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Abbaye, aujourd'hui église Saint-Jean de Montierneuf
Historique
La fondation de Saint-Jean-de-Montierneuf est attribuée à Guy-Geoffroy-Guillaume, dit Guillaume VI comte de Poitou et Guillaume VIII duc d'Aquitaine, en échange d'une dispense du pape pour épouser Audéarde de Bourgogne, après la répudiation de sa seconde femme, le mariage avec une cousine au quatrième degré étant prohibé par l'Église. Le comte déclare lui-même dans une charte datée de 1076 que cette fondation est « in locum penitentie » (en guise de pénitence). D´après la chronique de Saint-Maixent, la construction commence en 1069. Le moine Martin, dont la présence est attestée dans l'abbaye de 1106 à 1129, donne le plus d'éléments sur la fondation de l'abbaye dans sa chronique intitulée De constructione Monasterii novi Pictavis. Le comte Guy-Geoffroy-Guillaume s'implique dans la construction de l'abbaye en l'implantant sur un terrain relevant de son autorité et en faisant de nombreux dons. En 1076, le comte confie la direction de l'abbaye à l'ordre de Cluny alors que le chantier de construction est en bonne voie ; à cette date, d´après la chronique du moine Martin, le moine clunisien Ponce est présent sur le chantier avec le qualificatif de « constructor » et de « aedificator ». Les dix-huit premiers moines sont ainsi envoyés de Cluny ainsi que le premier abbé, Gui de Pleurs, ancien prieur de Cluny intronisé le 22 janvier 1082. Le 22 janvier 1096, le pape Urbain II, également ancien prieur de Cluny, procède à la dédicace de l'abbatiale et à la consécration de l'autel matutinal comme relaté par une inscription sur un autel aujourd'hui inséré dans le mur du collatéral nord.
L'emploi généralisé de la pierre de taille dans l'édifice montre la volonté d'afficher grandeur et puissance, le comte ayant prévu d'édifier à l'ouest une façade à deux tours qui ne fut jamais construite.
L'église visible aujourd'hui est incomplète et a subi de nombreuses modifications et restaurations. Le cloître roman qui se trouvait au sud de l'abbatiale, remanié à l'époque classique, est aujourd'hui détruit. Des vestiges en ont été trouvés à l'occasion de fouilles archéologiques préventives en 2012.
Des modifications importantes sont apportées à l'époque gothique. C'est le chevet qui subit le plus de modifications avec la surélévation du chœur ancien et la construction de sept hautes fenêtres en partie supérieure. Cette surélévation a entraîné la reprise des arcs du rond-point du chœur et la mise en place d'arcs-boutants à l'extérieur.
Comme les autres édifices de la ville, l'abbaye Saint-Jean-de-Montierneuf a souffert des sièges de Poitiers par les protestants au 16e siècle. En 1562, l'église est incendiée, les tombeaux sont brisés et le cloître, détruit. Les toitures du chœur, de la nef, un clocheton de la tour située au-dessus de la croisée du transept et la façade subissent des dégâts importants. Quelques réparations sont réalisées.
Fragilisé par l'incendie de 1562, le clocher s'effondre partiellement en 1643, entraînant une partie de la nef et détruisant le tombeau de Guy-Geoffroy-Guillaume.
Une importante campagne de restauration est menée en 1643/1644 par l'abbé Pierre Rousseau de la Parisière, connue grâce à la copie d'un rapport de visite de l'édifice de 1677 par dom Fonteneau. Cette campagne porte sur la reconstruction de six voûtes de la nef centrale à un niveau plus bas que le niveau initial et la reprise des voûtes des cinq premières travées du collatéral nord. La façade, qui avait certainement trop souffert, est détruite et remplacée par un simple mur édifié à l'aide de matériaux de récupération en recul d'une travée par rapport à sa position d'origine. La construction des puissants contreforts sur le mur nord de la nef, pour éviter le déversement des voûtes, est sans doute à rattacher à cette campagne.
Une seconde campagne de restauration est menée de 1668 à 1672 par René Rousseau de la Parisière, neveu du précédent. Les arcs-boutants gothiques du chœur sont repris, comme en attestent les armoiries de l'abbé sculptées avec la date, 1668. Au cours de la même campagne, les vitraux et les voûtes de la lanterne sont restaurés.
En 1787, les moines quittent définitivement l'abbaye puis, avec la Révolution française, un régiment d'Agenois s'installe dans les bâtiments conventuels. Le clocher déjà fragilisé par la chute d'un clocheton latéral s'effondre à une date inconnue mais qui se placerait entre 1789 et 1817. Cet événement provoque l'effondrement des voûtes de la croisée et des deux dernières travées de la nef à l'est. L'église est alors en très mauvais état, des couvertures endommagées, l'absence de vitres et de portes entraîne sa désaffectation au culte. Elle est alors transformée en écurie puis en magasin à fourrage jusqu'en 1805, où elle est rendue au culte.
Il faut attendre 1817 et la nomination de l'abbé Sabourin pour qu'une nouvelle campagne de sauvetage soit lancée. Ces travaux sont financés par les fonds personnels de l'abbé mais aussi par des quêtes et un don conséquent de 50 000 francs du futur roi Charles X et de son fils, le comte d'Angoulême. Ces travaux sont lancés le 3 mai 1817 par le préfet François-Joseph du Hamel après une opération importante de déblaiement. Menés sous la direction de l'architecte poitevin Louis Vétault, les travaux durent six ans, jusqu'en 1822, et s'achèvent en 1823 avec la construction d'un campanile au-dessus du transept sud. Ce sauvetage est très critiqué par Gabriel-Francois-Gérasime Lecointre-Dupont, l'un des fondateurs de la Société des Antiquaires de l'Ouest, et par Charles de Chergé, architecte de la commission des monuments historiques, car les murs en pierre de taille ont été recouverts d'un épais enduit sur lequel est peint un faux appareil à joints tirés. Les voûtes de la croisée et des deux dernières travées du vaisseau central de la nef à l'est sont peintes quant à elles de motifs en trompe-l’œil néoclassique. C'est surtout le bûchement des grands chapiteaux romans du rond-point du chœur et de la croisée du transept qui est le plus vivement désapprouvé, certains ont cependant pu être déposés et se trouvent désormais dans le musée Sainte-Croix. Ils sont remplacés par des corbeilles de plâtre à oves ou à acanthes. Seules les colonnettes des baies des collatéraux, leurs chapiteaux ainsi que les ébrasements ont échappé à cette destruction. La sépulture du comte et fondateur Guy-Geoffroy-Guillaume est redécouverte après les travaux et un monument lui est élevé dans la deuxième travée du collatéral sud.
L'église est malgré tout inscrite sur la première liste des Monuments Historiques de 1840. Dès 1843, un projet de reconstruction du clocher est lancé mais abandonné faute de crédits. En 1903, un nouveau projet de restauration du clocher est lancé par Jean Camille Formigé mais à nouveau par manque de crédits les travaux se limitent en 1906 à la conservation des parties restantes ainsi qu'à la restauration de la toiture du clocher, des arcs-boutants, des absidioles et de la partie est de l'abside. Tout au long du 20e siècle, de nombreux chantiers et architectes se succèdent pour maintenir le bon état sanitaire de l'église ; le clocher est consolidé dans son état endommagé, sans être reconstruit. En 1950-1951, la grotte de Lourdes est détruite pour dégager le transept sud puis en 1986, l'accès à l'ancienne abbaye est restauré. Les enduits peints du 19e siècle sont supprimés dans le chœur et le transept dans les années 1970, tandis que ceux de la croisée et des voûtes des deux dernières travées du vaisseau central de la nef, à l'est, sont conservés.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 11e siècle Principale : 13e siècle Principale : 14e siècle Principale : 17e siècle Principale : 19e siècle Secondaire : 20e siècle |
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Dates |
1096, porte la date 1644, porte la date 1668, porte la date 1672, porte la date 1817, porte la date 1896, porte la date |
Auteurs |
Auteur :
Rousseau de la Parisière Pierre, architecte (attribution par source) Auteur : Rousseau de la Parisière René, architecte (attribution par source) Auteur : Vétault [Pierre Jean] Louis, architecte communal (attribution par source) Personnalite : Guy Geoffroy Guillaume, commanditaire (attribution par source) |
Description
L'abbaye Saint-Jean est implantée au nord de la ville de Poitiers, en dehors des remparts antiques, dans le faubourg de Chasseigne qui prend alors le nom de « Moutier-neuf », pour monastère neuf. Un nouveau bourg se structure autour de l'abbaye. La cession de l'abbaye par le comte à l'ordre de Cluny en 1076 entraîne un changement juridique du statut du bourg, qui passe de l'autorité du comte sous l'autorité de l'abbé de Saint-Jean-de-Montierneuf. C'est à partir de 1160 que l'abbaye est protégée par la nouvelle enceinte qui suit les vallées du Clain et de la Boivre.
L'église est construite en pierre de taille aussi bien pour le parement externe que pour le parement interne. Elle possède un plan de grande ampleur, près de quatre-vingt mètres de long en ajoutant la travée disparue à l'ouest. Elle est désormais composée d'une nef de huit travées flanquée de collatéraux, d'un transept à absidiole et d'un chœur à déambulatoire sur lequel s'ouvrent trois absidioles rayonnantes.
Le clocher s'élève quant à lui au-dessus de la croisée du transept. La nef est couverte d'une voûte en berceau sur doubleaux dont la hauteur a été baissée au 17e siècle, tandis que les collatéraux reçoivent des voûtes d'arêtes séparées à nouveau par des doubleaux. Le transept, qui a conservé sa hauteur initiale, est lui aussi couvert d'une voûte en berceau sur doubleaux dont la croisée, qui recevait à l'origine une voûte d'arêtes, a été remplacée au 19e siècle par une coupole en brique et plâtre. Le chœur est voûté d'ogives très hautes tandis que le déambulatoire comme les collatéraux de la nef reçoivent des voûtes d'arêtes séparées par des doubleaux. Les chapelles rayonnantes du chœur tout comme les absidioles du transept possèdent pour leur part un cul-de-four.
Peu après l'entrée de l'enclos de l'abbaye, le fragment d'un autel de l'église portant une inscription est inséré en remploi dans un mur. Ce fragment est mentionné au 18e siècle « au haut du clocher dans l'intérieur, sur la porte » puis au 19e siècle par l'archiviste départemental Rédet « sur une pierre qu'on voit en montant au clocher ».
La façade de type écran du 17e siècle est construite avec un mélange de pierres de taille de petits modules et de remplois de moellons et de sculptures romanes. Les assises sculptées en remploi portent un décor géométrique tandis que les claveaux et les fragments d'archivolte suggèrent la présence d'un portail roman à plusieurs rouleaux sculptés de motifs végétaux et géométriques. La façade est encadrée au nord et au sud par les arrachements de l'ancienne travée disparue, on peut encore y distinguer des départs d'arcs ainsi qu´une colonne avec son chapiteau sculpté au sud. La façade se compose de deux niveaux, séparés par un bandeau d'appui, où sont localisés le plus de remplois de sculptures romanes, et surmontés d'un grand pignon découvert. Le rez-de-chaussée est occupé au nord par une petite porte latérale surmontée d'un fronton circulaire tandis que le second niveau est percé au nord et au sud de deux baies rectangulaires surmontées de moulures décoratives, la trace d'un arc dans le mur et de ses claveaux étant visible au-dessus de la baie sud. Au centre, le grand portail classique, avec une porte du 17e, occupe le rez-de-chaussée et le second niveau. La porte en bois, sur laquelle on peut lire la date de 1644, est surmontée par un fronton circulaire brisé orné de feuillages et deux putti sculptés sur les rampants du fronton. Elle est encadrée par deux colonnes sur piédestal à chapiteaux corinthiens et deux pilastres avec des chapiteaux à volutes qui portent un entablement. La frise de ce dernier est sculptée de putti dans des feuillages ainsi que de petits animaux et de deux masques à figure humaine et coiffure végétale encadrés de putti. Un fronton triangulaire avec des modillons et métopes rampants couronne le portail dont le tympan est sculpté d'armoiries.
Une grande baie construite en même temps que le portail surmonte celui-ci au second niveau et déborde sur le pignon ; la liaison entre les deux surfaces est faite par un pan concave en adoucissement. Elle est composée d'un remplage qui forme deux baies en plein cintre et un oculus au-dessus duquel est sculpté le monogramme du Christ IHS. La fenêtre est surmontée d'une corniche cintrée portée par deux modillons qui forment l'archivolte de la baie et décorée en son centre d'un masque sculpté. Enfin, un amortissement décoratif est placé au sommet du pignon, de base quadrangulaire ; il est surmonté d'une sphère, une inscription gravée avec la date de 1817 est visible sur la face ouest de la base.
Le mur sud de l'église est ouvert par cinq baies en plein cintre en partie haute du mur gouttereau. Les baies des deux premières travées de la nef à l'ouest sont masquées par un bâtiment conventuel adossé contre le mur gouttereau ; la baie de la troisième travée est murée. Les fenêtres à double ressaut sont mises en valeur par la présence de colonnettes élancées avec chapiteaux mais qui ont souffert de l'incendie de l'église lors des guerres de Religion. Chaque travée est marquée par la présence d'un contrefort double qui, en partie haute, reçoit un retrait taluté avec larmier tandis que des modillons portent une corniche au sommet du mur.
Le mur de la nef forme avec celui du transept sud une parfaite unité. Une porte s'ouvre dans le mur ouest du transept sud. Ce mur est percé de deux baies en plein cintre à double ressaut au niveau intermédiaire, alignées sur les baies de la nef. Il est renforcé par trois contreforts doubles terminés par un retrait taluté avec larmier. Le mur sud du transept sud est masqué par un bâtiment conventuel adossé. Il est sommé par un grand pignon triangulaire à amortissement. Le passage muré à l'extrémité sud du transept ouvrait sur les bâtiments abbatiaux, passage qui fut refait lors de la reconstruction du bâtiment classique. Le mur est du transept sud, scandé de contreforts doubles, reçoit une absidiole. Elle est encadrée par deux baies en plein cintre à double ressaut, celle au nord est murée. L'absidiole comporte trois baies en plein cintre à double ressaut encadrées par des contreforts colonnes à chapiteaux lisses. Enfin des modillons non sculptés de forme cubique portent une corniche tout le long de l´absidiole.
Le chevet s'étage sur trois degrés, les trois absidioles, le déambulatoire et les parties hautes du chœur. Les absidioles se répartissent autour du déambulatoire, une au nord, une à l'est dans l'axe de l'église et la dernière au sud. Elles sont séparées par quatre grandes baies en plein cintre à double ressaut d. Les deux qui encadrent la baie d'axe sont mises en valeur par des colonnettes à chapiteaux sculptés qui portent le rouleau extérieur des baies. Les absidioles sont ouvertes chacune par trois baies de taille plus petite, en plein cintre à double ressaut, placées plus bas que les baies du déambulatoire pour briser l'horizontalité. La baie centrale de l'absidiole d'axe, qui est plus grande que ses voisines, est elle aussi mise en valeur par l'emploi de colonnettes à chapiteaux sculptés qui portent le rouleau extérieur. Des contreforts-colonnes rythment tout le degré inférieur du chevet, ils séparent les baies et créent en partie haute du mur un décor continu de corbeilles et modillons sculptés. Les chapiteaux de la partie sud datent du 20e siècle ; en revanche, du côté nord, les corbeilles sont authentiques et portent des motifs végétaux, des animaux mais aussi des monstres (centaure, sirène-oiseau, griffons). Le niveau supérieur, qui correspond à la couronne du déambulatoire, est rythmé quant à lui de colonnettes dont les chapiteaux ont aujourd'hui disparus. Le dernier niveau, qui correspond à la surélévation gothique, est composé d'une couronne percée de sept grandes baies à remplage qui dessinent deux lancettes surmontées d'une rose. Les cinq arcs-boutants gothiques jetés au-dessus de la couronne du déambulatoire possèdent un seul arc sauf les deux plus au nord formés de deux arcs superposés. Les culées sont décorées pour quatre d'entre elles par des pinacles sculptés. Enfin les trois arcs-boutants les plus au nord, repris au 17e siècle, portent les armoiries sculptées de l'abbé René Rousseau ainsi que la date des travaux de 1668.
Le transept nord est très semblable au transept sud, avec une absidiole ouverte sur le mur est. Elle est percée de trois baies en plein cintre à double ressaut et encadrées par des contreforts-colonnes à chapiteaux semi-lisses. La fenêtre sud est murée. La corniche supérieure est portée par des modillons sculptés. L'angle du transept nord et du déambulatoire est occupé par une tourelle renfermant un escalier en vis qui dessert les combles de l'église. Un passage horizontal à la hauteur du toit du déambulatoire mène à une seconde tourelle d'escalier placée dans l'angle du transept et de l'élévation gothique du chœur contre la souche nord-est de la tour centrale, un escalier en vis placé dans celle-ci donnant accès à la salle des cloches. Un contrefort double ainsi qu'un pilastre, tous les deux à retrait taluté, scandent le mur est du transept. Le mur nord est percé de deux baies en plein cintre à double ressaut qui sont séparées par un pilastre et encadrées à leurs extrémités par deux contreforts doubles, le tout surmonté d'une corniche portée par des modillons sculptés. Un grand pignon triangulaire couronne le mur nord. Deux portes aujourd'hui murées, l'une percée dans le mur nord, l'autre dans le mur ouest, donnaient accès au cimetière. Le mur ouest du transept nord est aussi percé de deux grandes baies en plein cintre à double ressaut avec trois grands contreforts doubles qui encadrent les baies. Une corniche à modillons sculptés est disposée au sommet du mur.
Le mur nord de la nef affiche plus de sobriété que son mur sud, pour former une unité avec le transept nord. En effet, contrairement aux baies sud, les six baies septentrionales, en plein cintre à double ressaut, ne reçoivent pas de colonnettes et sont de mêmes dimensions que les baies du transept nord. Le seul élément de décor est constitué par des modillons sculptés qui portent la corniche. Des contreforts doubles talutés en partie haute soutiennent les murs et ont été renforcés vers l'ouest, au 16e siècle, par trois contreforts massifs.
Le clocher présentait à l'origine sur une base carrée un étage circulaire couvert d'un cône à écailles de pierre et quatre clochetons également couronnés d'écailles de pierre qui en masquaient les angles. Aujourd'hui, il ne subsiste plus, après la chute des trois-quarts du clocher, que la face orientale de la base carrée et de l'étage circulaire ainsi que les deux clochetons des angles sud-est et nord-est. Une charpente abrite dorénavant le beffroi des cloches et la voûte de la croisée. Les pans de murs restants, en partie masqués par la surélévation gothique, montrent que le clocher était abondamment décoré de colonnes à chapiteaux sculptés séparant des baies, ainsi que de corniches portées par des modillons sculptés.
À l'intérieur de la nef, dont le niveau des voûtes a été rabaissé, la base des colonnes n'est pas visible et montre que le niveau de sol est plus élevé qu'à l'origine, des sondages archéologiques sous les portes montrent un niveau de sol à environ cinquante à soixante centimètres sous le niveau actuel du dallage. La nef est scandée par des piliers à noyau cylindrique qui reçoivent les arcs doubleaux de la nef et des collatéraux ainsi que les arcs des arcades libres en plein cintre qui séparent la nef des collatéraux. Les travées des collatéraux sont séparées par des contreforts-colonnes sur lesquels retombent les voûtes d'arêtes et les arcs doubleaux. Les rouleaux des fenêtres à double ressaut retombent sur des colonnettes à chapiteaux sculptés.
En partie basse, le mur est resté nu, recouvert d'un épais enduit. Dans la deuxième travée en partant de l'ouest du collatéral sud se trouve le cénotaphe du comte Guy-Geoffroy-Guillaume, orné d'un gisant du 19e siècle commandé par l'abbé Sabourin.
Dans la dernière travée, l'ancien l'autel matutinal consacré par Urbain II en 1096 a été inséré dans le mur, déplacé au 18e siècle par l'abbé Pierre de Hauteville.
Les voûtes du transept sud et nord ont conservé leur hauteur initiale et reposent sur des voûtes en berceau portées par des doubleaux qui reposent vers la croisée du transept sur des colonnes engagées et au centre de chaque transept sur consoles décorées à leurs bases de masques sculptés.
Au sud du transept sud, un couloir couvert d'une voûte d'arêtes permettait de communiquer avec le cloître. Il a été percé lors de la reconstruction du cloître, quelques claveaux sur la droite du couloir montrent l'emplacement de l'ancienne porte beaucoup plus basse. La porte percée dans le mur ouest du transept sud, presque à l'angle du transept et de la nef, a également été reconstruite à l'époque classique, quelques claveaux de la porte d'origine subsistent. Elle permettait la communication avec le cloître.
Le mur sud du transept sud est aveugle mais il était percé à l'origine de deux baies à double ressaut placées sous l'arrondi de la voûte et aujourd'hui murées. Leur disposition très haute est conditionnée par la hauteur des bâtiments abbatiaux adossés au sud de l'église. La niche percée au-dessus du couloir dans la droite du mur correspond à une communication avec l'étage du nouveau bâtiment conventuel. Toutes les baies du transept sud sont à double ressaut et à arêtes vives, sans colonnettes. Les absidioles des transepts nord et sud sont occupées en partie basse par une série de cinq arcades plaquées dont les arcs reposent sur des chapiteaux sculptés. Le second niveau de chacune des deux absidioles est percé de trois baies à double ressaut encadrées par des colonnettes à chapiteaux sculptés. La fenêtre sud de l'absidiole du transept nord est murée. Une inscription gothique au fond de l'arcade gauche de l'absidiole du transept sud la consacre aux saints abbés confesseurs.
Une inscription insérée à l'entrée à gauche de l'absidiole nord, dont l'épigraphie permet de proposer une datation à la fin du 11e ou au début du 12e siècle, consacre l'autel aux saints apôtres Simon et Jude, et au martyr saint Vincent et signale qu'y sont déposées des reliques des saints Abonde, prêtre et martyre, Maxime, prêtre et Archelaüs, diacre. Les portes murées au nord et à l'ouest du transept nord communiquaient avec le cimetière. La porte percée dans le mur est, à gauche de l'absidiole, surmontée d´un jour d´éclairage, donne accès à l'escalier qui dessert les combles de l'église.
À la croisée du transept, la coupole en brique et plâtre, peinte, a été construite au 19e siècle et remplace la voûte d'arêtes qui primitivement couvrait cet espace. La construction cette coupole a masqué les deux baies orientales qui éclairaient à l'est l'ancienne croisée du transept avant la surélévation gothique du chœur. Elles sont toujours visibles depuis le chœur entre les contreforts de la souche du clocher.
Le chœur est composé de deux travées droites, d'un déambulatoire, dont les travées droites sont parfaitement alignées sur les collatéraux de la nef, et de trois chapelles rayonnantes. Il s'organise autour d'un rond-point constitué de quatre colonnes libres au niveau de l'abside, de colonnes doubles entre les deux travées droites et d'un pilier à colonnes engagées du côté de la croisée du transept. La surélévation gothique a entraîné l'étayage des colonnes des travées droites ainsi que la reprise des arcs du rond-point. Comme pour la nef, le niveau du sol du chœur n´est pas le niveau d´origine ; il a été surhaussé à l'époque gothique, à la fin du 13e siècle ou au début 14e siècle. Le sanctuaire a en outre reçu en 1896 un décor de mosaïque réalisée par le poitevin Alexandre dit Chapelle.
Le chœur est éclairé par sept grandes baies et est couvert d'une voûte d'ogives qui remplace le berceau et le cul-de-four de l'époque romane. Les ogives retombent sur des consoles sculptées de masques à figure humaine, les clés de voûte sont décorées d'armoiries.
Le déambulatoire est éclairé par une baie au nord et au sud au niveau de la deuxième travée droite et une baie entre l'absidiole centrale et les absidioles nord et sud. Les baies du déambulatoire et des absidioles sont toutes à double ressaut et encadrées par des colonnettes. En partie basse, des arcades sont plaquées sur les murs du déambulatoire et retombent sur des chapiteaux sculptés dont une partie ont été détruits au début du 19e siècle, d'autres (dont celui aux éléphants) ont pu être sauvés et déposés au musée Sainte-Croix, et des copies remises en place. Seules les arcades sud et sud-est ont gardé les chapiteaux d'origine.
Les peintures visibles dans l'église à la croisée du transept et dans les deux dernières travées du vaisseau central de la nef à l'est datent du 19e siècle, tout comme les quelques traces de peintures qui sont visibles sur certaines parois du déambulatoire et des chapelles.
À l'intérieur de l'église, il ne subsiste que peu de sculptures datées de l'époque romane. Les quelques chapiteaux sculptés qui subsistent sont localisés dans les collatéraux de la nef, aux arcades décoratives des niches du déambulatoire et aux baies des absidioles. Si dans les autres grandes églises de Poitiers, la sculpture obéit à un principe de production par série, à Saint-Jean-de-Montierneuf, ce caractère disparaît pour laisser place à une grande hétérogénéité des motifs. Ce processus est à mettre en lien avec avec la dispersion des ateliers de sculpteurs qui ont travaillé sur les autres chantiers poitevins et le départ des meilleurs artistes vers d'autres chantiers, très nombreux, éloignés de la ville. Les sculpteurs de Saint-Jean-de-Montierneuf semblent avoir bénéficié d'une certaine indépendance dans la conception du décor.
La sculpture des parties orientales est à situer entre 1070 et 1085, tandis que les sculptures de la nef se placent entre 1080 et 1085.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan en croix latine |
Étages |
3 vaisseaux |
Couvrements |
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Couvertures |
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État de conservation |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Le champ représentation ne tient compte que des éléments romans. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86007753 |
Dossier réalisé par |
Gouy Emmanuel
Dujardin Véronique Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté d'Agglomération de Poitiers |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2012 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Abbaye, aujourd'hui église Saint-Jean de Montierneuf, Dossier réalisé par Gouy Emmanuel, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/b9b1362f-a8f2-439f-9145-0f02f53ecdd2 |
Titre courant |
Abbaye, aujourd'hui église Saint-Jean de Montierneuf |
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Dénomination |
abbaye |
Vocable |
saint Jean |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , place Montierneuf
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: cadastre ancien, copie 1837 L3 1461 ?, 2012 CI 63, 64