Voie ferrée Poitiers-Limoges

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Poitiers

En 1854, le département de la Vendée demande à Napoléon III pour faire passer la voie de Nantes à Bordeaux et de Nantes à Limoges par Napoléon (= La Roche-sur-Yon), en évitant la ville de Poitiers. Cette dernière, consultée en novembre 1854 et janvier 1855, constate que les premières lignes de chemin de fer rayonnaient depuis Paris et souligne l'importance de créer une transversale évitant la capitale. Un premier tronçon est alors en construction entre Montluçon et Moulins et réclame une ligne prioritairement entre Poitiers et Montluçon et s'oppose à un tracé qui passerait plus au nord. Elle propose donc que le tracé d'un nouveau chemin de fer de Nantes à Limoges passe par Cholet, Bressuire, Parthenay, Poitiers, Chauvigny et Montmorillon, avec embranchement sur Guéret et Montluçon [voir annexe].

D'abord concédée à la Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France (liaison de Lyon et Limoges avec Bordeaux), qui fit faillite, la voie de Poitiers à Limoges est dévolue par convention signée le 11 avril 1857 et approuvée par décret le 19 juin 1857, avec le ministre des Travaux publics à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO). La concession comprend en option une ligne « de Poitiers à Limoges, le dit chemin se reliant à la ligne de Châteauroux à Limoges à ou près le point de raccordement de cette dernière ligne avec le chemin de Montluçon à Limoges ». La voie est confirmée par une loi et un décret datés 11 juin 1859.

La concession de la section est confirmée par décret du 5 juin 1861 et déclarée d'utilité publique le 22 juin suivant et est valable jusqu'au 5 juin 1869. Le tracé reste encore assez imprécis : " le chemin de fer [...] se rattache au chemin de fer de Tours à Bordeaux au sud du point d'embranchement de la ligne sur La Rochelle, passe à ou près Lussac, Montmorillon et Le Dorat et rejoint le chemin de fer de Châteauroux à Limoges ". Le procès-verbal de la commission d'enquête du chemin de fer du 8 avril 1861 souligne l'intérêt de la ligne pour désenclaver une transversale de Poitiers à Limoges, valide le projet de tracé de l'ingénieur Moinot et l'estimation du coût à 23 millions de francs (contre une première estimation à 39 millions). Le rapport de l'enquête d'utilité publique du projet concernant la traversée du département de la Vienne, menée du 25 février au 20 mars, est remis le 20 août 1861. Il souligne l'intérêt de la voie ferrée pour le développement économique du département (exportation des produits agricoles dont les vins rouges abondants - nous sommes juste avant la crise du phylloxéra -, échanges de matériaux, modernisation agricole de la région de Montmorillon) et propose une modification de tracé au niveau de la Gartempe pour mieux prendre en compte les débouchés du canton agricole de l'Isle-Jourdain. Il reprend l'avis de la chambre consultative des arts et manufactures de Poitiers : " l'industrie du pays aspire avant tout à l'ouverture de cette importante voie ferrée qui amènera de fructueuses relations entre Poitiers et Limoges "... La plus grande opposition au tracé est émis par Chauvigny, qui souhaite un passage par sa commune [voir annexe].

Le tracé est progressivement affiné pour atteindre la longueur très précise : la ligne à construire représente, dans le département de la Vienne, une " longueur de 67200 m 25 ".

En 1861, la commune de Lussac-les-Châteaux souligne l'importance d'une gare pour le commerce du bétail, des céréales et des matériaux de construction.

En 1862 et 1863, du fait de l'importance du chômage, plusieurs collectivités, communes et organismes sollicitent le démarrage des travaux pour donner de l'emploi aux ouvriers.

Au cours de l'année 1864, les tracés et la question des dessertes (gares et haltes) donnent lieu à une abondante correspondance entre le préfet, les ingénieurs des ponts-et-chaussées, la compagnie, les conseils municipaux et les habitants concernés. Ainsi, en mai, le maire de Chauvigny expose dans une longue lettre au préfet l’intérêt de faire passer la voie entre Poitiers et Montmorillon par Chauvigny ou de créer une voie de Lussac-les-Châteaux à Chauvigny (soit un rallongement de 6 à 7 km) pour faciliter l'exportation des pierres de carrière, des vins et des blés vers Paris, Nantes et Limoges.

En novembre 1864, la ville de Montmorillon souhaite ouvrir des chantiers de terrassement pendant l'hiver pour donner du travail aux ouvriers de la ville. L'ingénieur ordinaire des ponts et chaussée met en garde le préfet contre le démarrage des travaux par la compagnie avant l'approbation générale du projet.

Après enquêtes sur le tracé et l'emplacement des gares [voir annexes et dossiers joints], le tracé définitif est approuvé par le ministre des travaux publics le 24 décembre 1864.

Un arrêté préfectoral du 22 juin 1865 établit la traversée de la ligne sur les communes de Saint-Benoît, Smarves, Nouaillé, Mignaloux, Nieuil-l'Espoir, Fleuré et Dienné.

Le préfet précise par arrêtés des 25 juillet et 16 décembre 1865 les plans parcellaires et les tableaux d'expropriation. Dans sa transmission des conclusions de l'enquête publique au préfet de la Vienne (23 décembre 1865), le ministre des travaux publics confirme l'implantation des gares de Nieuil-l'Espoir, Lhommaizé, Lussac-les-Châteaux, Montmorillon et Lathus. Il précise que trois nouvelles stations ont été demandées dans l'enquête, les gares de Mignaloux-Nouaillé, Fleuré et Civaux. Seule celle de Fleuré est acceptée, au vu de la distance (25 à 26 km) entre les deux gares initialement prévues, Nieuil-l'Espoir et Lhommaizé. Des plans de juin 1865, dressés par l'ingénieur R. Déglin, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées et de la Compagnie, sont joints à ce long courrier.

Le tracé définitif est approuvé par une décision ministérielle du 24 janvier 1866 (après des avis des 23 novembre et 23 décembre 1865). Les voies de communications à rétablir font l'objet d'une décision ministérielle datée du 24 septembre 1866, mais des modifications de tracés sont ajoutés jusqu'en juillet 1867 (sur les nombreuses réclamations sont acceptés la suppression d'un passage à niveau au point kilométrique 2,184 à Saint-Benoît, et de nouveaux passages à niveau aux points kilométriques 32,550, 33,930, 54,928, 56,720 ; un passage d'eau pluvial au point kilométrique 30,112).

L'emplacement des gares et leur catégorie sont arrêtés et confirmés aux préfets de la Vienne et de la Haute-Vienne le 4 septembre 1866 :

- Nieuil-l'Espoir 4e classe

- Fleuré 4e classe

- Lhommaizé 4e classe

- Lussac-les-Châteaux 4e classe

- Montmorillon 2e classe

- Lathus 4e classe

- Thiat 5e classe

- Le Dorat 3e classe

- Champagne-Bellon 4e classe

- Château-Ponsac 4e classe

- Befoisses 4e classe.

Des réservoirs d'eau de 100m3 (pour le refroidissement des locomotives à vapeur) sont prévus pour les gares de Lhommaizé, Montmorillon et Le Dorat. " Les trottoirs, établis des deux côtés du chemin de fer, auraient partout une longueur de 100 mètres. Des abris de voyageurs sont intégrés à toute les stations, sauf pour celle de Thiat ". " Des halles à marchandises et des quais couverts sont projetées à toutes les stations. Les cours aménagées devant les bâtiments de voyageurs et devant les halles de marchandises paraissent spacieuses ".

Les ouvrages de rétablissement des voies sont réceptionnés entre 1866 et 1867. Les dates de réception des ouvrages sont portées plus bas, en description, au fil du tracé.

La voie ferrée de Poitiers à Limoges via Bersac-sur-Rivalier (Haute-Vienne) a été inaugurée le 23 décembre 1867.

Sur la Communauté d'agglomération de Poitiers, la ligne Poitiers-Limoges est mise en service sans arrêt ni à Mignaloux ni à Nouaillé. Le conseil municipal de Mignaloux réitére sa demande de gare en 1875. Trois ans plus tard, le projet de gare est repris dans le cadre de la construction de la ligne Poitiers-Le Blanc. La gare de Mignaloux-Nouaillé est alors construite à la jonction des lignes Poitiers-Limoges et Poitiers-Le Blanc (1881).

La loi du 31 décembre 1875 déclare d'utilité publique, sans désigner de concessionnaire, la ligne de Limoges au Dorat via Bellac. La loi du 14 juin 1878 autorise le ministère des transports à engager les travaux de construction, à l'exclusion de l'achat du matériel roulant.

La section du Dorat à Limoges-Bénédictin, supprimant le détour par Bersac-sur-Rivalier, ouvre en 1880. La loi du 15 janvier 1881 autorise et régularise l'exploitation de la ligne, toujours non concédée, par l'État.

La section du Dorat à Couzeix - Chaptelat a été ouverte le 31 décembre 1880, et celle de Couzeix - Chaptelat à Limoges-Bénédictins le 21 février 1881.

La concession de la ligne pour la section du Dorat à Limoges est confirmée par la loi du 20 novembre 1883 ratifiant dans la convention passée entre l’État et la Compagnie des chemins de fer de Paris à Orléans le 28 juin 1883.

Pour réceptionner les trains de la ligne de Civray au Blanc, la compagnie de chemin de fer envisage d'abord pour une arrivée indépendante de la ligne de Civray dans la gare de Lussac-les-Châteaux et un doublement de la voie entre Montmorillon et Lussac, projet abandonné devant le coût des travaux. Seules les deux gares sont agrandies.

En 1897, le ministère des travaux publics accepte la construction d'une halte supplémentaire à Civaux, au passage à niveau n° 249.

Les décisions ministérielles CF 4 n ° 507 des 13 mai et 14 octobre 1925 autorisent la suppression d'une série de barrières sur les lignes Poitiers-Limoges, Poitiers-Le Blanc, Montmorillon-Le Blanc, Le Dorat-Magnac-Laval et Port-de-Pilles-Le Blanc (départements de la Vienne, de la Haute-Vienne et d'Indre-et-Loire).

Un rapport de 1926 précise qu'à cette date circulent, entre Poitiers et Limoges, quatre trains de voyageurs et trois trains de marchandises réguliers dans chaque sens, à une vitesse de 70 à 80 km/h selon les sections.

Les barrières et le gardiennage des passages à niveau n° 226 à Saint-Benoît, n° 241 à Lhommaizé, n° 259 à Lussac-les-Châteaux, n° 275 et n° 276 à Lathus Saint-Rémy sont supprimés par arrêté du 10 janvier 1929, après un avis favorable du conseil général de la Vienne du 19 mai 1925 (page 249 de la session de mai 1925) puis des vœux pour le maintien des mêmes passages à niveau le 25 octobre 1928 (page 310, session 1928 du conseil général).

L'ancienne section du Dorat à Châteauponsac est déclassée le 26 juillet 1973 et la section de Châteauponsac à Limoges le 15 novembre 2006.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1867, daté par source

Auteurs Auteur : Moinot

Concepteur du tracé soumis à enquête publique de la voie ferrée de Poitiers à Limoges.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Déglin R.

Ingénieur en chef des ponts et chaussées et du réseau central de la Compagnie d'Orléans au milieu des années 1860.

, ingénieur des Ponts et Chaussées, ingénieur de l'entreprise (attribution par source)
Auteur : Moreau

Entrepreneur de la Compagnie des Chemins de Fer de Paris à Orléans, il participe aux travaux de la ligne Poitiers-Limoges.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Béchu

Entrepreneur de la Compagnie des Chemins de Fer de Paris à Orléans, il participe aux travaux de la ligne Poitiers-Limoges.

, entrepreneur (attribution par source)

Ce dossier a été établi à l'occasion de l'inventaire du patrimoine de la vallée de la Gartempe ; il reprend également les données recueillies dans le cadre d'autres études (inventaire du patrimoine avec les voies ferrées de la Communauté d'agglomération de Poitiers, inventaire du patrimoine de la vallée de la Vienne entre Availles-Limouzine et Valdivienne). Les photographies sont classées dans le sens de la voie de Poitiers vers Limoges, documents anciens et photographies actuelles confondues.

Cette voie dessert dans le département de la Vienne les gares et haltes de Poitiers, Mignaloux-Nouaillé, Nieul-l'Espoir (fermée), Fleuré (fermée), Lhommaizé (fermée), Civaux (fermée), Lussac-les-Châteaux, Sillars (fermée), Montmorillon, Lathus, et en Haute-Vienne Le Dorat, Bellac, Nantiat, Peyrilhac-Saint-Jouvent, Nieul et Limoges-Bénédictins.

Les principaux ouvrages d'art sont dans la Vienne, le viaduc sur la Vienne à Lussac-les-Châteaux et le viaduc des Mâts sur la Gartempe, communes de Montmorillon et Saulgé ; en Haute-Vienne, le viaduc sur le Vincou à la sortie de Bellac et le tunnel de La Bastide avant la gare de Limoges-Bénédictins.

La carrière de Normandoux (calcaire dit " de Chauvigny ") à Tercé bénéficie de deux voies industrielles, l'une vers la station de Fleuré sur la ligne Poitiers-Limoges et l'autre vers la gare de Jardres, sur la ligne Poitiers-Le Blanc où un pont en béton armé a été édifié en 1923.

Voir le détail des gares, haltes, passages à niveau et ouvrages d'art en annexe pour le département de la Vienne

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Mignaloux-Beauvoir

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Nouaillé-Maupertuis

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Benoît

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Nieuil-l'Espoir

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Fleuré

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lhommaizé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Civaux

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Mazerolles

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lussac-les-Châteaux

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Montmorillon

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saulgé

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lathus-Saint-Rémy

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Sillars

Milieu d'implantation: isolé

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Dienné

Milieu d'implantation: isolé

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