractions. Selon le recueil de l´Association Migné-Auxances Mémoires, les carrières des Lourdines alimentent ainsi les grands chantiers de construction de Poitiers (la Préfecture, inaugurée en 1868, et l´Hôtel de ville, achevé en 1876) et fournissent également le matériau nécessaire pour des réalisations plus lointaines (gare de Châtellerault, école de sous-officiers de Saint-Maixent, Gare de Saumur, Hôtel de ville de Tarbes et de Toulouse, Gare d´Orsay à Paris, etc.). De 1865 à 1895, les grandes carrières du Poitou (Chauvigny, Tercé, Lavoux, Migné-Auxances) passent de mains en mains : une déclaration, datée du 30 octobre 1889, atteste que Château-Gaillard et les Planteries, domaine du baron de Soubeyran, et la Batrelle et Bel-Air, propriétés de Marcel Quentin, sont exploités par la société des Carrières du Poitou. En 1895, les carrières de Migné-Auxances sont rachetées par la société Civet-Pommier et Compagnie. Durant la première moitié du 20e siècle, le matériel de manutention et de transport est complété et modernisé (chemins de fer, ponts roulants pour charger les blocs de pierre directement sur les wagons). En 1908, le trafic ferroviaire et le transport des marchandises en gare des Lourdines obligent le maire, Norbert Proust, et le conseil municipal à demander que soit réalisé un abri couvert, destiné à protéger les marchandises qui transitent par la petite gare. Cette gare fonctionna jusqu´en 1969, elle fut rasée quelques années plus tard. Lors de la première guerre mondiale les carrières de Château Gaillard et de la Batrelle sont occupées par l´armée française qui s´en sert comme dépôt de munitions. Le 8 décembre 1917, un atelier de fabrication de gargouses devant la carrière prend feu et 22 femmes y laissent leur vie. Lors de la période de reconstruction massive d´après guerre, le béton se substitue à la pierre taillée, qui n´est plus utilisée qu´à des fins décoratives. A partir des années 1920-21 et jusqu´en 1935, les galeries inexploitées de Château-Gaillard, de la Pierre Levée et de Petit Bel-Air accueillent des champignonnières. Cette production s´acheva suite à la transmission d´une maladie par un insecte. Pendant la seconde guerre mondiale, l´armée allemande utilise les carrières comme lieu de stockage de munitions et de butins de guerre. Les salles souterraines de Château-Gaillard sont transformées en entrepôt de matériel militaire jusqu´en 1989, avant d´être vendues, en 1990, à une société parisienne de garages et d´entrepôts (SOGEGE). Cette société était en liquidation judiciaire en 1996 et le site fut à nouveau mis en vente. Faute d´acquéreur, il est depuis propriété de la banque ayant financée la SOGEGE. Une partie du lieu a été occupée par la société SAFT, spécialisée dans l´équipement aéronautique.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : limite 19e siècle 20e siècle Secondaire : 2e moitié 20e siècle |
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Description
Les carrières des Lourdines sont situées à 2,500 mètres au nord du bourg de Migné-Auxances, et à 5 km au nord-ouest de Poitiers en bordure de la RN 147. Les principales exploitations se trouvent à 2 km à l´est de cette route. Les carrières occupent une superficie d´environ 8 hectares, rassemblant 272 salles de 50 à 500 m², desservies par de larges galeries dont les noms (Napoléon, Ornano) renvoient au 19e siècle, époque où l´activité prospérait. Implanté dans un bassin calcaire s´étendant de Puy-Lonchard à Bonillet, le site des Lourdines fournit une pierre tendre ou demi-dure, compacte, gélive, d´une nuance blanche caractéristique, à grains fins et homogènes, qui a conservé sur plus de 30 mètres de hauteur les traces de la période jurassique, sous la forme d´organismes fossilisés. Le gisement de Château-Gaillard, composé de couches uniformes, fissurées verticalement à des distances de 15 à 25 mètres, est le plus connu du fait de son banc royal dur. Le front de taille se décompose en bans auxquels les ouvriers ont donné des noms : partant de la voûte, le "tanfiche" (0, 90 m.), le gros banc ou le tourte (0, 80 m.), le petit banc (0, 80 m.), le banc marbrier ou royal (1, 60 m.), le coquiller (0, 60 m.). Les trois premiers bans servent à la construction, le banc royal est utilisé pour la sculpture et l´ornement, le coquillier, le plus dur, est employé dans la construction des voûtes (de passage, d´arêtes, nervures). De manière générale, ce calcaire offre une bonne résistance aux éléments extérieurs s´il est employé à une certaine hauteur du niveau du sol.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86002732 |
Dossier réalisé par |
Bunoz Céline
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté d'Agglomération de Poitiers |
Phase |
repéré |
Date d'enquête |
2007 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Poitiers |
Citer ce contenu |
Carrière, Dossier réalisé par Bunoz Céline, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Poitiers, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/aca1558d-96e7-4a3a-ae06-14664c4b96de |
Titre courant |
Carrière |
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Dénomination |
carrière |
Parties constituantes non étudiées |
atelier logement |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Migné-Auxances
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: les Lourdines
Cadastre: 2004 ZN 315, 318 à 321