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Château du marquis de Lentilhac de Gimel, dit château Saint-Jean (détruit)
Historique
A la fin du 19e siècle, des travaux effectués près du chevet de l'église Saint-Jean (cf. IA23000488), du côté nord, permirent de mettre à jour des fondations de "murailles et de tourelles". Cyprien Pérathon, qui assista à leur découverte, en proposa deux lectures possibles (1894) : il les interpréta comme des vestiges de "la maison-forte" qui servait de résidence aux prieurs de Saint-Jean, ou comme les traces d'un ancien château, qui, à une époque indéterminée, aurait été concédé en fief par un seigneur d'Aubusson, assorti d'une rente de dix-neuf setiers de froment.
Ce qui est certain, c'est qu'un château, ou tout au moins une imposante maison à tourelles, existait dans le bourg de La Cour (aujourd'hui faubourg Saint-Jean) au 17e siècle. Il est représenté sur une lithographie de 1842 reproduisant une vue d'Aubusson depuis l'ouest, d'après le dessin original d'un cartonnier de tapisserie, daté de 1663-1685, mais perdu. Il y apparaît comme un bâtiment à deux ailes, reliées entre elles par une tour d'escalier coiffée d'une toiture en poivrière et doté, à son extrémité nord, d'une autre tourelle construite en encorbellement.
Dans la seconde moitié du 17e siècle, ce château appartenait à la famille Garreau. Il s'élevait alors au milieu d'un pré et d'un étang, qui furent mentionnés parmi les revenus du faubourg de La Cour, dans le procès-verbal d'évaluation de la vicomté d'Aubusson, dressé en 1686, au moment de la cession par Louis XIV au maréchal de La Feuillade, en échange de la terre de Saint-Cyr, des terres de l'ancien domaine d'Aubusson.
En 1715, une descendante de la famille Garreau, Marie de Gain, épousa Bertrand de Lentilhac de Gimel, seigneur de Sarran, en Corrèze. Ils eurent deux enfants, dont l'aîné, Jean-Louis (1717-1792), marquis de Gimel, maître de camp de cavalerie, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, seigneur du Monteil-au-Vicomte, de Larfeuillière et de Lachaud, hérita du fief et du château de Saint-Jean-de-la-Cour, qu'il décida de faire reconstruire.
Le nouveau château fut rebâti à l'emplacement de la maison à tourelles du 17e siècle, par l'architecte Jacques Charrière, procureur-expert de la châtellenie d'Aubusson, qui avait dirigé en 1781-1783 les travaux de réfection de l'église Sainte-Croix. La construction s'acheva en 1780, date portée sur le portail d'entrée. Selon Pérathon, la décoration de l'édifice fut confié à François Picquereaux, assortisseur des soies et des laines pour le roi, qui fit exécuter pour les appartements du marquis de Gimel des tapisseries représentant des scènes tirées des Métamorphoses d'Ovide, sur des dessins du peintre Oudry.
Dans la seconde moitié du 18e siècle, le marquis de Lentilhac de Gimel occupa les plus hautes fonctions. En 1765, il fut nommé par Louis XV maire d'Aubusson pour trois ans. En 1780, il devint l'un des quatre députés chargés de représenter la noblesse de la Haute-Marche au sein de la généralité de Moulins. En mars 1789, il prit part aux assemblées de la sénéchaussée de Guéret pour l'élection des députés de la noblesse aux Etats-Généraux.
Il mourut en 1792. Ses héritiers ayant quitté la France, le château Saint-Jean fut vendu comme bien d'émigré en 1793. Etienne Martinon, l'un des administrateurs du département, maire de la commune de Blessac, s'en rendit acquéreur, avant de le céder en 1818 à Guillaume Rogier (1765-1845), avocat au Parlement et maire d'Aubusson et à son associé, le felletinois Jean Sallandrouze de Lamornaix, avec lequel il avait fondé une manufacture de tapis en 1801, en face de l'ancien couvent des Récollets.
Par la suite, le château semble être passé entre les mains du fils de Guillaume Rogier, Armand, garde du corps de Louis XVIII, puis entre celles de Frédéric Rogier, qui en était le propriétaire en 1864. Dans le dernier quart du 19e siècle, ce dernier (ou l'un de ses descendants) l'aurait probablement revendu à Charles Sallandrouze Le Moullec, grand industriel, issu d'une branche cadette de la famille Sallandrouze de Lamornaix. Ce personnage fut l'un des membres fondateurs, sous la raison sociale de Sallandrouze Frères, de la manufacture de tapis qui fut construite au nord du château, entre 1885 et 1890.
En 1900, le château fut ravagé par un violent incendie. C'est à son emplacement que deux ans plus tard, en 1902, Charles Sallandrouze fit édifier un nouvel édifice (voir notice IA23000540), dans un style architectural éclectique.
Description
Il ne reste aujourd'hui plus aucun vestige du château du marquis de Lentilhac de Gimel, sinon son portail d'entrée. Il se trouvait jadis plus en retrait de la rue et une longue allée y conduisait. Il a sans doute été déplacé à son emplacement actuel lors de la réédification complète du château par Charles Sallandrouze, en 1902. L'une de ses piles en pierre de taille, surmontée d'une urne, porte sur son entablement l'inscription "ANNO 1780", remontant à la première construction du château.
Le cadastre napoléonien permet toutefois de se représenter ce que pouvait être le château des Lentilhac de Gimel en 1812. Il était constitué d'un long corps de bâtiment, bâti en retrait de ce qui allait devenir la route départementale de Tulle à la Châtre (actuelle Saint-Jean) et précédé d'une cour. Cette cour, qui, du côté opposé au château, venait s'arrondir en quart de cercle, était fermée par deux pavillons de plan carré et un portail à deux hautes piles de pierre, devant lequel s'étendait une allée qui menait à la route. Au sud, en direction de l'église, le château était bordé par un grand jardin. A l'angle sud-ouest, deux ailes perpendiculaires formaient les écuries.
A l'est s'étendait le "jardin de la terrasse", qui surplombait la Creuse. Au nord, le château était entouré de vastes prés, encore vierges de toute construction.
Détail de la description
Toits |
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État de conservation |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA23000601 |
Dossier réalisé par |
Philippe Emmanuelle
Chercheur Inventaire, SRI Limousin de 2009-2012 |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Aubusson |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Ville d'Aubusson |
Citer ce contenu |
Château du marquis de Lentilhac de Gimel, dit château Saint-Jean (détruit), Dossier réalisé par Philippe Emmanuelle, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Ville d'Aubusson, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/eb62c7fd-d69c-43f5-a823-499c86947d7f |
Titre courant |
Château du marquis de Lentilhac de Gimel, dit château Saint-Jean (détruit) |
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Dénomination |
château |
Appellation |
dit château Saint-Jean |
Parties constituantes non étudiées |
jardin portail écurie cour |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , rue Saint-Jean
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1812 D 1112 à 1116