Site d'écluse de la Sotterie

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon

Une éclusette provisoire en 1851

Le site de la Sotterie est occupé, sans doute dès le Moyen Age, par une des pêcheries (appelées "écluses") qui parsèment alors le cours de la Sèvre Niortaise. Malgré la politique de l'Etat au début du 19e siècle visant à leur suppression, celle de la Sotterie apparaît encore sur le plan cadastral de Coulon en 1833. Il est vrai que la bateaux semblent alors déjà emprunter non plus le contour de la conche de la Sotterie, mais l'adressoir de la Sotterie, canal de redressement qui permet d'éviter le premier et qui va finalement devenir le cours principal de la Sèvre. Le plan cadastral situe l'écluse, la maison de l'éclusier (actuellement 2 impasse de l'Ecluse), et une petite poignée d'habitations établies sur d'étroites parcelles entourées de fossés, retirées du bord de la Sèvre pour mieux se prémunir de ses débordements (donc en arrière des habitations actuelles).

Dans les années et décennies qui suivent, le site fait partie de ceux sur la Sèvre Niortaise choisis pour établir un des barrages éclusés qui doivent permettre d'étager le cours du fleuve en créant des biefs, pour mieux en contrôler le niveau d'eau. Un premier ouvrage de ce type est créé en 1836 à Bazoin, en plus de l'écluse de la Roussille, mais ce dispositif est notoirement insuffisant et, en attendant d'élaborer un programme général, l'on décide alors, dans les années 1840, de le compléter par une petite écluse ou "éclusette" que l'on établirait à Coulon, juste en aval de l'adressoir de la Sotterie. L'écluse, à double cloison mobile, serait construite en prenant sur la rive droite de la Sèvre, et elle serait adjointe d'un barrage à aiguilles établi en travers du cours du fleuve. Le projet en est présenté le 5 août 1851 par l'ingénieur ordinaire Lonclare. L'écluse et son barrage, considérés donc comme provisoires, sont créés peu après. L'opération consiste aussi à créer une passerelle de halage sur la conche de la Sotterie, passerelle construite en bois en 1853.

En 1856, le projet d'aménagement général de la Sèvre Niortaise présenté par l'ingénieur en chef Joseph Maire, qui prévoit plusieurs barrages éclusés et plusieurs redressements du fleuve, s'attarde notamment sur le site de la Sotterie. Il propose de redresser le cours de la Sèvre juste en amont de l'écluse, en utilisant en grande partie l'adressoir qui deviendrait ainsi le lit principal du fleuve. Quant à l'écluse, elle serait déportée vers l'aval, entre Balanger et Marsemille, avec la création d'une écluse plus large à laquelle serait adjoint cette fois un barrage à trois pertuis. Le départ de Joseph Maire du service des Ponts et Chaussées en 1857, met fin à ce projet.

Un premier barrage éclusé en 1864-1865

L'idée d'un aménagement plus pérenne du site de la Sotterie n'est toutefois pas abandonnée, d'autant que l'ouvrage construit en 1851, en bois, s'avère vite hors d'usage. Le 29 mars 1862, l'ingénieur Deglaude présente les plans, dessins, détail estimatif, devis et cahier desn charges d'un nouveau barrage éclusé. Long de 57 pages, le devis et cahier des charges décrit par le menu l'ouvrage proposé, soit, en plus de l'approfondissement du lit de la Sèvre :

- un barrage à trois pertuis, de 6,50 mètres d'ouverture chacun, soit 19,50 mètres au total ; les pertuis seront commandés par un jeu d'aiguilles dont le pied butera contre un heurtoir en bois et dont la tête appuiera contre une poutrelle ; une passerelle franchira le barrage pour permettre la manoeuvre des aiguilles ; l'ouvrage sera identique au barrage qui vient d'être construit à la Tiffardière.

- une écluse de 5,20 mètres d'ouverture, à portes busquées en bois, vantelles à cric et crémaillère, le tout franchi par des passerelles.

- entre les deux, l'îlot déjà existant, seulement en terre, sera surélevé et régularisé en utilisant la terre issue de l'approfondissement de la Sèvre ; les talus de l'îlot seront revêtus de perrés maçonnés, équipés d'escalier.

- une maison éclusière de 8 mètres sur 6,20, comprenant un rez-de-chaussée et un grenier, couverte en ardoise.

Pour le tout, on se procurera de la chaux à Marans, du sable à Niort ou à la Coulonnerie, des moellons à Benet, de la pierre de taille aux carrières de Bégrolles, à Niort, ou de Saint-Pompain ; les fontes et les fers proviendront des hauts-fourneaux du Berry, le bois de charpente de Norvège ou du Nord, les briques des fours de Fontenay-le-Comte, les ardoises de Trélazé, près d'Angers.

Le projet Deglaude est approuvé par décision ministérielle du 16 mai 1862, et les travaux sont adjugés le 17 septembre 1863 à François Aubert, entrepreneur de travaux publics à Niort, pour un montant de 73 747 francs. Les rôles de journées et mémoires de fourniture des matériaux, indiquent que les travaux se déroulent du 4 février 1864 au 30 novembre 1865. On relève l'utilisation et l'entretien d'une machine à vapeur locomobile pour l'épuisement de l'eau entre les batardeaux, en octobre 1864, la peinture des garde-corps de la passerelle de l'écluse en août 1865, ou encore l'achat de litres de vin rouge et d'eau de vie pour les ouvriers. Le chantier se déroule sans interrompre la navigation, sauf lorsqu'il s'agit en 1865 d'approfondir la Sèvre : le flux des bateaux est alors reporté sur le canal de Coulon à la Garette, la rigole de la Garette et le bief du Vanneau.

Dans le même temps, on procède à la construction de la maison éclusière et à la reconstruction de la passerelle de halage sur la conche de la Sotterie, en amont de l'écluse. Le projet de cette passerelle, élaboré par l'ingénieur Espitallier, est présenté le 8 juin 1865 et approuvé le 26 juillet ; il prévoit le remplacement de l'ancienne passerelle en bois par un ouvrage à poutres métalliques reposant sur des culées en maçonnerie.

Un barrage modifié en 1881

Au cours des années suivantes, le système de barrage à aiguilles, qui n'est plus utilisé qu'ici, montre ses limites et, comme cela a déjà été fait à la Tiffardière et à Comporté, on décide de le remplacer par un système à poutrelles horizontales, plus étanche en été pour retenir l'eau en amont, et plus facile à manoeuvrer en hiver lorsqu'il faut lâcher de l'eau. Le 29 décembre 1880, l'ingénieur Modelski présente les plans, dessins, cahier des charges et devis du projet de reconstruction du barrage qui passera de trois à quatre pertuis, chacun d'une ouverture de 4,375 mètres, pour une longueur totale de 18,30 mètres, soit un peu moins que le barrage précédent. Cette réduction permettra d'utiliser des poutrelles moins longues, donc plus maniables. La passerelle de service en bois sera remplacée par une passerelle en métal. On utilisera pour les culées en maçonneries de la pierre de taille de Benet, de la chaux de Marans et du sable de Coulon.

Le projet est adopté par décision ministérielle du 29 janvier 1881. Les travaux sont adjugés le 21 avril suivant à René Chauveau, entrepreneur à Niort, pour 8040 francs. Les batardeaux nécessaires à isoler et assécher le site, sont construits en septembre, puis démolis en novembre. 30 ouvriers sont employés sur le chantier, tous originaires des environs (Alexandre Coursault, Ulysse Soulisse, etc.).

La reconstruction des barrages en 1965-1968

La reconstruction des barrages de la Sotterie fait partie des actions menées dans les années 1950-1960 pour moderniser la gestion de l'eau dans le Marais poitevin, dans le cadre des Grands travaux des Marais de l'Ouest. Cette reconstruction est intégrée à la septième tranche de travaux du programme de protection des marais mouillés contre les crues de printemps et d'été, mené par l'Union des Marais mouillés et approuvé par décision ministérielle du 14 décembre 1965. Concernant les trois barrages mais aussi l'abri à bateaux qui se trouve sur l'îlot, le projet est présenté par les Ponts et Chaussées le 11 mai 1966. Le barrage principal, qui commande la Sèvre Niortaise, et qui se trouvait au niveau de l'abri, sera déplacé un peu en aval, dans l'axe de la porte aval de l'écluse. Le barrage et ses quatre pertuis seront plus larges que le précédent ouvrage. Les trois barrages seront équipés chacun d'un portique en métal soutenant les crémaillères à cric qui permettront d'actionner les vannes. Un pont-levis franchira quant à lui l'écluse juste en amont de sa porte aval.

Réalisés par l'entreprise A. Dodin, les travaux commencent en avril 1967 et se terminent en mars 1968. L'ancien barrage est démoli début novembre 1968.

Périodes

Principale : milieu 19e siècle, 3e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle (détruit)

Auteurs Auteur : Deglaude Godefroy

Ingénieur en chef du service spécial de la Sèvre Niortaise de 1860 à 1864.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Espitallier Eugène

Ingénieur des Ponts et Chaussées dans la seconde moitié du 19e siècle.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Modelski

Ingénieur ordinaire des Ponts et chaussées à Niort dans la seconde moitié du 19e siècle.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : A. Dodin

Entrepreneur à Nantes, 4 avenue Pasteur, au milieu du 20e siècle.

, entrepreneur (attribution par source)

Le site de la Sotterie regroupe plusieurs ouvrages qui séparent deux des biefs de la Sèvre Niortaise, entre le site du Marais Pin en amont et celui des Bourdettes en aval. On observe ainsi un barrage principal sur la Sèvre Niortaise, une écluse qui lui est associée, et deux barrages sur des cours d'eau se jetant sur la rive gauche de la Sèvre. S'y ajoutent une maison éclusière et un entrepôt de matériel du service chargé de l'entretien de la Sèvre. L'ensemble est à cheval sur les communes de Coulon et de Sansais : l'écluse, l'îlot et les barrages sont sur le territoire de Sansais, la rive droite et la maison éclusière sur celui de Coulon.

S'écoulant du nord-est vers le sud-ouest, la Sèvre Niortaise se divise en deux bras entourant un îlot oblong. La pointe amont de cet îlot est renforcée par un musoir maçonné. Le bras gauche est commandé par le barrage principal, tandis que le bras droit reçoit une écluse à sas. Ce sas comprend un bassin rectangulaire, à quais verticaux en pierre de taille, entre deux double-portes busquées. Chaque porte présente deux vantaux pointés vers l'amont, franchis par une passerelle. Une fois le sas franchi, l'ouvrage se termine par des perrés inclinés, avec des escaliers identiques à celui observé en amont de l'écluse, sur l'îlot. Enfin, un pont-levis soutenu par un portique en métal, traverse l'écluse juste en amont de la porte aval.

Le barrage principal qui commande la Sèvre Niortaise est composé de quatre pertuis, entre des culées et des piles en béton armé qui soutiennent par ailleurs un pont. Chaque pertuis est équipé d'une vanne levante, actionnée à l'aide de deux crémaillères suspendues à un portique en métal. Une passe à poissons a été aménagée sur la rive droite du barrage. Les deux barrages sur la rive gauche sont construits selon les mêmes principes techniques et de fonctionnement, avec cependant un seul pertuis. L'un, dans le prolongement du barrage sur la Sèvre, franchit la conche de Maître Jean, l'autre traverse la Grande Conche, à la frontière entre les communes de Sansais et du Vanneau-Irleau. Ce second barrage est équipé d'une passe à bateau.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

  3. Matériau du gros oeuvre : acier

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , route des Bords de Sèvre

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: la Sotterie

Cadastre: 1833 E, 2024 AP

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Sansais

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: la Sotterie

Cadastre: 1830 A 714, 2024 OA 1

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