Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

La métairie de la Grange était, jusqu'à la Révolution, une dépendance du prieuré de Coulon, lequel relevait de l'abbaye de Nieul-sur-l'Autise puis, à partir de 1621-1623, des feuillants de Poitiers. La métairie est mentionnée sur les cartes de la région par l'ingénieur Claude Masse vers 1700. Dès le 23 avril 1598, le prieur de Coulon afferme pour cinq ans la "maison et métairie de la Grange" à Jehan Benet, laboureur à charrue. Le 24 mai 1653, François Bernier, marchand à Coulon, prend en ferme ladite métairie. Le sort de celle-ci est souvent lié à celui du prieuré (dont le siège se trouvait sur la place de l'église) et de ses autres revenus. A la fin du 17e siècle, Pierre Morda, marchand, époux d'Elisabeth Bigot, est ainsi fermier du prieuré et, le 22 décembre 1679, les feuillants lui accordent les bestiaux qui se trouvent dans leur métairie de la Grange. En 1714, est renouvelée la ferme du prieuré de Coulon, englobant la métairie de la Grange, au profit de Marie Main, veuve de Jacob Fillon, marchand à Niort (à Coulon, il possède l'actuelle Maison du Marais poitevin, place de la Coutume).

Le 9 avril 1705, un procès-verbal de visite de la Grange permet d'en préciser la composition, soit : l’appartement du métayer, une chambre, un grenier au-dessus, un autre grenier, une chambre basse, une petite étable à côté, un toit à brebis et à pourceaux, une grande étable, la grande grange de la métairie, un grand grenier, un chai, une aire dîmière entourée d'un mur de clôture. D'importants travaux doivent être entrepris, détaillés dans un état de dépenses établi le 17 décembre 1710. Le 8 mai 1786 a lieu une nouvelle visite-expertise de la Grange : elle comprend une chambre, un escalier en pierre, autre chambre à droite, une chambre à l’étage, des greniers, un cellier, des écuries, un grenier à pied, une grande grange, une cour et un puits.

Saisie comme bien national contre les feuillants de Poitiers, la métairie de la Grange est estimée le 16 décembre 1790 à 2365 livres. Elle comprend un logement pour le maître et un autre pour le métayer, une ouche, un jardin, une aire et divers terres et marais. La propriété est vendue aux enchères le 5 mars 1791, pour 75 100 francs, à Jacques Yves Racapé l'aîné (1714-1794), doyen des électeurs des Deux-Sèvres en 1792, président au tribunal de commerce de Niort.

La ferme apparaît sur le plan cadastral de 1833, avec une configuration bien différente de celle d'aujourd'hui. En effet, elle était certes délimitée au sud-est par la route, comme aujourd'hui, mais aussi, au nord, par le chemin qui subsiste encore mais qui rejoignait la route en coupant à travers la cour et le jardin qui se trouvent aujourd'hui à l'est de l'ensemble. Aucun bâtiment n'existait en dehors de ceux qui, regroupés, occupaient l'emplacement du logis actuel. Ces bâtiments devaient regrouper un logis, à la place de la partie orientale du logis actuel, et d'importantes dépendances à la place de la partie occidentale. Au sud se trouvait une grande aire à battre les blés. Rectangulaire, elle a fait place dans la seconde moitié du 19e siècle à une vaste grange-étable dont les ruines ont disparu au début du 21e siècle. Cette grange-étable n'apparaît pas sur le plan cadastral de 1833, mais bien sur celui de 1943, avec aussi une mare qui s'étendait le long de la route. Quant aux anciens bâtiments mentionnés sur le plan de 1833, ils ont dû disparaître et être remplacés eux aussi par le logis actuel dans la seconde moitié du 19e siècle, tout en ayant probablement conservé des éléments plus anciens, remployés (baies, escalier extérieur...). Le cadastre indique qu'en 1889, une ancienne dépendance a été transformée en habitation. Peut-être s'agit-il de la partie occidentale du logis actuel. Le cadastre mentionne aussi une construction nouvelle en 1892, soit peut-être la partir orientale du logis.

Propriété en 1833 des frères Faribaud, dont Louis Faribaud (1791-1868), époux de Marie-Jeanne Benoist, la ferme appartient ensuite à son fils Alexandre Faribaud (1828-1897), un temps maire de Coulon, et son épouse Alexandrine Pignoux. Alexandre Faribaud possède par ailleurs de nombreux biens fonciers aux environs, dont le château de Monmarais, à Sansais, ou encore la ferme de Thorigné, à Coulon. Après lui, ses biens, dont la Grange, passent à son gendre, Jérôme Berny-Tarente (1856-1918), demeurant à Monmarais. Aujourd'hui, l'ancien domaine et le logis sont divisés en plusieurs propriétés.