Donjon de Pons
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Pons
Historique
Le donjon de Pons est mentionné pour la première fois au milieu du 11e siècle (Chartes saintongeaises de Saint-Florent-de-Saumur, p. 36) dans les possessions du sire d'Aulnay. Il fait sans doute partie des fiefs tenus par le comte d´Anjou Foulques Nerra en Saintonge. Les fouilles récentes (Champagne et Joy, 2006 ; Champagne et Mandon, 2007 et 2010) montrent cependant que le donjon actuel a été bâti, à la fin du 12e siècle, sur les restes d´une première tour qui daterait de la fin du 10e siècle.
Le donjon est relié à une enceinte qui pouvait enclore dès le 11e siècle la vaste cour, dont l´entrée est le porche surmontée de la chapelle Saint-Gilles. Il s´agit probablement de la chapelle Sainte-Marie située sur la porte du château et donnée en 1067 par Guillaume, vicomte d´Aulnay, aux moines de Saint-Florent près de Saumur, avec l´église Saint-Martin de Pons.
Cette tour est vraisemblablement détruite par Guillaume VIII, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine sous le nom de Guillaume X (1126 à 1137). Geoffroy de Pons l'aurait faite reconstruire grâce à une coalition de seigneurs saintongeais. Le placage d´une façade richement sculptée sur la face est du passage de la chapelle-porche Saint-Gilles date peut-être de cette campagne de travaux.
Ce serait ce donjon que Richard Cœur de Lion détruisit en 1179. Il est immédiatement reconstruit (entre 1180 et 1185) par Geoffroy III, seigneur de Pons, qui entreprend également la construction de l'hôpital des pèlerins. C´est ce donjon qui est actuellement visible.
La famille de Pons en reste propriétaire jusqu´en 1586, date de la mort d´Antoine de Pons, dernier représentant de la lignée, avec une parenthèse de 1442 à 1461, pendant laquelle le donjon est confisqué pour rébellion par Charles VII, roi de France.
En 1586, Antoinette, fille d´Antoine, dernier seigneur de Pons, fait passer le château dans la dépendance de la famille d´Albret, dont elle a épousé Henri, baron de Miossens et de Coarraze.
Appartenant à une grande famille protestante, la ville et le donjon de Pons sont pris et démantelés en 1621 par Louis XIII, roi de France. À partir de 1646, la seigneurie de Pons revient à César-Phoebus d'Albret, qui devient maréchal de France en 1653 puis gouverneur de Guyenne en 1671. Il fait entreprendre de grands travaux, parmi lesquels on peut signaler la reconstruction du logis principal avec ses plafonds peints, la transformation de la chapelle Saint-Gilles en orangerie et un escalier qui permet de descendre au pied des rochers sur lesquels sont construits les remparts. Ces travaux sont confiés à Jean Brune, architecte originaire de Montpellier, puis à son fils Benoît ainsi qu´en atteste un document daté de 1673. L´origine de ce bâtiment pourrait être plus ancienne, une lucarne accolée à la tour d´escalier suggérant une datation à la fin du 15e siècle ou au début du 16e siècle. La fille et héritière de César-Phoebus d'Albret, Marie d´Albret, aurait fait construire les arcades qui supportent la terrasse de la façade postérieure (sud) du logis. Après plusieurs changements de propriétaires, le château est acheté en 1806 par la commune, qui installe l'hôtel de ville dans le corps de logis principal.
En 1904, Émile Combes commande une restauration du donjon à l´architecte parisien Albert Ballu, qui ajoute en 1906 le crénelage sur la foi d'une gravure de Claude Chastillon qui représentait en fait le donjon de Tonnay-Boutonne. Ces travaux sont financés par la vente d´une cheminée qui se trouve désormais au château d'Usson dans la Vienne. La chapelle-porche Saint-Gilles est également très restaurée en 1904.
Détail de l'historique
Périodes |
Secondaire : 2e moitié 10e siècle (détruit) Principale : 2e moitié 12e siècle (incertitude) Principale : limite 15e siècle 16e siècle Principale : 2e moitié 17e siècle Secondaire : 1er quart 20e siècle |
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Dates |
1623, daté par source 1670, daté par source 1906, daté par source |
Auteurs |
Auteur :
Brunet Jean, architecte (attribution par source) Auteur : Brunet Benoît, architecte (attribution par source) Auteur : Ballu Albert, architecte (attribution par source) Personnalite : Geoffroy III de Pons, commanditaire (attribution par analyse stylistique (incertitude)) Personnalite : d'Albret César-Phoebus , commanditaire (attribution par source) Personnalite : d'Albret Marie , commanditaire (attribution par travaux historiques (incertitude)) |
Description
Le château de Pons est constitué de trois bâtiments séparés de quelques dizaines de mètres : le donjon de la fin du 12e siècle et les corps de logis du 17e siècle qui accueillent désormais l'hôtel de ville.
Il domine la vallée de la Seugne, sur un promontoire ou oppidum fortifié dès l´Âge du Fer (Landreau et Houdusse, 2010).
Le donjon est composé d´une tour de plan rectangulaire de 25,8 sur 14,4 mètres dont les murs sont renforcés par des contreforts plats : trois sur les petits côtés, au nord et au sud, et cinq sur les grands côtés à l´est et à l´ouest. Sa hauteur actuelle, incluant les créneaux et mâchicoulis créés au début du 20e siècle, est de 30 mètres. L´épaisseur des murs varie de 2,5 à 4,40 mètres. Le mur nord est le plus épais ; il englobe un mur de moellons provenant d'un édifice plus ancien et le conduit d'anciennes latrines (Champagne, Mandon, 2012). Le bâtiment comprend aujourd'hui deux niveaux couverts chacun d'une voûte en berceau. Les voûtes et les parements intérieurs des murs datent de la restauration de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Il comptait peut-être trois niveaux à l'origine. D´après la récente étude de bâti , il ne possédait pas de cheminée au 12e siècle.
À l´époque romane, l´enceinte fortifiée s'appuyait contre le mur nord du donjon et entourait une vaste basse cour qui se développait au nord et à l'est. L´accès à l'intérieur de l'enceinte se faisait par la chapelle-porche Saint-Gilles, dont la partie haute (chapelle) a été transformée au 17e siècle en orangerie (voir Lassarade, 1983). Un fossé protégeait le donjon sur sa face ouest (Champagne, Mandon, 2006-2007). Au 15e ou au 16e siècle, le fossé a été comblé pour l'aménagement d'une fausse braie, visible sur les dessins de Claude Masse (1714). Le côté sud est naturellement protégé par l'escarpement rocheux.
Les corps de logis qui subsistent devaient appartenir à un ensemble plus vaste. Le plus grand bâtiment se situe au nord-est du donjon, le second dans le même alignement au nord. Le plus grand bâtiment comprend deux niveaux et un étage de comble couvert d´un toit à longs pans en ardoise et éclairé par des lucarnes à fronton arrondi. Les étages sont desservis par un escalier semi-hors-œuvre de plan carré, situé à son extrémité ouest et couvert d´une flèche carrée en ardoise. Un petit bâtiment lui a été adossé probablement au 20e siècle. Le second bâtiment comprend deux niveaux et est couvert d´un toit à faible pente à longs pans et croupes en tuile creuse.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan rectangulaire régulier |
Étages |
3 étages carrés, 1 étage carré |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Le donjon de Pons est l'une des plus imposantes tours romanes conservées en Poitou-Charentes. Il est le majestueux témoin du château des sires de Pons, importante famille seigneuriale de Saintonge. Edifié sur un promontoire, le château était entouré d'une enceinte dont il ne reste que la chapelle-porche Saint-Gilles ; il s'étendait sur toute l'esplanade actuelle, dominant la ville et la Seugne.
La ville de Pons s'est développée sur un site naturellement défensif, un éperon rocheux dominant la Seugne. Elle apparaît tardivement dans les textes, au milieu du 11e siècle. La ville se développe alors autour d'un château aujourd'hui disparu.
Elle est située à un carrefour de voies terrestres (Saintes-Bordeaux, Périgueux ou Cahors) et d'une voie navigable (la Seugne) qu'elle peut contrôler. Les sires de Pons, seigneurs de la ville jusqu'à la fin du 16e siècle, la tiennent au 11e siècle au nom des comtes d'Anjou puis des comtes de Poitou-ducs d'Aquitaine, avec lesquels ils sont souvent en conflit.
Aux 12e-13e siècles, Pons est une cité florissante, avec une activité économique diversifiée. C'est vraisemblablement à la fin du 12e siècle que le donjon actuel est édifié à l'emplacement d'une première tour datée du 10e siècle.
De plan rectangulaire (25,8 m x 14,4 m), la tour est dotée d'un parement extérieur presque entièrement réalisé en pierre de taille. Des contreforts plats rythment les quatre élévations. Le mur nord englobe un mur plus ancien provenant d'un bâtiment détruit lors de l'édification du donjon. Il présente une épaisseur considérable (4,40 m).
La tour compte aujourd'hui deux niveaux voûtés ; elle en comptait peut-être trois à l'origine. Elle a été très restaurée à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle. Le parement intérieur en pierres de taille et les voûtes datent de la restauration ; deux portes et deux fenêtres ont été ouvertes dans la façade est ; une tour hors œuvre abritant un escalier a été accolée à la façade nord ; le couronnement actuel, à créneaux et merlons, a été réalisé en 1906.
Devant le donjon, au nord et à l'est, une vaste basse cour s'étendait, protégée par une enceinte (détruite au 19e siècle). L'accès à l'intérieur de l'enceinte se faisait par un porche surmonté d'une chapelle. Au cours du 12e siècle, cette entrée est dotée d'un remarquable portail sculpté. La chapelle dédiée dans un premier temps à Sainte-Marie puis à Saint-Gilles est transformée en orangerie au 17e siècle.
La ville connaît de graves troubles au cours de la guerre de Cent ans puis lors des guerres de Religion. Place forte protestante, elle subit durement plusieurs sièges. La ville et le château sont démantelés en 1621 par Louis XIII. Propriété de la famille d'Albret, le château est profondément remanié à des fins d'agrément dans la seconde moitié du 17e siècle : aménagement de communs et de jardins, construction d'un logis, restauration du donjon.
Le château est démembré à la fin du 18e siècle et au19e siècle. Communs, écuries, enceinte disparaissent progressivement. En 1806, la ville de Pons achète le château. L'hôtel de ville s'installe dans un des corps de logis. Le donjon est classé sur la liste des Monuments Historiques en 1879.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17037715 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Poitou-Charentes |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2014 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Donjon de Pons, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/2137ac79-cc9c-42aa-8518-e9b378d5b40f |
Titre courant |
Donjon de Pons |
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Dénomination |
donjon château |
Destination |
hôtel de ville office de tourisme |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Pons , place de la République
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1813 A 742, 743, 744, 1992 BH 204