Île de Patiras

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Androny

L'île émerge vers 1625, résultat d'un processus de déplacement et d'agglomération d'alluvions ainsi que d'une partie des sables et graviers provenant de l'ancienne île d'Argenton. En 1628, des lettres patentes signalent que Patiras fait l'objet d'une concession à rente annuelle à Jacques de Thiville de Rochevert et Denis de Cazaux. Ce dernier en devient propriétaire vers 1630. Le centre de l’île est suffisamment affermi et hors d’eau pour être couvert d'herbes et de roseaux tandis que les extrémités sont en vase. Vers 1825, une nouvelle île apparaît, appelée île Philippe. La commune de Saint-Androny en prend possession le 2 novembre 1835. Elle est définitivement réunie à Patiras en 1950.

Sa situation au milieu du fleuve et sa proximité avec Pauillac en font, tout au long du 18e siècle, un lieu stratégique pour le mouillage de bateaux remontant l'estuaire et mis en quarantaine à cause des risques de contagion de maladies, comme la peste.

Dès le début du 18e siècle, une grande partie des terres sont exploitables. Elles sont affermées et dédiées à l’élevage et à la culture de céréales et une ferme, dite la métairie de Saint-Paul, est bâtie au nord-est de l'île. Vers 1770, les documents concernant les états de dépenses relatifs à la navigation indiquent la réquisition de la grange et des bœufs de la métairie pour entreposer provisoirement les marchandises des navires en quarantaine. Entre la fin du 18e siècle et le début du 19e siècle, les risques de contagions de maladies de bateaux provenant de la Nouvelle-Angleterre ou des Antilles conduisent au projet d’installation d'un lazaret sur l'île. Ainsi, le rapport sur la recherche d'un local propre à l'établissement d'un lazaret du 23 novembre 1800, indique qu’elle "est cultivée en son entier, savoir en gros et menus grains dans sa partie nord et en prairies dans celle du sud. Elle comporte un seul établissement à son extrémité nord occupé par six personnes attachées à la culture et un gardien pour les animaux. [...]." Malgré l'arrêté préfectoral du 18 mai 1803, le projet de lazaret n'est pas réalisé faute de financement suffisant. Finalement, c'est une ordonnance royale de 1822 qui décide de la construction du lazaret à Trompeloup à Pauillac.

Au début du 19e siècle, la culture de la vigne est introduite. Les états de section de la matrice du cadastre de 1832 montrent les parcelles de vignes concentrées au centre de l'île, autour des bâtiments de la Sirène. Sur le plan cadastral, des constructions figurent au nord, à Saint-Paul, au centre, à La Sirène et à La Trinité, et enfin, au sud, à Sougnet. Selon Michel Aka dans son ouvrage consacré à Patiras, les nouveaux propriétaires font bâtir en 1820 deux maisons sur la propriété qui deviendra Valrose : l'une à l'est, pour y loger l'ouvrier agricole et sa famille pour un coût de 3 400 francs ; l'autre, destinée au métayer et couplée avec un parc à bestiaux, pour un total de 4 000 francs. Dix ans plus tard, une nouvelle maison est construite à Valrose pour un ouvrier et sa famille. Toutes ces constructions ont été réalisées à frais communs, les propriétaires étant en indivision.

De nombreux peyrats sont également signalés sur le plan cadastral, tout autour de l'île et principalement à l'ouest, ainsi qu'un port, dit port de la Sirène, et deux "conches" : celle des pêcheurs à l'ouest et la "conche d'abord" à l'est. Ces aménagements facilitent la communication entre l'île et le continent.

Avec l'intensification de la viticulture au cours de la seconde moitié du 19e siècle, le système de bail à fermage disparaît au profit d'une gestion des cultures avec régisseurs. Des chais et des cuviers sont bâtis ainsi que des logements pour les ouvriers et leurs familles. Vers 1858, le propriétaire, un certain Dolley, fait ériger une chapelle domestique, dédiée à Notre-Dame-des-îles.

En 1859, la décision ministérielle du 2 novembre, relative à l'établissement d'une ligne de feux pour éclairer l’intérieur de la Gironde et sécuriser la navigation, prévoit l'installation d'un feu à Patiras. Pour autant, ce n’est qu’en 1879 que le phare actuel est construit, complété par l'aménagement d'un débarcadère avec un chemin d’accès sur la rive nord-ouest.

En 1862, le propriétaire de l'île Boucheau voisine, M. Fonade, souhaite renforcer la pointe nord de son île. Le projet pour lutter contre l’érosion consiste à établir un barrage entre la pointe sud de Patiras et la pointe nord de Bouchaud. Le 13 novembre 1863, par décret, les travaux sont déclarés d'utilité publique. Ils sont réalisés par l'entrepreneur Jacques Escarraguel. Néanmoins, en 1869, les travaux sont suspendus car ce barrage pose des problèmes à la grande navigation sur l'estuaire. Dix ans plus tard, les ingénieurs sont autorisés à terminer les fondations de cette digue-barrage afin de maintenir la protection contre l'érosion. Réduits au minimum, ces travaux ne gênent plus la navigation.

Pendant la crise du phylloxéra, les domaines viticoles de Patiras connaissent un essor important grâce à la méthode de submersion des parcelles de vignes pendant les mois d'hiver, permettant de tuer l'insecte. Les années 1880 voient la construction d'une maison de maître avec une tour à la Trinité, les chais-cuviers tripartites et de nouveaux logements d'ouvriers à Valrose.

Selon Michel Aka, une instruction primaire est dispensée par le frère Félix Le Masson, qui tient en fermage une partie de l'île, aux enfants de la colonie qu'il dirige. Ce n'est que dans les années 1930 qu'une école est installée, dans un local loué et abritant la classe et le logement de l'instituteur. En 1951, une école est construite sur une parcelle appartenant à la commune par la famille Fonsale.

A la fin du 20e siècle, la viticulture cesse au profit d’une intensification de la céréaliculture. La plupart des bâtiments des différents domaines sont alors abandonnés.

Périodes

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Patiras est l’île la plus septentrionale de l’archipel de Gironde. Elle fait face à Pauillac sur la rive gauche et à Saint-Androny sur la rive opposée. Sa forme en amande est caractéristique des îles de l’estuaire. Au nord-ouest y est implanté le phare tandis qu’au centre et au sud de l’île se situent les anciens domaines d’exploitations viticoles et agricoles. Une digue ceinture l’ensemble, ponctuée de pontons ou de "peyrats" au niveau du phare et de chaque ancien domaine.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Androny

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: île Patiras

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