L'émail champlevé du Limousin
Pour en savoir plus sur la technique de l’émail champlevé, spécialité des ateliers de Limoges au Moyen Age, regardez ce petit documentaire, qui vous en relate l’histoire et vous en montre les techniques.
Vidéo
Publiée le 10 juin 2015
# Limousin, Limoges
# Opération d'inventaire : Hors opération
# Objet religieux, émail
# du 12e au 14e siècle
Interview de Dominique Gilbert, émailleur :
"Pour l'émaillage sur métaux il y a différentes techniques : il y a la technique du champlevé il y a la technique de l'émail cloisonné, il y a les techniques de l'émail peint. Le champlevé c'est une technique de gravure qui permet de creuser des cavités dans l'épaisseur du métal et ensuite de remplir ces cavités d'émail tout en laissant un dessin qui est formé par les cloisons."
Interview de Dominique Nottin, conservatrice du Musée des Beaux Arts de Limoges : "L'émail champlevé Limousin est probablement l'une des plus belles expressions de l'art produit en Limousin au Moyen Age, avec cette qualité particulière qu’il y a eu beaucoup d’œuvres très très largement diffusées dans toute l'Europe et sur une très longue durée à peu près du milieu du 12éme au milieu du 14éme siècle. Et on a une palette dans ces objets qui est tout à fait remarquable et une célébrité assurée à ces objets, ce qui est extraordinaire aussi dès le 12éme siècle, donc dès le début de cette production. Pour que cette production prenne place ici en Limousin, à Limoges, il y a sans doute eu tout un concours de circonstances et de facteurs complémentaires. D'abord, outre le cuivre, qui est une question à part (on n’a pas de cuivre en Limousin) le bois nécessaire au feu, l'eau qui était d'une très bonne qualité parce qu'elle était légèrement acide, et donc elle pouvait bien nettoyer les poudres, tout les oxydes métalliques étaient là, donc en fait l’environnement naturel était favorable à cette production. On avait également une tradition artistique extrêmement vigoureuse, liée à la production des manuscrits au sein de l'abbaye de Saint Martial, et donc un art de la couleur qui depuis plusieurs siècles déjà se développait de façon très forte et très remarquable. Dans la région on a enfin des caractéristiques à la fois politiques et religieuses favorables. Les terres limousines sont celles du royaume Plantagenet, grâce au mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henry plantagenet, et le duc d'aquitaine couronné a Limoges avait sans doute à cœur de favoriser aussi la grande diffusion de ce que l'on produisait dans ses terres. Le pape lui-même, depuis Rome, est venu s'approvisionner en objets d'émail champlevé limousin pour équiper des églises de Rome, pour équiper la confession de Saint Pierre au tout début du 13éme siècle. Et en parallèle de ça, on a eu également une production très modeste, sans doute assez peu coûteuse puisque on est avec du cuivre, du verre, donc des matériaux originels qui sont très basiques, donc pas cher, mais qui une fois mis en forme par les orfèvres de Limoges arrivaient à des degrés de qualité visuelle tout à fait remarquable. Donc on faisait de l’orfèvrerie basique mais qui avait l'apparence de métal précieux et de pierres précieuses, donc évidement c'était très séduisant. Les émailleurs de Limoges, sur deux siècles de production, ont finalement accompagné le passage de l'art roman à l'art gothique. Et par exemple des premiers émaux qui étaient des émaux travaillés en surface plane sont arrivés à devenir des sculpteurs, d'une certaine façon, et à jouer de ce rapport entre l'émail, donc matière vitreuse, le cuivre matière métallique mais qui peut être travaillée en relief et qui lui même est soit simplement doré soit doré et émaillé. Et donc jouait de rapport de volume et de couleur entre ces deux matériaux. On a donc des variantes infinies, on a jamais deux objets pareils. Parce que à chaque fois ils on su non seulement renouveler le style des objets, le style des motifs, le style des dessins, mais aussi dans la technique elle-même, cette façon de construire un objet de l'image au volume, et ça c'est proprement génial. Et au 19éme siècle quand on s'intéresse à nouveau à cette histoire de l'émail à Limoges l'émail du moyen âge, donc l'émail champlevé est un peu négligé, à l'époque, d'ailleurs c'est significatif, on parle d'émail byzantin, ça veut dire d'art roman, donc médiéval et on sait qu'il est Limousin mais on considère comme encore plus limousin l'émail peint dont le personnage extraordinaire est Léonard Limosin qui à l'époque est considéré comme un très grand artiste à la hauteur de Léonard de Vinci, ce qui n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui dans les mêmes proportions."
Découvrez aussi le Musée des Beaux arts de Limoges où sont conservés des émaux médiévaux et plus récents : http://www.museebal.fr/
"Pour l'émaillage sur métaux il y a différentes techniques : il y a la technique du champlevé il y a la technique de l'émail cloisonné, il y a les techniques de l'émail peint. Le champlevé c'est une technique de gravure qui permet de creuser des cavités dans l'épaisseur du métal et ensuite de remplir ces cavités d'émail tout en laissant un dessin qui est formé par les cloisons."
Interview de Dominique Nottin, conservatrice du Musée des Beaux Arts de Limoges : "L'émail champlevé Limousin est probablement l'une des plus belles expressions de l'art produit en Limousin au Moyen Age, avec cette qualité particulière qu’il y a eu beaucoup d’œuvres très très largement diffusées dans toute l'Europe et sur une très longue durée à peu près du milieu du 12éme au milieu du 14éme siècle. Et on a une palette dans ces objets qui est tout à fait remarquable et une célébrité assurée à ces objets, ce qui est extraordinaire aussi dès le 12éme siècle, donc dès le début de cette production. Pour que cette production prenne place ici en Limousin, à Limoges, il y a sans doute eu tout un concours de circonstances et de facteurs complémentaires. D'abord, outre le cuivre, qui est une question à part (on n’a pas de cuivre en Limousin) le bois nécessaire au feu, l'eau qui était d'une très bonne qualité parce qu'elle était légèrement acide, et donc elle pouvait bien nettoyer les poudres, tout les oxydes métalliques étaient là, donc en fait l’environnement naturel était favorable à cette production. On avait également une tradition artistique extrêmement vigoureuse, liée à la production des manuscrits au sein de l'abbaye de Saint Martial, et donc un art de la couleur qui depuis plusieurs siècles déjà se développait de façon très forte et très remarquable. Dans la région on a enfin des caractéristiques à la fois politiques et religieuses favorables. Les terres limousines sont celles du royaume Plantagenet, grâce au mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henry plantagenet, et le duc d'aquitaine couronné a Limoges avait sans doute à cœur de favoriser aussi la grande diffusion de ce que l'on produisait dans ses terres. Le pape lui-même, depuis Rome, est venu s'approvisionner en objets d'émail champlevé limousin pour équiper des églises de Rome, pour équiper la confession de Saint Pierre au tout début du 13éme siècle. Et en parallèle de ça, on a eu également une production très modeste, sans doute assez peu coûteuse puisque on est avec du cuivre, du verre, donc des matériaux originels qui sont très basiques, donc pas cher, mais qui une fois mis en forme par les orfèvres de Limoges arrivaient à des degrés de qualité visuelle tout à fait remarquable. Donc on faisait de l’orfèvrerie basique mais qui avait l'apparence de métal précieux et de pierres précieuses, donc évidement c'était très séduisant. Les émailleurs de Limoges, sur deux siècles de production, ont finalement accompagné le passage de l'art roman à l'art gothique. Et par exemple des premiers émaux qui étaient des émaux travaillés en surface plane sont arrivés à devenir des sculpteurs, d'une certaine façon, et à jouer de ce rapport entre l'émail, donc matière vitreuse, le cuivre matière métallique mais qui peut être travaillée en relief et qui lui même est soit simplement doré soit doré et émaillé. Et donc jouait de rapport de volume et de couleur entre ces deux matériaux. On a donc des variantes infinies, on a jamais deux objets pareils. Parce que à chaque fois ils on su non seulement renouveler le style des objets, le style des motifs, le style des dessins, mais aussi dans la technique elle-même, cette façon de construire un objet de l'image au volume, et ça c'est proprement génial. Et au 19éme siècle quand on s'intéresse à nouveau à cette histoire de l'émail à Limoges l'émail du moyen âge, donc l'émail champlevé est un peu négligé, à l'époque, d'ailleurs c'est significatif, on parle d'émail byzantin, ça veut dire d'art roman, donc médiéval et on sait qu'il est Limousin mais on considère comme encore plus limousin l'émail peint dont le personnage extraordinaire est Léonard Limosin qui à l'époque est considéré comme un très grand artiste à la hauteur de Léonard de Vinci, ce qui n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui dans les mêmes proportions."
Découvrez aussi le Musée des Beaux arts de Limoges où sont conservés des émaux médiévaux et plus récents : http://www.museebal.fr/